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9782385120276

Extraits

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Littérature française

Mes amis

Premier roman d'Emmanuel Bove, alors encouragé par Colette et lauréat du Prix Figuière, "Mes amis" rend parfaitement le style de l'auteur. Une écriture "blanche" dénuée de volonté romanesque, au sens où l'on ne peut trouver le moindre cheminement narratif ou tout autre fil conducteur du même ordre, préfigure déjà certains auteurs du Nouveau Roman et même Michel Houellebecq. "Mes amis" est une série de portraits encadrée par deux descriptions narrant la morne vie de Victor Bâton, un simple quidam passant ses journées à ne rien faire. Il aimerait cependant trouver un grand ami, mais toutes ses tentatives en ce sens échouent lamentablement. Chaque "ami" approché est un personnage que l'on retrouvera dans les futures fictions de Bove, ainsi par exemple la femme trop vieille sans amour ou ce monsieur Lacaze, véritable voyeur social qui se nourrit du désespoir de ses contemporains. Mais au sein de cet univers caractérisé par le mal de vivre, l'inaptitude au bonheur et une angoisse diffuse, c'est le regard appliqué que Victor Bâton porte sur les choses, cet acuité du détail cruel ou cocasse d'une condition sans envergure qui font l'inconfortable lucidité du roman. Le monde est perçu dans sa petitesse, mais sans colère, sans révolte, plutôt avec une sorte d'humour détaché, comme si à travers les phrases courtes et les constructions verbales simples, celui-ci ne méritait déjà plus qu'on s'élève contre lui. A la lecture de "Mes amis", on comprend mieux l'impossibilité d'avoir des amis et de trouver une grandeur romanesque à la vie.

10/2023

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Généralités

Mes amis

Victor Bâton vit seul, dans une chambre de bonne miteuse, avec pour unique revenu une pension d'invalidité. Traîne-savates, il erre chaque jour dans Paris dans l'espoir de faire de nouvelles rencontres. La ville le renvoie à son extrême solitude, et agit en même temps comme une ouate protectrice. Mais chaque tentative de lier une relation est un échec. Et pour cause. Obnubilé par sa quête impatiente d'amitié, il fausse tout rapport, et projette sur ceux qu'il croise sa propre mesquinerie. Dans un style faussement simple, avec un "sens du détail touchant" selon Beckett, Emmanuel Bove dessine le portrait de cet antihéros agaçant autant que fascinant, et dépeint par touches, d'une précision extrême, la misère solitaire, le quotidien, l'absurdité de la condition humaine. D'une grande modernité à sa parution en 1924, ce texte, très salué à l'époque, a influencé beaucoup de nos contemporains.