Les qualités du service d’autopublication d’Amazon ne manquent pas, mais l’arbre de cette simplicité d’usage cache régulièrement la forêt. Les contraintes qu’il faut en effet accepter pour bénéficier du service virent parfois au cauchemar. Ainsi, pour Kindle Direct Publishing, on connait les impératifs de tarifications à respecter, sous peine de sanctions. En voici d’autres…

l'impression de se faire bananer ? - pixabay licence
Dans le cadre de sa politique tarifaire, Amazon a toujours imposé un contrat d’agence aux auteurs : impossible de vendre moins cher ailleurs ses ouvrages, sans quoi la firme se réserve arbitrairement le droit de diminuer le tarif de vente proposé sur Kindle. Et ce, quand bien même on ne souscrit pas aux solutions d’exclusivité que l’entreprise suggère fortement d’adopter.
Surveiller les prix comme le lait sur le feu
Tant que cette approche était limitée aux livres numériques, on pouvait s’agacer d’une pareille attitude, sans cependant avoir le pouvoir d’y changer quoi que ce soit. Amazon est maître en sa demeure : le choix est simple, se plier aux règles ou quitter le navire. Mais quand le contrôle tarifaire s’étend aux ouvrages papier, l’affaire se corse.
L’histoire de Rosanne Bowman montre à quel point l’entreprise ne recule devant aucune stupidité, quand il s’agit de démontrer sa toute-puissance sur les auteurs. Dans un de ces emails automatiquement expédiés et sans espoir de réponse possible, la firme rappelle son engagement à « offrir aux clients une expérience d’achat exceptionnelle ». Et se réserve, autocratiquement — mais qu’importe, les auteurs ont signé — « le droit de ne pas proposer des livres qui ne répondent pas aux attentes des clients ».
En l’état, il s’agit d’un livre de Rosanne Bowman, Hook’s Daughter : The Untold Tale of a Pirate Princess (The Pirate Princess Chronicles), qui a été identifié comme vendu, en version papier, chez des concurrents. Il s’agit de Walmart, la chaîne de supermarchés, qui vend en ligne le roman pour 4,92 $, alors qu’on le retrouve sur Amazon pour 9,99 $.
Votre livre s'autodétruira de nos étals...
La romancière dispose désormais de cinq jours ouvrables pour effectuer les modifications qui s’imposent. Comprendre : baisser le prix de vente de son roman, puisqu’en l’état, le prix ne répond pas aux critères « d’expérience d’achat exceptionnelle ». Si elle ne s’exécute pas rapidement, le livre sera retiré de la vente, attendu que les clients n’auront pas le meilleur tarif proposé sur Amazon, mais chez la concurrence.
Problème : l’autrice en question passe par les solutions d’Ingram pour produire son offre d’impression à la demande. Or, si elle peut bel et bien maîtriser le prix de vente chez son prestataire, elle est dépendante de la politique de prix fixée par Walmart. Ou de n’importe quel autre détaillant qui commercialiserait, depuis le canal Ingram, ses ouvrages.
Courageuse, la romancière tente de faire entendre raison à Amazon et lui expose le problème dans les termes précisés ci-dessus : « Pour ajuster le prix du catalogue numérique sur Walmart, nous vous suggérons de les contacter directement », s’entend-elle répondre. Facile, en effet, que de prendre attache avec une entreprise qui génère 500 milliards $ de chiffre d’affaires annuel, pour exiger qu’elle se conforme aux attentes d’Amazon.
La main-d'oeuvre, ou la valeur du travail
On croirait l’histoire de ce Breton qui a décidé de vider la mer avec une petite cuillère. Sauf qu’Amazon se moque éperdument que ce soit impossible, quand bien même on le lui précise. L’important, c’est la demande formulée à laquelle il faut se conformer.
Depuis toujours, Jeff Bezos plaide en effet pour une solution de prix bas, en ce qui concerne la vente de livres. Au cours du terrible bras de fer qui l’opposa à Hachette Book Group, voilà quelques années maintenant, Bezos réaffirmait la nécessité de tarifs réduits pour les ebooks.
« Je considère le prix comme une solution de visibilité. Vous pouvez soit dépenser beaucoup d’argent en marketing, soit vous pouvez les offrir à des tarifs super-bas, jusqu’à ce qu’ils soient repérés par les moteurs de recommandations — et c’est justement ce que fait Amazon », répétait voilà pas si longtemps David Naggar, responsable des ventes Kindle.
Probablement est-ce avec ce type de comportement qu’Amazon prospère sur le dos des auteurs indépendants – comme cela été lourdement remarqué dans un communiqué officiel. Sauf qu’en 2019, si la société revendique plus d’un millier d’auteurs qui a perçu plus de 100.000 $ de revenus, la statistique n’a pas bougé d’un iota par rapport… à 2018. Pas un iota.
via The Digital Reader
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Black Bullet, le 28/12/2019 à 03:43:12
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