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Arfuyen

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Poésie

Un monde de pierres

Après L'ailleurs des mots (2007), La Lune noircie (2009), Je renaîtrai (2011), Soleils chauves (2012) et Galaxies intérieures (2013), Un monde de pierres est le sixième livre d'Anise Koltz publié par les éditions Arfuyen. Longtemps l'oeuvre d'Anise Koltz s'est caractérisée par la révolte et le blasphème, ainsi que par des images fortes et violentes, souvent en rapport avec les paysages du Nil et la culture de l'Egypte ancienne dont elle a une intime connaissance. Mais après la transition marquée par Soleils chauves, l'écriture est devenue plus méditative, plus détachée. A la sourde colère succède ici une calme négation. Tranchante, résolue. Et plus que jamais teintée de défi. Car Anise Koltz n'a rien abdiqué de sa liberté souveraine.

09/2015

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Poésie

Femmes. Edition bilingue français-arabe

Nizar Kabbani est l'un des plus grands poètes arabes modernes et certainement le plus aimé. Son rare esprit d'indépendance, son amour de la vie, son rejet des idéologies répressives l'expliquent largement. Comme aussi sa langue, simple, vive et directe. Si le thème central de son oeuvre est la femme, il ne faut pas s'y tromper : à travers la femme, c'est de la liberté et de la vie qu'il parle, en son nom c'est l'archaïsme et le machisme de la société arabe qu'il dénonce. D'où sa grande popularité, notamment à travers les interprétations de Fayrouz et Oum Kalsoum, mais aussi les vives réactions politiques que son oeuvre a suscitées. Nizar Kabbani a payé cher sa liberté : il a démissionné de son poste diplomatiqye en 1966 et s'est définitivement exilé durant les 18 dernières années e sa vie. Les Editions Arfuyen sont les seules à l'avoir publié de son vivant : en 1988 a paru un choix de ses poèmes en édition bilingue, Femmes, dans une traduction de Mohammed Oudaimah et avec une postface de Vénus Khoury-Ghata. Pour ce livre il a lui-même réalisé la calligraphie de l'ensemble des poèmes. Plus de trente après ce livre, devenu culte, reste le seul disponible en langue française. C'est cet ouvrage, paru dix ans avant sa mort, qui est ici réédité.

11/2020

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Religion

Rabbi Chmuel Bornstein (1856-1926). L'espoir hassidique

Après Les Lettres de la création (2006), les Editions Arfuyen ont commencé de travailler avec Catherine Chalier à une suite d'ouvrages consacrée aux grandes figures du hassidisme. Le projet de cette série est de donner à lire pour la première fois les textes les plus substantiels de ces auteurs, et non pas seulement leurs anecdotes ou bons mots. Après Kalonymus Shapiro, rabbin au Ghetto de Varsovie (2011), Aux sources du hassidisme, le Maggid de Mezeritch (2014) et Le Rabbi de Kotzk , un hassidisme tragique (2018), le présent volume est le 4 e de la série. Publiés de façon posthume, les 5 volumes du Chem miChmuel sont rapidement devenus des livres fondamentaux du hassidisme polonais. R. Chmuel Bornstein a une conscience aiguë des ravages du désespoir qui guette les créatures, même les plus dévouées à Dieu et aux êtres humains. Pour lui le Chabbat est une réponse à ce tourment. Là où chaque créature se sent pleine d'elle-même, le Chabbat oblige l'homme à une pause bienfaisante qui arrête l'avidité d'être et creuse en chacun un espace qui lui permet donc de devenir un réceptacle de cette lumière et de ce souffle. C'est pourquoi le Chabbat est décrit comme " saint ", c'est-à-dire séparé du temps ordinaire où l'impatience – d'être et de faire - ne cesse de revendiquer ses droits.

02/2019

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Poésie

O, l'oeuf

Adaptation graphique des poèmes-morphogrammes fidèle au manuscrit original inédit d'Yves Namur, poète belge renommé et multiprimé, sur papier machine à écrire et marguerites de 1984. 0, l'oeuf, un livre composé autour des seules lettres du mot "oeuf" , chaque page se voulant un diptyque : dans la partie supérieure, un tableau ponctué de lettres et d'une ligne horizontale représentant un plan d'eau, et dans la partie inférieure, une partition ou les supports acoustiques dudit tableau. Comme l'écrit Francis Edeline, spécialiste des poésies visuelles et concrètes, qui en a analysé les dimensions formelles et rhétoriques, "ces morphogrammes sont au service d'un projet axiologique centré sur le symbolisme de l'oeuf. C'est la vie, c'est l'existence humaine, c'est le monde entier qui sont entraînés dans un perpétuel mouvement cyclique d'engendrement et de reconnaissance. Avec la complicité de notre système d'écriture". Yves Namur (1952) est l'auteur d'une quarantaine de recueils dont La Tristesse du figuier (Lettres vives, 2012) ou Dis-moi quelque chose (Arfuyen, 2021). Ses livres ont reçu de nombreux prix parmi lesquels celui de la Communauté française de Belgique, le Tristan Tzara, le Guillevic ou le Mallarmé. Il est le Secrétaire perpétuel de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Francis Edeline est poète, écrivain et traducteur mais aussi sémiologue apparenté au Groupe µ.

02/2023

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Littérature française

La langue de là-bas

"En vérité, dès ma naissance j'ai attrapé l'exil. En premier du pays de ma mère Raquel, l'Uruguay, mais aussi de l'Espagne et de la France, hérités de mes grands-parents. En me remémorant les promenades sur le quai argentin, je ressens la rive de ma mère, et des siens. Les exils là-bas se multipliaient, je ne saurais pas donner un nom à ces sensations qui me retrouvent, non sans mélancolie, et que je reconnais parfaitement. Aujourd'hui, je contemple la Seine. Je n'aperçois aucun bateau, seulement les sillages des courants qui, après la traversée de l'Atlantique, pénètrent dans l'autre fleuve et entourent les ports de Montevideo et de Buenos Aires. Je ne vois pas d'île dans mon souvenir, rien que le ciel et l'eau". Née en 1934, Silvia Baron Supervielle vit depuis 1961 en France dont elle a adopté la langue. Grande traductrice d'espagnol, elle a fait connaître de très nombreux poètes argentins et uruguayens, elle a également traduit en espagnol Marguerite Yourcenar et a publié leur correspondance. Au Seuil ont paru : La Rive orientale, La Ligne et l'Ombre, Le Pays de l'écriture, Une simple possibilité, La Forme intermédiaire et son oeuvre poétique : En marge. Elle a publié par ailleurs chez Corti, Arfuyen et Gallimard.

04/2023

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Poésie

La voie du large

Depuis Balbuciendo (2012), son premier livre aux éditions Arfuyen, Michèle Finck poursuit une oeuvre d'une rare puissance et intensité. Non pas de simples recueils mais de gros livres très architecturés où l'autobiographie se mêle avec une immense culture, les formes poétiques les plus variées avec la prose, le chant avec les cris. Après de nombreux livres qui étaient comme autant de tombeaux, La Ballade pour les hommes-nuages (2021) laissait déjà entendre un chant d'amour et d'un paradoxal bonheur. Comme le dit assez son titre, La voie du large pousse plus loin cette ouverture : le thème marin, déjà présent dans les précédents recueils, communique à l'ensemble du recueil un peu de sa lumière et sa sérénité. Huit mouvements : "La langue au doute" , "Leçons de ténèbres" , "Intermezzo" , "Corres-pondances stellaires" , "Santa Reparata" , "Radiophilie" , "Cantillation du doute et de la grâce" . Du doute à la grâce, c'est la musique qui opère la métamorphose : "Musique / Rend // Translucide // Ce sourire / Des sons / Qui est / Larme / Est-ce / Ce qu'on appelle // La grâce ? " Car la musique est comme la mer, étreinte et délivrance, bienheureuse réparation : "Nager Ne plus savoir depuis combien / de temps Bientôt ne plus sentir si je nage / dans la mer ou lévite au-dessus / des montagnes Le bleu devient mental / est-ce lui ou moi qui lentement tournoie ? "

01/2024

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Poésie

Le grand veneur des âmes

Après Enquête sur les domaines mouvants (2007) et Les Degrés de l'incompréhension (2014), Le Grand Veneur des âmes est le troisième livre de Max de Carvalho aux Editions Arfuyen. Il en avait auparavant publié deux : Adresse de la multiplication des noms (Obsidiane, 1997) et Ode comme du fond d'une autre réalité (L'Arrière-pays, 2007). Si la revue de Max de Carvalho, La Treizième, est placée sous l'égide de Nerval, les titres de ses livres, marqués d'étrangeté, définissent l'espace qui lui est propre : un espace où les mots sont incertains, où la réalité est chancelante, où les territoires sont mouvants, où l'intelligence se heurte à une croissante perplexité, où la mort est maîtresse du jeu. Ici deux grandes parties : Le canon des dissimilitudes et La frontière, aux titres d'emblée significatifs de séparation. Dans la première partie, des sous-titres eux aussi hautement suggestifs : " Scardanelli parle ", " Théâtre d'ombres ", " La rivière de vif-argent ", " Vieilles marines ", " Nescience ultime ", " L'adoration ténébreuse ", " L'ombre des biens à venir ". Dans la seconde, trois subdivisions : " L'été 14 ", " Août à l'office des petites heures ", " La frontière ". " Laisse-moi t'approcher, dit l'un des poèmes, / par-delà l'aigue morte / de cette vive mort dont / tu as le visage, trembler / sans dire un mot sur le / seuil de la porte, que / personne désormais / si je frappe n'ouvrira. " Ce poème, " Ma rue morte ", dit la blessure béante qui est au coeur de cette écriture.

02/2019

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Vie chrétienne

Ainsi parlait Jean de Ruysbroeck. Dits et maximes de vie

Les Editions Arfuyen ont publié de nombreux ouvrages liés à la mystique rhéno-flamande : à coté des grands Rhénans Eckhart (1260-1328), Tauler (1300-1361) et Suso (1296-1366), la figure majeure des Flamands est Ruysbroeck (1293-1381). Bien que très audacieux dans sa pensée de l'union à Dieu, " l'ermite de la Vallée Verte " (Groenendael), surnommé par la postérité " l'Admirable ", n'a pas été condamné comme Eckhart, mais au contraire béatifié. Ruysbroeck n'a pas suivi d'études théologiques, n'a pas pris de grades universitaires, comme Eckhart ou Tauler. Dans son " ignorance merveilleuse ", il a médité l'Ecriture et surtout vécu une expérience intérieure commencée jeune qu'il a décrite, dans son premier ouvrage : Le Royaume des Amants. Dès ce livre, il a défini son idéal de vie chrétienne, " la vie commune " (ghemeine leven). L'homme qui s'y adonne doit se placer " au sommet de son esprit ", écrit-il, entre " la jouissance mystique et l'action ". Telle fut la vie au sein du monastère de Groenendael dont Ruysbroeck fut le premier prieur en 1349. A sa mort, en 1381, le monastère de Groenendael est prospère et d'un grand rayonnement. Personnalité fascinante que celle de Ruysbroeck : " Au fond de cette obscure forêt brabançonne, écrit Maeterlinck, son âme, ignorante et simple, reçoit, sans qu'elle le sache, les aveuglants reflets de tous les sommets solitaires et mystérieux de la pensée humaine. Il sait, à son insu, le platonisme de la Grèce ; il sait le soufisme de la Perse, le brahmanisme de l'Inde et le bouddhisme du Tibet. "

10/2022

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Poésie

Manuel de Réisophie pratique

" La tautologie est selon moi le sommet caché, impossible, de la poésie (...) Que la chose soit soi-même soi est le plus beau trésor, et le mieux caché qui soit, la plus grande évidence et le plus grand mystère. " (De l'image, 2007). Ces lignes de Laurent Albarracin résument sa démarche, aussi simple que rigoureuse. Avec Res rerum, Laurent Albarracin introduisait à une nouvelle étape de sa quête paradoxale en la faisant entrer dans le champ de l'alchimie. Le présent Manuel en offre le plein déploiement. Non sans humour, l'" Avertissement au lecteur " donne les précisions suivantes : " Suite à la publication en 2018 de l'ouvrage Res rerum par les éditions Arfuyen, nous avons reçu par la Poste, sans mention d'expéditeur, une liasse de papiers (...). Le paquet contenait un mot griffonné : "Si vous le jugez opportun, publiez ces textes. Publiez-les sous votre nom afin d'écarter les curieux qui viendraient par leurs sollicitudes entraver nos activités." Signé : "Le Collège de Réisophie" " En 224 poèmes d'une impeccable écriture, tantôt longs et tantôt très courts, le Manuel nous ouvre à une méditation vertigineuse méditation sur la réalité que nous croyons connaître : " Les choses sont comme des vases / Qui en s'évasant / Se recueilleraient. / Comme une lumière / Qui en éclatant / Se rassemblerait. " Mais encore : " Nous n'entendons pas les choses parler / Parce qu'elles sont des oreilles qui voient. " Le regard espiègle de l'enfant se mêle ici à la réflexion du philosophe en une approche et une connaissance qui sont spécifiquement celles du poète. D'un des plus originaux et profonds d'aujourd'hui.

05/2022

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Littérature Allemande

Ainsi parlait Stefan Zweig. Dits et maximes de vie, Edition bilingue français-allemand

Stefan Zweig est l'écrivain étranger le plus lu en France. Les éditions Arfuyen ont fait découvrir en 2021 ses textes poétiques, qu'il plaçait au centre de son oeuvre. Or, de même qu'on oublie trop chez Zweig le poète, on oublie trop chez lui le penseur : "Mon but, écrit-il à Rolland, serait de devenir non une célébrité littéraire, mais une autorité morale". Grâce à cet Ainsi parlait, c'est bien ainsi que Zweig nous apparaît au fil de ses nouvelles, essais, pièces et biographies mais aussi de ses journaux et lettres. Un homme intègre et inquiet, doutant de lui-même mais ne transigeant jamais sur l'essentiel : la lutte contre les nationalismes, le rejet des fanatismes religieux, le combat contre tous les dogmatismes. Aux côtés de Romain Rolland le combat qu'il mène pendant le Première Guerre mondiale pour la paix et la réconciliation européenne est d'une admirable clairvoyance. Tout aussi prophétique ce qu'il annonce pour les lendemains du conflit : "Je suis convaincu - dur comme fer - qu'après la guerre l'antisémitisme sera le refuge des partisans de la "Grande Autriche"". Hitler, on le sait, était autrichien... Inlassablement Zweig nous met en garde contre les périls du sectarisme et de la violence : "Tuer un homme, insiste-t-il dans son Castellion (1936), ce n'est pas défendre une doctrine, c'est tuer un homme. On ne prouve pas sa foi en brûlant un homme mais en se faisant brûler pour elle". A la fin de sa vie, c'est chez Montaigne, lui aussi, qu'il trouvera un réconfort et un modèle : "Je vois en lui, l'ancêtre, le protecteur et l'ami de chaque homme libre".

01/2023

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XXe siècle

Souvenirs sur Rainer Maria Rilke

"Duino est l'atmosphère de mon être" , écrivait Rilke. A jamais l'oeuvre du poète est associée au château de la princesse de Tour et Taxis, à Duino, près de Trieste, où il trouva l'inspiration des Elégies. "Dominant l'Adriatique, écrit Maurice Betz, à l'extrême pointe d'un promontoire, un antique château, juché sur le roc, qu'isolent d'un côté la mer, de l'autre de profondes forêts de chênes-lièges [... ] C'est ici que Rilke vint pour la première fois au printemps de 1910, sur l'invitation de la princesse de la Tour et Taxis, et ce bref séjour au château de Duino fut le début d'une longue et féconde intimité avec ce paysage et ses habitants". Un jour d'hiver, au début de 1912, durant une promenade sur le chemin du Bastion, les vers d'un poème inconnu lui furent comme dictés. La première Elégie était née. Marie de la Tour et Taxis, "cette grande dame autrichienne qui était chez elle aussi bien à Paris qu'à Vienne ou à Venise" (Betz), a tenu à rédiger en français ses souvenirs du Seraphico- c'estle nom qu'avec son accord elle lui avait donné - et à montrer l'homme qu'il était au quotidien, avec toutes ses fragilités et ses étrangetés. Etrangement, le texte a d'abord paru en traduction allemande en 1933. C'est seulement en 1936, grâce à Maurice Betz, qu'ils ont pu paraître dans leur langue originale, chez Emile-Paul à Paris. En ce dixième anniversaire de la mort de Rilke, paraissaient également les souvenirs de Betz, réédités en mars 2022 par Arfuyen sous le titre Conversations avec Rainer Maria Rilk

01/2023

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Poésie

Les Hommes sans Épaules n°55, Dossier : Richard ROGNET & les poètes de l'Est

Ce numéro des Hommes sans Epaules est consacré à l'Est et à ses poètes autour de l'Alsace et de la Lorraine... De cette Alsace nous retenons, choix forcément restreint et non exhaustif, dans notre numéro douze poètes et non des moindres puisqu'il s'agit de l'immense peintre-poète-sculpteur Jean Hans Arp, puis Maxime Alexandre, poète juif alsacien surréaliste communiste puis chrétien (quel parcours ! ), Nathan Katz, poète dialectal méconnu, à tort, le météore Jean-Paul de Dadelsen, Claude Vigée, Joseph Paul Schneider, Jean-Claude Walter, Roland Reutenauer, Jean-Paul Klée, Jacques Simonomis le poète du Cri d'os, Germain Roesz et Gérard Pfister, poète qui a aussi développé un impressionnant catalogue, éditorial, à la magnifique enseigne d'Arfuyen, depuis 1975. Différente est l'histoire des voisins lorrains et vosgiens, qui échappent à la Reichsland Elsaß Lothringen. Outre Yvan Goll, on lira le symboliste Charles Guérin, notamment autour de sa passion pour l'Alsacienne Jeanne Bucher, Daniel Abel et Serge Basso de March, de Longwy. Puis, l'abbé Ernest de Gengenbach, le temps d'une rencontre avec Satan. On lira ensuite les trois plus hauts sommets du massif : Yvan Goll, mais aussi Henri Thomas et Richard Rognet le poète du Val d'Ajol, l'un des grands poètes de notre époque. Le poème se situe ici à la lisière du monde, du temps, du dehors et du dedans, du lointain et du proche, "là où la vie ne - distingue plus ce que tu vois dehors de ce qui - vibre en toi, comme le lieu parfait de ta naissance". Là, ou le brin d'herbe incarne tout le cosmos, en équilibre sur la foudre, le poème et la tombe...

03/2023

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Littérature hébraïque

Sur les rives de Tibériade. Poèmes épars suivis de lettres et articles

L'oeuvre poétique de Rachel (1890-1931), qui lui vaut d'être considérée aujourd'hui comme une fondatrice de la littérature hébraïque moderne, est avant tout constituée de trois livres : Regain (1927), De loin (1930) et Nébo (posthume, 1932). Après avoir publié ces trois recueils en édition bilingue (Regain, 2006 ; De loin, suivi de Nébo, 2013), les éditions Arfuyen proposent sous le titre Sur les rives de Tibériade l'ensemble des poèmes épars et articles laissés par Rachel ainsi qu'un choix de lettres, traduits et présentés par Bernard Grasset. " Sur les rives de Tibériade ", tel est le titre du tout premier article de Rachel, écrit en russe à Odessa en 1919, alors qu'apparaissait déjà la maladie qui devait l'emporter : " Ce n'est pas seulement un paysage, le lac de Tibériade, écrit-elle, ni un fragment de nature — le destin d'un peuple s'allie d son nom. Avec des yeux sans nombre il nous regarde des profondeurs de notre passé, avec mille lèvres il parle au canin " Jusqu'à ses derniers jours, Tibériade demeurera pour celle que l'on appelait " l'oiseau-chanteur de Kinnéret " un véritable havre mystique. Les 30 poèmes épars ici présentés en édition bilingue sont suivis de quatre lettres écrites de France, alors qu'elle suivait des études d'agronomie à Toulouse, ainsi que de trois poèmes épistolaires. Publiés entre 1919 et 1930, les 21 articles de Rachel s'intéressent aussi bien à la culture hébraïque qu'à la littérature française, russe ou italienne. Dans son dernier texte, Rachel, reprenant à son compte la réflexion de Maeterlinck, s'interroge sur l'arrogance destructrice de l'humanité : " Est-ce qu'une quelconque supériorité dans l'activité cérébrale change quoi que ce soit aux lois de l'univers et aux lois de l'éternité? En vérité, en face de celles-ci nous sommes petits comme des fourmis. "

10/2021

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Poésie

Par les fossés et les haies. Paysages et saisons, édition bilingue français-alsacien

Emile Storck et Nathan Katz ont reçu en 1966 à Freiburg l'Oberrheinische Kulturpreis. Deux poètes représentatifs de l'humanisme rhénan, appartenant l'un et l'autre à cette génération qui dut traverser deux guerres mondiales et changer de nationalité. Scolarisés dans la langue allemande, devenus citoyens français, ils firent tous deux le choix d'écrire en dialecte alsacien, se résignant à n'être lus que d'un public limité. Si Emile Storck, mort en 1973, n'a pas vu la renaissance de la culture alsacienne, son ami Nathan Katz sera salué par le héraut de la nouvelle génération, André Weckmann, comme " notre père à tous " et auréolé d'une soudaine gloire. L'intégralité de l'oeuvre dialectale de Nathan Katz a été publiée en édition bilingue (Arfuyen, 2001-2003). Celle d'Emile Storck est restée méconnue. Pourtant Katz n'avait-il lui-même affirmé qu'elle était plus " forte " que la sienne ? Cette injustice est aujourd'hui réparée : la traduction réalisée par le Cercle Emile Storck permet de découvrir une écriture aussi personnelle que savante, ainsi qu'une langue aux immenses ressources. Les poèmes de Storck donnent à entendre ce que la langue alsacienne aurait pu devenir. Inapte à la comédie sociale, Storck n'avait d'autre joie que de courir les forêts et les prés de sa vallée : plantes, oiseaux, insectes n'avaient pour lui pas de secret. Sa grande passion allait aux papillons, dont il était devenu un spécialiste et qu'on retrouve dans maints poèmes, voletants, éclaboussants de couleurs. Resté célibataire, Storck s'éteignit dans la maison paternelle. Tout près demeurait son aîné Joseph, agrégé d'allemand comme lui, devenu maire de Guebwiller en 1971. Les temps n'étant pas propices, manuscrits et collections furent dispersés. Joseph mourut en 1989. Ce qu'il avait fait en Limousin, pendant la guerre, pour sauver des enfants juifs n'a pourtant pas été oublié : en 1998 lui a été conféré le titre de Juste parmi les Nations. Il faut espérer que la postérité fera aussi mémoire de son cadet, le poète Emile Storck.

03/2013