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Henri Raczymow

Extraits

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Critique littéraire

Ulysse ou Colomb. Notes sur l'amour de la littérature

Tout écrivain est d'abord un lecteur. Henri Raczymow ne déroge pas à cette règle. Comment exister, trouver sa place dans le catalogue de ces noms auréolés de gloire qui vous ont fait rêver depuis l'enfance ? Où va-t-on quand on commence à écrire ? Est-ce qu'on le sait, comme Ulysse, dont le but du voyage, rejoindre Ithaque, est avoué depuis le départ ? Ou est-ce que, comme Colomb, on croit le savoir même si le lieu où on arrive n'est pas celui qu'on avait prévu de rejoindre ? Et d'ailleurs, pourquoi écrit-on ? Sur un ton qui tient tantôt de la confidence, tantôt du journal intime, Henri Raczymow livre ses interrogations sur sa passion ravageuse de la littérature, ses certitudes de jeunesse, ses doutes d'âge mûr, les destinées imprévisibles, parfois tragiques de ses contemporains dans ce petit milieu pas moins âpre que les autres, où éditeurs, libraires, distributeurs, écrivains jouent, en le sachant ou pas, une partie de poker menteur.

01/2021

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Littérature française

Contes d'exil et d'oubli

Deux Juifs polonais, le narrateur né à Paris et la figure d'un grand-père venu de Pologne, évoquent ensemble leur passé - et même leur avant-passé - dans une petite communauté d'Europe centrale, décimée depuis par la persécution nazie. Par fragments de contes et d'anecdotes sans cesse interrompus, repris, complétés, ils reconstituent un monde autrefois vivant de brocanteurs, rabbins, artisans, circonciseurs, marchands ambulants : tel est leur unique recours contre l'exil et l'oubli.
Avec une véhémence poétiquement psalmodiée, ainsi qu'avec humour, les deux hommes s'enfoncent peu à peu dans les ténèbres d'une époque révolue. Cependant, leurs mémoires contrastées défaillent, puis progressivement s'évaporent avant de se dessécher tout à fait. Et le jeu déchirant de leurs imaginations - qu'il s'agisse de réalité ou de fiction - finit par se laisser recouvrir par l'oeuvre irréversible du Temps.

03/1979

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Littérature étrangère

Bluette

"Bluette, je raffolais de ce mot, la couleur de la première syllabe, la modestie ironique peut-être de la seconde. Là, ses cheveux me caressaient, et c'est depuis ce jour. J'avais à peu près l'âge de Bloom. Ah ! les Bluettes ! Louba (Hannah ? Yaffa ? Sonia ? ) disait que c'était biblique ; mais j'étais très loin des geihas rêvées. "Le Sahara progresse, dit Rose, il fut autrefois un vert paradis". Quant à moi, mon mutisme est total, j'avance dans la nuit ; et ce lamento gris-bleu n'est pas sur moi sans séduction. Tant pis. Ou bien, cette image est celle d'un enchevêtrement, ou mieux d'un entrelacs, ou encore de deux, trois, peut-être quatre fils épissés ensemble en un cordage unique et relativement stable. Mais tant de réflexion me donnait vite la migraine. Et pour l'instant le sang coule. Je navigue sur ce fleuve qui m'éloigne de la source. . ". Henri Raczymow.

04/1977

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Littérature française

Un garçon flou

"Elle s'appelle Léna, elle me tend une main franche, spontanée, déterminée. Et en même temps délicate. - Moi, c'est Richard. Dick en anglais, j'ai cru bon d'ajouter. Richard Federman. - Ah oui ? Pourtant, on ne dit pas Dick Coeur de Lion. La remarque est pertinente, sans conteste". Richard Federman, étudiant, traverse Mai 68 à Paris, un peu ahuri, vaguement amoureux, mais de qui ? Léna Chevalier ? Solange Sarfati ? Esther Litvak, sa directrice de thèse ? Rosine Dufreynois, à qui il donne des cours de français ? À moins que, tel le Frédéric Moreau de Flaubert, Richard ne traverse la Seine, la cour de la Sorbonne, la Révolution, les amours, la vie, sans adhérer, lointain, détaché. Et d'abord de lui-même. Et si résidait là, dans ce trait, son désir d'être un jour écrivain ?

01/2014

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Littérature française

Heinz

Spécialiste des portraits de famille, l'auteur se remémore ici sa mère, et cherche à expliquer les motifs de la mésentente qui a toujours régné entre eux, et qui a fait que son affection filiale s'est tout entière reportée sur sa grand-mère maternelle. Or l'auteur, né en 1948, est venu au monde cinq ans après l'arrestation, la déportation et la mort du frère de sa mère, dont il porte le prénom, Henri (Heinz), sa mère ayant échappé au pire. L'auteur tente donc de redonner un peu de vie à cet être fantomatique : né en Allemagne, il échappe avec sa soeur à la rafle du Vel' d'Hiv, est ensuite assigné à résidence dans un hameau de Charente, où il y sera arrêté fin 42 puis déporté et tué à Majdanek. C'est dans ces recherches sur l'histoire tragique de son oncle et la reconstitution du drame de l'Occupation que le récit prend toute son ampleur. Raczymow se rend en Charente, à Fontavie, sorte de désert provincial où il a l'impression d'une fin de terre et aussi d'histoire. Voyage qui lui permettra d'entrer dans une sorte de deuil... Etrange livre, où le souvenir et le travail sur le passé vont de pair non pour rendre vie à l'oncle martyr mais pour une sorte de réparation supérieure demandée aux lieux et au pays dans lequel l'oncle s'était réfugié, et qui l'a trahi et livré aux nazis.

04/2011

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Littérature étrangère

On ne part pas

Comme nombre d'adolescents, Nathan Chapiro rêve d'un voyage aux Indes. Mais voilà : il est différent de tous ceux qui l'entourent, ses professeurs et camarades de lycée autant que les filles dont il tombe amoureux avec prudence, et jusqu'à ses parents eux-mêmes, Juifs d'origine polonaise. Nathan cultive avec une fière passion intériorisée cette «différence» qui le rend unique et douloureusement seul, où qu'il aille. Au lieu des Indes aux tentations surnaturelles, impuissant à être Rimbaud, il se borne à de brefs séjours en Angleterre, en Hollande, en Belgique, en Espagne, au Maroc. Mais ce déraciné de naissance ne fait que s'enraciner chaque jour un peu plus dans ses rêves les plus profonds, ses désirs les plus orgueilleux. De telles racines, toutes mentales qu'elles soient, vont l'amener, irrésistiblement, à l'accomplissement du rêve et de la passion les mieux enfouis dans son âme inquiète : exprimer sa «différence» en devenant un écrivain. Comme dans Rivières d'exil et plus encore peut-être, ce qui émeut et charme, c'est la personnalité littéraire de Raczymow. Avec ses personnages, sa faconde, son sens de l'absurde, sa peinture burlesque et vivante de la société juive et de celle des «goys», il se révèle comme un grand humoriste.

12/1983

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Biographies

A la recherche du Paris de Marcel Proust

Edition bilingue français-anglais Ce livre, illustré de 90 photographies d'époque et de tableaux, donne à voir les figures et les paysages parisiens liés à la vie de l'écrivain et à son oeuvre. De la plaine Monceau aux Champs-Elysées, le Paris de Marcel Proust est essentiellement celui des beaux quartiers. Né à Auteuil, ayant vécu boulevard Malesherbes ou boulevard Haussmann, l'écrivain situe son oeuvre dans le Paris de la Belle Epoque. Les appartements cossus donnent sur des avenues plantées d'arbres, les enfants s'amusent dans d'élégants jardins et les réceptions se tiennent dans des hôtels particuliers. Swann, Odette ou la duchesse de Guermantes fréquentent Maxim's, le bois de Boulogne ou les cafés animés des Grands Boulevards. Ces décors et les figures qui ont inspiré le romancier, les voici en images, révélant un Paris 1900 à la fois réel et imaginaire : le monde de Proust. From the Plaine Monceau to the Champs-Elysées, the Paris of Marcel Proust essentially encompasses the high-end districts. Born in Auteuil, having lived on the Boulevard Malesherbes, as well as the Boulevard Haussmann, the writer's work is embedded within the Paris of the Belle Epoque. The Posh apartments look out onto tree-lined streets, children play in elegant gardens and receptions are held in private mansions. Swann, Odette or the Duchesse de Guermantes all socialize at Maxim's, the Bois de Boulogne or the bustling cafés along the Grands Boulevards. These settings and the different characters, who inspired the famous novelist, are hereby presented in evocative images, revealing Paris during the early 1900s, both real and imaginary : the world of Proust.

09/2021

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Littérature française

Eretz

Mon frère ,Alain/Ilan (1951-1997) a vécu en Israël dans son extrême jeunesse, de dix-sept à vingt-deux ans, à la fin des années 60, et au début des années 70. Il avait la prétention de contribuer à construire dans ce pays quelque chose comme un Etat " socialiste" et "laïc " où Arabes et Juifs vivraient ensemble, fraternellement. Ce rêve a fait long feu. II est revenu en France, plein d'une douloureuse désillusion. En avril, mai et juin 2009, j'ai entrepris de me rendre sur ses traces : une sorte de pérégrination, avec ma compagne, Anne Amzallag. Mais le pays n'est plus le même, ni moi. Suffit-il dès lors de fouler la même terre (Eretz) pour retrouver le sens et les vestiges, quatre décennies plus tard, de cette improbable utopie qui aujourd'hui n'a plus cours? H. R.

04/2010

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Littérature française

Points de chute

"Faire le tour de la France, ou plutôt un tour en France. Différents endroits susceptibles d'avoir accueilli mes pas un jour ou l'autre. Beaucoup de pas, donc, puisque beaucoup d'années. Un tour, mais non à proprement parler un cercle. Ce serait plutôt un colimaçon, mot enfantin que j'aime bien. Vous savez, l'escargot. Ou l'escalier. Ou le jeu de l'Oie. Ou plutôt, cette figure qui jadis, dans les jeux des journaux populaires, consistait à relier des points entre eux. Et cela vous dessinait un coq, une vache, un chameau. A ceci près qu'ici ces sauts de point en point, à l'arrivée, ne dessineront rien. Pas même une carte de France. Ou alors approximative, une France de l'ère secondaire tout au plus. Un livre ? Peut-être, mais sans grands contours. Un livre à ma guise. Un livre à la va-comme-je-te-pousse. Un livre en zigzags, reliant des points du temps et de l'espace, un peu selon l'idée proustienne de la contiguïté entre le souvenir d'un certain lieu et le regret d'un certain moment. Un livre qui ressemblera à la vie, je suppose". Henri Raczymow.

03/2012

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Littérature française

Te parler encore

Mon père était un homme fort simple. Pour écrire ce petit livre, il m'a surtout fallu éviter tout effet de grandiloquence. J'aurais raté la cible. Le ton idoine qui m'est venu a été celui de la conversation, comme nous en avons tous, au fil des jours, avec des êtres proches. Quand ceux-ci nous quittent, c'est de se parler, d'abord, qui vient à manquer, parfois douloureusement. La parole que j'ai tenté de maintenir ici, par ce livre, je n'ai pas cherché à lui conférer des accents profonds, héroïques ni même nostalgiques. Elle aura eu peut-être une vertu magique: me persuader que, le temps qu'elle s'est déroulée, lui et moi étions vivants.

10/2008

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Littérature française

Le plus tard possible

Deux êtres chers, coup sur coup, un jour m'ont quitté. Anna, ma mère, puis son fils adoré, Alain, mon frère cadet. Étienne, mon père, s'est heureusement aussitôt remis en ménage. C'est ce qu'il avait de mieux à faire. Mon " ménage " à moi, au contraire, a connu le même sort que le Titanic. La vie me rendait à moi-même. Mais " moi-même " n'avait plus guère de sens. La vie me rendait à rien. La mer (la mère) me rejetait sur un rivage sans âme, une espèce de monde lunaire. Il ne me restait plus, c'était inévitable, qu'à rencontrer un amour impossible. Ce fut Lilah. Qui aimait ailleurs. J'étais désemparé, je fus mélancolique. Que faire ? Écrire un livre. Un réflexe, sans doute. Chaque phrase, alors, repoussait à plus tard le dernier mot. Le fin mot de l'histoire. Le plus loin, le plus tard possible. H.R.

01/2003

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Littérature française

Reliques

" Aujourd'hui, c'est dit, je prendrai le risque du discontinu sinon du décousu. Nécessité non de poursuivre, mais de commencer. Ce serait ainsi le Livre des commencements. À chaque fois je commencerai par un point de ma vie, un visage, une époque, un jour entre tous, une ère géologique. Ce serait le Livre de mes temps morts, où temps morts doit au s'entendre à la lettre : les strates géologiques (ou archéologiques) dont nos vies communes sont faites. Ils prendront ici la figure lieux, d'atmosphères, de liens d'amitié ou d'amour, mais aussi visages aujourd'hui disparus : mes morts. Le portrait que je fais d'eux est nécessairement partiel et partial. " On entre dans un mort comme dans un moulin ", disait Sartre. Lorsqu'on s'est dépris son passé (qu'il s'est dépris de nous), ce qui est d'ailleurs signe de bonne santé, signe que nous nous donnons tout simplement à nous-même l'autorisation de vivre, il est devant nous comme le mort de Sartre, ouvert à notre liberté, à notre tyrannie

04/2005

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Beaux arts

Courbet, l'outrance

" Ce n'est pas le Courbet communard qui m'a retenu ici. C'est le Courbet peintre. La manière de Courbet. Ses manières, ses mauvaises manières. Sa grossièreté de paysan (de Franche-Comté) mal dégrossi, de plébéien. Qu'il soit devenu communard, d'ailleurs, n'est pas pour étonner. On se moquait de lui : il ignorait les livres, il était sans orthographe. L'école et lui s'étaient très tôt brouillés. Mais Courbet est ailleurs : c'est un peintre-né. Ses manières sont, à tous égards, fort peu académiques. L'Académie ne s'y trompait pas : le Salon le rejeta avec constance. Courbet, c'était un homme énorme : cette hénaurmité, cette outrance, sont indissociables de son personnage tonitruant et de son œuvre scandaleuse, lieu d'une vraie jouissance esthétique et sensuelle. L'animalité n'est jamais loin dès lors qu'on évoque ce peintre. "

04/2004

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Littérature française

Dix jours "polonais"

"Je suis du temps, non de l'espace (je n'aime guère bouger). Fouler la terre polonaise me ferait renouer avec le temps d'avant mon temps, mon temps préhistorique, ma géologie intime, mon archéologie honteuse, de vieilles couches sédimentaires. Renouer avec d'anciens fils. Retrouver le fil. M'y retrouver. Mais cela même, je le crains, était une illusion. Il s'agissait d'une homonymie, d'un quiproquo. Car il y a "Pologne" et "Pologne". S'agirait-il d'un "retour au pays" ? Non, c'était autre chose. Quelque chose qui n'avait pas de nom. Car on ne saurait, au bout de quatre-vingt-dix ans, "retourner" en Pologne. Puisqu'on va visiter une "Pologne" qui n'existait pas avant. Et qu'on espère retrouver une "Pologne" qui est aujourd'hui proprement "nulle part". Et pourtant, je fais le pari que cette coïncidence existe. Les guillemets, en tout cas, s'imposaient : un avion me poserait sur la terre de "Pologne"".

04/2007

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Littérature étrangère

Un cri sans voix

Un jour de l'été 1982, alors que se déroule la guerre du Liban et que d'aucuns soutiennent que Beyrouth-Ouest égale le ghetto de Varsovie, Mathieu Litvak fait retour sur le suicide de sa soeur Esther, sept ans plus tôt. Il lui a toujours supposé une constante obsession de la guerre. Adolescente, sur le mur de sa chambre était suspendue une photo des combattantes juives du ghetto de Varsovie. La raison de son suicide ? Pour la famille, nul mystère : c'était une "malade". Mathieu va enquêter sur la vie et la mort de sa soeur, tenter de comprendre la "maladie" qui la rongeait. Il écrira le livre d'Esther, celui qu'elle portait peut-être. Il le fera dans la plus grande culpabilité. Ne prend-il pas la place de la soeur morte ? Cette culpabilité est redoublée par l'appartenance de Mathieu à la "génération d'après". Mais Esther s'est-elle suicidée à cause de la guerre ? N'y a-t-il pas autre chose, de plus banal ? C'est bientôt pour son propre compte que Mathieu interroge le passé. Pour savoir. Esther ne fut au total qu'un truchement. Car comment, abruptement, parler des camps de la mort ? N'est-ce pas la parole la plus obscène qui soit, l'interdit même ? Mathieu Litvak ira plus loin dans sa recherche de la vérité, franchissant les strates toujours plus difficiles à percer du silence, de l'oubli, de la douleur, peut-être de l'impossibilité de dire "ça". Il sera délivré de ce poids insoulevable du non-dit par quoi la génération des survivants a transmis les mots silencieux du malheur à leurs enfants, dépassant le simple cri sans voix qu'imposent l'horreur absolue, et la mort, toute mort.

12/1985

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Policiers

SCENES

Ce recueil contient cinq récits qui illustrent de façon détournée et sous-jacente la question : "Qu'est-ce qu'écrire ? " La parole humaine ainsi mise en question y prend un tour rituel, saugrenu et cruel. Dans un long monologue qui est une prise à partie, un automobiliste tente de forcer l'attention de son passager. Une même recherche de communication éclaire le Récit de Lucienne, qui est indispensable à son amant. La Scène inca, La Coupure, La Poursuite, autant de rites magiques, de brèves rencontres, de disparitions et de séparations.

05/1975

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Littérature étrangère

Ninive

Le narrateur vit depuis des années avec Régine Clever ; il tombe amoureux de Nina Weil et il hésite. Il faudra qu'une troisième femme, Emma Fisch, lui montre la voie par laquelle c'est surtout de lui-même qu'il devra se départir. Tel le "petit" prophète Jonas se dirigeant aveuglément vers Tarsis - alors que c'est Ninive qui l'appelle -, il doit passer par le "stade du poisson" . Dans sa chambre de l'hôtel des dunes, il entreprend le récit d'une singulière déliaison.

03/1991

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Littérature étrangère

La Saisie

Un ancien employé de banque, dont tous les meubles ont été saisis, se retrouve sur la seule chaise qui lui a été laissée et cherche à comprendre qui il est, ce qu'il a été, ce qu'il devient. Il est tout d'abord seul avec sa parole, puis apparaissent le couple de voisins et son collègue de bureau. Cette enquête sur soi, étonnant mélange d'idées délirantes, de scrupules et de fabulations, prend un tour fantastique, froid et logique comme si le narrateur devenait l'arpenteur de son propre destin. Mais La saisie est avant tout le prétexte romanesque à une recherche sur l'origine et la possibilité du récit.

09/1973

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Littérature étrangère

Maurice Sachs

L'oeuvre de Maurice Sachs, c'est sa vie même. Cette oeuvre-là n'a pas les belles proportions des classiques. Elle est baroque, ou cubiste, ou fauve, ou un sale mélange des trois. Sachs, toute sa vie, fait des coups, des malversations et des saloperies. Il écrit des livres : Alias, Au temps du Bouf sur le toit, Le Sabbat, La chasse à courre. Il connaît des amours, noue et dénoue des amitiés, se marie, se convertit deux fois. Mais ces insignifiances, c'est pour meubler. D'ailleurs, les meubles, il n'y est pas attaché, surtout ceux des autres. Il les vend. Il «emprunte» et se «refait». En attendant que la vraie vie commence sous des auspices meilleurs que ceux de son enfance : un père tôt parti sans lui dire s'il est juif ou pas, une mère fantasque experte en escroqueries. Sachs, qui fut l'aventurier même dans le Paris de l'entre-deux-guerres dont il se voulut le chroniqueur, rêve d'une vie d'ordre. Il rencontre des jeunes gens passionnés de littérature, beaux et intelligents. Il aimerait à son tour jouer le rôle de Maritain, Cocteau ou Max Jacob à l'égard d'une certaine jeunesse de leur époque, qui les entoura, et les adula. Mais il aurait fallu que le nom de Sachs brillât au ciel de la gloire. Il n'en fut rien. Car sa gloire ne fut pas tardive. Elle ne fut jamais. Le départ de Sachs pour l'Allemagne en novembre 1942, comme travailleur volontaire, n'est pas celui de Rimbaud pour le Harrar : l'un a son ouvre derrière lui, l'autre devant ; l'un finit dans le négoce, l'autre à la Gestapo. Et on ne pourra pas appeler gloire posthume la réputation sulfureuse du «Juif collabo» abattu par la S S sur le bord d'une route au crépuscule du Reich. Sous l'effervescence picaresque d'une vie de drôlerie et de total amoralisme court quelque chose de tragique.

10/1988

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Littérature française

Bloom & Bloch

Quand on s'appelle Albert Bloch et Leopold Bloom et qu'on voudrait vivre de ses propres ailes, le mieux, c'est d'aller s'enraciner quelques semaines en été, dans un trou de France, si possible avec de l'herbe et des bestiaux, où l'on pourra parler et penser à loisir. Voire cogiter un grand oeuvre. C'est qu'on sait des choses, qu'on a vécu longtemps, trop longtemps dans l'ombre d'un grand écrivain. Et le temps presse. On a laissé les siens, sa femme, sa fille et le grand écrivain en question, à l'écart. En route. Dès lors, la fantaisie se donne libre cours. Tout est possible. Même un roman, "original" comme nos bonshommes, où le monde est défait et refait. Dans un éclat de rire.

12/1993

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Littérature française

Le cygne de Proust

""On aurait cru qu'il mettait tout, argent, esprit, oui, tout, dans l'art de vivre pour plaire aux dames. Et naturellement il en était payé : elles raffolaient de lui. Mais quelle distinction, quel éclat ! Et quel dandy ! . . ". S'agit-il de Charles Swann dans la Recherche ? Non, de Charles Haas. Mais c'est Proust qui parle. J'avais sous les yeux la reproduction d'un tableau de James Tissot, Le Balcon du Cercle de la rue Royale. Soudain, je remarquai la place qu'occupait Charles Haas : près de la porte, face aux autres et comme à l'écart, comme s'il hésitait à se mêler aux autres, à pénétrer dans la ronde. Et, tout heureux alors, je me dis : Voilà, c'est ça. Haas fait partie du cercle, mais reste à sa périphérie. Et aussitôt je sus nommer cette marginalité : Haas était juif, sans titre, sans lignée prestigieuse, sans immense fortune. Il cumulait tous ces traits négatifs. C'est de ce jour que ce "cygne" me fut un peu moins distant, moins étrange". Henri Raczymow.

12/1989

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Littérature française

Elle chantait Ramona

Nous sommes dans les années de l'immédiat après-guerre, dans ce quartier populaire de Belleville où l'on entend encore parler le yiddish. C'est ce lieu et ce temps qu'évoque l'auteur avec, on s'en doute, un rien de nostalgie, mais aussi une immense tendresse à l'égard "des voix chères qui se sont tues" , voix des grands-parents, Simon et Mania, venus de Pologne, voix des parents, Etienne et Anna, livrés au chagrin des pertes subies pendant l'Occupation et dans le même temps avides de vivre et de rire. L'auteur ressuscite cette petite communauté par une description minutieuse qui s'attache aux plus infimes détails de la vie quotidienne : nourriture, vêtements, voitures, chansons, publicités radiophoniques Par sa franchise, sa probité et par le regard singulier qu'il porte sur les siens et ce monde disparu, l'auteur réussit son double pari : inscrire sa vie "dans la mémoire d'une autre" et, nous l'ayant donnée en partage, être compris à son tour, "comme une figure de géométrie en comprend une autre" .

02/2017

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Critique littéraire

Mélancolie d'Emmanuel Berl

Henri Raczymow nous propose ici un essai sur Emmanuel Berl dont la figure et l'oeuvre sont aujourd'hui quasiment oubliés. Dans l'introduction, il brosse à grands traits le portrait de Berl et souligne les paradoxes de sa trajectoire (oeuvre irrégulière, engagements politiques, amitiés de tous bords). L'ouvrage est une relecture du parcours biographique de Berl, rappelant notamment la proximité de sa famille avec la famille de Bergson et la figure de son oncle Emmanuel Lange, brillant agrégatif mort prématurément, dont ne cessait de lui parler sa mère et sa grand-mère, et qui hanta son enfance. Très jeune, Berl se révèle grand séducteur et brillant causeur. Dans les années 20, il fréquente Proust mais finit par se fâcher avec lui. Il est proche des surréalistes, et de Breton en particulier - à qui il disputera Suzanne Muzard. De Drieu (avec qui il crée un journal, Les Derniers Jours). De Malraux. De la NRF. Et d'un grand nombre d'autres futurs fascistes et collaborateurs comme Morand ou Bertrand de Jouvenel. Les entretiens menés par d'Ormesson et Patrick Modiano avec Emmanuel Berl sont sur le sujet de précieuses sources. Dans les années 30, il se lance en politique avec le journal Marianne, sans réelle conviction. Dans les années 40, il collabore à la rédaction de l'un des plus célèbres discours de Pétain - on lui attribuera plus tard les formules "Je hais les mensonges qui vous ont fait tant de mal" et "La terre ne ment pas". Mais les lois raciales et son mariage avec la chanteuse Mireille, d'origine juive, comme Berl, vont l'obliger à se cacher en Corrèze à partir de 1941. Intéressant projet que de se pencher sur cette figure qui a littéralement traversé le siècle et fréquenté, pour ne pas dire magnétisé, les plus grands écrivains du XXe siècle. Les louvoiements de Berl sont passionnants, tant ils épousent ceux de son pays. Réfléchir à Berl, c'est aussi réfléchir à notre Histoire.

10/2015

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Littérature française

Notre cher Marcel est mort ce soir [EDITION EN GROS CARACTERES

Proust meurt le 18 novembre 1922 à cinquante et un ans au 44, rue Hamelin à Paris. Si toute vie prend son sens en regard de sa fin, celle d'un écrivain se double d'une autre course de vitesse. Deux adversaires s'opposent : le souci d'achever son oeuvre et la mort qui se rapproche. Aura-t-il le temps d'atteindre son dernier mot, de poser le mot "fin" ? La Recherche est une oeuvre toujours à reprendre, à corriger, à nourrir. Son attentive et dévouée gouvernante Céleste à ses côtés, Proust lutte pour, une fois encore, ajouter, biffer, corriger son immense chef-d'oeuvre, ce souci interminable.

03/2015

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Littérature française

Rivières d'exil

Dans le quartier de Belleville des années cinquante, Simon Dawidowicz vient parfois visiter ses petits-enfants. Chemin faisant, il songe aux merveilleux récits qu'il racontera ce soir-là à Mathieu et à Dominique : des histoires de Pologne, les aventures d'un énième faux Messie, l'incroyable géographie des Dix Tribus perdues... A travers l'évocation pittoresque, drôle et chaleureuse d'une petite famille juive, l'auteur nous entraîne à la recherche d'une généalogie ignorée, obscure et farfelue, ainsi que du vaste légendaire juif où fable et mémoire alternent et souvent se confondent.

04/1982

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Littérature française

Henri ou Henry. Le roman de mon père

"Je lui aurais obéi. Je lui ai toujours obéi. Même le soir où on l'a retrouvé allongé sur le tapis chinois de son bureau, le cœur presque arrêté. Le médecin était là avant moi, il m'a chuchoté d'aller lui dire adieu parce qu'il n'arriverait pas vivant à la clinique, il allait mourir dans l'ambulance. Quand je me suis accroupi pour l'embrasser, papa m'a dit de lui servir un whisky sec, bien tassé. Ne fais pas ça, m'a dit maman, tu vas tuer ton père. Je l'ai fait quand même, toujours obéir à papa, j'ai soulevé sa tête pour qu'il soit bien à l'aise pour boire son whisky, qu'il en profite à fond, je n'avais pas lésiné sur la dose, j'ai senti les boucles de sa nuque ma caresser la paume, ça faisait comme un chat un peu lourd et qui semblait avoir froid, je lui ai demandé de ne pas mourir, pas comme ça, pas couché sur le tapis, alors il m'a dit laisse-moi finir ce putain de whisky et tu m'aideras à me relever, ne le bougez surtout pas a dit l'ambulancier, c'est mon père, j'ai dit, j'ai aidé papa à se redresser, à se mettre debout, il ne tenait pas très bien sur ses jambes mais il n'est pas tombé, il s'est appuyé sur moi pour marcher jusqu'à la porte palière où l'attendait la civière pour l'enfourner dans l'ambulance où il devait mourir, et il n'est pas mort, ni dans l'ambulance ni à la clinique, il n'est pas mort ce soir-là, le scotch y fut peut-être pour quelque chose, c'est la preuve en tout cas qu'une fois de plus j'avais bien fait d'obéir à mon père. Et ce livre est tout le contraire, une désobéissance. " Des années et des années après Abraham de Brooklyn et John l'Enfer, Didier Decoin raconte enfin la vie du plus beau de ses héros, Henri Decoin, son père.

05/2006

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Critique littéraire

Les cahiers du Chemin N° 17

Henri Raczymow, PoursuiteJean Roudaut, Le rêve du romancierMichel Butor, Méditation exploséeGeorges Perros, Á propos du piedJacques Réda, EpiloguesJude Stéfan, Un visiteur isoléJacques Kober, Réunir ton corps est sombreGeorges Lambrichs, Un sujet d'inquiétudeJ. M. G. Le Clézio, Le génie DaturaClaude Faraggi, Henri Michaux, Misérable miracleJ. -B. Pontalis, Lieux et séparationsPatrick Reumaux, En marge des BrontëHenri Thomas, Les brûlots de Jean-Paul MaratHenri Meschonnic, Sur Wittgenstein, philosophie du langage et poésieMichel Deguy, Hannah Arendt, Le système totalitaireFrancois Aubral, René Girard, La violence et le sacréBoris Rybak, " Ecologie " par Armand PetitjeanGeorges Perros, En guise de salutJean Roudaut, Henry Moore à Florence

02/1973

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XXe siècle

Henri

Il s'agit de la suite de Julie, le premier roman de Colette Hoornaert, l'histoire d'une famille paysanne du Nord de la France au XIXe siècle. Après de nombreuses et fructueuses recherches sur la Nouvelle-Calédonie, l'autrice s'est davantage concentrée sur la vie d'Henri, s'attachant à découvrir et comprendre ses réelles motivations à rester sur l'archipel, lesquelles étaient sensées justifier une séparation de sa famille d'une quarantaine d'années. En alternant les lieux, le pays des Kanaks et l'Avesnois, elle a su aussi replonger avec bonheur dans le destin de Julie, une femme courageuse et attachante, une vraie battante qui a fait de son mieux pour élever seule ses enfants. Avec son écriture fluide, dépouillée, authentique elle signe le nouvel opus de cette excellente saga familiale.

02/2022

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Musique, danse

Henri Duparc

Elève de César Franck, Henri Duparc (1848-1933) est aujourd'hui encore une référence en ce qui concerne la mélodie française, un summum de raffinement et de réussite. Quand il est - enfin ! - décoré de la Légion d'honneur à 73 ans, Le Figaro note alors que "son oeuvre est petite, mais sans défaut. [...] Sans M. Duparc, la mélodie française, celle de Fauré, de Bordes, de Chausson, de Debussy même, ne serait pas ce qu'elle est. Les poésies que [Duparc] a traduites en chant, personne n'a osé les reprendre. Il avait, du premier coup, atteint la perfection..." Malheureusement, très critique, y compris vis-à-vis de son propre travail, Duparc brûla de nombreuses pages, ne laissant que très peu d'oeuvres. Ce maigre opus n'en est pas moins remarquable, et, outre deux recueils de mélodies pour voix et piano, il recèle de sublimes pièces orchestrales, parfois bien loin des autres facettes de cette personnalité étonnante, compositeur philanthrope au mysticisme ardent et profond, complété d'un grand amoureux du sud-ouest de la France.

05/2019

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Histoire de France

Henri II

La vie d'Henri II mêle dans un tourbillon de passion et d'aventures la vengeance, la gloire et l'amour. Humilié par Charles Quint dans les prisons d'Espagne, Henri, devenu roi, prend sa revanche. De l'Ecosse au Brésil ses marins écument les mers. Ses généraux, Montmorency, Guise, Brissac mènent des campagnes victorieuses de l'Italie aux frontières des Pays-Bas. Allié des papes, des princes luthériens et des Turcs, il gagne à la France les Trois-Evêchés lorrains, Boulogne et Calais. Ronsard et la Pléiade célèbrent ses triomphes qui donnent lieu à de superbes fêtes. De merveilleux palais surgissent, construits et décorés par les plus grands, Lescot, de Lorme, Goujon. Le roi réforme les finances, la justice et l'administration : il fonde les institutions de la France moderne. Ces trophées sont autant de gages amoureux qu'Henri dépose aux pieds de sa dame, Diane de Poitiers. Dans l'ombre, la reine Catherine de Médicis attend son heure. Peuplée de femmes galantes et de favoris ambitieux, la cour de France ressemble à l'Olympe antique. Cependant l'agitation monte dans le pays. Révolte fiscale et opposition religieuse sont réprimées dans le sang. L'Espagne tente un assaut final. Comme dans une tragédie, le sort du pays se joue dans une bataille et celui du roi dans un tournoi. Historien érudit et conteur de talent, Ivan CLOULAS, conservateur en chef aux Archives nationales, révèle dans ce livre un règne méconnu dont l'importance a été considérable. Comme dans ses ouvrages précédents, Catherine de Médicis et Laurent le Magnifique, il fait une large place aux hommes et aux femmes de ce temps. Leurs témoignages multiples permettent d'esquisser le visage d'Henri II en même temps que celui de la France profonde.

01/1997