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Sciences politiques

Rapport contre la normalité

Les manifestations très agressives autour du " mariage pour tous " auront révélé la profonde homophobie d'une bonne partie de la population française. L'assez nette distribution des partis politiques concernant ce projet de loi a remis en évidence une relation très forte entre sexualité et politique. En 1971, cette évidence n'en était pas une. Il faut imaginer une France beaucoup plus archaïque dans ce domaine, beaucoup plus homogène et moins diversifiée dans la représentation qu'on lui impose et qu'elle se doit de donner d'elle-même. Mai 68 fut l'expression d'un refus collectif de cette paralysie organisée de l'imagination : cette société était plus diverse qu'on ne le lui donnait à penser. Très vite, des voix féministes puis homosexuelles se lèvent pour ne pas laisser la 'réalisation de leur espoir de libération (la Révolution) aux seuls hommes hétérosexuels. C'est le cas du Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire dont voici le manifeste très inspiré par le mouvement " provocateur," de l'Internationale situationniste créé par Guy Debord. Ce mouvement proposait une stratégie qui avait tout pour plaire aux futurs gays exacerbés : interventions spectaculaires, détournement d'oeuvres artistiques, souvent érotiques, politisation générale et inversions épistémologiques. On retrouvera la même veine dans les six numéros de la revue Le Fléau social (1972-1974) dirigée par Alain Fleig (groupe 5 du FHAR) ainsi que dans celui de la revue Recherches de mars 1973 intitulé " Trois Milliards de Pervers - Grande encyclopédie des Homosexualités ". Près de 40 ans plus tard, la réédition de ce texte devenait éminemment utile et nécessaire. Il peut en effet, recontextualisé, servir l'histoire des mouvements queers préoccupés d'hégémonie, d'impérialisme, de luttes de classes, de genre et de sexualité, d'hétérosexisme, d'immigration, d'homonationalisme, d'intersectionnalité en résumé, mais aussi de plaisir et de sexe : une approche que le FHAR désignait alors comme une " conception homosexuelle du monde ".

06/2013

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Sociologie

Fille à pédés

Lola Miesseroff n'avait que 18 ans en 1966 lorsqu'elle s'entendit asséner ce qui devint une évidence : elle aimait vraiment beaucoup se lier d'amitié avec les hommes qui préfèrent les hommes et ceux-ci le lui rendaient bien. Une enfance dégenrée, une éducation naturiste et libertaire, un milieu familial socialement en marge l'avaient sans doute bien préparée à ce destin un peu particulier. Des années 1950 à nos jours en passant par Mai 68, de Marseille à Paris via San Francisco, des boîtes de nuit au mariage homogenré en passant par le Front homosexuel d'action révolutionnaire (FHAR), c'est son aventure picaresque et bigarrée qu'elle conte dans ce récit de vie où l'on rencontre des femmes et des hommes singuliers, homo, hétéro et bisexuels, folles et garçonnes, travestis et transgenres.

11/2019

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Littérature française

Les deux petits chevreaux

Le roman se situe dans les années 1970 après les événements de mai 1968 et avant l'avènement du SIDA. Le héros, Jean-Jacques, médecin de campagne évoluant dans un milieu bourgeois, a du mal à assumer son homosexualité. Le passé est omniprésent dans ses souvenirs lancinants, qui l'empêchent de prendre son envol. Il aspirerait à une vie de couple calme et tranquille au sein d'un milieu rural ; mais à l'époque la notion de couple homosexuel consacré officiellement par un contrat, même comme le PACS n'est pas envisageable. Le FHAR propose une véritable révolution politique par le biais de l'homosexualité à la suite de mai 1968. Or, Jean-Jacques est tout sauf un révolutionnaire ; c'est un "tendre" éloigné de toutes ces intrigues. Le roman le suit donc essayant de se débarrasser de son passé, alors que le présent n'arrive pas à le combler. Le héros semble être malheureux d'être en avance sur son temps.

04/2012

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Critique littéraire

Cité Champagne, Esc. i, appt. 289, 95-Argenteuil. Editions Champ Libre, Tome 1 (1968-1971)

Juste après 68, la révolution parut soudainement à portée de main. Sur la manière d'y parvenir, chacun avait sa théorie, mais, dans la pratique, tous voulaient vivre sans temps morts. Plus question de changer le monde sans se changer soi-même. Ni de croupir derrière la vitre en attendant les lendemains qui chantent. Dès lors que ça craquait partout, plus rien n'était impossible. C'est dans ce climat d'exaltation que Gérard Guégan, chômeur porté sur le romanesque, et Gérard Lebovici, riche imprésario rêvant de damer le pion à Gallimard, envisagèrent de créer avec les Editions Champ Libre le cheval de Troie d'où surgiraient les nouvelles âmes sensibles, seules capables d'incendier le Vieux Monde. Il s'agissait ni plus ni moins de produire des livres qui, en plus de refléter le fond de l'air, attenteraient, dans la forme que leur imaginerait Alain Le Saux, au goût dominant. Cité Champagne n'est donc pas un de ces essais historiques, où le vivant embaumé suinte l'ennui, mais une sorte de traversée du miroir ressuscitant, avec allégresse, un passé que ni la mort ni la trahison n'avaient encore réduit en cendres. Un passé où Archie Shepp, Jim Morrison, Reiser, George Romero, Janis Joplin faisaient cause commune avec le Black Power, les 343 avorteuses, les Weathermen, le Fhar. Un passé que les Editions Champ Libre incarnèrent au plus près de la chair. Cité Champagne sera suivi de 40, rue de la Montagne Sainte-Geneviève (1972-1974).

04/2006

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Sociologie

Vingt ans et après. Suivi de Letzlove, l'anagramme d'une rencontre

En 1978 paraît aux éditions Grasset, dans la collection " Enjeux " de Claude Mauriac, Vingt ans et après, un livre d'entretiens - enregistrés sur cassettes et retranscrits par Mireille Davidovici - entre un parfait inconnu d'un peu plus de vingt ans, Thierry Voeltzel, et un grand philosophe qui avait alors tenu à garder l'anonymat : Michel Foucault - passer son nom sous silence était alors un geste éditorial audacieux. Le dialogue, organisé de façon thématique, est une conversation informée et vivante. Il révèle la richesse de paroles et de vie des années 70, dix ans après Mai 68, moment intense de mutation de la jeunesse, notamment concernant la sexualité, les drogues, la famille, le travail, la religion, la musique, les lectures... et la révolution. On en apprendra beaucoup sur les débuts du FHAR (Front homosexuel d'action révolutionnaire), puis du groupe Antinorm-Sexpol, ainsi que sur l'investissement des maoïstes dans les entreprises (ici à l'hôpital) et en général sur l'existence de ce Thierry que Foucault appelait volontiers " le Garçon de Vingt ans ". Si nous rééditons ce document à l'identique, c'est qu'il constitue aujourd'hui un témoignage extrêmement original sur cette époque. Mais c'est dans la postface inédite d'une douzaine de pages que nous apprendrons les circonstances de la rencontre de l'auto-stoppeur Thierry Voeltzel avec Michel Foucault l'été 1975. Leur intense amitié les conduira à concevoir ce livre (1978), à faire deux voyages d'études et enquêtes dans l'Iran révolutionnaire (septembre et novembre 1978) et à participer ensemble aux débuts du magazine Gai Pied (avril 1979). Pour célébrer d'une façon originale les quarante ans de la disparition du philosophe, il nous a semblé judicieux de remettre en circulation cette face cachée de l'oeuvre foucaldienne, souvent citée par Mathieu Lindon ou Didier Eribon. L'intérêt de ce livre devenu introuvable réside tout autant dans le vécu hors norme du jeune Thierry Voeltzel que dans le portrait en creux d'un grand penseur en plein exercice de sa passion savante.

10/2014

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