Le Brexit est consommé, le parlement britannique s’est décidé à quitter l’Union européenne, sous les applaudissements de Boris Johnson. Et ce 31 janvier, date définitive, les Britanniques partent, sans un regard amer ni un salut. Ligne d’arrivée, mais une fois passée, les ennuis reviennent.

Boris Johnson, comparé au petit sorcier Harry Potter, franchissant le célèbre mur qui sépare les apprentis élèves de Poudlard du monde des Moldus, la chose est cocasse, mais fait sourire.
Le dessin du jour
— Courrier inter (@courrierinter) January 30, 2020
Le dessinateur danois Niels Bo Bojesen compare #BorisJohnson à Harry Potter délaissant le monde des moldus, sans magie, pour celui des sorciers. Sans un regard en arrière. https://t.co/ZjsraNvSH5#UnionEuropéenne #Brexit #JKRowling
Évidemment, JK Rowling qui s’est toujours dressée contre le Brexit n’appréciera que modérément la comparaison. Soit. Elle pourra se rabattre sur la découverte syntaxique du jour, qui met le feu aux philologues et autres grammairiens.
Depuis le 25 janvier, et en prévision du Grand Départ, le Royaume-Uni s’est doté d’une pièce de 50 pennies, présentée par le chancelier Sajid Javid. Un message fort, tendre, aimant, et internationalement humaniste, reproduit ci-dessous :
Peace, prosperity and friendship with all nations
Tout va bien ? Pas du tout : le romancier Philip Pullman, parmi d’autres détracteurs, en ont les bras qui tombent. Et contrairement au Cyrano de Rostand, leur sang se coagule, à la pensée que cette devise ait pu oublier une virgule. Car selon les règles de la syntaxe britannique, voici ce qui aurait dû être écrit, insiste le Guardian.
Peace, prosperity, and friendship with all nations
La nuance ne vous saute pas aux yeux ? Et pourtant : entre prosperity et and, il devrait se trouver la fameuse « virgule d’Oxford », celle qui différencie l’homme de la bête, qui fait des Anglais un peuple noble, fier et lettré.
The 'Brexit' 50p coin is missing an Oxford comma, and should be boycotted by all literate people.
— Philip Pullman (@PhilipPullman) January 26, 2020
Un coup à ce que la douce et tendre marquise d'Achille Talon, Virgule de Guillemets, en casse le sien...
Citée par le Guardian, Susie Dent, étymologiste, souligne que Pullman a raison : certes la virgule — comma en anglais — est facultative, mais elle a le don de clarifier les propos à l’écrit. Et il est plus simple de l’utiliser tout le temps, plutôt que de réfléchir aux modalités d’emploi.

Il n’empêche que la pièce, commémorative, va aussi écrire l’histoire : le Royaume-Uni avait refusé d’adopter cette pièce à l’époque européenne. Les quelque 3 millions d’exemplaires qui ont été frappés, vendus suivant les modèles entre 10 et 950 £ vont s’arracher, plus encore que prévu.
Fait en tout cas révélateur : le texte apposé est inspiré du discours de Thomas Jefferson, prononcé durant son accès à la présidence, en 1801. Écrit sans virgule, assurément.
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