Les constellations du frangipanier

Rencontres / Débats - Samedi 20 septembre 2014 à 16h49 - A la librairie

Rencontre - débat avec pour son premier roman : (Stock)

C'est un roman qui se mérite, ne se laisse pas apprivoiser dès la première page, nécessite un peu de courage et d'endurance, exige de l'attention et parfois de la persévérance mais se révèle, au final, éblouissant et magistral, d'une puissance exceptionnelle et bouleversante.

Un chef d'œuvre, assurément, d'autant plus remarquable qu'il s'agit là du premier roman d', récompensé d'ailleurs par le National Critics Circle. Ne passez pas à côté, extirpez-le sans hésiter de l'amas  carrément indigeste de livres issus de la rentrée littéraire.

Atypique et rare, par son histoire comme par sa construction, il frappe l'esprit et le cœur, sort de l'ordinaire, déstabilise et empoigne, éblouit et meurtrit par son pittoresque et sa poésie comme par sa cruauté et sa tragédie.

Dans un petit village de Tchétchénie, marqué par une seconde guerre, une fillette de huit ans, Haava, orpheline de mère, s'enfuit avec son voisin et ami de la famille, Akhmed, après l'incendie de sa maison et l'enlèvement de son père par des soldats russes. "Son père était ses matins et ses soirs; il était son tout. Il faisait tant partie de son monde qu'elle ne pouvait pas plus décrire sa présence que celle de l'air qu'elle respirait [...] Son père était sa porte sur le monde ; il était l'ouverture unique  par laquelle elle voyait, entendait, ressentait."

Réfugiée dans un hôpital moribond (où trauma et maternité sont les deux seuls services encore ouverts), prise en charge par une femme médecin d'origine russe, Sonja, ("dernière survivante ou presque, d'une équipe de cinq cents personnes") et sous la bienveillance permanente d'Akhmed, Haava passe cinq jours dans une ambiance presque irréelle, comme en état de survie, sur fond de guerre et d'atrocités commises  dans un pays en ruines, en plein chaos, oscillant entre dérision et désespoir.

Cinq journées hallucinantes où le passé resurgit, s'immisce dans le présent, imbrique les destinées des personnages entre elles, fouillent leurs âmes, expriment toute la complexité humaine en temps de guerre, livrent avec force l'Histoire terrible de ce pays depuis l'occupation russe, sans jamais pour autant ôter à la fillette et aux personnages qui l'entourent, de l'humour et une grâce saisissante qui vous submerge.

Un livre en mouvement perpétuel, balloté entre deux guerres, où se racontent simultanément les vies douloureuses de plusieurs personnages, réunies progressivement, au fil des pages, en une constellation intensément réaliste et poétique, stupéfiante par  sa construction habile et assurée, parfaitement maîtrisée. Jamais le lecteur ne s'égare dans cette densité d'événements et de vies traversées.

A mesure que le roman progresse, la pression s'amplifie et l'émotion envahit profondément le lecteur ; les descriptions, de plus en plus noires et atroces, parfois insoutenables, si déchirantes, le pétrifient et le bouleversent jusqu'à la fin, soudainement plus légère ; comme un envol vers la résilience, une échappée emplie d'espoir qui apporte le réconfort nécessaire, calme soudain la respiration et apaise doucement le lecteur ébranlé.

C'est en effet le pire de la guerre que l'auteur dépeint,  celui qui affecte les civils innocents, "des victimes de l'absurdisme", celui des arrestations sommaires, de la délation, des tortures inimaginables, des mines antipersonnel, des déplacements de population, de la corruption et de la contrebande, de la faim et de la peur qui tenaillent, de la prostitution et de l'enfermement, de la barbarie humaine.

Mais entre ces entrelacs d'horreurs, où les rebelles sont parfois plus cruels que les soldats russes,  au cœur des ruines et de la pauvreté survivent des personnages presque improbables, à la fois extravagants, drôles et  émouvants, courageux et honnêtes, encore rêveurs, capables de s'extirper du désastre décrit, d'apporter de la joie et de la légèreté, de maintenir  à une certaine distance la folie guerrière et la mort et d'apporter au récit, de la fantaisie parfois, du cynisme et de l'absurde ; absolument salvateurs pour le lecteur.

Keynote oblige, Steve Jobs était fier de montrer son nouveau joujou, certes, mais également de parler de ses fonctionnalités. Bon, l'accès à l'iBookstore pour son téléphone est déjà connu, alors autant parler directement de la boutique elle-même... et du logiciel de lecture iBooks, qui va être mis à jour sous peu.

En effet, l'iPad, c'est la pure merveille, la révélation suprême, l'incarnation de Dieux sur Terre... etc. Mais en attendant, depuis avril, Steve Jobs explique que « cinq des six éditeurs nous disent que les ventes de leurs livres numériques sont à 22 % en ce moment » dues à Apple.

Alors attention : cinq des six, cela signifie simplement qu'un des six géants américains refuse encore le modèle d'Apple. Quant au 'dues à Apple', c'est plus que délicat de s'en assurer. Pour le moment, l'iPad fait son trou - et bien que l'on ne puisse pas décemment vous conseiller d'en acheter un, attendez plutôt la prochaine version - il est vrai que ce gadget inutile ne manque pas d'attraits...

L'iPhone 4 accédera donc à l'iBookstore, et sa mise en vente à compter du 24 juin placera donc sur le marché un nouvel appareil sur lequel espérer vendre des livres, des applications et ainsi de suite.

Après un petit bilan, 5 millions de livres numériques auraient été vendus via la plateforme iBookstore. On compte également 8500 applications dédiées à l'iPad, téléchargées à plus de 35 millions de reprises. Et plus de deux millions d'iPad vendus après deux mois de commercialisation... Soit 2,5 livres numériques par iPad...

iBooks : du PDF ezt de la synchro

L'autre nouveauté, donc, c'est la mise à jour d'iBooks, le logiciel qui imite les livres comme personne, mais pas si bien. En effet, désormais iBooks aura la possibilité de se synchroniser avec des appareils comme l'iPhone ou l'iPod Touch. On achète un livre sur l'iPad, et hop, on peut le lire sur ses autres périphériques.

Enfin, second point, le support du format PDF est désormais effectif via iBooks : la mise à jour se fera dans le courant du mois, et Jobs assure qu'avec celle-ci, tout le monde sera définitivement plus heureux.

Perseus Book Group devrait annoncer aujourd'hui la venue d'un nouveau service offrant aux petits éditeurs un accès simplifié au numérique, à travers Constellation. Lecteurs de livres électroniques, recherche dans des ebooks, Impression à la Demande, et choix des formats pour les ebooks, tous ces éléments coûteux pour une petite structure peuvent également court-circuiter un commerce.

Constellation offrira donc une aide précieuse en permettant de découvrir ces technologies et de disposer d'une rapidité d'exécution semblable à celle des grandes maisons. Amazon, par exemple propose déjà de rechercher des passages dans un livre, ou de lire quelques extraits : des outils que le libraire utilise au quotidien pour des milliers d'ouvrages. De même pour l'Impression à la Demande, qui permet de n'avoir plus de stock à gérer et de ne répondre qu'à une demande immédiate.

La croissance pour l'avenir passerait d'ailleurs par ces technologies nouvelles que Perseus veut mettre à disposition. Cet éditeur prévoit donc d'ouvrir ses portes à près de 300 maisons indépendantes. Constellation ouvrira aujourd'hui selon nos premières informations : l'éditeur fera parvenir son livre et précisera comment il souhaite qu'il soit utilisé.

Prévoir et anticiper le marché

Certes le marché de l'ebook décolle tout doucement, et quand des entreprises géantes ont déjà misé une grande partie de leur avenir sur ce point, « nous avons le sentiment qu'il y a urgence à ce sujet », déclare David Steinberg, président et directeur de Perseus. Car de grandes maisons ont déjà entamé la mutation, et que les indépendants risquent de rester sur le carreau.

« Le plus grand problème du livre, c'est sa disponibilité, savoir mesurer la quantité dont vous allez avoir besoin », explique Peter Osnos, membre de Perseus à travers PublicAffairs. « Ce que l'on aura maintenant, c'est le développement de cette capacité pour les éditeurs à produire des livres selon l'envie du consommateur. » Voilà qui ressemble très fort à une manière de contrer BookSurge...