#PrixdesDeuxMagots2023 – La présidence du Prix des Deux-Magots ressemble à la monarchie française de la fin XVIIe-XVIIIe siècle en France : deux règnes qui se sont prolongés, ceux de Henri Philippon et Jean-Paul Caracalla d’un côté, ceux du Roi-Soleil et de l’amant de la Du Barry de l’autre. Avant un troisième. Espérons que celui d’Étienne de Montety, à la tête aujourd'hui de la récompense littéraire quasi centenaire, ne se déroule comme celui de Louis XVI. Aucun signe en ce sens, bien au contraire : l’auteur de La grande épreuve et directeur du Figaro Littéraire innove.
Le 23/06/2023 à 12:12 par Hocine Bouhadjera
476 Partages
Publié le :
23/06/2023 à 12:12
476
Partages
ActuaLitté : On résume la période Henri Philippon, 38 ans, comme celle de la quête de l’originalité, puis celle de Jean-Paul Caracalla, 36 ans de règne, du talent des lettres à faire émerger.
Étienne de Montety : On essaye de ne pas s’enfermer dans une définition trop précise, mais il y a effectivement l’ambition de mettre en lumière le livre un peu délaissé par les autres. Avec Jean-Paul Caracalla, j’ai partagé cette philosophie. Il arrive que des écrivains qu’on aime bien soient étonnamment négligés ou oubliés, et ce de manière bien mystérieuse. Par exemple Serge Joncour : un auteur à la tête de 25-30 livres qui, pendant des années, n’a pas été repéré. Les jurés de tous les grands prix en parlaient, mais rien n’arrivait.
Un jour, Jean-Paul me dit : « C’est incroyable, Serge Joncour est véritablement le laissé-pour-compte des prix littéraires, malgré une œuvre capitale. » Il avait écrit un livre très amusant, L’Écrivain national. On remet le Prix des Deux Magots à cet important délaissé, et l’année qui suit, il reçoit l’Interallié... Et encore quelques années après, tout ça dans un mouchoir de poche finalement, le Prix Fémina. Tout d’un coup, Serge Joncour était devenu primable, alors qu’avant il était l’outsider permanent. Cette expérience m’a beaucoup frappé.
Il n’y a pas que Serge Joncour qui a profité du coup de projecteur du Prix des Deux Magots...
Étienne de Montety : Des lauréats du premier livre qui ont par la suite fait une jolie carrière littéraire, effectivement. On a par exemple récompensé le premier roman de Marc Dugain, La Chambre des officiers, le premier ouvrage de Christophe Bataille, Annam, le premier de l’académicien Marc Lambron aussi, L’Impromptu de Madrid.
Mais je veille à ne pas trop nous enfermer dans une définition précise du prix pour nous garder la liberté devant un coup de cœur qui soit même en dehors de notre philosophie. On ne récompensera jamais un Prix Goncourt, mais il peut arriver que ce soit un auteur confirmé dont on a tellement aimé le livre qu’après tout, pourquoi se priver ?
Vous tentez un pari : basculer l’annonce du lauréat de janvier à septembre. Avec une conséquence, le prix précédera toutes les grandes gratifications de la rentrée littéraire de l’automne.
Étienne de Montety : On met la barre encore un peu plus haut dans l’idée d’être vraiment les pionniers. C’est un pari, parce que tous les jurys, durant l’automne, s’écoutent les uns les autres, s’informent. De manière complètement informelle bien sûr, pour sentir ce qui se passe. En sortant très tôt, on aura très peu d’infos. Dès juin, il faut commencer à travailler. On se réunit en juillet et tout début septembre pour œuvrer le plus en amont et le mieux possible.
Est-ce que le livre qu’on primera sera lancé, quitte à avoir un autre prix ? C’est envisageable. Aujourd’hui, j’ai plutôt l’impression que les jurys veillent à avoir des lauréats uniques. On peut prendre le cas du roman de Giuliano Da Empoli, Le Mage du Kremlin. Pouvait-il avoir le Grand Prix de l’Académie française et le Goncourt ? Oui, affirmaient certains, mais les jurés ont finalement estimé qu’il fallait que les récompenses aillent à plusieurs livres, parce que, sinon, cela posera un problème en librairie. Accumuler sur un même livre des prix ne multiplie pas le prestige d’un prix, mais d’une certaine manière, le confond.
Par exemple, je dis n’importe quoi : si chaque prix apporte 100.000 ventes, additionner les deux prix ne fera pas 200.000. Il y a une sorte de déperdition. Donner le Goncourt après le Grand Prix de l’Académie constituait une entreprise un peu stérile.
(Damien Roué, CC BY-NC 2.0)
Peut-être que le Prix des Deux Magots fera que le livre primé sera ôté des autres listes. Ça regarde les autres jurys, mais je pense surtout que notre enjeu, c’est de trouver des ouvrages qui ne soient pas nécessairement sur toutes les sélections. À quoi ça sert de piocher dans les 20 livres qui sont sur toutes les listes parce qu’ils font l’unanimité ? Soyons peut-être un petit peu plus innovants, audacieux. On ne se distingue pas sinon. Il ne s’agit pas de faire les malins, mais de se différencier. Ce livre-là, qui emporte l’adhésion en septembre, n’est pas forcément pour nous. On a notre histoire, notre culture, et allons ailleurs.
Comment cette décision de basculer en automne a été prise ?
Étienne de Montety : Elle est née d’une discussion avec la direction des Deux Magots qui souhaitait faire quelque chose d’important pour les 90 ans du prix, en revenant notamment à l’histoire de la récompense littéraire, décernée à l’automne au départ. C’était plus tard, en décembre, mais il n’y a plus beaucoup de prix à cette période, car c’est un peu tard par rapport aux enjeux commerciaux que représente une gratification littéraire.
De fil en aiguille, on s’est dit : tiens, on peut être les premiers. C’est un défi, essayons. C’est à la fois un petit peu intimidant, amusant et motivant pour nous. On s’efforce que ça reste dans un esprit de légèreté. Sérieux et pas très grave. Ce sont des choix qui sont importants, et on les prend vraiment avec engagement, mais sans tragédies, sans éclats de voix, dispute.
Pour le dernier lauréat, Louis-Henri de La Rochefoucauld, et son texte, Châteaux de sable, on s’est dit que c’était un livre charmant. Le côté post-covid a joué ici. C’est circonstancié : on avait envie de rire, de sourire. Trois ans plus tôt peut-être, on aurait pensé, c’est trop léger. Là, ça venait à point nommé. C’était un jeune écrivain en cours de réalisation par ailleurs, donc ça tombe bien.
Qu’est-ce qui vous a propulsé à ce poste de président du jury des Deux Magots ? Le troisième en 90 ans seulement.
Étienne de Montety : Ce qui m’a amené à la tête du jury, c’est l’affection que j’avais pour le précédent président, Jean-Paul Caracalla. À la fin de sa vie, il avait souhaité que je lui succède à la direction du Prix des Deux Magots.
Quels étaient vos liens avec Jean-Paul Caracalla ?
Étienne de Montety : On s’était lié d’amitié. Jean-Paul Caracalla a d’abord été le promoteur d’une revue qui s’appelait la Revue des voyages. Elle faisait bourlinguer des grands écrivains de l’époque comme Jacques Chardonne, Blaise Cendrars, Michel Déon, Paul Morand… Il est devenu éditeur chez Denoël, et c’était un passionné de littérature et de vie littéraire.
C’était mon aîné, dans un rapport fraternel, et filial aussi. J’ai reçu le prix des Deux Magots en 2014, et je sais qu’il lui doit beaucoup. Puis il m’a fait rentrer au jury, et a enfin souhaité que je lui succède. Elle s’est réalisée naturellement, et dans cette optique de prolongement, j’ai demandé à sa fille, Laurence, qui est journaliste, de rejoindre le jury. C’est de cette manière qu’une amitié se perpétue par-delà le temps.
Quelle est votre histoire personnelle avec ce prix ?
Étienne de Montety : Elle est amusante, puisqu’elle commence par un échec. Sur le moment, ce n’est pas très drôle, mais avec le recul, ça l’est. Les premières séances autour des livres m’avaient été favorables dans l’ensemble du jury. J’étais clairement un favori de cette édition de 2010 avec mon roman, L’Article de la mort. Et puis il y a eu, comme ça arrive dans les récompenses littéraires, un changement de favori. Des membres du jury qui ont eu envie de pousser un autre livre, et finalement, je l’ai raté. J’étais donc déçu, et resté avec une sorte d’histoire inachevée.
Ce qui est assez drôle enfin, c’est qu’à ma place, on avait choisi un garçon que j’aime beaucoup, Bernard Chapuis. J’étais venu le féliciter en essayant d’être beau joueur. C’est demeuré un ami. Un bon écrivain, très amusant, avec beaucoup d’esprit. Certains jurés avaient pensé que c’était vraiment le moment de le couronner, et de ce fait lui avaient remis ce prix un peu par surprise. Finalement, quelques années après, en 2013, je reviens sur les listes de manière plus heureuse.
Et avec la récompense et son histoire ?
Étienne de Montety : C’est d’abord un des tout premiers prix parisiens. Il a été créé en marge des grandes récompenses institutionnelles, avec un esprit de camaraderie, de convivialité et de liberté. C’était une bande d’amis qui se retrouve dans un café.
Moins codifié que le Goncourt ou le Prix de l’Académie française, des distinctions des plus respectables, mais « plus sérieuses ». Ce mélange de passion pour la littérature et du groupe de copains qui choisissent un lauréat s’est maintenu, et c’est un style qui me plaît. Quand je suis entré dans le jury, j’y ai retrouvé des amis de longue date, et on perpétue cette récompense littéraire sous le signe de l’amitié et d’une forme de liberté. Le palmarès est beau, varié, parfois un peu inexplicable. C’est le coup de cœur, c’est le bon plaisir du jury, du moment présent.
Trois nouveaux jeunes jurés ont été accueillis pour cette édition des 90 ans. Pourquoi ceux-là, et avec quel esprit ?
Étienne de Montety : Quand je suis arrivé, il y avait un nombre non négligeable de très anciens jurés. Des membres octogénaires, nonagénaires, de l’ère Caracalla. La mémoire du prix, et d’ailleurs certains sont toujours présents comme Pierre Kyria ou Jean Chalon. Certains ont démissionné, d’autres sont morts, et donc on avait des postes disponibles. Dans l’idéal, il faut avoir toutes les générations dans un jury. J’ai ainsi poursuivi ce souci qu’a eu Jean-Paul Caracalla de s’inscrire sous le signe de la variété des profils et du rajeunissement, qui n’est pas le jeunisme.
Le danger était de remplacer les plus anciens par des gens de notre âge. On a cent cinquante amis dans ce milieu de la même génération. On a commencé ensemble souvent, mais les cadets, on les connaitra de nom et à travers leurs œuvres, mais pas forcément personnellement.
Abel Quentin, j’avais beaucoup aimé son livre, Le voyant d'Étampes, mais je ne le connaissais pas personnellement. Je connaissais Isabelle Carré de réputation comme actrice et grande lectrice. Clara Dupont-Monod, je la connaissais déjà, et je sais qu’elle apportera sa forte personnalité et sa maitrise des auteurs et des romans.
Pourquoi ces trois profils en particulier ?
Étienne de Montety : Isabelle Carré vient d’autres mondes et porte donc une sensibilité différente : du cinéma, du théâtre. C’est l’idée que les lecteurs peuvent venir d’autres univers. Elle n’est pas inscrite dans tous les réseaux littéraires, et amène avec elle une sorte de fraîcheur. Elle ne réagit pas comme certains, avec des codes qui sont ceux du milieu. Qui est lié à qui, à quel éditeur... La passion est encore brute. Abel Quentin lui est avocat, et est installé en Province et non à Paris.
Ils amènent aussi tout simplement l’approche de leur génération. Les plus jeunes ont 40 ans, avec leur sensibilité, et les plus vieux 90.
C’est enfin deux membres féminins supplémentaires : la parité n’est pas absolue dans le jury, mais cela fait maintenant une bonne dizaine d’années qu’il y a un certain nombre de femmes dans le jury, comme Marianne Payot de L’Express par exemple. Il y a eu Marie-Laure Delorme du Point et Sabine Audrerie de La Croix. L’écrivaine Pauline Dreyfus, qui est là depuis dix ans, ou encore Laurence Caracalla.
En tant que président du jury, est-ce que ce n’est pas trop difficile de se soumettre à l’avis général, plutôt qu’à son bon plaisir ?
Étienne de Montety : Je suis assez libéral dans l’âme. C’est sérieux, mais je n’engage pas toute ma vie dans le choix d’un livre. Si je suis heureux de défendre un ou plusieurs titres, d’en parler, parfois de convaincre, je peux aussi être convaincu. Il n’y a rien d’absolu et je peux aimer plusieurs textes.
Il y a des sensibilités différentes : féminine, masculine, de nos âges respectifs, de nos cultures spécifiques, personnelles... Et puis, il y a cette tradition du bistrot où on est tous autour d’une table, on boit un coup et on débat. Ce n’est jamais agressif ni méchant, mais certains ont des fortes personnalités c’est sûr. Une passion chevillée au corps. On dîne par ailleurs régulièrement ensemble pour que ce cénacle soit d’abord celui de l’amitié.
Le choix du lauréat nécessite des compromis, mais il faut que tout le monde soit content du roman primé. Je ne me suis jamais trouvé dans la situation à devoir proclamer vainqueur un livre que je détestais, d’un auteur qui est mon ennemi. Je n’ai pas d’ennemis personnels dans ce milieu (rires). J’ai toujours été satisfait de l’heureux élu, même si ce n’était pas mon premier choix.
Par exemple, une année où je défendais l’écrivain Michel Bernard que j’apprécie pour son approche entre littérature et histoire. Il a été dans la sélection finale, mais n’a pas remporté le prix. Je n’ai pas démissionné ni fait d’esclandre. L’une des raisons était que le vainqueur de cette année me convenait également.
Quel type de lecteur êtes-vous ?
Étienne de Montety : Je suis un grand lecteur, donc je lis beaucoup de choses, autant par tempérament que pour mes rôles de directeur du Figaro littéraire et de président du jury des Deux Magots. Je crois balayer assez largement le spectre. J’aime la littérature de voyage : les livres de Jean Rollin, de Jean-Paul Kauffmann, de Sylvain Tesson... Mais aussi les œuvres d’Alice Ferney, de mon camarade du jury des Deux Magots, Benoît Duteurtre, qui sont de la satire, de Michel Houellebecq... J’ai une affection pour les biographies historiques encore, et plus généralement ce qui a trait à l’Histoire.
Votre œuvre est également éclectique dans les sujets, mais y a-t-il un fil conducteur à mettre en évidence ?
Étienne de Montety : C’est la rupture, je pense. Que ce soit mes essais historiques, mes romans, ils parlent de ruptures, de personnages qui connaissent une bifurcation brutale dans l’existence. C’est ce moment de la disjonction, et ce qui suit qui m’intéresse en priorité. Mon dernier texte, La douceur, c’est une jeune fille qui se retrouve en déportation, parce qu’elle est rentrée dans la résistance. Dans un autre ouvrage, deux jeunes sont amenés vers l’assassinat d’un prêtre alors qu’ils n’étaient pas disposés à ça.
Les conséquences des choix qu’on fait ou qu’on ne fait pas, mais qui s’imposent. J’ai également produit un ouvrage sur les anciens de la Légion étrangère. Elle accueille des personnes du monde entier : népalais, brésiliens, américains... Qui tous rompent avec leur vie précédente.
Et souvent, dans ses drames, ses coups de théâtre dans la vie, comment on trouve parfois l’énergie, la force, de se relever. Un archétype de la figure trahie, tombée alors qu’il s’avançait vers la vie paisible, avant de renaître en se réinventant, c’est Le Comte de Monte Cristo d’Alexandre Dumas, que je mets très haut.
J’ai des amis qui me fascinent, parce qu’ils ont eu quatre vies. J’ai connu des gens qui avaient été en prison, qui avaient vécu des épreuves assez lourdes. Ils sont sortis avec trois sous en poche, les autres détournaient le regard. Ils se sont reconstruits, sont redevenus des hommes, des citoyens. Ce genre de parcours m’intéresse. Les ressorts intimes, la fierté, le courage, la solidarité, l’amour.
Votre dernier roman, La douceur, publié aux éditions Stock en janvier dernier, a reçu le Prix Jean d’Ormesson 2023. Pouvez-vous le présenter à ceux qui n’ont pas encore découvert ?
Étienne de Montety : C'est l'histoire d'une jeune fille de l'avant-guerre, May de Caux, qui habite en province dans une jolie maison, avec une famille sympathique. Survient la guerre, et elle est amenée à s'engager dans la résistance. Elle est arrêtée et déportée à Ravensbrück, le camp de concentration des femmes. Rupture dans une vie apparemment paisible d'une jeune fille de la société française qui allait se marier... J'écris sur sa renaissance à la vie après Ravensbrück.
Après un événement terrible dans la vie, comment rebondir, comment on se reconstruit, comment on se répare. Elle va s'engager dans la promotion des roses. Il existe des associations de passionnés de roses, au niveau local, national, et une fédération internationale qui réunit des milliers de passionnés qui s'intéressent à la rose : aux recherches botaniques autour de la rose, esthétiques... Qu’elles sentent meilleur, qu'elles aient de plus jolies couleurs, qu'elles soient plus résistantes aux maladies, qu'elles boivent moins d'eau…
L'occasion de découvrir ce monde, et comment l'univers de la rose sert de lieu de reconstruction à cette femme. Le roman commence dans cet univers, où on parle que de beauté, La présidente de cette manifestation est une femme très belle, fascinante, et mon narrateur soupçonne un secret. Il va découvrir peu à peu l'histoire de cette femme. Il la rencontre et la convainc de se raconter.
S'instaure la douceur, c'est-à-dire les relations humaines qui vont s'établir entre elle, lui et une autre journaliste allemande. Chacun va apporter à l'autre quelque chose. May de Caux, une sorte de gravité de la vie à ces cadets quand eux vont lui donner, au contraire, la légèreté de leur génération.
Un livre sur la déportation qui s'appelle la douceur, ont relevé beaucoup de lecteurs, ce n'est pas banal : oui, il y a un paradoxe, encore que ça m'a intéressé de savoir ce que les femmes de Ravensbrück avaient connu malgré tout de douceur dans l'horreur : la solidarité et l'amitié entre elles.
Des choses très belles humainement.
Photographie : Catherine Mathivat, propriétaire du Café Les Deux Magots et Étienne de Montety. ActuaLitté, CC BY-SA 2.0
DOSSIER - Le prix des Deux Magots : 90 années à “défricher le talent”
Paru le 04/01/2023
264 pages
Stock
20,50 €
Paru le 26/05/2022
289 pages
Editions Gallimard
8,70 €
Paru le 20/06/2019
258 pages
Editions Gallimard
8,10 €
Paru le 03/02/2005
338 pages
Librairie Académique Perrin
9,00 €
Commenter cet article