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Histoire de la musique

Michelle Poncet ou la "Destouches-Lobreau". Directrice de l’opéra de Lyon au XVIIIe siècle

Michelle Poncet, de son nom de scène la "Destouches-Lobreau", directrice de troupe de théâtre et d'opéra, s'installe à l'Académie royale de musique de Lyon en 1752. Par sa remarquable habileté politique et artistique, Michelle Poncet se maintient plus de 25 années à la direction de l'institution, véritable phare des spectacles de la seconde ville du royaume. Elle s'occupe à la fois de l'administration du théâtre, de sa troupe, et de la programmation lyrique et dramatique, et suscite l'admiration du public ainsi que l'adhésion des pouvoirs municipaux et royaux. L'ouvrage retrace le parcours de Michelle Poncet? : ses débuts d'actrice sur les différentes scènes de province, sa longue direction à la tête de l'Opéra de Lyon durant laquelle elle consolide l'institution, notamment par la construction du théâtre de Soufflot en 1756, et enfin les évolutions de programmation qu'elle insuffle à partir des années 1760. A l'écoute des changements de goût de son public, Michelle Poncet délaisse progressivement les tragédies de Lully et les ballets de Rameau pour des opéras-comiques, ce genre nouveau qu'elle pérennise à Lyon. Elle réalise ainsi le tour de force d'une programmation audacieuse, se distinguant de ce qui se faisait à Paris alliée à une rigueur financière : les scandales et les affaires ne suffiront pas à la déstabiliser. L'historienne et musicologue Anne Le Berre nous éclaire, grâce à son exploration des archives, sur le fonctionnement des maisons de spectacles au XVIIIe siècle, les devoirs imposés par les "privilèges" royaux, les relations avec la municipalité et les contraintes économiques, faisant ressortir les contours de la "Destouches-Lobreau", ce personnage féminin puissant et figure culturelle locale marquante.

10/2023

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Généralités

Ghostwriters

Dans Ghostwriters, Philippe Artières part à la recherche de l'écriture politique, la vraie, celle de la rue. Dans un petit texte, dense, manifeste, l'historien et écrivain met en scène ceux à qui il ne reste que l'écriture, dans un monde plein d'oubli et d'effroi où on vous arrête pour avoir griffonné quelques notes dans un carnet. Un monde sans histoires, parce que l'Histoire en a été effacée. Une sorte de traversée typographique de la ville où il s'attache à faire le relevé de toutes les formes d'écriture clandestine et leur rend hommage. Ecrire pour agir sur le monde. Ecrire pour exister ensemble. Ghostwriters est un appel à lutter contre le silence, arme majeure des dictateurs, une ode à celles et ceux qui écrivent. Ghostwriters est le quatrième titre de la collection " Diaporama ", qui invite des écrivains à parler de leur travail en s'appuyant sur des images de leur choix. Dans la même collection : Boîte noire de Tanguy Viel, Chromes de Maylis de Kerangal, Sept et huit neuf de Thomas Clerc. Philippe Artières est historien, directeur de recherches du CNRS à l'EHESS-Paris (IRIS). Il a été président du centre Michel Foucault de 1995 à 2014. Ancien pensionnaire de la villa Médicis, spécialiste des écritures ordinaires, auxquelles il a consacré de nombreux ouvrages, il s'intéresse en particulier aux écrits de la contestation. Il est notamment l'auteur de Le Livre des vies coupables. Autobiographies de criminels (1896-1909) (Albin Michel, 2000), Le Groupe d'information sur les prisons. Archives d'une lutte, avec Michelle Zancarini-Fournel et Laurent Quéro (IMEC, 2003), La Police de l'écriture : L'invention de la délinquance graphique (1852-1945) (La Découverte, 2013), Rêves d'histoire (Verticales, 2014), Miettes (Verticales, 2016), Le Dossier sauvage (Verticales, 2019).

06/2021

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Histoire de France

Philippe Séguin. Le remords de la droite

Pourquoi la personnalité et le destin inachevé de Philippe Séguin continuent-ils de fasciner, comme si sa mort brutale en 2010 laissait un vide dans la vie politique française, à gauche comme à droite ? Le petit Français venu de Tunisie, orphelin de guerre, délaissa vite ses premiers engagements, classiquement de gauche, pour rallier De Gaulle. A 20 ans, il adhérait à l'idée d'une France fidèle à ses rêves d'enfance, mais plus indépendante et plus respectée dans le monde. Député des Vosges à 35 ans, maire hyperactif d'Epinal pendant 14 ans, ministre remuant des Affaires sociales sous la cohabitation Mitterrand/Chirac, président hors norme de l'Assemblée nationale, enfin candidat sacrifié et trahi à la mairie de Paris, son indépendance d'esprit et de comportement le laissèrent toujours en marge de son parti, le RPR, et de la politique traditionnelle, dont il réprouvait les compromis trop faciles. En 1992, conduisant la bataille contre le traité de Maastricht, il fut, véritable Cassandre, l'homme capable de dire non. Aujourd'hui, il fait figure de visionnaire, qu'il s'agisse de l'Europe devenue purement économique et financière, des effets néfastes de la mondialisation, de la dégénérescence du gaullisme en une force conservatrice invertébrée, de l'absence d'un grand projet collectif éclairé et conduit par un Etat digne de ce nom. Le destin de cet homme tempétueux, exigeant, solitaire, parfois décourageant, s'identifie à la crise de notre démocratie, dont il avait compris très tôt les ressorts profonds. Avec son talent coutumier, Arnaud Teyssier raconte l'homme et l'époque en puisant à des témoignages et des sources inédites, en particulier ses archives. Cette première biographie post mortem d'un homme dont le nom est si souvent invoqué est ainsi une analyse des ressorts de la Ve République et une réflexion sur la conception de l'Etat en France.

09/2017

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Allemagne

La liste de Kersten. Un juste parmi les démons

Tout le monde en France connaît l'histoire d'Oskar Schindler, qui a sauvé un millier de juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Mais on connaît beaucoup moins l'exploit de Felix Kersten, et pourtant, un mémorandum du Congrès juif mondial établissait dès 1947 que cet homme avait sauvé en Allemagne " 100 000 personnes de diverses nationalités, dont environ 60 000 juifs, [... ] au péril de sa propre vie " . Encore, à l'issue du récit qui va suivre, de tels chiffres sembleront-t-il passablement sous-évalués. Un des ouvrages les moins connus et les plus émouvants de Joseph Kessel s'intitule Les mains du miracle. Ce roman retraçait déjà l'exploit du thérapeute d'Himmler qui se faisait rémunérer en libérations de juifs et de résistants sans que le lecteur puisse toujours distinguer la part de Kessel de celle de Kersten. Pour reconstituer la véritable histoire au travers des archives, des mémoires, des journaux, des notes et des dépositions des principaux protagonistes, il fallait un historien spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, qui connaisse également l'allemand, l'anglais, le suédois, le norvégien, le danois et le néerlandais. Le résultat est un récit de terreur, de lâcheté, de générosité, de fanatisme et d'héroïsme qui tiendra jusqu'au bout le lecteur en haleine. Combien de fois dans l'existence rencontre-t-on un périple de cette envergure - sans un mot de fiction ? Le professeur François Kersaudy, qui a enseigné aux universités d'Oxford et de Paris I, est connu en France pour ses ouvrages sur Winston Churchill et sur le général de Gaulle. Mais il est également l'auteur d'une biographie du maréchal Goering qui fait autorité, ainsi que du best-seller Les secrets du Troisième Reich. Historien polyglotte, il parle neuf langues et a reçu douze prix littéraires français et étrangers.

02/2021

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Histoire de France

Le livre de mémoire. Traces de l'enfer

Entre 1939 et 1945, 6 millions de Juifs furent assassinés. En France, près de 76 000 hommes, femmes et enfants furent déportés vers les camps de la mort. 2 500 en sont revenus. . Depuis la fin de la guerre, le Centre de documentation juive contemporaine, intégré au Mémorial de la Shoah à Paris, collecte et rassemble des millions de documents, des textes de loi, des circulaires officielles, des lettres ainsi que des milliers de photographies qui retracent les contours monstrueux de la Shoah en France. Ils montrent la virulence de l’antisémitisme, l’organisation implacable du crime nazi, l’horreur des rafles et des arrestations et le fonctionnement des camps qui, de Drancy, Gurs, Les Milles, conduisit des milliers de Juifs à Auschwitz. Mais ces archives racontent aussi le courage d’hommes et de femmes qui, résistants au joug nazi, ont soutenu, aidé et parfois sauvé une population persécutée et spoliée. Chacun avec leurs mots, Ida Grinspan, Marceline Loridan-Ivens, Sarah Montard, Henri Borlant, Charles Palant et Victor Pérahia évoquent l’enfer de ces années, de l’exclusion dont ils furent les victimes innocentes à la douleur incommensurable de la déportation, de la perte des leurs aux difficultés du retour. C’est leur voix que des centaines de documents et de fac-similés passionnants et bouleversants, pour la plupart inédits, éclairent, parmi lesquels le Statut des Juifs annoté par le maréchal Pétain, des notes de service de Drancy, des lettres de dénonciation, des télégrammes relatant le départ d’un convoi, les consignes données aux forces de police avant la rafle du Vél’d’Hiv, un acte de disparition, soulignant ainsi les rouages idéologiques, administratifs et économiques de la destruction des Juifs d’Europe.

10/2015

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Histoire de France

Les combattants de l'ombre. 1939-1945 Des résistants européens contre le nazisme

Un nouvel éclairage sur la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale, analysée dans sa dimension européenne grâce aux témoignages inédits de 80 Résistants de nationalités différentes. La parole de ces hommes et femmes, qui risquèrent leur vie pour la liberté et la démocratie, est inestimable. Cet album, qui accompagne et complète la série- événement (6 épisodes de 52', diffusés sur Arte en octobre 2011), aborde l'Europe comme le lieu unique de l'action, théâtre aux multiples décors d'un seul drame. Originaires de dix pays d'Europe occupés par l'armée d'Hitler ainsi que de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne, les Résistants interviewés ont été choisis pour la qualité et la force de leurs témoignages. Issus de différents mouvements de Résistance, parfois rivaux politiques, tous ont combattu les nazis dans un même élan spontané. La complémentarité de leurs récits offre pour la première fois au lecteur une vision d'ensemble des Résistances au sein de l'Europe. Le livre, comme le documentaire, suit les étapes de l'avancée allemande, tout en précisant les contextes politiques. Il porte un regard neuf sur les mouvements de Résistance et les réseaux clandestins, analysés à travers le prisme de ces témoignages. Ces récits soulignent l'importance des initiatives individuelles, peu à peu regroupées et organisées, qui ont forgé le socle de la Résistance. L'ouvrage est richement illustré d'une iconographie inédite : images d'archives (dont une grande partie issues du fond photographique de la Wehrmacht), mais aussi documents exceptionnels provenant de nombreux fonds privés. Les Combattants de l'Ombre est le premier ouvrage permettant d'avoir une vision d'ensemble des mouvements de Résistance en Europe, incarnés dans des parcours personnels et exemplaires.

10/2011

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Archives, paléographie

Documents diplomatiques français. 1974 (1er janvier - 30 juin 1974)

Présenter, année par année, A les documents les plus significatifs de la politique étrangère de la France conservés par le ministère des Affaires étrangèresA : tel est l'objet des " Documents diplomatiques françaisA " (DDF). Confié dès l'origine à une commission d'historiens et de diplomates, ce travail de sélection et de publication s'est attaché dans un premier temps à évoquer lesA origines de la guerre franco-allemande de 1870-1871A puis desA deux conflits mondiaux. A partir de 1983, les travaux de la commission se sontA recentrés sur la période postérieure au 21 juillet 1954, date des accords de Genève, avant de s'étendre, depuis 1992, à l'ensemble des périodes chronologiques non encore traitées (1914-1932 et 1939-1954). La sélection de ces documents est menée d'une façon rigoureusement scientifique et en toute indépendance par desA équipes de chercheurs et d'historiensA sous la direction d'éminents universitaires. Pour ce faire, ces équipes ont un accès total à toutes les archives produites ou reçues par le ministère français des affaires étrangères. Le présent volume est le quatrième publié par les éditions Hémisphères / Maisonneuve & Larose. Il couvre la correspondance diplomatique française de 1974. Parmi les dossiers majeurs, sur fond d'élections présidentielles anticipées (qui voient, suite au décès de Georges Pompidou, l'élection de Valery Giscard d'Estaing)A : les conséquences du premier choc pétrolier et l'isolement de Paris dans son refus de constituer un cartel de pays consommateurs de pétrole lors de la conférence de Washington sur l'énergie, et la " trahisonA " de ses partisans européens - l'Agence internationale de l'énergie (AIE) sera créée sans la France ; ou encore le soutien français à la Révolution portugaise des oeillets et à la chute du régime des Colonels en Grèce.

09/2023

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Sociologie

Ecrits sur la mortalité

Les principaux travaux de Louis-Adolphe Bertillon (1821-1883) visent à répondre à une seule question : "Pourquoi la mort prématurée rôde-r-elle ? " (Lucrèce). Pour identifier les morts évitables, ce médecin délaisse l'observation clinique et se fait statisticien : il cartographie la mortalité infantile, tente de mesurer âge par âge l'emprise de la variole, de la phtisie, des accidents, s'affirmant comme l'un des plus importants démographes du XIXe siècle. Grand animateur de sociétés savantes (Société d'anthropologie de Paris, Société de statistique de Paris, Société de sociologie), il a la charge des rubriques de statistique médicale du Dictionnaire de médecine et du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, préside le Congrès mondial de démographie à Paris lors de l'Exposition universelle de 1878, et publie de nombreux articles dans les Annales de démographie internationale, première revue de démographie au monde. Républicain, opposé au Second Empire, distant du monde de la médecine, il est longtemps tenu à l'écart des institutions académiques. Nommé professeur de démographie à l'Ecole d'anthropologie de Paris en 1876, il devient chef du service de statistique de la préfecture de la Seine en 1879. Son oeuvre majeure, la Démographie figurée de la France (1874), est un atlas centré sur l'étude de la mortalité. Elle innove par le primat accordé à l'expression graphique de sa pensée : des cartes et des diagrammes, faciles à lire, vont pouvoir toucher un large public. S'appuyant sur des archives en grande partie inédites, Alain Chenu présente ici, outre cet atlas, une vingtaine de textes qui, s'éclairant les uns les autres, permettent de prendre la mesure du rôle clé que Bertillon a joué dans l'émergence de la démographie moderne.

06/2023

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Thèmes photo

Une ville et son portfolio. Sète au fil d’une collection de 30 photographies historiques

Depuis son tricentenaire, une plaque de pierre posée sur la façade de notre mairie nous rappelle que la Ville de Sète a été créée par arrêt du Conseil d'Etat du 30 septembre 1673. Cinquante ans plus tard, nous célébrons ses 350 ans par un portfolio historique constitué à partir de rares photographies d'une époque pas si lointaine. De la première épreuve photographique connue à ce jour, un daguerréotype du chenal pris en 1845, à la vue plongeante de la ville depuis le sommet du mont Saint-Clair prise en 1925, une collection unique de 30 clichés couvrent 80 ans de l'âge d'or de notre cité portuaire. Des tirages réalisés par des photographes faisant souvent preuve de talent artistique, et de fulgurants panoramiques qui n'ont rien à envier à de bucoliques paysages survolés par un drone. La Société d'Etudes Historiques et Scientifiques de Sète et sa Région a mobilisé son fertile réseau, brassé ses épaisses archives, noué d'improbables rencontres et débats pour assembler et affiner une collection cohérente à défaut d'être exhaustive. En 30 paysages, ce recueil restitue des lieux symboliques ou parfois anodins, toujours privilégiés. Il saisit le quotidien de celles et ceux qui ont fait l'île singulière au jour le jour, et qui se retrouvaient aux cafés des halles et autour du Cadre royale lors des joutes de la Saint-Louis qu'annonçait le défilé des hommes en blanc. La SEHSSER exprime ici sa gratitude envers celles et ceux qui l'ont aidée à donner forme à ce portfolio historique, et en premier lieu à l'équipe municipale qui, dès le premier jour, offrit son soutien logistique et matériel pour que soit aujourd'hui publié Une ville et son portfolio. Gustave Brugidou Président de la Société d'Etudes Historiques et Scientifiques de Sète et sa Région (SEHSSER)

09/2023

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Sports

B-24 missions de combat. Témoignages d'équipages de Liberator au-dessus de l'Europe occupée

Durant la seconde guerre mondiale, le bombardier B-24 Liberator a été produit en plus grande quantité que n'importe quel autre avion militaire américain, y compris le B-17. Il fut la colonne vertébrale de l'offensive de bombardement de l'USAAF contre l'Allemagne, aux côtés du B-17. Le Liberator effectua des contributions significatives dans d'autres rôles, notamment dans le Pacifique, où - grâce à sa formidable capacité à bombarder des cibles japonaises à basse altitude- il fournit un soutien inestimable à l'US Navy. En dépit de sa remarquable carrière, le B-24 - et les aviateurs qui volèrent à ses commandes- resta toujours dans l'ombre de son frère, le B-17. Ce livre a pour ambition de rétablir l'équilibre entre les deux appareils. Tout comme le précédent best-seller consacré aux B-17, B-24 Les missions de combat fournit quantité de détails techniques et opérationnels à propos de l'avion, sur chaque arme et/ou équipement des membres de l'équipage. Le coeur de ce livre repose néanmoins sur les nombreux témoignages de missions de combat effectuées par les membres d'équipage de Liberator, dont beaucoup n'ont jamais été publiés jusqu'alors. Le B-24 est sans doute mieux connu pour ses raids au-dessus de l'Europe occupée, au sein de la 8e et de la 15e Air Force. Les témoignages que comporte ce livre se rapportent tous au théâtre d'opérations européen. Ils révèlent, avec force détails, ce que c'était d'effectuer une mission de combat du point de vue de chaque membre d'équipage, du pilote jusqu'au mitrailleur de queue. Illustré avec plus de 350 photos d'archives, B-24 Les missions de combat rend hommage aux équipages de Liberator qui risquèrent leur vie au-dessus des cieux d'Europe noircis par la flak.

11/2011

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Critique littéraire

Henri Michaux

Depuis un demi-siècle, Henri Michaux est devenu une figure essentielle de notre paysage esthétique et littéraire. A l'écart des modes et des avant-gardes, son œuvre exerce une sorte de magnétisme. Ses intuitions fulgurantes dans les domaines les plus inattendus de la pensée, du savoir et de la sensibilité ont anticipé la fin des grandes idéologies. Le culte dont il fait aujourd'hui l'objet ne le cède sans doute qu'à celui de Rimbaud, mais avec des effets tout aussi réducteurs. Michaux secret, Michaux barbare, Michaux halluciné. Telle est la vulgate. L'auteur d'Un certain Plume s'est, il est vrai, dérobé à la publicité et aux honneurs. A la fois présent et caché dans ses textes comme dans ses peintures, il était réfractaire à la biographie. Michaux, pourtant, ne fut pas sans corps, sans famille, sans histoire. " Moi je veux voir et vivre ", disait-il, jeune homme. Jusqu'à sa mort, à l'âge de quatre-vingt-cinq ans, il prit mille fois le bateau et le train, migra d'hôtel en hôtel, aima plusieurs femmes, noua de profondes amitiés, scruta les foules, les animaux et les arbres. C'est avec une curiosité intense qu'en lui le peintre et l'écrivain ne cessèrent d'observer le monde. Parti sur ses traces, Jean-Pierre Martin a enquêté, interrogé des témoins, consulté archives et correspondances inédites. De Namur à Montevideo, de Quito à Knokke-Le Zoute, de Calcutta à Saint-Vaast-la-Hougue, il a visité de nombreux lieux de passage de la comète Michaux, décelant dans l'enfance et l'adolescence belges, dans cette origine détestée, quelques-unes des singularités qui ont façonné un être de fuite. Jetant une nouvelle lumière sur l'œuvre de Michaux, sur ses paysages et ses hantises, cette biographie, la première qui lui soit consacrée, est un essai de réincarnation.

11/2003

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Troisième République

Paul Doumer. La République audacieuse

Il y a quatre-vingt-dix ans, un fils de cheminot né à Aurillac, Paul Doumer, était élu président de la République française. Audace d'un régime, la IIIe République, qui, en dépit de ses imperfections, consacre alors l'ascension sociale méritocratique par l'école et le diplôme. Audace d'un homme incarnant ce fondement par l'exemple probant de son parcours : placé à quatorze ans comme apprenti graveur dans un atelier de fabrique de médailles par sa mère veuve, le jeune Auvergnat monté à Paris passe son bac en blouse d'ouvrier, avant de devenir "prof de maths " puis journaliste. Parachuté dans l'Aisne, dans l'Yonne puis en Corse, Doumer apparaît inclassable politiquement n'ayant jamais présidé le Conseil ni aucun parti politique, il est gouverneur général de l'Indochine, ministre des Finances à trois reprises, et préside la Chambre des députés puis le Sénat. Pendant près de cinquante ans, Doumer prend une part active à tous les grands dossiers du régime, au carrefour de la droite et de la gauche, à la jonction de la politique, de l'industrie, de la finance et de la diplomatie. Le parcours de Paul Doumer est également marqué et façonné par la tragédie : quatre de ses cinq fils et une de ses trois filles meurent entre 1914 et 1923, avant que le président lui-même ne soit assassiné le 6 mai 1932 dans l'exercice de ses fonctions, en pleine et inexorable montée des fascismes en Europe. Un tel parcours serait-il possible aujourd'hui ? Cette biographie, fondée sur les archives privées inédites de Paul Doumer, exhumées après de ses descendants, comble une lacune importante et paradoxale : alors que 25 000 voies de circulation portent le nom de Paul Doumer partout en France, aucune biographie n'avait encore été consacrée au "président assassiné", devenu le "président oublié".

01/2022

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Ouvrages généraux et thématiqu

Le 14 juillet de Mirabeau. La revanche du prisonnier

"Comment, en dix ans, ce démon d'une famille est-il devenu le dieu d'une nation ? " , interroge Victor Hugo sur cet homme-énigme que demeure Mirabeau. L'histoire a surtout retenu de lui sa tirade de juin 1789 : "Allez dire à ceux qui vous envoient... " Aristocrate débauché, homme politique corrompu, héros manqué ou plus grand orateur de la Constituante, on ne sait plus ce qu'il doit rester du député de Provence pour lequel on inventa le Panthéon à sa mort avant de l'en arracher sous la Terreur. Loris Chavanette rouvre une enquête palpitante sur l'héroïsme réel ou supposé du personnage à la lumière de l'été 1789. Dans un récit historique qui tient du roman d'aventures et sur la base d'archives inédites, l'historien montre le rôle décisif du tribun entre le 8 juillet, quand Mirabeau demande à Louis XVI le retrait des troupes royales disposées dans Paris et à Versailles, et le 16 juillet, quand il vient en personne participer à la démolition de la Bastille. Depuis ses 17 ans, son père l'avait fait enfermer à coups de lettres de cachet dans les prisons d'Etat du pays. Aussi le Provençal, devenu député, avait à coeur de prendre sa revanche sur les injustices du passé, dont la Bastille demeure le symbole. Il donne ainsi au 14 juillet la saveur d'une insurrection collective doublée d'une revanche personnelle contre l'Ancien Régime. Cette union entre le peuple et le député raconte l'une des plus héroïques pages de la Révolution. Comme l'éloge funèbre de Mirabeau le rappela le jour de ses funérailles en avril 1791 : "Alors on vit ce que peut un homme de génie aidé d'une Nation, ce que peut une Nation aidée d'un homme de génie".

10/2023

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Histoire de France

Le gaullisme d'opposition aux Antilles et en Guyane. Le RPF sous l'oeil de Jacqies Foccart

Dans le contexte métropolitain de l'après-guerre, le Rassemblement du Peuple Français (RPF) naquit au printemps 1947 d'une charge furieuse contre la Constitution du 27 octobre 1946, pour terminer sa course en 1955, huit ans seulement après sa création, incapable d'atteindre l'objectif d'anéantissement du régime de la IVe République qu'il s'était fixé à court terme. Aux Antilles et en Guyane, l'échec de ce parti, qui incarna ce que les historiens appellent le "gaullisme d'opposition", fut encore plus patent qu'à l'échelle nationale. En dépit de l'exceptionnelle popularité du général de Gaulle auprès des populations ultramarines, le parti ne parvint pas à s'adapter aux particularismes postcoloniaux de la culture politique, échouant à mobiliser des militants en quantité suffisante, au-delà d'une poignée de notables et de fonctionnaires métropolitains coupés de la masse des électeurs. Sur la base des archives internes du RPF et de l'abondante correspondance de Jacques Foccart, à qui fut confiée l'implantation du gaullisme outre-mer, l'ouvrage de Sylvain Mary retrace l'histoire des militants antillais et guyanais du seul parti politique jamais dirigé directement par le général de Gaulle. Il met également en lumière le rôle clé joué par Jacques Foccart, issu d'une famille de blancs créoles de Guadeloupe, dans la formation d'un gaullisme local. A travers l'étude des réseaux antillais et guyanais du plus mystérieux des "barons du gaullisme", on assiste, entre monde politique, milieux d'affaires et activités de renseignement, à la naissance d'un homme de l'ombre très influent, actif pendant près de trente ans dans l'entourage du général de Gaulle et de Georges Pompidou, au service "d'une certaine idée de la France" outre-mer.

12/2013

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Histoire de France

Midi rouge, ombres et lumières. Tome 4, La Libération et les années tricolores (1944-1947)

Le débarquement allié du 15 août 1944, sur les côtes varoises, donne le coup d’envoi de la libération de la Provence. Le 28 août, prises sous le feu de l’armée française de Libération et de l’insurrection populaire, les troupes allemandes capitulent à Marseille. Les nouveaux pouvoirs républicains se mettent en place, sous la direction du commissaire régional de la République, Raymond Aubrac. S’ouvre alors, jusqu’en 1947 et l’instauration de la 4 e République, une période de transition décisive. Ce quatrième volume de la série Midi rouge, ombres et lumières, après avoir présenté un tableau du département pendant l’été 1944, puis les combats de la Libération, analyse les diverses étapes de ce processus, à Marseille et dans sa proche région. Il évoque les problèmes auxquels les nou-velles institutions ont à faire face : l’effort de guerre, le ravitaillement et le redresse-ment économique, l’épuration, le maintien de l’ordre, le retour des absents (déportés, prisonniers de guerre, requis du STO), le rétablissement de la démocratie, les grandes réformes économiques et sociales. Dans ces années tricolores et d’union nationale, l’ouvrage s’intéresse au rôle et à la stratégie des divers acteurs politiques et sociaux, des organisations de Résistance, du patronat et de la classe ouvrière, des syndicats et partis, PCF, SFIO, MRP, ainsi qu’aux destins individuels, dont certains d’importance nationale, comme celui de Gaston Defferre, François Billoux ou Germaine Poinso-Chapuis. L’auteur ne néglige pas pour autant les mutations culturelles importantes d’une période effervescente. Cet ouvrage complète l’histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, commencée par la période des années 1930. Il comble également, à la lumière des recherches les plus récentes et en s’appuyant sur de nombreux fonds d’archives publics et privés, une lacune historiographique.

11/2014

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Histoire internationale

Richard Nixon

Prince des ténèbres ? A maints égards, Richard Nixon est entré dans l'Histoire comme une figure maléfique. Seul président américain à avoir jamais été contraint à la démission, son nom reste attaché au scandale du Watergate. Mais sur toute son oeuvre flotte comme un parfum de soufre. Sa fulgurante ascension politique s'est faite aux pires heures de l'anticommunisme de Guerre froide et du maccarthysme. Sa présidence s'est déroulée aux pires heures de la guerre du Vietnam, alors que l'Amérique déchirée était au creux de la vague. Sa politique étrangère, jugée sanglante, a été conspuée. Et il est vrai que Nixon et son âme damnée, Henry Kissinger, ne sont pas pour rien dans la fin tragique de Salvador Allende. Entre autres. Pourtant, Nixon voulait être un homme de paix et son bilan en politique étrangère est aussi marqué par des succès extraordinaires : l'entrée du monde dans la Détente ; le spectaculaire rapprochement avec la République populaire de Chine de Mao Zedong ; la fin de la guerre du Vietnam ; la conclusion des accords de désarmement avec l'Union soviétique ; la diplomatie des sommets ; l'amorce du processus de paix au Proche-Orient. En politique intérieure, là encore Nixon est "plus que le Watergate" et son oeuvre a été réévaluée. Il incarne un type de républicain aux politiques plutôt centristes, voire progressistes, dans le domaine social. Un positionnement politique qui a aujourd'hui pratiquement disparu, en raison des dérives droitières successives du Parti républicain depuis cette époque. A la lumière d'archives et de sources nouvelles, cette monumentale biographie de Nixon retrace l'histoire des Etats-Unis au XXe siècle et certaines des étapes les plus importantes de l'histoire des relations internationales, celles qui ont forgé notre monde actuel.

10/2013

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Sociologie

Naissance du journalisme comme industrie. Des petits journaux aux grandes agences

Le 29 juillet 1881, est enfin obtenue, en France, la liberté de la presse. Vers la même époque, le journal quotidien se transforme en "média de masse". La presse devient une industrie, son contenu et son prix se démocratisent. Le Petit Journal, lancé en 1863, donne le la : en un quart de siècle, ce premier quotidien à un sou passe de 60 000 à un million d'exemplaires. L'agence Havas devient la plus importante agence d'information et de publicité en France et, avec des associés (un temps rivaux), à Londres et à Berlin, est qualifiée d'"usine à nouvelles". Le journalisme se modifie ; une presse d'opinion, une presse littéraire perdurent ; une presse d'information et "la rage du reportage" prolifèrent. Les journalistes s'affranchissent pour partie des servitudes politiques traditionnelles. De nouveaux domaines d'investigation font parfois la Une. A l'orée de la guerre de 1914, quatre journaux à un sou - Le Petit Parisien, Le Petit Journal, Le Matin et Le Journal - dominent la presse quotidienne. La presse française est presque aussi développée que ses homologues britannique et états-unienne. Par sa maîtrise de la collecte, du traitement, et de la diffusion de l'information, renforcée par son ascendant sur le marché publicitaire en France, Havas oeuvre dans l'ombre. Comment ces entreprises se sont-elles formées ? Qui sont ces journalistes, enfants de Michelet et de Victor Hugo, de Balzac et de Zola, au service de l'actualité et de l'homme pressé, des pouvoirs en place, mais aussi des "petites gens" ? Comment Bel-Ami devient-il Rouletabille ? Fondé sur l'exploitation des archives de l'agence Havas, de plusieurs journaux, des premières associations de journalistes, et complétée par bien d'autres sources, ce livre scrute une période dite de "l'âge d'or de la presse".

05/2014

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Sciences historiques

Monclar. Le Bayard du XXe siècle. Mémoires relatés par ma fille

"Héros légendaire, guerrier tel qu'on en a connu seulement dans les récits populaires ou sur les images d'Epinal, un héros fait pour le baroud et pour la gloire". Ainsi les journalistes annonçaient-ils la disparition de l'officier le plus décoré de France, à une époque où tout le monde connaissait le général Monclar (1892-1964) qui signait autant de photos dédicacées que la môme Piaf et que BB. Car, pour les anciens combattants du XXe siècle de la France libre comme de la Résistance intérieure, il restait leur "héros national", ce chevalier d'un autre temps qui guerroya partout, sans épouser aucun parti politique. Raison pour laquelle il disparut de l'Histoire de France. Appelé par les poilus l'As des As, il termina la Grande Guerre avec sept blessures et onze citations. Du Maroc au Levant en passant par l'Asie et la vieille Europe, le lecteur revit le corps à corps des tranchées, les campagnes africaine et tonkinoise du Légionnaire et la seule victoire de 40, jusqu'à l'épopée coréenne. A partir d'archives inédites, sa fille relate la vie de ce soldat chrétien, stratège, meneur d'hommes vénéré par ses soldats qu'il aimait comme ses enfants, et de ses officiers qui le prirent pour modèle. De son récit historique qui se lit comme un roman d'aventures, jaillit le caractère bien trempé de ce soldat rompu à tous les pièges de la guerre, ceux de la guerre révolutionnaire et ceux des politiques ou des assassins de l'opinion. Une vraie leçon de maintien, d'honneur et de fidélité d'un gentilhomme de guerre, à méditer par les nouvelles générations en proie au doute ou au découragement face aux assauts des ennemis de la France et de notre civilisation chrétienne.

11/2014

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Sciences historiques

Du Soldat Inconnu aux monuments commémoratifs belges de la guerre 14-18

L'armistice n'a pas apporté la paix... des esprits. Le Soldat inconnu enterré sous la Colonne du Congrès à Bruxelles, le monument national qui devait être élevé dans la capitale et les monuments aux morts érigés partout en Belgique ont suscité moult débats au lendemain de la Première Guerre mondiale. Afin de scruter les mémoires de la Grande Guerre en Belgique, des sources très diverses (centres d'archives, presse, réglementations, cartes postales, listes de souscriptions, etc.) ont été sondées et différentes approches (institutionnelle, culturelle, anthropologique, sociale, économique et politique) ont été combinées. La première partie de l'ouvrage revient sur la fin de la guerre, vécue de différentes manières et à des moments distincts par la population belge. Entre exaltation, haine et (dés)espoirs, le " retour à la normale " prendra du temps. Les monuments éphémères dressés pour la Joyeuse entrée du 22 novembre 1918 préfigurent ceux, plus durables, qui seront inaugurés par la suite. On fête les vivants, on glorifie les morts. L'histoire du Jass inconnu fait découvrir les aspirations de la population et des associations, ainsi que les tergiversations du gouvernement. La seconde partie s'attelle à raconter la façon dont des milliers de monuments ont été imaginés, pensés, réalisés (ou non), financés et perçus par tous les niveaux de pouvoir mais aussi par les artistes et la population. L'appel à la sobriété commémorative lancé par l'Etat sera délibérément ignoré par les acteurs locaux. Pour les associations, les comités et les familles endeuillées, ériger des monuments à " ses " morts constitue un réel besoin, une raison de (sur)vivre. C'est pourquoi, malgré les difficultés - notamment pour trouver un financement ou choisir un emplacement - des monuments ont été dressés partout en Belgique. Ces monuments commémoratifs - aujourd'hui parfois délaissés - demeurent les témoins fascinants d'une époque pleine d'attentes et de (res)sentiments.

09/2013

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Histoire de France

Des harkis envoyés à la mort. Le sort des prisonniers de l'Algérie indépendante (1962-1969)

Que sont devenus les harkis restés en Algérie au lendemain des accords d'Evian du 18 mars 1962 accordant au peuple algérien le droit à l'autodétermination ? Quelles furent les conditions de détention des dizaines de milliers de ces supplétifs abandonnés par la France et prisonniers du nouveau régime ? Combien moururent ? Cet ouvrage éclaire une sinistre page de l'histoire. En s'appuyant sur la consultation d'archives inédites de la mission qu'effectua le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans l'Algérie indépendante entre février et septembre 1963 et sur les témoignages des rescapés de cette tragédie, Fatima Besnaci-Lancou révèle les conditions dans lesquelles de nombreux harkis furent emprisonnés, torturés, massacrés au mépris des accords d'Evian et des conventions internationales. Affectés sans aucune protection au déminage des lignes de défense Challe à la frontière marocaine et Morice à la frontière tunisienne, des milliers d'entre eux périrent en effectuant ces travaux forcés. La France, bien qu'informée de ces faits, demeura indifférente. Seuls deux intellectuels, Maurice Allais et Pierre Vidal-Naquet, et un journaliste, Jean Lacouture, exprimèrent leur indignation. Le gouvernement français consentit à accueillir des harkis libérés ou évadés entre 1963 et 1969. Ces anciens prisonniers durent se battre pour obtenir la nationalité française qu'ils avaient perdue. Ce livre apporte un élément essentiel à la connaissance des suites immédiates de la guerre d'Algérie. Il montre la reproduction de la violence par le nouveau régime sur les lieux mêmes où elle fut infligée par la puissance coloniale. Ballottés par l'histoire, les harkis prisonniers du gouvernement algérien furent doublement vaincus : proscrits dans leur pays, indésirables en France, ils ont été victimes d'un crime d'Etats perpétré par l'Algérie et la France.

03/2014

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Ethnologie

Sorcellerie et prophétisme en Centrafrique. L'imaginaire de la dépossession en pays banda

Au milieu des années 1960, en Centrafrique, le pays banda connaît une formidable effervescence anti-fétichiste. Un jeune homme appelé Ngoutidé se lance dans une entreprise de destruction ostentatoire d'objets cultuels et appelle à se convertir au christianisme. Pour les missionnaires qui en furent les témoins, l'envergure de cette oeuvre iconoclaste évoque celle d'un "incendie de brousse" brûlant les "fétiches" et les symboles des anciens cultes initiatiques de la société banda. Cinquante ans après la retombée du mouvement et la disparition de son inspirateur, Ngoutidé continue d'être loué comme prophète dans une région où la précarité et l'insécurité contribuent à réactiver l'imaginaire de la sorcellerie et la violence des accusations de l'autre mortifére. Pour les Banda, le danger sorcellaire est l'expression d'une dépossession culturelle des savoirs et des pouvoirs traditionnels qui permettaient à leurs ancêtres de composer avec les forces de l'invisible. Ce discours de la dépossession met en lumière l'ambivalence de la glorification posthume du "plus grand des Banda", pourtant tenu pour responsable de l'éradication des coutumes anciennes. Cet ouvrage invite à comprendre le rôle capital des représentations contemporaines de la sorcellerie dans la vision que les Centrafricains se font de leur propre histoire au sein des conflits identitaires actuels. A partir d'enquêtes ethnographiques menées en Centrafrique et de matériaux d'archives inédits, cet ouvrage revient sur l'histoire de l'entreprise missionnaire en Afrique équatoriale et illustre, à la lumière de la trajectoire de mouvements prophétiques de la région, les changements intervenus dans les représentations de la sorcellerie, des débuts de la rencontre coloniale à l'insécurité et à la violence qui règnent aujourd'hui en Centrafrique.

02/2014

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Régionalisme

Luttes sociales et politiques à Villefranche et dans le Beaujolais. 1re partie, 1789-1914

Luttes sociales et politiques à Villefranche et dans le Beaujolais - 1ère partie : 1789-1914. Pendant des siècles, le peuple n'a pas eu d'histoire. Cela signifie qu'il n'a pas laissé de traces suffisantes pour faire le récit de ses souffrances, de ses espérances ou de ses revendications. Les chroniqueurs - issus des élites - par ignorance, mépris ou crainte n'en donnant qu'une image déformée ou diaphane. Autant dire que la mission que se sont assignée les Amis de la société populaire : retracer le passé des travailleurs de Villefranche et du Beaujolais est un véritable défi. Ils n'ont pu le relever que par un dépouillement scrupuleux des fonds d'archives publiques, une lecture assidue et critique de la presse régionale et une exploitation optimale des trop rares papiers laissés par les acteurs des luttes du passé. Ce travail leur permet de faire le récit des combats incertains, des explosions de désespoir mais aussi de formes plus organisées de résistances qui ont mené - à travers bien des vicissitudes - le peuple caladois vers une forme d'émancipation ; depuis la Révolution française jusqu'à la guerre de 1914. Lucien Béatrix, Jean Large, Serge Laurent et Michel Lebail ont associé la rigueur de la recherche historique à leurs convictions de militants pour proposer un texte riche en analyses et réflexions. Leur espoir avoué est que ce travail entre pleinement en résonance avec les débats contemporains. Luttes sociales et politiques à Villefranche et dans le Beaujolais Tome 1 - Lucien Béatrix, Jean Large, Serge Laurent et Michel Lebail - 23 ? - Editions du Poutan. Entretien avec Serge Laurent l'un des auteurs du livre, "Luttes Sociales et Politiques à Villefranche et dans le Beaujolais" (1789-1914), de Lucien Béatrix, Jean Large, Serge Laurent et Michel Lebail. Paru aux Editions du Poutan. Sur RADIO CALADE

09/2013

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Cinéma

Cinéma Beverley. Le dernier porno de Paris

Situé à deux pas de la salle mythique du Grand Rex, dans une petite voie perpendiculaire au boulevard Bonne-Nouvelle, l'un des célèbres axes de Paris qui a accueilli tant de salles de cinéma à son âge d'or, le Beverley se faisait discret dans le 2e arrondissement de Paris. Ancienne salle de danse d'une brasserie auvergnate, elle se transforme en cinéma de quartier en 1952 et prend le nom de Bikini, puis celui de Beverley en 1970, passant des films populaires puis de l'art et essai, avant de se spécialiser dans l'érotique deux ans plus tard. Un demi-siècle durant, elle ne quittera jamais cette spécialisation dans sa programmation, jusque début 2019, année de sa fermeture. Dernier cinéma porno de Paris, il a pu continuer à diffuser des filins sur supports pellicule en ayant racheté un stock de zoo titres des années de l'âge d'or du genre, tout en alternant avec des productions en numérique, plus récentes. Loin des années fastes de Servez-vous mesdames et autres Gorge profonde, ses deux films hebdomadaires en alternance auront tout de même encore attiré durant sa dernière décennie plus de 3o 000 spectateurs chaque année, fidèles habitués de ce lieu tenu avec humour et élégance. Retraçant l'histoire de cette salle de quartier totalement atypique et devenue un lieu de visite touristique, analysant sa programmation et le comportement de son public très loin des clichés convenus, l'ouvrage est largement illustré par des images d'archives du Beverley, de sa programmation et de ses animations. Une série de photos originales redonne vie au lieu, dévoile ses coulisses, et de nombreuses affiches de l'époque l'enrichissent en rappelant l'ambiance de celle qui fut la plus ancienne salle porno de France.

02/2019

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Histoire de France

Tenir son rang, servir le roi, vénérer Dieu. Correspondance d'une famille de hobereaux du Pays de Sault dans les Pyrénées audoises, pendant les guerres de Louis XV (1741-1770)

Pour l'histoire de la vie quotidienne, la lettre, genre de document qui s'est généralisé avec les progrès de la poste depuis moins de quatre siècles, nous paraît d'autant plus précieux que la concurrence des nouveaux moyens de communication vient de le raréfier sous nos yeux. C'est ainsi qu'un corpus d'environ 275 lettres, s'échelonnant de 1741 à 1770, conservé aux Archives départementales de l'Aude, mérite notre attention. Il concerne essentiellement l'échange de nouvelles entre une famille de petits seigneurs du Pays de Sault dans les Pyrénées audoises et leur fils, lieutenant de cavalerie dans les armées de Louis XV, pendant les guerres de Succession d'Autriche et de Sept ans. Ces lettres évoquent une société aux ressources limitées Elles évoquent aussi la vie des officiers subalternes avec leurs équipages et leurs brillants uniformes, les parades, et en contrepartie les privations et la misère des jours ordinaires. La dure discipline qu'ils imposent, nuit au recrutement des simples cavaliers et incite même à la désertion. Ils ont ainsi toujours besoin d'hommes mais aussi d'argent, de chevaux et de mulets. Ces lettres reflètent d'autre part les manières de pensée et les soucis de leurs auteurs et de leurs relations : un père qui veille à ce que sa famille tienne son rang grâce au métier des armes, un fils aîné qui obtient, après force dangers, fatigues et privations, la croix de Saint-Louis, une mère aimante et angoissée inculquant à ses fils le sens de leur devoir, l'amour et la crainte de Dieu, les autres enfants, dont une vocation forcée ; et au-delà combien de parents, de seigneurs voisins, de militaires, de prêtres, de domestiques et d'amis. Mine de renseignements, cette publication devrait servir de pierre d'attente pour d'autres travaux.

07/2020

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Sciences politiques

Swiss made. Pro Helvetia et l'image de la Suisse à l'étranger (1945-1990)

Fin 2004, la présence culturelle suisse à l'étranger se trouve soudain au centre de l'intérêt public. Au Centre culturel suisse à Paris, l'artiste Thomas Hirschhorn présente son exposition Swiss-Swiss Democracy qui suscite l'indignation de nombreux parlementaires car les symboles nationaux y sont, d'après eux, malmenés. En conséquence, Pro Helvetia se voit sanctionnée par le parlement qui coupe un million de francs dans son budget. Un retour sur l'histoire de la présence culturelle suisse à l'étranger atteste que les conflits mis en évidence par l'exposition Hirschhorn apparaissent bien plus tôt. Créée à la veille de la Seconde Guerre mondiale pour renforcer "l'esprit suisse", Pro Helvetia, faisant siens les préceptes de la défense spirituelle, contribue durant l'après-guerre à la diffusion d'une image traditionnelle de la Suisse. Dès les années 1960 cependant, la fondation culturelle accorde une place toujours plus importante à la création contemporaine, et l'idée que la présence à l'étranger ne signifie pas forcément une subordination de la culture au discours identitaire du moment commence à se profiler. Recourant à de nombreux fonds d'archives inédits, le présent ouvrage aborde la question actuellement très débattue de l'image de la Suisse à l'étranger sous l'angle peu connu et original du rayonnement culturel. Les expositions d'art, tournées de concerts et de théâtre, émissions radiophoniques et films dressent le portrait d'un pays désireux de s'ouvrir au monde tout en restant attaché à son statut particulier. En même temps, ils témoignent de la place ambiguë et souvent précaire de la culture dans un dispositif institutionnel marqué par les impératifs de la promotion économique et touristique.

04/2013

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Sociologie

La coordination patronale face à la financiarisation. Les nouvelles règles du jeu dans l'industrie suisse des machines

Cet ouvrage contribue à la compréhension des capitalismes contemporains en étudiant les transformations de la gouvernance d'entreprise et des relations industrielles en Suisse depuis les années 1990. Il s'agit d'une enquête portant sur l'industrie des machines, de l'électrotechnique et de la métallurgie, secteur qui constitue le noyau historique du capitalisme helvétique et le principal employeur et exportateur du pays. Il s'inscrit dans une démarche interdisciplinaire mêlant sociologie, économie politique et histoire. L'auteur étudie d'abord les formes qu'a pris, après la seconde guerre mondiale, la coordination des élites économiques suisses. Il montre que les stratégies à long terme du management s'appuyaient sur la faible pression des marchés des capitaux, la grande interdépendance entre banques et entreprises et sur un système pacifié, "néocorporatiste", de relations industrielles. Ensuite, en analysant les transformations amenées par la libéralisation et la financiarisation de l'économie suisse, il montre comment le système traditionnel de gouvernance d'entreprise a été déstabilisé par l'affirmation des fonds d'investissement et l'apparition d'une nouvelle génération de managers qui allaient activer un processus de restructurations orientées vers la création de richesse pour les actionnaires. Entretiens, analyse de réseaux et de documents d'archives à l'appui, la recherche explore alors les logiques d'interactions entre la sphère de la gouvernance d'entreprise et celle des relations industrielles, l'affirmation du capital financier faisant pression sur le partenariat social dans le sens d'une flexibilisation et déréglementation du marché du travail. Tout en mettant la sociologie des élites au service d'une meilleure compréhension des processus de changement institutionnel dans les capitalismes contemporains, cette recherche souligne des logiques de changement différentes dans les sphères sous revue : changement disruptif dans la gouvernance d'entreprise, incrémental dans les relations industrielles.

06/2012

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Policiers

L'appel de Satan

Des rituels étranges, des meurtres sataniques, des infanticides, des individus crucifiés… une vague de crimes sans précédentsubmerge les cinq continents. Le Vatican dépêche Pierre, l'un de ses théologiens, auprès d'Antonio Alonzo, lieutenant de police chevronné, afin de comprendre la folie qui s'empare de l'humanité. L'enquête va les plonger dans les ténèbres d'écrits antédiluviens et les mettre sur la piste d'un ennemi dont l'ombre menaçante plane au-dessus d'eux et dont personne n'ose prononcer le nom… Un livre digne des grands polars américains, made in France. Une action qui défile à pleine vitesse, entrecoupée de rebondissements à même de tenir le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page, le tout, pour une grande partie, dans l'Hexagone. L'idée d'associer un policier sur la pente descente, et un prêtre dont la foi n'aveugle pas son sens de la déduction, permet à l'auteur d'explorer des voies nouvelles. Les personnages secondaires ne sont pas oubliés, une palette de tempéraments différents, mais dont on apprécie la présence forte. Certains réservent leur lot de surprises au lecteur, offrant au roman ce constant mouvement, servi par une écriture vive et ciselée. L'autre idée forte du roman est cette trame parallèle qui traverse l'histoire et trouve sa cohérence dans l'époque contemporaine. On y découvre de grands hommes confrontés à un choix cornélien. Et que dire de la fin, succession de rebondissements qui laissera le lecteur bouche bée ! Un roman qui n'a rien à envier au standard du genre et dont vous n'oublierez pas de si tôt le titre. Àl'occasion du 4e centenaire des archives secrètes du Vatican, un roman qui vous entraînera dans les arcanes d'un mythe devenu réalité.

05/2012

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Histoire internationale

La Pologne de Pilsudski à Walesa. 11 novembre 1918-27 octobre 1991

Professeur honoraire d’Histoire contemporaine à l’Université Lumière Lyon 2, Jean Lorcin, spécialiste d’Histoire économique et sociale, a enseigné l’Histoire de l’Allemagne et de la Russie-URSS au XXe siècle. Il lui a paru essentiel de compléter cette expérience de l’Europe centrale et orientale par la prise en compte de l’entre-deux que représente la Pologne. Il y était d’autant plus disposé qu’il a été responsable des relations scientifiques entre Lyon 2 et l’Université de Lódz, lui permettant ainsi de prendre conscience de la situation politique, économique et sociale d’un pays d'abord sous l’état de guerre, en 1984, puis fraîchement libéré en 1991. Autant de souvenirs qui l’ont poussé à aborder ce sujet, tant les liens entre la France et la Pologne sont anciens et étroits. D’autre part, l’enseignement de l’Histoire allemande et soviétique lui a permis de se distancier d’une historiographie purement polono-polonaise dont Daniel Beauvois a montré les limites au lendemain de la libération du joug soviétique. Comme lui, Jean Lorcin n’a pas voulu s’immiscer dans les querelles internes, ou encore mettre en concurrence les insurrections du ghetto de Varsovie en 1943 et de la ville de Varsovie en 1944. Il s'est efforcé de s’en tenir à l'histoire « sincère » pour reprendre l’expression de Seignobos, d’une Pologne encore inquiète, agitée, mais représentative d'une Europe de l’Est qui se veut désormais centrale, à un moment décisif pour l’avenir de l’Union européenne. Il lui a paru utile de consigner dans un ouvrage de synthèse le fruit de son expérience. La lecture d’une surabondante littérature historique lui a permis de compléter son information qui s’appuie en particulier sur la consultation des archives diplomatiques polonaises, françaises, allemandes et pontificales publiées à ce jour.

04/2012

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Religion

Ecrire l'histoire du christianisme contemporain. Autour de l'oeuvre d'Etienne Fouilloux

Écrire l’histoire du christianisme contemporain, c’est chercher à le comprendre dans sa diversité confessionnelle, tout en mesurant son rôle dans la construction d’une politique et d’une culture de la modernité, qui se sont constituées en prenant leur autonomie par rapport à lui, sans que tout lien soit rompu entre notre monde sécularisé et son passé chrétien. C’est observer cet objet aux contours indécis, dont nous affirmons tantôt le déclin inéluctable, tantôt l’omniprésence au sein de nos sociétés. Depuis plus de quarante ans, Étienne Fouilloux parcourt ce territoire en voyageur infatigable, passionné d’archives inédites. De la genèse de l’oecuménisme au genre biographique, de l’histoire des intellectuels chrétiens à celle du concile Vatican II, il a construit ce qu’il désigne lui-même comme une « histoire non théologique de la théologie », attentive aux acteurs et à leurs mobiles, sans jamais céder sur la rigueur scientifique qui fonde le « regard éloigné » de l’historien. Des inventeurs du catholicisme social aux écrivains convertis, des croyants mobilisés dans les tranchées aux prêtres-ouvriers en usine, des abbés philosophes aux bâtisseurs d’églises, les auteurs de ce livre ont suivi la voie tracée par Étienne Fouilloux, attentifs comme lui aux mots qui circulent entre l’univers chrétien et l’univers laïque, la création et la mémoire, la morale et les droits de l’homme, le deuil et la patrie. Ils ont ainsi souhaité apporter leur contribution à une histoire du christianisme contemporain, en hommage à celui qui a plus que tout autre contribué à la renouveler. Couverture : Église Saint-Vincent de Paul de Beyrouth détruite en 1975, pendant la guerre du Liban. Photo A. Becker, mars 2012.

04/2013

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Ethnologie

Conjurer la guerre. Violence et pouvoir à Houaïlou (Nouvelle-Calédonie)

Quel est le fil conducteur qui mène un anthropologue enquêtant à Houaïlou, en Nouvelle-Calédonie, à s'intéresser à la fois aux opérations de répression coloniale menées en 1856, à la chasse anti-sorciers de 1955, à la mobilisation indépendantiste des années 1980 et aux règlements de compte villageois des années 2000 ? La violence, le conflit, la guerre. Quelles sont plus précisément les conventions d'usage de la violence ? Comment contrôler la violence pour éviter la guerre, ou pour la préparer en secret ? Michel Naepels décrit et analyse les pratiques guerrières, les figures du massacre, la question de l'anthropophagie, les "objets de guerre". A travers cette archéologie de la violence, il rend compte de l'inventivité pratique, de l'intelligence et de la ruse des Kanaks impliqués dans des rapports conflictuels, souvent violents. Les archives et le recours aux récits recueillis auprès des habitants actuels de Houaïlou restituent l'épaisseur de ces moments historiques, les contextes emboîtés de l'action politique qui s'y déploie, tout en interrogeant la valeur et les limites de l'enquête de terrain. Ces épisodes sont autant de séquences de changement dans l'organisation sociale, administrative, foncière ou politique : ils permettent de comprendre, depuis la prise de possession par la France jusqu'à nos jours, les modalités réelles de mise en oeuvre de la gouvernementalité coloniale et postcoloniale. L'attention portée à l'invention, à l'importation ou à l'adaptation des techniques répressives, massivement liées à l'expérience française en Algérie, ouvre à une véritable géopolitique de la colonisation. A travers cette description minutieuse des logiques sociales du conflit, Michel Naepels invite aussi à une réflexion sur la place des fantasmes européens sur la violence ethnique, sur les représentations de l'altérité.

01/2013