Recherche

Ladjali

Extraits

ActuaLitté

Photographes

Boubaker Adjali l'Africain. Un regard tricontinental

Boubaker Adjali (1937-2007) abandonna le Lycée pour réjoindre la lutte armée au sein de la Fédération de France du FLN, blessé, mis au vert d'abord en RDA puis étudiant en Cinéma à la mythique FAMU (Emir Kusturica, Milo ? Forman, Mohammed Lakhdar-Hamina). A l'indépendance, âgé d'à peine 23 ans , il occupera des fonctions de premier plan au sein de la Commission centrale d'orientation du FLN. Après le coup d'état conduit par Houari Boumediene, il s'éloigne des arcanes du pouvoir jusqu'à son départ définitif en 1967 pour New-York, où il sera le correspondant attitré d'Africasie. Pendant près de 40 ans, Boubaker Adjali fort des amitiés indéfectibles qu'il noua dans le sillage des conférences de Bandung et de la Tricontinentale fut un révolutionnaire et anticolonialiste sans affiliation ni chapelle qui mi-Capa, mi- Curiel mit ses compétences de photographe et documentariste, de polyglotte et fin analyste géopolitique au service de la SWAPO, , l'ANC, le Fretilin (Timor) .

01/2023

ActuaLitté

Littérature française (poches)

Ordalie

Orphelin de ses parents tués sous les bombes, Zak n'en est pas moins inconsolable de l'anéantissement du Reich. Recueilli chez un oncle, il passe son adolescence après-guerre dans une petite ville d'Autriche. C'est là que vit Ilse, sa merveilleuse cousine, jeune poétesse et romancière promise au plus bel avenir. Chez elle, tout éblouit Zak, bien qu'il exècre ses engagements généreux et son idéal d'une autre Allemagne... Un jour, Use lui fait connaître l'homme dont elle vient de s'éprendre : Lenz, obscur poète roumain, juif désespéré, à peine rescapé de l'Holocauste. De cette passion orageuse, sourdement destructrice, Zak ne peut désormais que devenir, à son corps défendant, le témoin et le dépositaire. Dédié aux impossibles amours, aux mots qui renaissent de leurs cendres, à l'Allemagne du Mur et à celle de la Réunification, aux écrivains qui espèrent et aux passions que l'Histoire ravage jusqu'à la consomption, Ordalie rend — aussi — hommage à deux figures mythiques de la littérature, Paul Celan et Ingeborg Bachmann.

03/2020

ActuaLitté

Littérature française

La fille de personne

Consacrée aux bibliothèques à l'épreuve du feu, la thèse de Luce Notte, étudiante berlinoise orpheline de père, la conduit à l'été 1912 à Prague, où elle prend un poste de jeune fille au pair chez les Kafka afin d'assurer ses études. Le jeune Franz n'a alors encore rien publié, il se morfond dans une compagnie d'assurances et se cache de son père pour écrire ce qui deviendra Le Verdict. Quarante ans plus tard, installée comme libraire à Paris, Luce va épouser la solitude de Sadegh Hedayat, écrivain iranien rejeté par sa famille et exilé en raison de la censure qui le frappe en son pays après la parution de La Chouette aveugle. C'est ainsi, à la faveur de "coïncidences supérieures", qu'elle croise les destins contrariés de ces deux écrivains gagnés par la tentation du suicide et de la destruction de leurs textes. Mais la puissance de rêve de la lectrice passionnée qu'elle est l'emporte sur l'oubli. Luce favorisera le difficile accomplissement de l'oeuvre pour l'un, s'efforcera d'éviter son anéantissement pour l'autre — Hedayat brûlant ses textes dans ses derniers jours —, inspirant Franz et Sadegh pour tenter de sauver ce qui peut l'être de ce terrible bûcher des vanités. En retour, il lui sera fait don d'un legs inestimable, deux inédits des maîtres, qui lui confèrent enfin à elle, la fille de Personne, une identité. Tout entier dédié à la muse, sa beauté et sa cruauté, La Fille de Personne est le roman du père, de celui que l'on se cherche ou que l'on s'invente. Mais c'est avant tout une célébration du vertige de la lecture face à l'oeuvre au noir qui nourrit tout écrivain.

03/2020

ActuaLitté

Littérature française

Bénédict

Bénédict, enfant d'une mère iranienne et d'un pasteur suisse, a grandi entre l'Orient et l'Occident, bercé par la poésie soufie et le souffle de l'Apocalypse, debout au milieu des contraires. Plus tard, devenu Maître Laudes pour ses étudiants, professant la littérature comparée à l'université de Lausanne et, un semestre sur deux, à celle de Téhéran, son enseignement singulier et sa mystérieuse personne inspirent passions et sentiments contradictoires à son public. C'est aussi que Bénédict semble une figure provocante, éminemment androgyne, affranchie des contraintes de sa naissance, prosélyte d'une parole de tolérance et de résistance, qui fait résonner dans les amphithéâtres des mots de liberté, ceux d'une révolution culturelle à conduire, ceux d'un monde où s'effacerait la dramatique et douloureuse séparation entre les sexes. Roman de la réconciliation à la beauté grave et brûlante, Benedict interroge les identités fixes et embrasse les genres, ouvrant un espace intermédiaire, entre grâce et pesanteur, vers un corps à corps apaisé par l'amour et la littérature.

01/2018

ActuaLitté

Littérature française

Illettré

Illettré raconte l'histoire de Léo, vingt ans, discret jeune homme de la cité Gagarine, porte de Saint-Ouen, qui chaque matin pointe à l'usine et s'installe devant sa presse ou son massicot. Dans le vacarme de l'atelier d'imprimerie, toute la journée défilent des lettres que Léo identifie vaguement à leur forme. Elevé par une grand-mère analphabète, qui a inconsciemment maintenu au-dessus de lui la chape de plomb de l'ignorance, il a quitté le collège à treize ans, régressé et vite oublié les rudiments appris à l'école. Puis les choses écrites lui sont devenues peu à peu de menaçantes énigmes. Désormais, sa vie d'adulte est entravée par cette tare invisible qui grippe tant ses sentiments que ses actes et l'oblige à tromper les apparences, notamment face à sa jolie voisine, Sibylle, l'infirmière venue le soigner après un accident. Réapprendre à lire ? Renouer avec les mots ? En lui et autour de lui la bonne volonté est sensible, mais la tâche est ardue et l'incapacité de Léo renvoie vite chacun à la réalité de ses manques : le ciel semble se refermer lentement devant celui que les signes fuient et que l'humanité des autres ignore. Centré sur le combat de Léo contre son illettrisme, le nouveau roman de Cécile Ladjali est un livre d'énergie et de conviction qui ouvre une voie imprévue et poétique sur ce handicap invisible, poursuivant une réflexion qui lui est chère autour des mots, de l'école, de la dignité et de l'estime de soi, impossibles sans le langage.

01/2016

ActuaLitté

Littérature française

La nuit est mon jour préféré

Dans l'unité psychiatrique qu'il dirige à Tel Aviv, Tom soigne une vingtaine de patients, parmi lesquels l'octogénaire israélien Steiner, musicien, et la jeune Roshana, palestienne, enceinte mais enfermée dans le déni de sa grossesse : deux cas passionnants pour ce médecin dont les recherches portent sur l'inaudible, sur la communication intra-utérine - et qu'obsède ce qu'il a vécu et croit avoir entendu, le 11 septembre 1995, depuis le ventre de sa mère, alors que se jouait dans l'espace un drame : Soyouz ne répondait plus.

01/2023

ActuaLitté

Littérature française

Chère. La gourmandise

"Marie se délecte d'admirer les participants en train de pétrir les pâtes, fouetter les crèmes, battre les oeufs, effiler les légumes, confire les fruits, concasser les noix, piler les poivres, cuire les sirops, griller les viandes, pocher les oeufs, paner les poissons, blanchir les sucres. Ce ballet la réjouit. Ce concert des goûts l'enchante. La concurrence entre les cuisiniers est rude. Et toujours déloyale."

02/2021

ActuaLitté

Faits de société

Mauvaise langue

Pour un nouveau mot qui entre dans le dictionnaire (comme le verbe "kiffer"), c'est douze verbes qui sont condamnés à ne plus être dits par les adolescents. La langue est un code, avec ses lois, sa grammaire, et qui les ignore ou les malmène menace son lien avec autrui. Le barbarisme mène à la barbarie, tel est le credo de Cécile Ladjali, son cri d'alarme. Car, encouragés par la mode banlieue et les nouveaux supports qui exigent vitesse et laconisme (SMS, MSN, e-mails), la plupart des jeunes parlent désormais une "mauvaise langue", doublée d'une orthographe désastreuse, et s'en vanteraient presque puisque l'autre langue est devenue celle des "bouffons". Ni réactionnaire ni démagogique, Cécile Ladjali fait plutôt l'éloge d'un nouveau bilinguisme. Apprendre le français dans ce qu'il a de convenu et d'académique au bon sens du terme, le maîtriser pour ensuite s'en écarter, telle est l'unique façon de ne pas être dupe des rébellions qui fissurent ce qui fait le ciment d'une société civilisée, à savoir sa langue.

08/2007

ActuaLitté

Littérature française

Corps et âme

Elle portait encore sa robe de satin. La rouge. Celle que Marthe lui avait cousue au printemps pour que les hommes l'aiment. En dépit de ses efforts pour paraître modeste. Madeleine gardait le port d'une reine. Mais d'une reine triste aux bandeaux noirs ourlant des tempes translucides. Dans la cellule flottait une note de nard.

03/2013

ActuaLitté

Théâtre

Hamlet/Electre

Electre est palestinienne, Hamlet est israélien. Tous deux pleurent leurs pères, assassinés respectivement par Egisthe et par Nathan, à présent gouverneurs, du quartier arabe pour l'un, du quartier juif pour l'autre. A Caïna, sur la terre du fratricide, Ham-let et Electre vont s'aimer et échanger leurs rôles : Hamlet tuera Egisthe et Electre vengera Hamlet. Les destins jumeaux des personnages inversent la logique infernale : tout devient possible à Caïna, à commencer par l'amour entre les enfants de deux maisons ennemies.

01/2009

ActuaLitté

Romans, témoignages & Co

La Répétition

Hugo Walid Marquis est un jeune lycéen brillant. Né à Tunis, il a été adopté à l'âge de six mois. Ses parents français ne lui ont jamais caché son adoption, sans pour autant lui fournir plus de détails sur son origine. Quand sa professeure de cinéma l'interroge sur son deuxième prénom, Hugo Vacille. Walid. Ce prénom, il l'a toujours vu sans le voir. Ou plutôt sans vouloir savoir. Et tout à coup, son monde vole en éclat. Le moment est venu pour lui de poser à ses parents les questions qui lui permettront de comprendre qui il est. Un court roman d'une efficacité redoutable, à travers lequel Cécile Ladjali pose la question de la quête identitaire avec tact et intelligence.

10/2023

ActuaLitté

Littérature française

Shâb ou la nuit

Très tôt on m'expliqua que j'étais née dans une grande maison en Suisse. Qu'il y avait des enfants qui naissaient dans les ventres et d'autres dans les grandes maisons. Je tirai de cette vérité originelle me concernant une sorte d'orgueil tout aristocratique. Les grandes maisons c'était quand même beaucoup mieux que les gros ventres sales et mous en lesquels certains bébés avaient la malchance de croître. Et puis la Suisse restait un territoire idéal, pas vraiment terrestre, recouvert d 'une neige tiède comme du lait. Une sorte de lieu intermédiaire, situé au seuil de la vie, où la nuit n'était qu'une fente ouverte sur le jour au sein duquel, un matin, la peur nous expulsait.

03/2013

ActuaLitté

Littérature française (poches)

Aral

Alexeï et Zena ont grandi à Nadezhda, au bord de la mer d'Aral asséchée. Autarcique, leur amour s'est affranchi de tous les obstacles : le lent évanouissement de leur mer, la mort qui coule dans l'eau polluée du village, la surdité d'Alexeï survenue à ses dix ans. Jeune musicien prodige, Alexeï continue à jouer du violoncelle et ouvre son espace intérieur à des perceptions nouvelles. Mais le silence s'installe entre les amants à mesure que le pays devient de sable. S'inspirant, dans ses compositions, de ses "trois fiancées" (la mer, la musique et Zena) dont les effacements successifs se conjuguent, il part à la recherche de la huitième note, celle qui contiendrait toutes les autres, et aboutirait à l'"éternelle présence". Récit de l'enfance sauvage, d'une vie en forme de mirage dans le silence hypnotique et les paysages austères du Kazakhstan, le roman de Cécile Ladjali oblige à scruter l'invisible, par un saisissant mélange de peur et de beauté.

03/2013

ActuaLitté

Critique littéraire

Ma bibliothèque. Lire, écrire, transmettre

A quoi sert la littérature : se demandait naguère Jean-Paul Sartre. A quoi sert ma bibliothèque? s'interroge aujourd'hui Cécile Ladjali, lectrice au goût traditionnel assumé, qui est aussi l'auteur de fictions résolument modernes. Pour répondre à cette question qui engage sa vie même, elle conduit son lecteur à travers le labyrinthe des milliers d'oeuvres qui occupent ses rayonnages: elle l'attire dans l'intimité de son va-et-vient entre lecture et écriture et scrute avec lui les interactions secrètes entre ces oeuvres et ses propres textes en cours d'élaboration. En professeur exigeante et généreuse, elle nous aide à déchiffrer l'extrême contemporain à travers le prisme des textes fondateurs, invitant à interroger, avec des auteurs aussi variés que Montaigne ou Hannah Arendt, Baudelaire ou Paul Celan, le temps présent à travers le langage, poussant l'étudiant et le lecteur à s'installer à son tour à la place de l'écrivain. En héritière de Proust, elle oppose à notre présent fait d'immédiateté, de vitesse et du sens le plus littéral qui soit, la fiction qui nous oblige à déplacer notre point de vue, à penser le dédale des formes et du sens. Un véritable chant d'amour à la littérature.

09/2014

ActuaLitté

Littérature française

Les souffleurs

Un palais vénitien aux pieds palmés, un aristocrate déliquescent, un majordome toujours précédé de ses gants blancs, un bonnet de bain rose, des jumeaux incestueux et deux têtes de souffleurs sans tronc, sans bras et sans jambes - tels sont les principaux personnages de ce roman où triomphe l'amour de la scène. Candice et Nathan (les jumeaux) se sont aimés charnellement à quinze ans et ne se sont plus revus depuis la nuit de leur union coupable. Mais ils ont suivi un parcours similaire, fondé chacun une troupe, adopté chacun en guise de souffleur une tête qu'ils emportent partout comme un chat dans un panier d'osier, et qui auprès d'eux incarne l'esprit même du théâtre. Un jour, à Venise, les voici de nouveau face à face, amoureux et ennemis, unis et brisés par l'interdit, complices et rivaux dans leur art. Car la troupe de Candice est venue jouer Othello, celle de Nathan Britannicus. C'est un duel, c'est une joute et - doublement - un inattendu tête-à-tête : Shakespeare contre Racine, le baroque élisabéthain contre l'académisme français... Orchestrant brillamment la confusion des genres, livrant le thème tragique de l'inceste aux fantaisies d'une comédie décadente, célébrant le souffle des esprits et savourant la déréliction des corps, le premier roman de Cécile Ladjali mêle la beauté de l'inspiration à la passion du théâtre.

08/2004

ActuaLitté

Cinéma

Oeuvres de cinéma inédites. Synopsis, traitements, continuités dialoguées, découpages

Mort en 1979, Jean Renoir, le plus célèbre des cinéastes français, a signé de 1924 à 1969 trente-cinq films, dont quelques chefs-d'oeuvre aujourd'hui universellement reconnus, de La Règle du jeu au Carrosse d'or. Il a laissé également une vingtaine de projets, les plus divers quant à leur ampleur, et à leur ton, révélés ici pour la première fois. Qu'il s'agisse d'adaptations ; La Séquestrée d'après André Gide, Roméo et Juliette d'après Shakespeare, Yladjali d'après Knut Hamsun, ou de scénarios originaux ; Magnificat, Christine, Vincent Van Gogh, ces synopsis, traitements, continuités dialoguées éclairent d'un jour nouveau l'oeuvre de Jean Renoir et la complètent. La publication, pratiquement sans précédent dans l'édition cinématographique, de tels inédits témoigne de la fécondité décidément exceptionnelle du cinéaste et de l'écrivain. Car les lecteurs retrouveront dans ces textes, qu'on lira comme autant de nouvelles, la voix unique de l'auteur de Pierre-Auguste Renoir, mon père et des Cahiers du capitaine Georges.

01/1982

ActuaLitté

Histoire de France

Ma campagne d'Algérie. Tome 1, L'année 1961

Jacques Rongier a effectué son service en Algérie de mars 1961 à juillet 1962 dans le bled algérois, les grands centres étant Médea et Boghari. Ce sont des extraits des lettres qu'il a écrites chaque jour à son épouse qui sont publiées dans cet ouvrage et qui constituent un dossier de mémoire. Ses descriptions sont illustrées par des photos et de nombreux croquis. Si la guerre était toujours présente en filigrane, le jeune appelé n'y a pour ainsi dire pas participé directement. Mais il relate sa vie quotidienne dans les différents postes où il a été affecté et les événements qui s'y sont produits. On voit ici ce que furent ces mois et ces années vécus dans l'incertitude, l'impossibilité de prévoir l'avenir, les fréquentes et interminables gardes et le manque de sommeil. C'est enfin l'attente du courrier, les nouvelles de la famille et des amis, des échanges de points de vue sur des sujets les plus divers, la découverte d'un nouveau continent, d'un pays, d'un peuple, d'une langue... Ce premier volume (1961) décrit son embarquement pour l'Algérie et ses séjours à Aiin Dahlia où il aura la fonction d'inspecteur des écoles du coin de mars à mai, puis à Demangeat où il sera instituteur de juin à août, ce qui lui permettra d'emmener une partie de ses élèves en colonie de vacances au bord de la mer à Zéralda ; enfin à la ferme Aubain, après un séjour de trois semaines à Aiin-Hadjali. D'octobre à décembre, il aura, la charge d'une classe à Guémana à quelques kilomètres de là. Et lorsque, pour différentes raisons, il ne pourra se rendre à l'école, il travaillera comme secrétaire au bureau.

06/2012

ActuaLitté

Littérature française

Métamorphose

Pour célébrer la métamorphose, thème choisi cette année par la maison du Faubourg-Saint-Honoré, Actes Sud et Hermès publient un nouvel ouvrage dont la forme évoque celle du grimoire ou du livre de contes. Précédés d'une contribution d'Alberto Manguel qui installe le décor, dix textes de fiction, inédits pour certains, abordent la métamorphose sur le mode du rêve ou du fantastique, de l'anticipation, de l'humour et de l'extravagance. De l'inquiétante étrangeté poétique des romanciers japonais, Yoko Ogawa, Akiyuki Nosaka et Akutagawa Ryûnosuke, à l'univers captivant du maître du suspense fantastique José Carlos Somoza, au conte satirique et cauchemardesque de Mikhaïl Boulgakov, en passant par les aventures délectables et joyeusement déroutantes des nouvelles inédites d'Agnès Desarthe, de Véronique Bizot et de Cécile Ladjali, ou encore dans la fantaisie cruelle des short stories d'Aimee Bender, chacun de ces textes explore une facette différente du phénomène que la poésie d'Ovide a introduit dans la littérature. Douze photographies, réalisées par Sarah Moon, photographe et cinéaste qui transforme le monde en matériau de ses contes, se déploient en très grand format comme autant de métamorphoses du livre lui-même. Elles apportent un réjouissant contrepoint visuel à ces récits fantasques, pour ne pas dire fantastiques. L'artiste a sélectionné certains objets de la collection "Petit h", en eux-mêmes inspirés par une poésie de la métamorphose. A une théière poussent ainsi des ailes de bois, un carré de soie se mue en collier d'air, un Kelly déconstruit se fait tabouret... Les chutes, bris et surplus des ateliers Hermès forment en effet la matière des détournements opérés depuis 2010 par Pascale Mussard et son équipe pour la ligne "Petit h". Renversant le "Ceci n'est pas une pipe" de La Trahison des images de Magritte (1929), Sarah Moon propose à son tour "Ceci est ? ", un jeu et un rêve autour des choses, des lettres et de leurs ombres. Contradictions et paradoxes alternent avec des juxtapositions à la littéralité réjouissante. Sarah Moon use d'un arsenal de décalages spirituels, souvent métonymiques, hérité du surréalisme. Sa façon douce, presque cotonneuse, s'accompagne d'une espièglerie inattendue. Le dialogue surprenant du récit et de l'image reflète finalement de manière saisissante et décuple pour le plus grand plaisir de l'oeil et de l'imagination la puissance créative de la métamorphose.

10/2014