Ecrits
On a souvent désiré voir en Napoléon un primaire. Cela est
faux. Il a reçu, à Brienne, puis à l'Ecole Militaire de Paris une
instruction assez complète, avec des lacunes : quelle
instruction n'en a pas ? Quand il entre au régiment de La Fère,
il sait à peu près, en tenant compte de la diversité des temps,
ce que sait un jeunes de Saint-Cyr. Mais c'est lui alors qui,
dans les loisirs de sa première garnison, Valence, loisirs
augmentés par son isolement et sa pauvreté, s'aperçoit qu'il ne
sait pas grand'chose. Pendant cinq ans, il ne cesse de lire,
d'annoter, de remplir ses cahiers de son griffonnage. Il refait
son instruction entière. Sa mémoire sans égale retient tout,
dans le plus étonnant détail. Cette passion de lecture durera sa
vie entière. Tout lui sera bon : histoire, science militaire,
romans, poésie, théâtre, philosophie, études religieuses,
rapports administratifs, législation… Dans son cabinet des
Tuileries, dans chaque déplacement, à l'armée même, plus tard
en exil, il lira toujours. Un savoir immense se logera peu à peu
dans sa tête ordonnée et méthodique. Napoléon deviendra
ainsi l'un des hommes les plus instruits, les plus cultivés de
son siècle.
01/2012