J.-P. Flandrois

Cette année, nous en parlons depuis quelques jours, beaucoup d'enfants et d'adolescents ne pourront pas se rendre au Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Seine Saint-Denis, état d'urgence oblige. C'est-à-dire qu'aujourd'hui mercredi, jeudi et vendredi, les allées du salon verront beaucoup de professionnelles de la littérature jeunesse, mais assez peu de jeunesse, en tant que telle.

Ainsi la directrice, , qui a décidé de maintenir coute que coute le S.L.P.J a chargé les adultes de venir au salon pour que ceux-ci puissent acheter des livres aux enfants dans un appel lancé lundi pour qu'ils deviennent « les ambassadeurs des élèves qui ne pourront être là » et ainsi, comme le dit Apollinaire, « rallumer les étoiles ».

Les adultes sont donc les bienvenus et l'une de ces adultes, particulièrement bien venue au Salon du Livre jeunesse, est la ministre de la Culture, Fleur Pellerin. En effet, dés ce matin, la ministre devrait être présente dans les allées et a décidé conjointement avec le Centre National du Livre d'offrir au SLPJ, 2340 Chèque Lire® d'une valeur de 8 euros pour que les jeunes lecteurs dans le cadre scolaire aient accès aux livres, tout de même.

Vincent Monadé, le président du C.N.L, a choisi « dans cette période difficile, de réaffirmer notre soutien à la littérature jeunesse et à la lecture. Plus que jamais le livre est un antidote à la complexité du monde ».

Beaucoup d'auteurs vont, pendant ces trois jours, également se rendre dans les classes pour aller à la rencontre des élèves et ainsi déplacer des rencontres qui étaient prévues au salon.

S'ils ne peuvent pas venir aux livres, les livres viendront à eux…

de Seine Saint-Denis commence demain mercredi 2 décembre.

Quelques éditeurs seront absents (assez peu), quelques auteurs également (très peu sur la totalité), en revanche quelques nouveaux entrants dont le site Livres Accès, la boutique des livres pour tous (http://livres-acces.fr/) viennent pour la première fois au S.L.P.J.

Livres Accès est un peu le pendant du site Les Histoires Sans Fin, mais spécialisé dans les livres jeunesse « pour tous » et qui dit pour tous veut dire également pour les enfants en « en difficultés de lecture ou en situation de handicap ».

Virginie Brivady, la responsable du site sera présente sur le salon pour représenter cette toute petite part de l'édition jeunesse et pourtant si importante. Plusieurs petites maisons d'édition seront donc présente par l'intermédiaire du site.  

- Écoute mes Histoires / Albums en braille et gros caractères
- Faleac et Yvelinédition / Romans en "Facile à lire et à comprendre"
- La Poule qui Pond / Albums en syllabation pour dyslexiques et en braille
- Mes Mains en Or / Albums en braille, tactiles et gros caractères
- Miroir aux Troubles / Albums avec écriture adaptée pour dyslexiques
- Mobidys / E-books pour enfants en difficulté de lecture
- Monica Companys / Albums en LSF (ndlr : Langue des signes française)
- Rêve aux Lettres / Lecture et écriture par le jeu
- Signes de Sens / Albums avec DVD en LSF et mimes
- Tom Pousse / Livres spécialisés dans la pédagogie, les troubles des apprentissages et de la cognition
- Tous Lire / Ebooks pour enfants en difficulté de lecture

« L'idée est de représenter plusieurs handicaps et surtout montrer que ces livres sont accessible à tous, handicap ou non » explique Virginie Brivady.

Elle ajoutait il y a quelques mois à nos amis d'Actualitté : « J'insiste sur le fait que ces livres s'adressent à tous. Par exemple, dans une famille qui a trois enfants, dont un qui est aveugle, les frères et sœurs pourront lire l'ouvrage à leur frère et/ou sœur grâce aux caractères et images tactiles, ou encore l'enfant peut lui-même raconter l'histoire à ses frères et sœurs ».

Aujourd'hui encore, et l'on comprend mieux l'utilité de ce site, 93% de l'offre éditoriale est encore inaccessibles aux personnes en situation de handicap et c'est depuis 2012 que Virginie Brivady se bat pour le faire comprendre. Depuis quelques mois, le site est également pourvu d'une libraire en ligne où l'on peut commander en ligne les livres introuvables en librairie.

C'est un véritable site d'intérêt public. Beaucoup de parents suivent déjà les chroniques livres jeunesse de Virginie sur Vivre FM, la radio du Handicap et l'on ne peut que vous conseiller de venir là rencontrer sur le stand B29 du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse.

Projet présidentiel depuis 2014, La France s'engage tend à mettre en avant différents projets de société innovants « ayant une utilité sociale, portées par des associations, des fondations et des entreprises ».

Après la première édition qui voyait adouber l'association du Labo des Histoires pour laquelle notre site, Les Histoires sans fin, est très proche, c'est au tour du projet « Des livres à soi » conduit par le Salon du livre et de la presse jeunesse de Seine Saint-Denis d'être mis en lumière et soutenu, depuis ce matin à L'Élysée, d'un point de vue national.

Selon le site du projet, le projet « Des livres à soi, » s'adresse aux parents en situation d'analphabétisme, d'illettrisme ou en difficulté de maitrise de notre langue. Il vise à leur apporter la confiance, la connaissance et les outils nécessaires pour s'approprier, malgré ces difficultés, les livres destinés à leurs enfants, les leur lire ou raconter. Il les invite à faire du livre un objet de partage, un temps de plaisir et de dialogue avec leurs enfants, notamment les plus jeunes. Il les aide à constituer une bibliothèque familiale.

Plusieurs façons de partager les livres avec les parents non lecteurs sont prévus, comme les ateliers de familiarisation du livre, les dotations des familles en Chèques lire ainsi qu'un accompagnement en librairie pour choisir et acheter des livres et bien d'autres moyens.

Ci-dessous , présente le projet :

Des livres à soi from La France s'engage on Vimeo.

Le projet a déjà été expérimenté avec succès à Clichy-sous-Bois et d'autres « territoires de la Seine Saint-Denis » et s'apprête depuis quelques mois à s'étendre à l'échelle nationale.

France 3 Paris Ile-de-France était venue faire un reportage sur le sujet…

Faustine est une adolescente de 15 ans comme les autres. Elle vit depuis le divorce de ses parents avec sa mère, son beau-père Ivan – un grand fan de musique des années 70-80 – et Mat, le fils de ce dernier, avec qui elle entretient des relations que l'on peut qualifier d'inexistantes (mais qui vont prendre une nouvelle tournure quand Mat tombera amoureux). Au lycée, il y a les deux super copines, Élodie et Mina, les copains, Quentin et Zyed, et surtout le beau Jo, dont elle est éperdument amoureuse. Mais il sort avec le cauchemar de toutes les filles : une « blonde, grande et incroyablement mince ».

Heureusement, pour s'évader du quotidien, Faustine a l'écriture : elle écrit des slams, sans que personne ne le sache, même pas ses deux meilleures amies. Jusqu'au jour où elle fait un pacte avec Niilam : son talent en échange de l'amour de Jo. Mais était-ce vraiment nécessaire pour conquérir son grand amour ?

Au début de , on se dit : « Oh non ! encore un livre sur les déboires sentimentaux d'une adolescente ! ». Puis une touche de mystère fait son apparition : qui est ce chien au rire démoniaque ? Il est vrai que le prénom de notre héroïne aurait dû nous mettre sur la piste : avec un tel prénom, n'est-elle pas prédestinée à vendre son âme au diable ?

Car c'est bien le diable qui se cache derrière ce beau chien et Niilam (le Malin à l'envers, comme l'auront compris les plus perspicaces d'entre vous), cette magnifique rousse qui croise régulièrement la route de Faustine. Ce texte de Fanny Abadie est un joli roman sur l'adolescence ponctué de slams et de références musicales.

Peut-on raconter en BD l'histoire d'une ado qui sent qu'on lui a assigné à la naissance une case qui n'est pas la sienne ? Au cours de sa dernière année de lycée, P. choisit de sortir des rails tout tracés, de coucher avec des mecs, de porter la jupe, de vivre selon ses envies plutôt que selon les injonctions des autres.

Et pourtant, elle déteste son corps, elle déteste la façon dont les autres la traite, elle déteste la façon dont elle se traite. Elle en parle à son psy, à ses copines, jusqu'à finir par avancer vers une forme d'acceptation, qui n'a rien à voir avec la résignation.

Le dessin de Fumettibrutti paraît approximatif au premier coup d'œil, parce qu'il tient plus de l'esquisse que de la ligne claire léchée, mais il colle assez bien au propos, à la brutalité de cette adolescence trash et crue, à la violence de ces rapports sexuels qui font plus souvent naître la honte que le plaisir. Bref, des traits bruts, mais d'un sincérité sans fard.

Et un jaune monochrome sur presque toutes les pages, sauf certaines planches où la couleur de la banane cède la place à celle de la prune oud e l'aubergine (pour rester au rayon fruits et légumes).

Ce livre (traduit de l'italien par Laurent Lombard) et publié en français par les éditions Massot dépeint sans filtre les cahots qui secouent la route d'une ado délaisse son genre de naissance pour rejoindre l'autre. Le parcours de la transidentité n'est pas de tout repos dans l'Italie encore très machiste et, comme la plupart des sociétés, peu préparée à accepter les individus qui s'écartent des normes.

En bref : un roman graphique faussement naïf, mais fort et brutal. Mon adolescence trans est un album à recommander aux médiathèques qui souhaitent aider les ados en mal de repères et de modèles à trouver leur voie, et à identifier bon nombre d'obstacles pénibles à surmonter.

Qui peut adorer la mort ? Ce ne peut être qu'un démon, un être venu des profondeurs de l'Enfer, qui peut s'exclamer ainsi. Et en effet Clémence découvre soudainement qu'elle n'est pas une humaine. Tout commence lors d'un coma éthylique un soir de beuverie. En réalité, une éternité avant cette soirée, Clémence naît dans un monde entouré par les flammes.
Reprenons dans l'ordre. Clémence est une démone. Aujourd'hui, elle se retrouve dans le corps d'une adolescente obèse au visage ravagé par l'acné. Et en ce moment, elle raconte son histoire à un journaliste bien étonné – et effrayé – d'entendre son étrange récit.
Ce roman est captivant ! Qui n'a jamais rêvé d'être doté de pouvoirs ? Et qui, au fond, n'a jamais souhaité pouvoir faire exploser la tête d'une personne détestée ? Chacun pense quelquefois à faire le Mal et Clémence assouvit pour nous toutes nos pulsions. Les scènes sont irrésistibles : certains seront peut-être effrayés, d'autres se réjouiront. Quoiqu'il en soit, les descriptions gores des péripéties, prises au second degré, sont à savourer car elles procurent une indéniable délectation.
Ce roman est, en plus, très bien écrit : les phrases sont magnifiquement orchestrées, la construction de l'histoire est très travaillée et les figures de style sont nombreuses. Chaque lecteur trouvera en plus des références cachées dans le texte ! Avis de chercheurs de symbolique, ce texte fourmille de détails à décrypter.
Nous vous souhaitons à tous la plus inquiétante et captivante des lectures ! Espérons que pendant que vous vous torturerez l'esprit, un être du Mal ne viendra pas faire de même avec votre corps...