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Critique littéraire

Europe N° 1080, avril 2019 : Jean Starobinski, Jean-Pierre Richard

Médecin psychiatre, musicien, homme de vaste culture et d'érudition impeccable, Jean Slarobinski est, dans son indéniable singularité, une des figures majeures de la critique de notre temps. Une extrême rigueur et une extrême liberté caractérisent à la fois ce contemporain capital. Clarté et profondeur vont l'amble chez lui et le signalent, en notre XXIe siècle, comme un homme des Lumières. Qu'il analyse les oeuvres de Rousseau ou de Diderot, la peinture de Tiepolo ou la musique de Mozart, les écrits de Montaigne ou de Benjamin Constant, mais tout aussi bien ceux de Jaccottet, de Bonnefoy ou de Celan, il privilégie une lecture qui, selon ses propres termes, "s'efforce simplement de déceler ladre ou le désordre interne des textes qu'elle interroge, les symboles et les idées selon lesquels la pensée de l'écrivain s'organise". Tout en s'imposant à lui-même, et en attendant du lecteur d'avoir "la mémoire des contextes". Il faut le suivre dans ses analyses subtiles, ses aperçus ingénieux, ses approches parfois paradoxales. Se laisser gagner par cette ampleur, par cette hauteur de vue qui le caractérisent. Accepter d'être surpris et charmé par cette oeuvre dont son ami Yves Bonnefoy avait jadis trouvé le mot juste pour la définir : l'allégresse. Dès 1954, avec la publication de son premier livre, Littérature et sensation, Jean-Pierre Richard imposait une approche tout à fait nouvelle et originale dans le champ de la trinque littéraire. L'ouvrage fit d'emblée salué par Roland Barthes, qui voyait en lui "un livre heureux, c'est-à-dire brillant, juste, chaleureux et utile". Rehaussée par l'éclat d'un style d'une parfaite élégance, la critique se fait rapport sensible et sensuel à la littérature, aux textes, aux mots. Jean-Pierre Richard porte sur les ouvrages qu'il étudie un regard plein d'une empathie qui n'entrave jamais l'analyse, mais au contraire la suscite et la nourrit. Le critique se fait promeneur, herboriste ou explorateur. Il parcourt les oeuvres de Chateaubriand ou de Stendhal, de Mallarmé ou de Jacques Dupin, de Proust ou de Pierre Michon, de Reverdy ou de Pascal Quignard, tous sens aux aguets, attentif aux couleurs, aux odeurs, aux sonorités, à tout ce qui constitue leur atmosphère propre, traquant jusque dans le moindre détail ce qui les rend uniques et par conséquent précieuses.

04/2019

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Critique

Pour une esthétique de la réception. Préf. de Jean Starobinsk

Trop souvent l'esthétique marxiste ne veut voir dans la littérature qu'un épiphénomène, un " reflet " de la réalité sociale : le formalisme, au contraire, la considère comme un absolu, un système clos, coupé de cette réalité. L'esthétique de la réception, qui s'est amplement développée en Allemagne depuis une vingtaine d'années, tente de dépasser cette opposition figée de deux approches également partielles. Activité de communication, la littérature n'est pas un simple produit mais aussi un facteur de production de la société. Elle véhicule des valeurs esthétiques, éthiques, sociales qui peuvent contribuer aussi bien à transformer la société qu'à la perpétuer telle qu'elle est. Ainsi l'esthétique de la réception rend à la littérature, à l'art, l'importance et la dignité qui leur ont été si souvent contestées.

05/1996

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Critique

Les deux langages de la modernité. Jean Starobinski entre littérature et science

Figure majeure de la culture européenne, Jean Starobinski (1920-2019) a été médecin, critique littéraire et historien de la médecine. Traversant les époques et les champs du savoir, il a proposé une lecture originale des relations entre art, littérature et sciences modernes. A partir d'une enquête qui tient compte de ses textes publiés, mais aussi de nombreux documents inédits, ce livre permet de saisir les enjeux d'une oeuvre foisonnante, transdisciplinaire et complexe.

06/2021

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Disques et K7 Littérature

Entretiens avec Jean Starobinski. Lire, écouter-parler, écrire, avec 2 CD audio

Jean Starobinski, professeur à l'université de Genève, fut très engagé à la fois dans son enseignement où il savait éclairer le présent par le passé et dans la vie citoyenne, notamment lors des Rencontres Internationales de Genève, initiées dès l'immédiat après-guerre pour donner la parole aux penseurs impliqués dans la reconstruction européenne et capables, contre toute attente, de maintenir un dialogue entre l'est et l'ouest, et en maintes autres occasions fournies par l'actualité, qu'elle soit universelle, suisse, romande ou genevoise. Dans les enregistrements donnés ici à entendre, vous découvrirez l'engagement du critique pour lequel tout se joue entre la raison, avec ses exigences d'ordre et de clarté, et la passion vive. Il transmet, par le biais des oeuvres d'art, les nécessités de la vie intérieure, imagination comprise, sans lesquelles la vie n'est qu'un leurre ou une très mauvaise farce. Starobinski est la séduction faite voix, non pour vous mener perdre, mais pour vous donner à bien vivre et le monde et vous-même.

11/2010

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Littérature française

Jean qui dort

" Au moment de passer la porte, Patrick s'est retourné, il a levé la main, mais si discrètement, sans doute pour le cacher à sa mère, que Jean a failli ne pas le remarquer. Jean a levé sa main lui aussi, le même mouvement à peine perceptible qui a fait froncer les sourcils de Monique. La porte s'est refermée et aussitôt les larmes lui sont montées aux yeux. Son fils venait de lui dire qu'il n'avait plus honte de lui, qu'il l'aimait encore, malgré ce pyjama ridicule, sur ce lit de malade, malgré ses yeux de chien battu. Il venait de retrouver sa dignité. Il avait suffit qu'il se rebiffe, qu'il dise non à Monique. "

03/2002

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Histoire de France

Vie et mort de Jean Cavaillès

"Puisque la parole et l'écrit devaient aboutir à l'action, c'est-à-dire à la main et à ses gestes, Cavaillès a pensé que c'était d'abord sa main qui devait accomplir des gestes d'opposition défensive et offensive." Georges Canguilhem

06/2018

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Littérature française

La mort de Jean-Marc Roberts

"Je n'ai jamais rencontré un être qui incarne à ce point la notion de personnage, ce qu'elle suppose de présence absente, de lumières et d'ombres, de faculté à s'affranchir des limites communes de l'espace et du temps. Il habitait la vie, mais la durée de cette vie ne lui allait pas. Quand elle était menacée, il signait encore "à toujours". Outre ses talents d'éditeur et d'écrivain, c'était son âme, son caractère, ses manières qu'on célébrait, cette façon d'ouvrir à la vie comme on ouvre à coeur, ce doute heureux qu'il instillait en toute entreprise, ce doute qu'on appelle l'espoir ou la fiction, ce doute qui prouve que la règle a besoin d'exception. Qu'avais-je à lui dire ? De quoi voulais-je lui parler ce jour où la neige s'était mise à tourbillonner dans la rue Pierre-Semard ? D'un livre, sans doute, mais lequel ? Je devrais m'en souvenir. Je me souviendrai de plus en plus de Jean-Marc Roberts".

10/2013

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Critique

De Rousseau à Starobinski. Littérature et identité suisse

Plus vive que jamais, la question de 'l'identité' rebondit dans l'Europe mondialisée, mais c'est là un vieux problème. Se sentait-il Français, Rousseau, lui l'enfant de Genève ? Et Benjamin Constant, ce Lausannois à l'aise en trois langues, universel lui aussi par sa pensée et son oeuvre littéraire, quel sentiment éprouvait-il envers la Suisse ? A Paris, voyait-on en lui un compatriote ou un homme d'ailleurs ? De ses riches recherches, Roger Francillon ne tire pas ici une histoire littéraire résumant celle dont il a dirigé la publication en quatre volumes. Il choisit de relire des écrivains dans une perspective identitaire, du 18e siècle à nos jours. Il expose leur attitude à l'égard de la Suisse, des lettres romandes, de Paris ou de la France. On est frappé par des jugements singulièrement critiques. Les courants sont contradictoires à chaque époque mais aussi dans l'esprit même des auteurs. Sur la Suisse on passe des réticences de Ramuz à la ferveur de Rougemont, et des réserves de Mercanton à la position sereine de Starobinski.

11/2022

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Poésie

Vie, mort, morts symboliques

Ancien déporté d'Auschwitz, Isaac, philosophe de métier, s'installe dans un petit village ignorant qu'il est composé d'ex-résistants et collaborateurs dans la Deuxième Guerre mondiale. Trahi par le numéro gravé dans son bras, il est, à son insu, à l'origine du retour des "vieux démons" entre les habitants... A la demande du professeur de l'école et du maire, il accepte de témoigner de son vécu dans le camp de la mort et de répondre aux questions des élèves et des adultes. Malgré les hostilités qu'il suscite autour de lui, il devient, grâce à son expérience et son savoir, le personnage central des lieux. Dès son arrivée, en parlant de la vie, de la mort et des morts symboliques, il ne cesse de répandre l'esprit de tolérance et de fraternité. Pour lui, les "morts symboliques" représentent la pierre angulaire du développement de l'humain. Sans elles, ce dernier resterait fixé à "l'animalité" .

05/2022

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Littérature française (poches)

Fort comme la mort

Avec le temps, on a oublié le phénoménal succès de " Fort comme la mort ", cinquième roman de Maupassant, publié en feuilleton, puis en livre, en 1889, tandis que les Parisiens se préparaient à découvrir l'Exposition universelle et à inaugurer la tour Eiffel...Le dossier historique et littéraire qui accompagne cette édition montre en quoi ce récit vaut le détour : roman mondain, récit d'un amour impossible, livre entrecroisant les perspectives de l'art et de la vie à travers le destin d'un héros peintre, il appelle le mythe de Faust, la philosophie de Schopenhauer ou encore de nombreux échos chez D'Annunzio ou Zola. Œuvres et références dont on trouvera ici de larges extraits.

04/1993

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Musique, danse

Les Enchanteresses

C'est folie de croire au merveilleux, si l'on a tiré la leçon des mésaventures de Don Quichotte. Pourtant le goût du merveilleux a persévéré, pour le plaisir du spectacle. En s'alliant à la musique, en faisant appel aux fables anciennes et aux conventions du théâtre, la poésie a inventé un nouvel espace de fiction : l'opéra. Toutes les figures du désir et de l'égarement passionnel peuvent y être jouées et déjouées. Toutes les autorités aussi peuvent y être mises en péril. Les enchanteresses tiennent sous leur domination les héros qu'elles ont dévoyés. Mais leur triomphe ne dure pas. Elles sont les incarnations de l'art qui multiplie les plaisirs et qui sait aussi combien sa souveraineté est précaire. C'est en écoutant les enchanteresses que Jean Starobinski va à la rencontre de quelques auditeurs à l'exigence inquiète : Rousseau, Stendhal, Hoffmann, Balzac, et Nietzsche. De ses lectures, l'auteur revient chargé de découvertes intellectuelles éclairantes. Et de quelques problèmes. Le dix-neuvième siècle romantique a-t-il voulu retrouver une vision religieuse du monde que les Lumières du siècle précédent avaient cherché à supplanter ? L'air d'opéra, qui soulève tant de passions, apparaît bien comme le lieu des transferts du sacré à l'expérience la plus intime de soi, parfois aussi aux appartenances nationales. Or à la sacralisation de l'art correspond en retour une esthétisation du religieux, phénomène complexe qui ne cesse de se manifester sous nos yeux, avec des conséquences parfois inquiétantes. Les lecteurs sentiront que les enjeux esthétiques évoqués dans ce livre intéressent de près l'évolution des sociétés modernes " avancées ".

11/2005

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Philosophie

Accuser et séduire. Essais sur Jean-Jacques Rousseau

Ces quinze d'essais de Jean Starobinski n'avaient encore jamais été publiés ni rassemblés en volume. Prolongeant ceux qui avaient composé, il y a plus de cinquante ans, La Transparence et l'obstacle, ils se disposent selon un plan d'ensemble articulant étroitement l'oeuvre et l'homme. A un second niveau, les textes des deux Genevois semblent comme tissés l'un à l'autre dans un dialogue intime et secret, non dénué de tensions. Tout part du constat que c'est la colère qui a tenu lieu d'inspiration à l'auteur du Discours sur l'inégalité : le mouvement de réprobation face au scandale du monde qui s'empare de lui lors de sa fameuse visite à son ami Diderot, emprisonné à Vincennes, à la fin de l'été 1749. Cette montée en lui de pouvoirs nouveaux, nourris par le ressentiment et l'élan négateur marque son entrée en littérature. Elle aura les allures d'une " entrée en guerre ". Face à celui que Diderot appelait le " censeur des lettres, le Caton et le Brutus de notre âge ", les lecteurs se sont sentis interpellés, et ils ont réagi. Rousseau a poursuivi son oeuvre sous le coup de cette réaction : ses grands textes de doctrine viennent dire à ces lecteurs au nom de quoi il incrimine les institutions. Pour Jean Starobinski, Rousseau est le témoin du passage de la conversion religieuse à la conversion politique. Alors que tant de ses arguments sont repris aux Anciens, il réactive une morale de la réappropriation de soi dont il parvient à faire un moyen de conversion pour des hommes et des femmes qui le suivront comme un maître de sagesse et iront jusqu'à vouloir tout quitter pour aller vivre à ses côtés.

11/2012

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Critique littéraire

L'OEIL VIVANT. Essai

Interrogeant quelques grandes œuvres littéraires - Corneille, Racine, Rousseau, Stendhal - ces essais reconnaissent et décrivent le champ de force du " désir de voir et d'être vu ", que sa violence même entraîne, au-delà du spectacle convoité, dans le labyrinthe de l'imaginaire. La création littéraire est analysée ici comme l'acte par lequel l'exigence du regard dépasse et détruit le monde visible pour susciter, en esprit, la " vision du monde ". Devenir un œil vivant : le vœu est clairement formulé par Rousseau. L'auteur a étudié dans l'ordre des conduites affectives, une impatience visuelle que l'obstacle et l'insatisfaction incitent à toutes les perversions : exhibitionnisme, voyeurisme, sadisme, attrait des miroirs, refus de la réflexion. Ces singularités, présentes dans les œuvres elles-mêmes, rendent manifestes les liens réciproques du réel et de l'imaginaire, de la volonté de puissance et du besoin de communication.

02/1961

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Beaux arts

Largesse. Edition revue et corrigée

Ce livre de Jean Starobinski s'ouvre sur une scène de largesse, dans la description célèbre qu'en fit Rousseau et à laquelle Baudelaire répondit dans l'un de ses poèmes en prose. Faire largesse, c'est donner à profusion, c'est jeter des trésors ou leur simulacre à la foule. Cette forme spectaculaire de la dépense est un rituel très ancien, étroitement lié à l'exercice du pouvoir et au cérémonial de la fête. Quelques grandes pages de la tradition littéraire d'Occident sont appelées à témoin : elles vont de l'Antiquité latine au xxe siècle (Antonin Artaud). Elles conduisent à reconnaître la version du don qui a prévalu dans l'échelle des valeurs. Le geste de charité, tel qu'il est enseigné par les écritures hébraïque et chrétienne, est celui d'une largesse inspirée par l'amour et non par une volonté de domination. Ce geste ne vise plus à impressionner la foule, mais à secourir des individus dans leur peine. La plupart des illustrations de cet ouvrage avaient figuré, sous le même titre, dans une exposition présentée en 1994 par le département des Arts graphiques du musée du Louvre. Pour la présente édition, le texte a été revu et corrigé par l'auteur.

03/2007

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Critique littéraire

Diderot. Un diable de ramage

Ce recueil rassemble dix-huit études écrites entre les années 1970 et 1990. Moins récentes, donc, que les essais du Rousseau, elles diffèrent également par le fait que certaines d’entre elles ont déjà paru en volume. Quant au fond, elles se distinguent par le sujet qui les rassemble : l’écriture plus que l’homme, le style plutôt que le tempérament, si toutefois la distinction a un sens. L’expression qui donne son titre à l’ensemble est tirée du Neveu de Rameau. Par-delà l’étymologie (ramage/rameau), c’est au sens second de « chant des oiseaux dans la ramure » qu’il faut la comprendre : « Diderot se plaît à parler de sa propre parole. » Pour Diderot, maître de l’autoréférence et de la réflexivité, le ramage c’est le style, un style dont l’écrivain est conscient et sait jouer. Jean Starobinski s’émerveille alors de la liberté de Diderot, qui joue avec les genres, les rythmes, les formes du récit, sans oublier le lecteur. Liberté paradoxale puisqu’elle se déploie en dialoguant avec la toute-puissance de la nécessité, la grande question philosophique qui hante Diderot. Derrière les questions stylistiques agitées par l’auteur de L’Invention de la liberté, on sent vibrer la politique, l’annonce des temps modernes.

11/2012

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Philosophie

LE REMEDE DANS LE MAL. Critique et légitimation de l'artifice à l'âge des Lumières

Quel langage et quels arguments employa, au XVIIe et au XVIIIe siècle, la critique des conduites masquées et des «conventions de société» ? Jean Starobinski nourrit sa réflexion d'une série d'exemples qui sont autant de coups de sonde - l'usage du mot civilisation au siècle des Lumières ; la doctrine classique de la civilité et l'art de la flatterie ; la fable et la mythologie au Grand Siècle ; les rapports qu'entretiennent l'exil, la satire et la tyrannie chez Montesquieu ; l'écriture philosophique et la phrase asymétrique chez Voltaire ou la quête du remède dans le mal chez Rousseau.il ne s'agit pas, pour Jean Starobinski, de se livrer à une enquête systématique ou de narrer une histoire complète, mais d'écouter les mots, d'analyser les styles.

02/1989

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Critique littéraire

La relation critique

Suite de L'œil vivant, cet ouvrage est consacré à la critique. Jean Starobinski s'attache à établir les principes d'une critique de la relation, capable de coordonner les méthodes de la stylistique, de l'histoire des idées et de la psychanalyse. Une nouvelle interprétation d'un épisode des Confessions de Rousseau illustre le rapport de la théorie critique et de son application. Qu'est-ce qu'interpréter ? C'est déchiffrer, et c'est aussi imaginer. La deuxième partie passe donc en revue les divers champs de l'imagination : la parole, l'image, le corps. Et la troisième, traitant des rapports de la littérature et de la psychanalyse, pose une question déconcertante : quelle est la part d'imaginaire qui s'immisce dans la lecture psychanalytique ? Comme toujours, Jean Starobinski se révèle un maître-lecteur, qui incite à lire ou relire les grands livres.

10/2001

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Sciences historiques

L'invention de la liberté 1700-1789 . Suivi de 1789 Les emblèmes de la raison, Edition revue et corrigée

Cette réédition rassemble et rajeunit deux ouvrages classiques de Jean Starobinski qui rapprochent les beaux-arts et la pensée philosophique à l'âge des Lumières européen. II s'agissait dans l'un et l'autre d'identifier la singularité des expériences qui ont pris leur figure et leur style au cours du XVIIIe siècle et pendant la période révolutionnaire. L'Invention de la liberté (Skira, 1964) montre comment la pensée des Lumières, récusant la théologie de la Chute et réhabilitant la nature humaine, a donné la primauté aux données de la vie sensible et du sentiment, tout en faisant appel aux entreprises de la volonté éclairée. Le mot d'" invention " du titre, pris dans ses deux acceptions principales, restituer et inventer, caractérise ici la double visée de la pensée des Lumières : rétablir dans ses droits une liberté première que les sujets des nations modernes ont oubliée ou perdue et jeter les fondements d'une société régénérée qui assurerait le bonheur des citoyens. Les Emblèmes de la Raison (Flammarion, 1973) considère quelques-unes des images typiques de la culture révolutionnaire française dans le contexte du néoclassicisme européen. II étudie les formes dans lesquelles, en saluant la victoire des grands principes, présentée comme une aurore, on a espéré les rendre lisibles et les propager. Cet art qui voulut expulser l'ombre n'atteint sa pleine grandeur pour un regard d'aujourd'hui que chez les artistes qui ont appréhendé eux-mêmes et autour d'eux, comme Goya, le retour menaçant de l'ombre. Ces deux textes réunis, enrichis d'une bibliographie mise à jour, qui s'appuient sur une iconographie limitée et adaptée, trouvent aujourd'hui dans cette édition définitive une signification nouvelle.

05/2006

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Psychologie, psychanalyse

L'encre de la mélancolie

« À la fin d’une période où j’ai été médecin (1957-1968) à l’hôpital psychiatrique de Cery, près de Lausanne, il m’avait semblé opportun de jeter un regard sur l’histoire millénaire de la mélancolie et de ses traitements. L’ère des nouvelles thérapeutiques médicamenteuses venait de s’ouvrir. Après une licence ès lettres classiques à l’université de Genève, j’avais entrepris en 1942 des études conduisant au diplôme de médecin. La double activité médicale et littéraire se prolongea au cours des années 1953-1956 passées à l’Université Johns Hopkins de Baltimore. Je relate ces diverses étapes de mes jeunes années pour dissiper un malentendu. Je suis souvent considéré comme un médecin défroqué, passé à la critique et à l’histoire littéraires. À la vérité, mes travaux furent entremêlés. L’enseignement d’histoire des idées qui me fut confié à Genève en 1958 s’est poursuivi de façon ininterrompue sur des sujets qui touchaient à l’histoire de la médecine, et plus particulièrement de la psychopathologie. » Ce livre reprend la thèse de Jean Starobinski, merveilleux texte d’histoire de la littérature, et propose d’éclairer les figures prises par la mélancolie au cours des siècles, les formes dans lesquelles la souffrance psychique a été interprétée. Elle fut liée à d’anciens mythes, à toute une imagination matérielle (la bile noire, sèche et froide), à la spéculation astrologique, à divers systèmes médicaux qui ont laissé jusqu’aujourd’hui d’innombrables traces dans les littératures et les arts.

10/2012

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Critique littéraire

La beauté du monde

Ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre : le lecteur retrouvera dans l'épaisseur de ce volume le Starobinski qu'il aime et qu'il recherche - "l'oeil vivant", le lecteur impeccable, sachant allier la délicatesse du toucher et la maîtrise de l'explication, mais il découvrira aussi un Starobinski arpentant pour lui des terres peut-être nouvelles - non pas celles du siècle des Lumières, ni celles de l'histoire des idées médicales, mais celles de la poésie, de la peinture et de la musique. Ces trois muses se donnent la main et forment une ronde que le critique n'a jamais quittée. Au total, c'est une centaine d'études composées sur plus de soixante ans qui se trouvent rassemblées sous le titre "La beauté du monde". Car la littérature et les arts répondent à la beauté du monde et le critique, premier lecteur, spectateur et auditeur, célèbre la réponse de ceux-là pour chanter celle-ci. Le lecteur comprendra mieux sans doute ce qui continue d'animer celui qui a fait de la critique une forme d'art - ses obsessions, ses décisions de méthode, son exigence de clarté et de partage. Les textes sont escortés par des intelligences critiques soucieuses de tourner cette oeuvre vers un public nouveau (Michel Jeanneret, Laurent Jenny, Georges Starobinski, Julien Zanetta). Chaque ensemble se voit replacé dans son histoire. Une postface ("Pour tout l'amour du monde") essaie de saisir les grandes options de la critique de Jean Starobinski pour la situer dans le siècle. Pour la première fois, le lecteur découvrira aussi un essai biographique accompagné de documents iconographiques susceptibles d'éclairer "L'oeuvre d'une vie". Dans la tourmente du siècle, Jean Starobinski n'aura cessé de montrer que la force des oeuvres est d'attester la décence de l'existence humaine contre les puissances de la destruction. Dire oui à la beauté du monde, telle est l'une des leçons constantes de Jean Starobinski.

06/2016

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Critique littéraire

ACTION ET REACTION. Vie et aventures d'un couple

Pourquoi, dans la vie quotidienne, affirme-t-on qu'une situation intolérable appelle une réaction ? Comment les biologistes en sont-ils venus à penser les rapports du vivant et du milieu en termes d'interaction ? Pour quelle raison la psychiatrie a-t-elle adopté, il y a un siècle, la catégorie des affections réactionnelles ? Pourquoi le concept d'abréaction fut-il inventé puis abandonné par la première psychanalyse ? Que veut-on faire entendre, quand on déclare qu'une politique est réactionnaire ? Dire que le totalitarisme nazi fut une réaction au totalitarisme communiste, n'est-ce pas l'excuser ? Le mot " réaction " et ses dérivés offrent leurs services pour l'explication causale comme pour la compréhension par sympathie. Ils nous viennent à l'esprit quand nous cherchons des réponses à nos problèmes. Or ces mots, précisément, ne font-ils pas problème ? C'est l'occasion, pour Jean Starobinski, d'examiner les filières intellectuelles à travers lesquelles le mot " réaction " et ses dérivés nous sont parvenus. Ce livre remonte au rôle que leur attribua la scolastique, mais aboutit aux interrogations qui entourent aujourd'hui la notion de progrès, sans laquelle la réaction politique ne peut être pensée. Il convoque aussi bien les philosophes (Aristote, Leibniz, Kant, Nietzsche, Jaspers), que les savants (Newton, Bichat, Claude Bernard, Bernheim, Freud) et les écrivains (Diderot, Benjamin Constant, Balzac, Poe, Valéry). L'ouvrage est une traversée originale de la culture occidentale : il éclaire successivement les fondements de la science et la protestation des poètes, parcourant ainsi les chemins qui conduisent à nos perplexités présentes.

10/1999

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Littérature française

Les mots sous les mots. Les anagrammes de Ferdinand de Saussure

Jean Starobinski présente dans ce volume la totalité des textes relatifs à la théorie des anagrammes de Ferdinand de Saussure. Il a regroupé toutes les publications précédentes et y a ajouté de nouveaux textes inédits. Il commente la recherche de Saussure, en signale les principales étapes, rappelle toutes les hésitations du grand linguiste genevois, et les scrupules scientifiques qui lui défendirent de livrer les résultats d'une enquête systématique où de nombreux spécialistes reconnaissent aujourd'hui une découverte de première grandeur.

11/1971

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Philosophie

Le corps et ses raisons

A l'heure où nous achevons ces lignes, la pandémie qui ravage le monde nous rappelle, si besoin était, deux puissantes réalités auxquelles les Anciens avaient prêté toute leur attention au point d'en faire des piliers de leur sagesse : pas plus que la maladie n'affecte le corps seul, mais touche à l'être tout entier, aux sentiments, aux relations humaines, aux institutions, à la politique, la médecine ne se limite aux seuls faits du corps : c'est, elle aussi, une discipline du sens et il ne fait aucun doute que la même actualité nous enjoint à comprendre cette formule dans sa double acception. C'est une discipline qui doit considérer le sens et doit y ramener quand tout rend fou. Jean Starobinski pratiqua et étudia la médecine comme une discipline du sens. Le corps a-t-il une histoire ? Madame Bovary avait-elle de la fièvre ? Pourquoi Molière se moque-t-il des médecins ? Les psychiatres soviétiques ont-ils révolutionné l'approche des maladies nerveuses ? Et encore : d'où vient la semence ? Le stress est-il une maladie ? Telles sont quelques-unes des questions étonnantes que Jean Starobinski affronte dans ses enquêtes d'histoire de la médecine. L'historien se penche sur les disciplines qui ont tenté de cerner les " raisons du corps " : il y a le corps des médecins, celui des philosophes, celui des écrivains, celui des peintres. Tous ces régimes de rationalité contribuent à la connaissance du corps qui ne cesse de déborder la raison et de s'y dérober. Le corps a ses raisons. Martin Rueff

11/2020

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Beaux arts

Portrait de l'artiste en saltimbanque. Edition revue et corrigée

Depuis le romantisme le bouffon, le saltimbanque et le clown, ont été les images hyperboliques et volontairement déformantes que les artistes se sont plu à donner d'eux-mêmes et de la condition même de l'art. Il s'agit là d'un autoportrait travesti, dont la portée ne se limite pas à la caricature sarcastique ou douloureuse. Une attitude si constamment répétée, si obstinément réinventée à travers trois ou quatre générations requiert l'attention. Le jeu ironique a la valeur d'une interprétation de soi par soi°: c'est une épiphanie dérisoire de l'art et de l'artiste. La critique de l'honorabilité bourgeoise s'y double d'une autocritique dirigée contre la vocation "°esthétique°" elle-même. Nous devons y reconnaître une des composantes caractéristiques de la "°modernité)", depuis un peu plus d'une centaine d'années. Jean Starobinski

03/2004

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Critique

Montaigne en mouvement

Au départ, il y a cette question posée à Montaigne - cette question que Montaigne pose lui-même : une fois que l'individu, dans un accès d'humeur mélancolique, a récusé l'illusion du paraître, quelles exériences lui sont-elles réservées ? Que va découvrir celui qui a dénoncé autour de lui l'artifice et le déguisement ? Lui est-il permis de faire retour à soi, d'accéder à l'être, à la vérité, à l'identité intérieure, au nom desquels il jugeait insatisfaisant le monde dont il s'est écarté ? Montaigne met à l'épreuve cet espoir en composant les Essais. Mais "la prise et la serre" seont-elles possibles ? Si les mots et le langage sont, au dire de Montaigne, "une marchandise si vulgaire et si vile", quel paradoxe que de composer un livre et de s'essayer soi-même au fil des pages écrites ! L'on ne sort de l'apparence que pour s'engager dans une nouvelle apparence. Montaigne voit le doute s'étendre jusqu'au point où nulle opinion n'offre une garantie supérieure à celle de la vie sensible. Par le détour de la réflexion sceptique, il réhabilite le paraître, rétablit la "relation à autruy", reconnaît les droits de la coutume et de la finitude. Ce mouvement réconcilie la pensée avec ce qu'elle avait d'abord rejeté ; la condition humaine, malgré toute sa faiblesse, peut être le lieu de la plénitude.

03/2023

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Poésie

Le mot à mort

Le poème, ici et par la suite, malaxe les mots au lieu de les exposer : il en projette l'une contre l'autre les syllabes, et ce sont cassures en cascades et bataclan d'impressions toujours fusant à perte de sens. On y perd sa petite logique dans des " pitre pâtre part paître à part " avant de trouver " l'accès à l'excès " et de régler les soubresauts de sa langue sur des saccades qui, à force de vous secouer, font sens : un sens décapé de toutes les vieilles contraintes.... Peu de pages sont nécessaires pour réussir et imposer une Révolution. Celle qu'Alain Joule, ici, mène jusqu'au bout ne proclame rien : elle défait des chaînes demeurées invisibles et pousse les mots à l'union libre du sens et de la sonorité... Extraits de la préface de Bernard Noël Par-delà " les sens " Le Mot à Mort est un acte d'Amour. La mort qui est la fin du processus de vie se place dès lors qu'elle s'effectue au début d'un autre processus, celui de la mutation par laquelle les cellules en décomposition vont nourrir la terre pour permettre l'avènement de nouvelles vies. Extrait de l'avant-propos d'Alain Joule

01/2016

ActuaLitté

Santé, diététique, beauté

Plus fort que la mort

Louis va mourir d'un cancer, Matie sait qu'elle lui survivra. Les deux amants (mari et femme) entament un dialogue d'une rare intensité dans leur combat pour la vie - qu'ils mènent, avec la complicité du Dr Lévi, contre toute raison et tout espoir. A la fois témoignage et récit sur ces trois années de lutte contre la maladie, Plus fort que la mort est essentiellement une histoire d'amour. Retour sur l'enfance de Louis, pages de journal de Marie, lettres de l'un à l'autre pendant l'hospitalisation - la manière dont on est traité (ou maltraité) quand on est gravement malade, par les soignants, la famille, les amis fait partie de ce qui est ici mis crûment en lumière -, comment la maladie les a éprouvés, ce qu'elle a détruit, ce qu'elle leur a appris. La profondeur spirituelle du couple, l'un citant volontiers les Lettres à Lucilius de Sénèque pour s'exprimer, l'autre l'évangile de Marc, la qualité de l'écriture et la lucidité de chacun sonnent juste et entraînent le lecteur dans une réflexion qui donne toute sa valeur à la vie et à l'amour.

03/2006

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Beaux arts

L'Histoire du fort Saint-Jean

Le mystère nimbe les entrailles de cette fortification que les Marseillais n'ont pu pénétrer depuis le XVIIe siècle, à l'exception d'une très courte période révolutionnaire. Tenter d'écrire une histoire du quartier Saint-Jean, c'est reconstituer en partie l'histoire de Marseille. Les informations se croisent, rapportées par des supports qui varient selon les époques : mémoires orales, légendes et archives papier, peintures, estampes, plans militaires, photographies ou fouilles archéologiques. Grâce à un corpus hétérogène et foisonnant, on a pu retracer l'histoire de cette magnifique enceinte, de son quartier et de ses habitants : colons grecs venus de Phénicie, pêcheurs, Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem... Le promontoire fut un fort pour Clerville et Vauban, une prison sous la Révolution, un dépôt de munitions pendant la Seconde Guerre mondiale, une caserne... avant de devenir un lieu de promenade et d'expositions au sein du musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée. Ce livre raconte cette étonnante épopée, de l'antique Massilia à l'ouverture du MuCEM.

03/2014

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Policiers

Les morts de la Saint-Jean

Juin 1996. Nuit de la Saint-Jean. Trois jeunes gens ont rendez-vous dans une clairière isolée où ils se livrent à d'étranges jeux de rôle. Ils ignorent qu'ils sont surveillés. Peu avant l'aube, la fête tourne au drame. Août 1996. Le commissariat d'Ystad somnole sous la chaleur. Alors que des parents signalent la disparition de leurs enfants, Svedberg, un proche collègue de Wallander, est retrouvé mort, défiguré. La peur s'installe dans la région. Pour la première fois, notre sympathique inspecteur, aux prises avec des soucis de santé et des problèmes sentimentaux, est assailli par le découragement et le doute. Svedberg menait-il une double vie ? Pourquoi les jeunes gens étaient-ils déguisés ? Pourquoi le meurtrier visait-il des victimes jeunes et heureuses ? Pris dans l'enchaînement des découvertes macabres et des rebondissements contradictoires, Wallander parviendra-t-il à mener à bien cette nouvelle enquête qui s'annonce particulièrement ardue ?

04/2001

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Littérature française

Plus fort que la mort. Mystère

Au début, il y a les racines. Aux noms et dates effacés : en Europe de l'Est, un cimetière des oubliés - baptisé "l'Eternité" - attend ses promeneurs. Un jour, une idylle prend corps au chevet des morts. Pour Eva et Dan, le cimetière devient un jardin, sinon un Eden. La suite ? Tout le monde la connaît : un profond sommeil doit descendre sur l'homme, une nuée de voix sur la femme. Et la chair est refermée à sa place.

02/2017