Woolf le chien qui savait lire

Les possesseurs de Kindle ont fait entendre leur colère : des livres numériques à plus de 9,99 $, c'est trop cher. Oui, mais voilà, Amazon les a habitués à ce tarif pour une grande majorité des livres, alors forcément quand un ebook est vendu 15 $, on n'y croit pas. Certains lecteurs laissent des messages à leur auteur : soit le prix baisse, soit je n'achète pas ce livre.

Avec un tarif de livre en première édition de 26 €, forcément, on n'est pas d'accord pour payer un prix qui semble psychologiquement trop élevé. Sauf que le marchand lui-même estime perdre de l'argent en achetant le livre à 13 $ et en le vendant à 9,99 $. Et peu de chances qu'Amazon assume des pertes ad vitam aeternam.

D'autre part, il n'est pas le seul vendeur sur la place et d'autres, comme Sony propose des titres à 11,99 $ en moyenne pour le Reader. Mais ce qui inquiète les éditeurs, c'est la démocratisation des ebooks : aujourd'hui, Amazon clame que 35 % des ventes vont vers le livre numérique, quand les deux produits sont disponibles.

Les éditeurs plaident pour un prix semblable au papier

Et les éditeurs tendraient plutôt à faire remonter le tarif des livres numériques, comme le dit Carolyn Reidy, de Simon and Schuster : « L'idée qu'un livre, parce qu'il serait sous la forme d'un fichier numérique, devrait obligatoirement être facturé significativement moins cher que la version papier ne nous convient pas. Ce que le consommateur achète, c'est le contenu, pas le format. »

Pan dans les gencives, cocotte : justement, ce qui te coûte cher dans la vente de ton livre papier, c'est encore une fois sa distribution, sa diffusion, son libraire - vive la librairie indépendante ! - et son retour... Pour l'ebook, faudrait pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages...

Glenn au secours, ils sont fous

Et sur ce point, on se référera à l'opinion de Glenn Yeffeth, éditeur dont le sens des affaires n'a de meilleure représentation que la vente de livres aux revenus très attractifs. Il explique tout dans son blog, et attention les yeux. Il tendrait presque à nous convaincre. Il prend deux exemples concrets, qu'il serait bon de ne jamais oublier.

Pour un livre imprimé à 12,50 $ voilà son découpage

Mais bien sûr, ce restant va impliquer les services de presse, le paiement de ses employés la publicité, les frais de commercialisation... etc. Allez, même chose avec un ebook, vendu au même tarif.

D'autres questions ? « Il y aurait moyen de vraiment ergoter avec les chiffres, mais l'idée que le livre numérique soit vendu au même prix que le papier est clairement ridicule. »

Dont acte...

Si ActuaLitté peut s'enorgueillir d'avoir lancé le concept Un livre un vin, la librairie, elle, continue de se faire la fête avec une 11e édition qui débutera le 25 avril prochain. La librairie des Abesses toujours à l'initiative de cette manifestation va de nouveau englober 400 autres boutiques indépendantes.

Et cette année, les librairies participant à cette manifestation offriront à leur client une rose, dans le cadre de l'opération Un livre, une rose. Copieurs...

Directement inspirés de la tradition catalane de la San Jordi, que vous pourrez aller fêter le 23 avril, livres et roses représentaient sous Franco des actes de résistances, que l'on s'offrait pour marquer sa désapprobation à l'égard du régime. Accessoirement, Jordi, ou George, est aussi le pourfendeur de dragons, à qui une princesse qu'il venait de sauver des flammes offrit un livre. Du sang de la bête massacrée - que la SPA nous pardonne - un rosier jaillit.

« En 1926, la Chambre des Libraires de Barcelone désignait le 23 avril comme Jour du Livre. Cette date est également la date anniversaire de la mort de Cervantes, de Shakespeare et de l'Inca Garcilaso de la Vega tous les trois disparus, le même jour de la même année, en 1616. Sous le régime de Franco, c’était la seule manifestation où écrivains et intellectuels pouvaient défendre leur liberté d’expression avec un livre et une rose. »

Voilà pour la petite histoire...

En partenariat cette année avec la revue XXI, qui consacre un numéro Hors-Série spécial, 400 auteurs seront également de la fête pour témoigner de la diversité éditoriale. Histoires de livres a été réalisé spécialement pour cette manifestation, tiré à 10 000 exemplaires, il sera remis par les libraires à leurs clients. Au fil des 60 pages, on trouvera divers reportages sur les mondes du livre.

Quant aux libraires associés, en voilà quelques-uns et la liste complète sur cette page :

AUVERGNE

BASSE NORMANDIE

NORD-PAS-DE-CALAIS

PAYS DE LOIRE

PICARDIE

POITOU CHARENTE

RHONE-ALPES

Lecteurs autant qu'éditeur se familiarisent chaque jour un peu plus avec un avenir numérique, et les ventes, confirmées par les statistiques de l'Association of American Publishers, qui auraient augmenté de 73 % en octobre, en regard de l'an passé, semblent plus confortées dans une optique de croissance que celle du papier, qui aurait diminué de 23 %.

Et après tout, c'est presque un pléonasme, les enfants sont bien plus impliqués dans le monde technologique et pour certains éditeurs, il s'en trouve sûrement pour apprécier bien plus la lecture d'un livre sur un écran d'ordinateur que sur un livre papier.

Voilà pourquoi on avance à grands pas dans le domaine jeunesse, que ce soit outre-Atlantique, ou même en France avec l'offre récente de Fnac/Cyberlibris. Pour tous, c'est un nouveau moyen, qui répond à la demande du marché et qui procurera un nouvel apport financier, tout en économisant sur d'autres éléments, comme la coûteuse impression ou la distribution des livres. Bien évidemment, d'autres coûts s'y substitueront, mais pour l'heure, on vise l'avenir.

Explorer le secteur, encore

De même, les campagnes promotionnelles sont un peu plus simples à pratiquer : on propose un extrait à télécharger ou alors à lire en ligne et voilà que tout se simplifie grandement. Avec même quelques DRM, on peut se prémunir contre le piratage desdits extraits. « Nous ne pouvons pas ignorer que les enfants passent plus de temps sur Internet — nous devons utiliser le net pour leur faire savoir qu'il s'y trouve beaucoup de contenu », explique Chip Flaherty, de Walden Media.

L'interaction avec les livres devient également une course vers une autre forme de littérature. Nous avions pu découvrir le phénomène Cathy's Book, mais d'autres comme 39 Clues ont fait leur apparition, mais reste que des études tendent à montrer que l'on apprend moins devant un écran à lire un livre électronique.

Moins d'attention, moins d'imaginaire ?

« Nous devrions nous montrer attentifs à ce que les médias électroniques ne se substituent pas aux formats papier », commente Kathy Hirsh-Pasek, professeur de psychologie à l'Université de Temple. Fixer l'écran pourrait nuire à l'imaginaire ? En tout cas, estime-t-elle, cela pose problème en ce qu'ils n'explorent pas un imaginaire de la même manière.

Pourtant, les éditeurs estiment que ces procédés attirent l'attention sur des ouvrages qui n'en auraient pas recueilli. Et si pour l'heure, l'éditeur Houghton Mifflin voit que ce secteur représente 1 % de son chiffre, il pourrait facilement monter à 10 % d'ici à cinq ans.

Hier, Hervé Gaymard présentait ainsi en réunion plénière au Conseil du livre, ce fameux « Parlement du livre », les réflexions du groupe de travail portant sur le rapport Patino. Comment le mettre en oeuvre, dans quelles conditions... trois grands axes ont été dégagés, dans une synthèse que Christine Albanel a ainsi présentée.

Tout d'abord, il s'agit d'assurer au lecteur une lecture confortable dans le respect des ayants droits. Pour ce faire, on préconise l'adoption de formats ainsi qu'un système de gestion des droits interopérables. Donc des DRM.

Pour ce faire, une liste de consignes techniques sera mise en place pour simplifier le passage à l'ère numérique des éditeurs et imprimeurs. Dans ce cadre, un membre représentant l'ensemble des professions du livre - bon courage - et choisi par elles, se rapprochera des accords Olivennes et du projet de loi Création et Internet, dont on avait écarté la profession, afin d'élaborer ce guide.

Rapprocher les bases de données

Second point, touchant aux bases de données, il s'agit de « faire adopter la norme Onix de transmission de données à tous les maillons de la chaîne du livre », rapporte LivresHebdo.

En tentant de rendre plus rapidement accessible l'interopérabilité entre les bases de données, et les rapprochant les unes des autres, on souhaite une continuité. Electre sera mis en avant - on n'en doutait pas - à travers des modes de financement, qui permettraient de ne léser personne tout au long du fil de distribution du livre numérique.

Le prix du livre numérique

Enfin, le point essentiel pour le client : favoriser une offre légale financièrement intéressante. Cette mesure rompt donc avec la loi Lang sur le prix unique, qui ne sera donc pas appliquée à l'ebook. Ainsi, il faut que ce dernier « passe par une offre d’ouvrages accrue et diversifiée ainsi que par une réduction significative du prix par rapport à celui du livre papier : 30 % du prix TTC ».

Les ayants droit resteront toutefois maîtres dans le choix du prix des livres. Pour parvenir à cette diminution dérisoire, on évoque une TVA à taux réduit, à laquelle on ne parviendra toutefois « qu'à moyen terme ».

Il ne sera pas dit que cette année les sciences et le savoir seront mis de côté au Salon du Livre de Paris, avec le programme Évolution, Révolution : Les sciences en ébullition. On y retrouvera un programme très intéressant axé sur l'Homme, l'univers et Dieu. Et ce ne sera pas une mais deux (voire trois) dates importantes que l'on célébrera.

Tout d'abord, un petit tour du côté des étoiles avec le 400e anniversaire de la première utilisation de la lunette astronomique de Galilée. Pour l'occasion, le Salon du Livre plongera ses visiteurs dans l'immensité insondable de l'univers. Parcours initiatique, exposition des plus belles galaxies et nébuleuses observées, exposition des « représentations ancestrales du ciel », livres, contes et lectures poétiques seront au programme. Après tout 2009, est l'année de l'astronomie.

Les visiteurs pourront aussi se rendre au Lecteur Studio de la SNCF pour entendre Jean-Pierre Luminet, astrophysicien et auteur d’Oeil de Galilée, lire un passage de son livre. Durant les nocturnes, « des morceaux d'orgues de Kepler, Herschel ou de Galilée père, présentés par le chef d’orchestre de 'l’Harmonie des sphères'» rythmeront les pas des bibliophiles.

Darwin et Dieu

Mais revenons sur Terre pour nous intéresser à l'Homme et à son évolution à l'occasion du bicentenaire de la naissance de Charles Darwin mais aussi des 150 ans de la parution de son incontournable De l'origine des espèces. En ces temps de recrudescence de créationnisme, ça ne fera pas de mal de réviser ses classiques avec la théorie de Darwin. Est-elle vraiment incompatible avec la croyance en un dieu ?

Une rencontre est notamment prévue le vendredi 13 mars sur le sujet « Darwin, l'Homme, le singe et Dieu dans tout ça ! ». Les intervenants seront Jacques Arnoud (philosophe, historicien des sciences et théologien), Pascal Picq (paléoanthropologue dont le questionnement est « qu'est-ce que l'humain ? »), Jean-Claude Ameisen (Chercheur en biologie, médecin et immunologiste) et François Euve (jésuite, physicien de formation et docteur en théologie qui s'est notamment penché sur la question Darwin et Dieu). Cela promet un beau débat !

Et ceux qui voudraient poursuivre ce débat avec des hommes de religion pourront les rencontrer sur un stand car pour la première fois au Salon du Livre un stand réunira des éditeurs catholiques et protestants.

Croisement des savoirs et nouvelles technologies

Lorsque l'on parle d'évolution et de savoir, on ne peut pas passer à côté de l'évolution des technologies donnant accès au savoir. Le bar des sciences et la plate-forme Lectures de dem@in vous permettront de faire le point sur « Gallica 2, Persée, Cairn, WizWiz, Association de professeurs Sesamath, Weblettres, Clionautes, Documentation française, RMN , Promethean ». Bien sûr les stands des éditeurs seront aussi l'occasion d'échanger sur ces nouvelles façons d'apprendre. On pensera notamment à Larousse et à son encyclopédie en ligne.

Les autres sciences seront bien entendu représentées, et permettront à chacun de voir les différentes sources du savoir se croiser. « Dans quel autre endroit que le Salon, le sociologue pourrait aussi facilement dialoguer avec le physicien, le mathématicien, l’économiste ou l’historien ?
Le Salon est le lieu de toutes les rencontres et de toutes les sciences ».

Voilà quelques semaines, Vivre livre faisait parler de son initiative : des sacs en papier kraft, réutilisables, recyclés à l'effigie du personnage SuperLibraire. Et déjà cela faisait du buzz, comme on le dit souvent : « Au départ, on n'avait prévu cela que pour les professionnels, et finalement on a des retours des particuliers, c'est assez drôle ! »

Eh bien nous y voici et actualité du livre oblige, un modèle assez vindicatif, et prêt à défendre ce en quoi il croit, quitte à boxer pour cela sera prochainement disponible à la fabrication. De même, un sac écolo-rigolo, très développement durable du livre dans le monde l'accompagnera. Enfin, signalons aussi l'arrivée du sac en tissu, couleur kraft lui aussi (40Lx30H cm avec soufflets de 15 cm, contenance de 7 à 8 livres).

D'autant que l'on n'oublie pas les anciens pour autant. « Les trois modèles de la précédente collection ont très bien marché, alors nous avons décidé de les proposer de nouveau à la fabrication. » Généralement, nous explique-t-on, Vivre livre proposait 7/8 modèles, mais seuls 2/3 remportaient l'engouement général. « Cette fois-ci, nous n'en avons proposé que deux. » Et ce sont les 200 libraires de France qui seront ravis de cette nouvelle. Et peut-être même ceux qui sont en Angleterre...

Pour l'anecdote, suite à l'engouement d'avril dernier, l'Alliance française, un ensemble d'écoles destinées à enseigner le français un peu partout dans le monde, les avait contactés. C'était la section des Pays-Bas, qui souhaitait passer une commande. « On n'y croyait pas ! »

Au cours de la conférence qui se tenait à Alexandrie, et durant laquelle Wikipédia a annoncé son intention de mieux contrôler le système de modification des articles, on est revenu sur cette fameuse version de l'encyclopédie que Bertelsmann doit publier en imprimé : le premier livre qui compte autant d'auteurs : environ 90.000.

L'éditeur allemand avait en effet projeté de diffuser quelque 25.000 des 760.000 articles que compte l'encyclopédie dans une version papier. On y trouvera des articles brefs, de quelques paragraphes, et des illustrations, bien sûr.

Prévue pour septembre pour 19,95 €, des extraits de cette version présentant la lettre K ont été diffusés durant la conférence. Entre autres entrées, Theodore Kaczynski, plus connu sous le pseudo de Unabomber, ou encore le Longish Kaffee et un mot sur Frida Kahlo, peintre.

Selon Wikipédia Allemagne, une mention sera bel et bien apposée en fin de volume pour citer le voire les contributeurs ayant participé à la rédaction de chaque article mentionné. En tout, 27 pages de crédits et de remerciements, parmi lesquelles, Mathais Schindler a trouvé le sien « en une demi-minute ». Selon lui, l'éditeur prend toutes les précautions pour respecter la licence d'utilisation de Wikipédia.

À ce titre, pour mentionner le nom dans le titre "The One-Volume Wikipédia Encyclopédia", Bertelsmann paierait un euro par exemplaire, pour un premier tirage de 20.000. Une information que personne n'a commentée dans les rangs de l'éditeur.