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Nikos Kazantzaki

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Divers

La chasse

" Tu poursuivras la bête et la transperceras de ta flèche. Tu couperas sa tête, mangeras son coeur et boiras son sang. Elle t'apprendra à voir le vrai visage du monde. " Obéissant à l'oracle, l'homme se met à traquer l'animal, gibier capable de sustenter toute sa famille, toute sa tribu. S'enfonçant dans la forêt inhospitalière, nécrosée, le chasseur flaire sa pâture, perd sa trace puis la retrouve. La quête devient alors initiatique : la proie se fait guide, l'homme et l'animal, s'agrègent pour écrire, par-delà l'espace et le temps, leur tragédie commune. Dans ses précédents travaux de bande dessinée (Psychonautes) et de cinéma d'animation (Psiconautas, los ninos olvidados et Decorado), Alberto Vázquez dénonçait les ravages de la pollution massive et la déshumanisation croissante de notre modèle social. Autant de métaphores dystopiques qui lui ont permis de mettre en évidence l'échec de la modernité, que la science et le progrès, ces mythes, ne peuvent désormais plus enrayer. Ces thèmes constituent de nouveau le coeur de La Chasse, haletant récit de traque et de survie mêlant rites primitifs et initiatiques où Vázquez recompose le couple ancestral homme / animal, lui seul qui pourrait endiguer la destruction du vivant. Tissées d'échos à l'art pariétal, à la peinture classique chinoise ou encore à l'expressionnisme sombre de Lynd Ward et Frans Maaserel, les pages de La Chasse sont de plus émaillées de lavis saisissants. Le tout est mis au service d'une allégorie puissante à la poésie déchirante, qui incite à la réflexion.

03/2021

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Littérature française

Chronique des jours de cendre

Février 2007, dans la banlieue de Bagdad, le père de Naïm est tué lors d’une intervention militaire. Bouleversé, le jeune artiste pacifique décide de s’engager auprès d’une bande armée pour laver l’affront. Sohrab, sa compagne, ne parvenant pas à le raisonner, décide de l’accompagner dans sa quête de vengeance. Les relations se tendent entre le jeune homme qui essaie de se convaincre que la violence peut être une solution, et Sohrab qui lui rappelle en permanence l’absurdité de sa situation. Dans le même temps, Niko Barnes, soldat américain mélancolique, s’interroge sur les raisons de son engagement. Il couche ses pensées dans des cahiers où se mêlent souvenirs de son pays, doutes envers sa hiérarchie et culpabilité envers les Irakiens. Sévèrement traumatisé par la mort d’un de ses camarades, il lutte en permanence pour ne pas se noyer dans les remords. Les chemins des personnages finiront par se lier au hasard d’événements sur lesquels ils n’ont aucune prise, et qui conduiront leur histoire à une fin funeste, aussi absurde et brutale que peut l’être une situation née d’une guerre qui n’avoue jamais son nom. Louise Caron tisse une histoire dans l’Histoire, sans parti pris, avec toujours une grande justesse de ton qui mène le lecteur à questionner le rapport à l’autre : Qu’est-ce qu’un ennemi ? La vengeance peut-elle appeler autre chose qu’une violence égale en retour ?

04/2015

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Histoire de l'art

Perspective : actualité en histoire de l'art N° 2021-2 : Habiter

Alors que, récemment, partout sur la planète, des populations entières ont été assignées à domicile, Perspective revient dans ce numéro sur les imaginaires plastiques de l'habiter, à différentes époques et en différents lieux. Les auteurs des textes ici rassemblés - essais et débats collectifs autour de questions historiographiques - explorent certaines de nos manières d'habiter un espace, un territoire, une maison ou nos corps, et les représentations peintes, écrites, construites ou rêvées, que ces pratiques ont suscités de l'Antiquité à nos jours. Historiennes et historiens de l'art, de la mode, de l'architecture, de l'urbanisme, ou encore archéologues, philosophes et architectes, s'emparent dans ce numéro de cette question à l'intersection de l'intellectuel et du sensible, de l'individuel et du collectif. "Habiter" pose aussi la question des communs et du monde que nous avons, précisément, en partage : de l'écologie, donc, au sens propre du terme (de oikos, la maison, en grec). A travers trois grandes conversations, la revue retrace par ailleurs les parcours de trois chercheurs - Monique Eleb, Tim Ingold et Bruno Latour - qui ont modifié nos manières de voir, de mettre en images et de penser nos façons d'habiter le monde. De l'histoire de l'habitat et de ses évolutions en France, aux correspondances incarnées et fécondes entre anthropologie, art et histoire de l'art, jusqu'à la question de l'habitabilité et de ses représentations à l'heure de l'anthropocène, ces contributions nous permettent d'explorer la manière dont s'entrelacent les mises en forme multiples de nos existences et de nos voisinages.

02/2022

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Moyen Age classique (XIe au XI

Comptes des receveurs et trésoriers de Savoie. Tome 1, Les finances d'Amédée V de Savoie (1285-1308)

Alors que, récemment, partout sur la planète, des populations entières ont été assignées à domicile, Perspective revient dans ce numéro sur les imaginaires plastiques de l'habiter, à différentes époques et en différents lieux. Les auteurs des textes ici rassemblés – essais et débats collectifs autour de questions historiographiques – explorent certaines de nos manières d'habiter un espace, un territoire, une maison ou nos corps, et les représentations peintes, écrites, construites ou rêvées, que ces pratiques ont suscités de l'Antiquité à nos jours. Historiennes et historiens de l'art, de la mode, de l'architecture, de l'urbanisme, ou encore archéologues, philosophes et architectes, s'emparent dans ce numéro de cette question à l'intersection de l'intellectuel et du sensible, de l'individuel et du collectif. "Habiter" pose aussi la question des communs et du monde que nous avons, précisément, en partage : de l'écologie, donc, au sens propre du terme (de oikos, la maison, en grec). A travers trois grandes conversations, la revue retrace par ailleurs les parcours de trois chercheurs – Monique Eleb, Tim Ingold et Bruno Latour – qui ont modifié nos manières de voir, de mettre en images et de penser nos façons d'habiter le monde. De l'histoire de l'habitat et de ses évolutions en France, aux correspondances incarnées et fécondes entre anthropologie, art et histoire de l'art, jusqu'à la question de l'habitabilité et de ses représentations à l'heure de l'anthropocène, ces contributions nous permettent d'explorer la manière dont s'entrelacent les mises en forme multiples de nos existences et de nos voisinages.

02/2022

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Littérature étrangère

L'Espadon

Une baie perdue en Méditerranée : parmi les genévriers et les troupeaux vivent Kâni, le paysan turc et Yanni, le pêcheur grec. La barque de Stélyo au moteur poussif qui apporte courrier et ravitaillement de la Ville représente leur seul contact avec le monde extérieur. Liés par une amitié ancestrale aussi inaltérable que leur amour de la nature et de la terre, Yanni et Kâni n'ont besoin de personne : ensemble ils jurent la mort du renard dévoreur de poules, ensemble ils escaladent les collines au son de la flûte et se laissent éblouir par la beauté de l'espadon qui sommeille entre deux eaux. Ici, la vie n'a pas changé depuis le temps de Virgile. L'ambition et la violence finiront pourtant par rompre cette harmonie paisible : Haralambos - le pope politicien - et son homologue turc viennent haranguer les villageois, consternés à l'idée qu'ils devraient être ennemis. Le requin, déjà, dévore la pêche. Niko, le fils de Yanni, revient de l'étranger décidé à exploiter à son seul profit les ressources locales, quitte à dévaster la baie. Ayshé, la fille de Kâni, arrive d'Istanbul, mitraillette au poing, exigeant le partage des terres entre Turcs et Grecs. A leur suite, déferle le cortège d'avocats, de promoteurs, de gendarmes et de touristes... Car l'espadon, par sa forme, est aussi le symbole de leur île : Chypre, déchirée par un conflit fratricide. telle est la toile de fond de ce récit vibrant. Osman Necmi Gürmen retrouve ici le souffle épique qui parcourait L'écharpe d'Iris, son premier roman.

09/1979

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Ethnologie

Pratiques de mariage et nuances de continuité dans le monde grec. Quatre études d'anthropologie historique et juridique

Antiquité païenne - Athènes et ioniens : La découverte, dans les nouveaux fragments du Lexique de Photius, de la définition latente d'apaulia, premier jour de l'ensemble des rites nuptiaux dans l'Athènes classique, permet d'établir l'ordre authentique de ces rites dans la procédure complexe de la dation de la mariée (ekdosis). Aussi, l'epaulia, deuxième jour, est-il défini comme la cérémonie inverse de la précédente. Mais pour que le lien marital soit constitué, il faudra attendre, au troisième jour (anakalyptèria), l'enlèvement du voile nuptial, rite qui marque l'intégration de la mariée dans l'oikos de son époux et son passage au statut de femme. Christianisme - monde byzantin : Dès le IVe siècle, saint Jean Chrysostome veut imposer des significations nouvelles aux rites du mariage, afin de les rendre conformes à la morale du christianisme. Le dévoilement est donc banni. Ainsi, pendant toute la période byzantine, la rupture est-elle manifeste pour le sens attribué au voile nuptial. Les sources iconographiques représentent la mariée avec la couronne sur la tête, symbole nouveau de son élévation sociale à l'état de l'épouse, voire de la constitution du mariage. Sparte - polyandrie : La polyandrie pratiquée à Sparte est la plus ancienne attestée sur le sol européen. Menacée par une classe de vaincus majoritaire en nombre, cette société de guerriers affronte un problème démographique aigu et invente des mesures institutionnelles très intéressantes pour la recherche anthropologique. On analyse donc le rôle du mari primaire de la mère quand il n'est pas le père biologique de l'enfant, la cohabitation des époux et la forme adelphique de cette polyandrie. La comparaison avec d'autres sociétés (Tibet, Guayaki du Paraguay, Lele du Kasai etc.) servira de moyen de réflexion pour construire le modèle spartiate.

10/2002

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Grèce-Crète

Corfou et les îles Ioniennes en quelques jours

Un guide tout en couleurs, complet et ultrapratique pour découvrir les îles Ioniennes, qui s'égrènent le long de la côte ouest de la Grèce continentale, et jouissent d'un climat plus frais que le reste du pays. Une exploration approfondie des îles connues et moins connues de l'archipel : Corfou, Paxi et Antipaxi, Leucade, Céphalonie, Ithaque et Zante. Corfou, ses musées, son héritage vénitien, ses criques baignées d'une eau bleu cobalt, mais aussi ses collines plantées de cyprès et ses villages préservés à l'écart des côtes. La petite île de Paxi, avec sa côte est animée dans les ports de Lakka, Loggos et Gaïos, et sa côte ouest sauvage et préservée. L'île de Leucade, reliée au continent par un pont, mais néanmoins encore largement préservée du tourisme, ses criques et ses plages propices au kitesurf. Céphalonie, la plus grande et celle dont la faune et la flore sont les plus variées, dont le littoral dentelé dissimule de séduisantes criques bordées de plages aux eaux claires. Ithaque, une île de poche mais assez spectaculaire pour alimenter le mythe d'Ulysse. Zante, qui se divise entre une partie est très touristique, et une partie ouest au paysage spectaculaire et rude, où d'imposantes falaises calcaires plongent dans des eaux turquoise Le riche héritage culturel : vénitien, italien, français, anglais... Des suggestions de randonnées sur des îles plus vertes que les autres îles grecques et donc plus propices à ce mode de découverte. Les plus belles plages. Des excursions en Albanie, à Ksami et jusqu'au site grec de Butrint, et vers le nord de la Grèce continentale (Parga, Gorge de Vikos, Zagoria) Tout sur les transports pour rejoindre les différentes îles.

05/2022

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Littérature française

Mina parmi les ombres

Kerim vit à Montréal depuis bientôt vingt ans. Toujours, cependant, il a gardé contact avec Mina, sa muse, son capricieux modèle vers lequel il finissait inlassablement par revenir, Mina dansant seule sa farandole devant l'objectif de son antique appareil Nikon. Mais voici que, depuis quelque temps, les appels et les lettres de Mina se sont espacés. Il y a eu un dernier message inquiétant, puis plus rien. Il décide de rentrer au Port pour la retrouver. Le Port, c'est ainsi qu'ils appelaient la ville qu'ils ont tant parcourue ensemble, la plus grande d'un pays chétif qui s'étire entre les eaux bouillonnantes de l'Atlantique et le nord des savanes à l'orée du Sahel. Kerim refait leurs parcours anciens, espérant découvrir Mina au détour d'une rue. Il visite sa librairie désertée, lieu de son engagement politique et social. Il interroge les anciens amis avec qui tous deux faisaient du théâtre et narguaient l'armée de dictateurs fantoches. Incertaine, dangereuse même, sa quête donne lieu à un chassé-croisé de personnages aux motifs insaisissables. Quelle Mina retrouvera-t-il ? Se cachera-t-elle derrière un voile ? Chantera-t-elle le Christ ressuscité ? Portera-t-elle les marques de la torture ? Ce n'est pas l'Afrique lointaine, exotique, que le lecteur retrouvera ici, mais celle dont le coeur bat au même rythme que le nôtre. L'Afrique des esclaves d'hier qui se prête encore aujourd'hui aux commerces les plus sauvages sous prétexte de mondialisation. L'Afrique où, comme en Occident, le pouvoir est entre les mains de forces obscures. Et où les religions rivalisent d'imagination et de manipulation afin de convertir la population à la parole d'Allah ou à celle des Evangiles, sous l'oeil fatigué des antiques orishas. Porté par le souffle lyrique qui caractérise l'écriture d'Edem Awumey, Mina parmi les ombres est un hymne à la pérennité du désir, au pouvoir immortel de la beauté et au courage des femmes.

08/2019

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Policiers

Play Boy

Play Boy, c'est un titre qui se veut aventureux. Une référence au célèbre magazine un temps si sulfureux ? Oui et non. La vie elle-même n'est-elle pas une aventure, un long combat pour une existence dont le but est plutôt incertain ? Mais si la vie est difficile, elle est surtout courte, et donc précieuse, et donc belle. Et c'est justement pour laisser une trace de leur passage que certains ne veulent périr sans avoir crié témoignage. Il y a des guerres, des enfers, des famines, des violences. Le monde est triste, négatif. L'homme est dualité : bon et mauvais. La nature est brute, et s'exécute. Mais il y a aussi de la lumière sur les ombres du temps. Une lumière qui éclaire notre passage, et qui parfois l'éclabousse. Les hommes sont des messagers intemporels. Parce qu'il faut bien croire en quelque chose, parce qu'il faut bien rêver que tout cela ne soit pas vain... L'Art, donc, nous y voilà. L'art comme un goût tout à chacun : moderne, ancien, old school, futuriste. Oui, c'est bien pour laisser une empreinte que nous peignons, écrivons, photographions, bref, que nous illustrons les détails de l'illusion finale : la vie. Pascal Pacaly Livre illustré par la fine fleur de la création contemporaine de France, des USA, du Mexique, du Japon... des artistes du monde entier dans un livre unique ! Charlélie Couture, Robert Waldo Brunelle Jr, Jérémy Magnin, Abraham Orozco, Mike Rimbaud, Carlos Olmo, Éric Fleury, François Maigret, Virginie Bathory, Niko Kko, Toto Pissaco, Stéphane Zoz, Laurent Fièvre, Wendy Develotte, Mikaël Petit, Elliot Feldman, Alexandre Miralles, Éric Viou, Jean-Louis Orozco Medina, Fofy, Ludovic Fevin, Jym Factory, Toshiya Trash Tsudura, Senyphine, Bianca Olson, Emmanuel Grange, Bulbe Bulbe, Romain Lubière, Robert David Elwood, Peter Skull, Richard J Frost, Lou Rusconi, JR Williams, Dadu Phoenix, Patrice Woolley, Sylvain Tentaculesque, Ludovic Sallé, Régis Gonzalez, Alexis Chomel

10/2015

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Techniques d'écriture

Le plaisir de la peur

Le maître du thriller dévoile ses secrets d'écriture ! Le maître du thriller français nous ouvre les portes fascinantes de son imaginaire : traque des idées, construction des personnages, quête de l'angoisse, rien n'est laissé au hasard. Dans ce livre, Franck Thilliez raconte comment il transforme ses cauchemars en récits diaboliques. De quoi surprendre et captiver encore ses lecteurs, qui remonteront les mécanismes implacables de la fabrique de la peur jusqu'au plaisir. " Ecrire un livre, ce n'est pas assembler les centaines de milliers de pièces d'un Boeing 737 en suivant un protocole très précis. C'est imaginer les pièces à partir de rien, les construire de ses petites mains, les assembler sans plan et prier pour que l'avion vole. Possible qu'il décolle. Pas sûr qu'il atterrisse sans avoir perdu la moitié d'un réacteur. " L'auteur Franck Thilliez est l'auteur d'une vingtaine de romans, dont Pandemia, Le Manuscrit inachevé, Luca, Il était deux fois, 1991 et Labyrinthes, publiés chez Fleuve éditions et chez Pocket. Comptant parmi les cinq auteurs les plus lus en France, il s'affirme comme la référence du thriller français et continue d'alterner one shots et enquêtes menées par son couple phare Lucie Henebelle/Franck Sharko. Le Syndrome E, roman déjà repris en bande dessinée, est aujourd'hui adapté pour une série sur TF1. Franck Thilliez est aussi scénariste. Il a créé, avec Niko Tackian, la série Alex Hugo. Ses livres sont traduits dans le monde entier. Ce titre fait partie de la collection SECRETS D'ECRITURE, consacrée à l'art d'écrire L'ambition est de rassembler dans une collection référente les plus grands auteurs et autrices de la littérature contemporaine francophone et de dévoiler la fabrique de la création littéraire dans toute sa richesse. Récit intime retraçant le parcours de l'auteur, depuis la naissance de l'écriture jusqu'au succès, chaque livre, signé des plus grandes plumes d'aujourd'hui, est écrit et se lit comme un roman - preuve que l'aventure de l'écriture est aussi captivante que la fiction ! Si chaque récit raconte la page blanche, les doutes et le travail exigeant, il témoigne avant tout du plaisir à devenir et à être écrivain. On trouvera au fil des chapitres des illustrations, des passages en écriture manuscrite, des brouillons, des croquis représentant l'auteur au travail : ces documents personnels, souvent inédits, donnent à chaque ouvrage l'allure et la vitalité d'un carnet de création. " Secrets d'écriture ", c'est la promesse d'un voyage littéraire, une plongée au coeur du mystère de la création littéraire et des trésors de conseils au lecteur.

05/2022

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Photographie

Sarajevo. Ma ville, mon destin

"C'est l'histoire d'un pays, d'une ville, de ses habitants, d'un homme. Le pays n'existe plus : c'était la Yougoslavie. La ville a été blessée à jamais : c'est Sarajevo. Ses habitants, en grande partie, ne sont plus les mêmes, certains tués, d'autres partis. L'homme est vivant mais blessé, lui aussi, pour la vie. Il se souvient, et ces photos sont comme les cicatrices indélébiles de ce souvenir. Aussi indélébiles que celle de la balle qui l'a frappé au menton, un jour comme les autres, parmi les mille trois cent quatre-vingt-quinze jours qu'a duré le siège." Ainsi l'écrivain François Maspero évoque-t-il l'exceptionnel travail que le photographe Milomir Kovacevic a consacré à son pays, devenu aujourd'hui Bosnie-Herzégovine, et à sa ville emblématique, Sarajevo. Né à Cajnice en 1961, Milomir Kovacevic, qui a commencé dès l'âge de dix-sept ans la pratique de la photographie, est en quelque sorte le chroniqueur infatigable et passionné de Sarajevo. Il a commencé à en arpenter les rues, armé de son premier Nikon, alors qu'il était étudiant, parcourant une ville "qui vibrait de la beauté de ses habitants", cherchant à la saisir dans sa diversité et son étonnante vitalité. Devenu photographe de presse, il a connu et documenté ce qu'il définit lui-même comme les trois époques d'une ville dont la traversée du XXe siècle s'apparente à une page emblématique de l'histoire contemporaine. Elle commence par le Sarajevo d'avant 1990, qu'il décrit comme une ville paisible, capitale culturelle et ouverte d'une Yougoslavie où le régime du maréchal Tito distend partiellement un rideau de fer qui ceinture l'Est de l'Europe. La fraternité et le désir d'avenir, symbolisés par l'hommage aux héros et l'enthousiasme des pionniers, ne connaissaient pas alors le poison des nationalismes particuliers. Le 6 avril 1992, l'édification des premières barricades marque le début de l'effroyable siège de la ville qui, quatre années durant, va révéler à l'Europe sa fragilité et au monde l'impuissance de sa solidarité. Plongé au coeur du drame, Milomir Kovacevic fait de son appareil "un bouclier et une épée", parcourant la ville sur laquelle s'abattent les premiers obus. L'assassinat de son propre père achève de briser "l'irréel de cette tragédie" et fait de sa quête photographique "un besoin", une nécessité irrépressible de "garder la trace et de faire de l'enfer sarajévien un document visuel qui accompagnera avec pudeur et discrétion le quotidien des habitants, leur rendant ne serait-ce qu'un peu de leur fierté". Vient enfin le temps de la paix, plus exactement celui de l'après-guerre. Milomir Kovacevic sait mieux que quiconque le poids des souvenirs hantés, des blessures traumatisantes, des reconstructions fragiles, qu'il saisit dans la pudeur de leur manifestation. Installé à Paris, il entreprend de faire découvrir au monde, à travers expositions et publications, l'horreur d'un conflit dont l'histoire n'a pas fini de s'écrire, tout en poursuivant une recherche sur la mémoire des disparus et la vie solidaire des exilés dispersés.

11/2012