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Littérature française (poches)

Le Tutu. 4e édition

"Le roman le plus mystérieux du XIXe siècle." Tous les personnages du Tutu sont des excentriques, des extravagants, voire des monstres - au sens propre du mot. Le premier d'entre eux, Mauri de Noirof, épouse une riche héritière obèse et portée sur la boisson, engrosse une femme à deux têtes qui s'exhibait dans les cirques, devient député, ministre de la Justice, et se livre en compagnie de sa mère à des orgies de débris anatomiques. Imprimé à Paris par Léon Genonceaux (alors éditeur de Rimbaud et de Lautréamont), découvert par Pascal Pia qui en révéla l'existence dans un article de la Quinzaine Littéraire en 1966 : Le Tutu n'a été rendu public qu'en 1991, par les Editions Tristram, provoquant émoi et sidération chez nombre de critiques et lecteurs. Si l'absence d'un auteur clairement identifié et la surprenante modernité de l'écriture - qui annonce Jarry, Queneau, le Surréalisme - ont pu faire soupçonner à certains une supercherie, l'authenticité de ce chef-d'oeuvre est aujourd'hui établie de manière irréfutable. Complétant cette édition définitive du Tutu, un dossier critique réunit une postface de Julián Ríos, la reprise du texte fondateur de Pascal Pia, ainsi qu'une enquête détaillée et illustrée sur le destin rocambolesque de ce roman hors-norme, due au spécialiste Jean-Jacques Lefrère.

10/2015

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Critique littéraire

Le temps traversé. Correspondance 1920-1964

Aragon doit à son exceptionnelle longévité, que d'aucuns n'hésitent pas aujourd'hui à lui reprocher, comme ils font plus ou moins grief à Jean Paulhan de n'avoir pas été fusillé avec ses camarades du réseau du Musée de l'Homme, d'avoir eu, comme on dit, le dernier mot, au terme de cette traversée du temps qui s'acheva pour lui avec la disparition, en 1966, de son contemporain André Breton, et la mort, en 1968, de l'auteur du Guerrier appliqué, du Pont traversé et des Fleurs de Tarbes, son aîné de treize ans. L'article qu'il lui consacra dans Les Lettres françaises du 16 octobre 1968 - "Le Temps traversé" - prend tout naturellement la suite de ceux - "Lautréamont et nous" - qu'il avait consacrés l'année précédente à la "génération de 1917" , et au souvenir de sa rencontre avec André Breton. Il s'éclaire de leur dialogue épistolaire, où l'on trouvera comme un avant-goût ce que pourrait être leur "correspondance générale" , à laquelle se mêle aussi la voix croisée d'Elsa Triolet. Le "pêle-mêle des événements et des hommes" y touche constamment à ce qui fait l'homme, "dans ses rapports avec les autres" , à ce que, "pour simplifier, dit Aragon, on appelle la politique" . La politique, ou le roman, grâce auquel "le temps, comme un pont, se traverse : à la façon des voitures, mais aussi à la façon d'un fleuve".

03/1994

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Littérature française

Les hauts faits

Dans l'œuvre de Michel Fardoulis-Lagrange, Les hauts faits constitue un livre charnière, c'est un roman qui regarde déjà vers les récits autobiographiques à venir, c'est également dans ces pages que l'auteur s'éloigne de la figure tutélaire qui a surplombé ses premiers essais en littérature, Lautréamont. Les hauts faits est l'histoire d'une journée dans la vie d'un couple, une journée d'autant plus singulière qu'elle est entièrement occupée par un déménagement dont les péripéties sont confiées au lecteur invité à partager l'errance du couple. Le soir, à un carrefour, l'homme meurt, la voiture à bras qu'il n'a cessé de pousser étant renversée par un camion. Récit d'une quête, drame qui se concentre en une seule journée, Les hauts faits prend la dimension d'une morale antique heurtant la crise de la modernité : l'homme aux prises avec la réalité infinie qui le déborde au même titre que la langue, que le rêve. Dès lors, le monologue intérieur prévaut, les faits s'estompent. Dans ce roman à la fois tragique et burlesque, d'un bout à l'autre de chaque phrase, et de phrase en phrase, la poésie pénètre la matière de la prose, sa grâce est active et l'on comprend que des esprits aussi perspicaces que Bataille, Henein ou Leiris aient reconnu en Fardoulis-Lagrange un efficace suscitateur de visions.

11/2002

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Philosophie

La Terre et les rêveries du repos

Gaston Bachelard (1884-1962) est le premier à avoir pris pour principal sujet de recherche l'imagination de la matière. Ses neuf grands ouvrages (traduits dans plusieurs langues) ont renouvelé durablement la critique. Avec La terre et les rêveries du repos, Bachelard analyse les rêves d'enracinement comme d'intimité et étudie " la vie souterraine comme image du repos ". " Je ne crois pas nécessaire de camper ici un portrait de Bachelard. Toute la presse s'en est chargée dans la dernière année de sa vie. Elle n'a rien laissé ignorer de cet homme trapu, râblé et d'une corpulence tout à fait 1900. Tout le monde sait maintenant qu'il avait le visage même du philosophe, tel du moins que le rêve l'imagination populaire. On en a admiré la chevelure romantique et la barbe peu soucieuse du ciseau. Ses familiers, ses étudiants savent seuls qu'il avait l'accueil jovial, la parole vive et que son rire était toujours prêt à fuser aux bons mots - et même aux calembours, à ceux des autres comme aux siens - que la conversation faisait jaillir. Bachelard forçait la sympathie dès l'abord : il n'est pas si commun de voir un grand esprit sous l'apparence d'un homme simple et comme ordinaire. Il avait conquis la mienne dès notre première rencontre, un an après la publication de son Lautréamont. " José Corti, Souvenirs désordonnés.

10/2004

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BD tout public

Bal de tête

Chloé Poizat nous guide dans une création subtilement inquiétante. Les enfants poussent sur les arbres où ils seront pendus, ils sortent en fumée des cheminées ; corps décapités, têtes coupées, troncs mutilés, tout témoigne de quelque catastrophe inouïe, comme effacée de notre mémoire. Enveloppés par une horreur muette, nous nous aventurons dans le monde des cauchemars, à la rencontre de fantômes ambigus. Chien à tête de chou ou homme à tête d'escargot, fillette en feu, ces apparitions, flottent à la frontière du rêve et de la réalité, du conscient et de l'inconscient, condamnées à une errance éternelle. Bal de tête est le produit d'une contrainte que l'auteur s'est imposée à elle-même : réaliser dans des carnets de petit format un dessin par jour pendant un an. De cette volonté d'ouvrir la porte à l'inconnu, de ce désir de formes surgissant de manière presque automatique est né un cabinet de curiosités hanté par des créatures mi-bestiales, mi-humaines, issues de croisements improbables ; une parade de monstres de foire qui attendaient tapis dans l'inconscient de l'auteur qu'elle leur ouvre la porte et que leur heure advienne enfin. Dans ces carnets, Chloé Poizat a donné forme aux peurs ancestrales, aux créatures nocturnes, que nous aurions voulu oublier. On s'attend à croiser, au hasard de son univers absurde, Odilon Redon, Gourmelin, ou Virgil Finlay. Et l'ombre de Lautréamont n'est pas loin.

06/2012

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Littérature française

Les phoques de San Francisco

Où on voit un écrivain célèbre proposer à un débutant de reconstituer la vérité de sa vie et rendre justice au bonheur que lui-même fut incapable d'exprimer dans son oeuvre. Mais était-ce un rêve ou un cauchemar? (La loyauté du contrat. ) Où on découvre qu'un menu chagrin peut équilibrer - et compromettre - toute la gloire du monde. (Qu'est-ce que tu deviens? ) Où il est rappelé que point n'est nécessaire d'aller en Uruguay pour rencontrer Lautréamont, ce que l'on savait déjà, mais la chose peut entraîner d'incalculables conséquences. (Souvenir de Montevideo. ) Où on constate que l'existence peut devenir aussi arbitraire que les plus mauvaises lectures. (Une vie illisible. ) Où il s'avère que les murs qui entourent les villes ne s'effondrent pas toujours vers l'intérieur, et que la liberté des uns peut faire la servitude des autres. (A l'aller elle préfère le retour. ) Où il apparaît que, dans les congrès d'écrivains, les coulisses importent davantage que la scène, et que, quand on aime, on peut réduire à néant les décalages horaires. (Les phoques de San Francisco. )Il faut supposer Faust intelligent, échangeant panfois son rôle avec le diable en inversant les termes du pacte. On peut imaginer Ulysse n'ayant pas effectué le moindre détour pour rejoindre sa compagne. Ces textes qui jouent à saute-mouton les uns avec les autres, et qui enfourchent des tigres, composent le roman vrai de nos désenchantements et de nos euphories. A propos: on trouve vraiment des phoques à San Francisco.

04/1991

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Critique Poésie

Poésie pure et société au XIXe siècle

Du romantisme au symbolisme, la " poésie pure ", formule de combat contre toute soumission du langage poétique à des fins instrumentales, tend à s'imposer en valeur directrice au sein du microcosme des poètes : " La poésie n'a pas la Vérité pour objet, elle n'a qu'Elle-même ", affirme Baudelaire en 1857. Pascal Durand s'attache à montrer que cette poésie de plus en plus repliée à l'intérieur de ses propres signes revêt des dimensions sociales spécifiques. Suivant une démarche nourrie de sociologie de la littérature et de rhétorique des textes, il y procède à deux échelles. Tantôt par l'examen de configurations répondant aux dynamiques de différenciation et de coalition du champ littéraire moderne : l'offensive des romantiques contre le formalisme, la doctrine de combat de Leconte de Lisle, le rapport officiel de Gautier sur les " Progrès de la poésie " en 1867, ou le Tombeau à la mémoire du même Gautier orchestré par les parnassiens. Tantôt par des lectures rapprochées, mettant en relief les opérations qui assurent, au coeur des textes, diverses médiations du social : transposition des structures du système poétique chez Mallarmé, mécanisme parodique des " beau comme " chez Lautréamont ou poétique du décor chez Laforgue. De la " forme idée " portée par Hugo à " l'initiative aux mots " chez Mallarmé, en passant par la prose furieuse des Chants de Maldoror, réflexivité faite oeuvre, une troisième perspective se dessine : celle de théories proprement poétiques de la signification dont certains principes continuent de régir notre conception de la poésie.

05/2022

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Critique littéraire

Stanislas Rodanski, éclats d'une vie. Avec 1 DVD

Stanislas Rodanski, poète né et mort à Lyon (1927-1981). De son vrai nom Stanislas Bernard Glücksmann. Déporté en camp de travail à l'adolescence. Membre du groupe surréaliste après-guerre. Exclu du groupe en 1948, il s'enfonce dans une vie faite de dérive et de "terrorisme amusant", fréquemment émaillée d'arrestations et d'internements. C'est pendant cette période d'errance qu'il écrit ses textes les plus importants sous le signe de Lautréamont et de Nerval. Figure extrême du quêteur surréaliste, il est celui dont la quête, frappée d'emblée par le désespoir, débouche sur la perte de tout horizon. Reste l'humour, bien noir, et une écriture fragmentaire d'une singulière modernité. "Trop exigeant pour vivre", Rodanski entre volontairement en 1954 à l'hôpital Saint-Jean-de-Dieu de Lyon, où il demeure jusqu'à sa mort. Vingt-sept ans de silence, un silence interrompu par la publication en 1975 de son premier livre La Victoire à l'ombre des ailes ("procès-verbal d'une des aventures les plus chargées d'enjeu qui aient été poursuivies dans la lumière du surréalisme, une des très rares qui n'aient pas reculé devant la traversée de ses paysages dangereux, et qui en aient affronté les derniers risques" selon Julien Gracq) et sa participation, peu avant sa mort, au film Horizon Perdu. Cet ouvrage, composé d'éléments biographiques, iconographiques et de nombreux inédits, esquisse le portrait brisé de ce "pistolero de l'aventure surréaliste" dont l'arme véritable fut l'écriture.

05/2012

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Mer

Je te salue, vieil océan...

Chacun a reconnu dans le titre de ce livre le début d'une grande apostrophe ce lancée par Lautréamont. L'auteur espère qu'on lui pardonnera ce larcin-hommage. " Je te salue, vieil océan " se présente d'abord comme un travail de réflexion et d'étude sur les côtes françaises de la mer du Nord, de la Manche et de l'Atlantique. Sur les hommes de mer qui les habitent. Sur leurs grandes avancées océanes. Images esthétiques, problèmes d'histoire et de préhistoire, se mêlent comme les épaves dans la laisse de haute mer. Les oyats de la dune dunkerquoise, les thoniers basques, le mystère maritime breton, les tours de la Rochelle, les îles anglo-normandes, l'Iroise, la " baleine de la paix", la naissance de la Manche, et combien d'autres thèmes... Mais constamment le lyrisme affleure. Un chant de louanges à la dynamique des vagues, aux poissons, aux navires, aux hommes et aux peuples de mer, court partout. Avec un appel à la défense d'un bien commun des nations, bien présentement menacé comme toutes les beautés de la petite planète... Salut, vieil océan , toi qui pourrait mourir... " Je te salue, vieil océan " est écrit pour tous les amis de la mer. C'est-à-dire pour tout homme, toute femme. Mais beaucoup ignorent combien ils aiment la mer et à quel point aussi tout se passe comme si la mer les aimait. Puisse ce livre aider certains de ses lecteurs et de ses lectrices à mieux connaître et à vivre davantage cette amitié ou cet amour.

07/2006

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Critique littéraire

Lettres à André Breton (1918-1931)

Ces quelque cent soixante-dix lettres sont la chronique d'une amitié passionnée puis violemment rompue, en même temps qu'elles jalonnent un moment essentiel de la modernité du XXe siècle. Un premier ensemble réunit les lettres de 1918-1919, écrites du front, puis d'Alsace et de Sarre après l'armistice : médecin-auxiliaire jeté en première ligne, Aragon a vécu de près la tuerie mondiale, naufrage d'une civilisation d'où naît la révolte Dada. Ensuite affleure l'histoire agitée du groupe surréaliste, en particulier son entrée dans l'action politique en 1925. Enfin le "Congrès de Kharkov" de 1930 va sceller l'adhésion d'Aragon au communisme, et provoquer à terme sa rupture avec Breton. Tant de noms au fil des pages témoignent d'une amitié née sous le signe de la littérature, et bientôt de sa critique radicale : Rimbaud puis Lautréamont, intercesseurs essentiels ; Gide et Valéry, tôt délaissés ; Apollinaire (sous un jour inattendu), Reverdy, "l'ange offensé" ; Soupault, le premier compagnon, puis Eluard, Desnos ; et les alliés incommodes Tzara, Picabia... Précieuses enfin sont les lettres où Aragon commente son esthétique, l'écriture du poème qu'il vient d'achever - ou analyse subtilement celui qu'il a reçu de Breton ; et celles où affleure déjà ce débat majeur entre eux, le roman. Incisives, jamais apprêtées, ces lettres attestent la vérité de l'instant : à leur regard, on ne pourra plus écrire la vie d'Aragon ni lire son oeuvre tout à fait de la même façon.

11/2011

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Poésie

Suppôts et Supplications

Dernier recueil de textes composé par Antonin Artaud peu avant sa mort, Suppôts et Suppliciations rassemble des éléments apparemment disparates : des poèmes, des récits de rêves, un essai sur Lautréamont, un commentaire de dessin et des lettres. Comme le souligne Evelyne Grossman, "il faut immédiatement renoncer à chercher dans ce recueil une "unité" quelconque de lieu, de temps ou d'action, sur le modèle de la dramaturgie classique. Car Suppôts et Suppliciations est bien un drame, dans tous les sens du terme, la dramaturgie d'un cri de douleur et de révolte qu'Artaud met une dernière fois en scène dans ces pages éblouissantes. Le livre est composé de trois parties (entendons, trois actes au sens théâtral du terme) : Fragmentations, Lettres, Interjections. Au centre du volume, les lettres envoyées à quantité d'interlocuteurs constituent ce qu'Artaud appelle "le pont d'une correspondance vraie". Elles dessinent la scène centrale sur laquelle se dresse "l'homme acteur", lui Antonin Artaud, qu'on veut empêcher d'être Dieu, d'incarner le corps infini de la création, lui qui inlassablement hurle son refus de la mort, sa haine d'une anatomie où il étouffe, son exécration d'une société qui chaque jour le dévore. Le 13 mars 1946, il écrit à Henri Thomas : "Cet appel est celui d'un poète qui vent aimer les coeurs qui ont bien voulu lui faire l'honneur de l'écouter et de l'entendre, et qui veut par toutes les projections de son souffle leur donner lieu de respirer dans ce monde d'asphyxiés". "

02/2006

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Sciences politiques

Jours d'exil (1849-1855)

Dans la lutte solitaire qu'il mène contre toutes les formes d'oppression et contre la pusillanimité de ceux qui font métier de les combattre, Ernest Coeurderoy a des accents qui annoncent Lautréamont et Rimbaud. L'outrance est chez lui l'expression d'une poésie qui rêve de s'emparer du monde pour le bouleverser et le restituer à l'être véritablement humain, séculairement victime d'un mode de gouvernement absurde et cruel. Jours d'exiln'est pas seulement la fresque d'une époque dont l'histoire des idéologies a masqué et édulcoré la violence historique, c'est la vocifération d'un homme mis en cage par la mesquinerie de son temps, c'est un cri de liberté qui résonne fortement dans nos sociétés où la nullité tonitruante favorise le silence de la résignation et les complaisances de la servitude volontaire. Raoul Vaneigem Imprimé clandestinement en deux volumes à Londres en 1854, Jours d'exil, oeuvre somme de Coeurderoy (1825-1862) n'a bénéficié que d'une seule édition complète chez Stock en 1910. C'est une lacune éditoriale de près d'un siècle qui est comblée avec cette réédition complète qui reprend les introductions de 1910. Deux postfaces livrent quant à elles les enjeux contemporains de cette oeuvre à placer au panthéon du romantisme révolutionnaire. Jours d'exilreprésente en outre un formidable témoignage sur sur la vie quotidienne des exilés politiques au 19e siècle en butte à des tracasseries administratives singulièrement proches de celles d'aujourd'hui...

06/2015

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Littérature française

Mémoires de Lacenaire

En 1829, Pierre-François Lacenaire, déserteur et petit escroc féru de poésie, tue en duel le neveu de Benjamin Constant. Condamné, il fait son université du crime en prison. Dès sa libération, il commet une série de vols, de chantages et d'escroqueries. De nouveau incarcéré, il écrit et publie plusieurs textes subversifs qui connaîtront un certain succès. Retrouvant la liberté, il commet de nouveaux vols et surtout un double assassinat à coups de hache qui défraie la chronique. Désinvolte et cynique, il avoue tout et au-delà devant la cour d'assises, transformant son procès en véritable tribune théatrâle où il fustige l'ordre moral et la société. Condamné à mort, il utilise les quelques semaines avant son exécution pour écrire ses Mémoires. Il est guillotiné le 9 janvier 1836. Son livre, "Mémoires, révélations et poésies de Lacenaire, écrits par lui-même à la Conciergerie", sera publié quelques mois plus tard, en partie censuré par l'éditeur. "Criminel romantique" , "Poète assassin" , "Dandy du crime" , Lacenaire a depuis fait l'objet de bien des figurations. De Marcel Carné ("Les Enfants du Paradis") à André Breton en passant par Michel Foucault, Guy Debord, René Char, Lautrémont ("Les Chants de Maldoror"), Stendhal ("Lamiel"), Baudelaire et Dostoïevski ("Crime et Châtiment"), son oeuvre et sa vie n'ont cessé d'alimenter la littérature.

10/2023

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Poésie anthologies

Poèmes pour tous

A la fin de sa vie, Eluard compose Poème pour tous, une anthologie de ses propres poèmes, qu'il n'aura pas le temps de voir paraître. Regard rétrospectif sur l'ensemble de son oeuvre, Poème pour tous porte évidemment la marque des préoccupations du dernier EluardA : préoccupations politiques, sociales, résistantes, recherche d'une poésie populaire pour s'adresser à " tousA ", qui l'amèneront, dans cette anthologie, à minorer la place occupée par les poèmes de l'époque surréaliste. Au seuil de la mort, le poète travaille ainsi tout à la fois à dégager l'unité de son oeuvre, et à indiquer le sens qu'il veut qu'on lui donne. " Paul Eluard a écrit des milliers de vers. Ce livre, qui groupe cent vingt poèmes seulement, ne le trahit cependant pas. Bien au contraire, en lui s'affirme le sens le plus profond de la poésie. Car les Poèmes pour tous marquent, dans l'oeuvre du grand poète, à la fois la continuité sans faille et l'approfondissement, la clairvoyance chaque jour plus haute de sa révolte contre l'injustice, la sottise, l'erreur, la guerre, la misère. De 1917 à 1952, il n'est ainsi pas un poème de ce livre - comme il n'en est sans doute pas un dans toute l'oeuvre d'Eluard - qui ne soit, sous les apparences parfois de l'obscurité ou de l'expérimentation poétique, un pas en avant dans la conquête de cette "vérité pratique" dont Paul Eluard réaffirme, après Lautréamont, qu'elle est le but de la poésie. A " Extrait de la préface de Jean Marcenac

11/2023

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Littérature française

Isidore, prince des poètes

Pendant la deuxième moitié du XIXème siècle, un certain Isidore Ducasse, né à Montevideo et mort vingt-quatre ans plus tard lors du siège de Paris, en novembre 1870, a laissé une empreinte poétique qui le place au rang des plus grands poètes, aux côtés d'un Verlaine, d'un Baudelaire ou encore d'un Rimbaud. On ne sait que peu de choses sur cet auteur que certains ont jugé fou, d'autres génial si ce n'est qu'il a laissé une oeuvre dérangeante qui a dynamité la littérature de l'époque, avec ses fascinants Chants de Maldoror, publiés sous le pseudonyme de Comte de Lautréamont. On sait que Ducasse, fils unique, a quitté son Uruguay natale pour entreprendre des études à Tarbes puis à Pau, qu'au terme de son baccalauréat, il a entrepris un voyage de quelques mois que certains qualifieront d'initiatique, en Argentine puis en Uruguay où il a revu son père, diplomate (sa mère, également française, fortement dépressive étant morte alors qu'il n'avait pas deux ans) avant de revenir en France et de s'installer à Paris où il devait tenter d'intégrer Polytechnique mais où il décidera de devenir écrivain et de vivre de sa plume, ce que son brutal décès, le fauchant en pleine jeunesse, ne lui permettra pas. Cela ne l'empêchera pas, par la suite, d'être mythifié par les surréalistes qui verront en lui un précurseur de leur mouvement, ni, bien plus tard, d'être publié à la Pléiade. J'ai essayé, dans ce roman d'imaginer quelle aurait pu être la brève existence de cet énigmatique écrivain.

04/2021

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Poésie

Les champs magnétiques. S'il vous plaît. Vous m'oublierez

"Lorsque, au printemps de 1919, André Breton et Philippe Soupault conçoivent et expérimentent la méthode d'écriture d'où naîtront non seulement Les Champs magnétiques mais deux pièces de théâtre : Vous m'oublierez et S'il vous plaît, sans compter nombre de textes automatiques, l'un a vingt-trois et l'autre vingt-deux ans. Au même âge, Rimbaud venait de rompre avec la poésie ; Isidore Ducasse s'arrachait aux Chants de Maldoror et affrontait cette Préface à un livre futur par quoi se donnent les Poésies. En 1918, Breton et Aragon, encore mobilisés, se portaient régulièrement volontaires, à l'hôpital où ils étaient affectés, pour assurer la garde de nuit et là, des heures durant, se lisaient à voix haute les psaumes démoniaques du Comte de Lautréamont. L'année suivante, Breton recopie, à la Bibliothèque nationale, l'exemplaire unique des Poésies, qui sont publiées en avril, dans le n° 2 de Littérature, revue qu'il vient de fonder avec Aragon et Soupault. On serait tenté de penser que, dans l'esprit des "scripteurs", Les Champs magnétiques sont précisément ce "livre futur" annoncé, au seuil de la mort, par le jeune Ducasse. En un sens, en effet, ils répondent à l'injonction de l'initiateur : "La poésie doit être faite par tous. Non par un". Par-delà les Poésies, les Champs se mesurent aux Chants. L'outrance rhétorique perverse et savante de Maldoror, la sécheresse pseudo-conformiste de Ducasse retournant Pascal et Vauvenargues comme on dépouille un lapin, instituent, dans leur apparente opposition, une zone d'extrême turbulence d'où peut jaillir, sans entraves ni scrupules, la voix automatique". Philippe Audouin.

09/1971

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Beaux arts

Les arcs-en-ciel du noir : Victor Hugo

À plusieurs reprises, on s'est déjà intéressé aux jeux de l'ombre et de la lumière chez Victor Hugo comme à son activité graphique indissociable du noir de l'encre. Mais sans doute n'a-t-on pas mesuré quelle puissance génératrice a chez lui l'obscur qui semble être l'équivalent d'une matière noire, tout aussi déterminante dans son oeuvre littéraire que dans son oeuvre graphique. Jusqu'à lester l'une et l'autre d'une gravité inédite qui les travaille pareillement de l'intérieur. S'ensuivent ce que j'appelle les arcs-en-ciel du noir irradiant pour mieux la déployer une inimaginable palette de thèmes et de points de vue qui paradoxalement apparaissent à cette nouvelle lumière venue des profondeurs pour redessiner le paysage poétique, dramatique, social, politique... c'est-à-dire l'horizon tout entier. Si cette exposition a pour objet de faire apparaître quelle interaction décisive s'opère chez Hugo entre ce qui s'écrit et ce qui se dessine, elle se propose aussi de montrer de quelle façon celui-ci revient continuellement à cet élément noir comme à autant de répliques souterraines de l'arc-en-ciel pour y puiser sa force de transfiguration à l'origine d'une " énormité poétique " qui n'a pas fini de nous sidérer. Cet ouvrage est publié à l'occasion de l'exposition du même titre qui se tiendra à la Maison Victor Hugo du 15 mars au 19 août 2012. L'exposition, réalisée exclusivement à partir du fonds de la Maison de Victor Hugo à Paris et d'Hauteville House à Guernesey, présente quelque quatre-vingt dessins de l'écrivain, des illustrations contemporaines que ses oeuvres ont suscitées, ainsi que des lettres (de Lautréamont, Baudelaire, Louise Michel...), objets et documents divers.

03/2012

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Musique, danse

Frictions. Ce que la littérature a fait à la musique et ce que la musique en a fait

Quel est le rapport entre Adamo, Momus, Bauhaus, A Certain Ratio, Current 93 et le rappeur La Canaille ? Ce sont tous des musiciens mais ce sont aussi tous des admirateurs des Chants de Maldoror ! A travers une dizaine d'écrivains abondamment cités dans la musique depuis les années 1970, cet essai en 9 chapitres plonge dans l'imaginaire littéraire des musiciens et Yann Courtiau traque ainsi les références musicales à Albert Camus, Sylvia Plath, Oscar Wilde, Aldous Huxley, Lautréamont, Jean Genet, Franz Kafka, Sebald et divers écrivains russes. Loin d'être un recueil exhaustif de tous les groupes qui ont parlé de ces écrivains, cet écrit serpente entre des groupes soigneusement choisis en étudiant l'appropriation de ces auteurs, l'effet des citations, en un mot la contagion de cette littérature sur la musique. Chaque chapitre propose ainsi une vibrante et vivante lecture de ces auteurs, hors des sentiers de l'académisme et loin d'une lecture analytique. Le cheminement d'un groupe à l'autre est bien étayé grâce aux pertinentes remarques et aux délicieuses anecdotes de Yann Courtiau. Les rencontres entre littérature et musique au XXe siècle ont fait l'objet de très peu d'études en français et jamais de cette ambition. De ces frictions est née une belle partie de l'imaginaire de notre époque. " Don Quichotte cherchait dans les fictions qu'il avait lues une sorte de modèle de ce qu'il voulait vivre - c'est bien ce que j'ai fait avec la musique, et ce que je fais encore avec la lecture littéraire, qui m'a permis, livre après livre, année après année, de construire ma propre éthique personnelle. Et comme ma bibliothèque est à côté de ma discothèque, il ne m'a pas fallu très longtemps pour percevoir les liens, déceler les traces, ces frictions qui existent entre littérature et musique. "

04/2019

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Critique littéraire

La folie Baudelaire

C’est « la vague Baudelaire » et ses effets dans l’art et la littérature que Roberto Calasso analyse et raconte ici avec l’érudition et le talent narratif qui sont les siens. S’appuyant sur un réseau enchevêtré de citations et de rapprochements, le grand écrivain italien nous propose de déambuler dans un Salon imprévisible où seraient exposées des images de toutes sortes, il nous fait circuler dans les méandres de ce système nerveux qui s’appelait Baudelaire, il nous introduit, enfin, dans un monde réel ou fantasmé peuplé par des personnages comme Ingres, Delacroix, Manet, Courbet, Sainte-Beuve, Flaubert, Rimbaud, Mallarmé, Lautréamont, Degas, Valéry… La Folie Baudelaire se constitue autour d’un emblème qui remonte a Sainte-Beuve : « M. Baudelaire a trouvé moyen de se bâtir, à l’extrémité d’une langue de terre réputée inhabitable et par delà les confins du romantisme connu, un kiosque bizarre, fort orné, fort tourmenté, mais coquet et mystérieux, où on lit de l’Edgar Poe, où l’on récite des sonnets exquis, où l’on s’enivre avec le haschisch pour en raisonner après, où l’on prend de l’opium et mille drogues abominables dans des tasses d’une porcelaine achevée. Ce singulier kiosque, fait en marqueterie, d’une originalité concertée et composite, qui, depuis quelque temps, attire les regards à la pointe extrême du Kamtchatka romantique, j’appelle cela la Folie Baudelaire. L’auteur est content d’avoir fait quelque chose d’impossible, là où on ne croyait pas que personne pût aller ». L’enjeu de ce livre est de montrer, avec le maximum de précision possible, que cette Folie attrayante, désolée et dangereuse eut, après Baudelaire, bien d’autres visiteurs, puisque finalement ce lieu se révélera coïncider avec le territoire de la littérature absolue.

10/2011

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Littérature étrangère

La ville d'un seul habitant. Poèmes

Auteur dramatique reconnu, Matéi Visniec a publié plus d'une vingtaine de pièces et recueils de brèves théâtrales. Il est fréquemment joué un peu partout, et plus particulièrement en France et en Roumanie, son pays d'origine. Son théâtre est de la nature d'un miroir grossissant qui réfléchit, avec humour et lucidité, l'image d'un monde à la dérive où grotesque, tragique et poésie cohabitent. Avant de s'établir en France en 1987 et d'adopter la nationalité puis, rapidement, la langue françaises, lorsque jeune écrivain, il tentait de s'exprimer dans son pays natal sous le régime des Ceausescu, Matéi Visniec écrivait en roumain. A la fois du théâtre et de la poésie. Nourri de Kafka, de Lautréamont, de la littérature française, du mouvement dadaïste, des récits fantastiques, de la poésie onirique et du théâtre de l'absurde, il ne pouvait que se détourner du réalisme socialiste. Si bien que l'ensemble de son théâtre était frappé d'interdiction, tant à la représentation qu'à la publication, alors même que ses pièces circulaient sous le manteau dans le milieu littéraire roumain. En revanche, sa poésie, plus allusive, plus épurée et plus métaphorique, échappait à la censure et lui valait le Prix du meilleur livre de poésie avec Le sage à l'heure du thé en 1984. Une poésie de résistance, proche d'un certain surréalisme mais d'une lecture assez aisée qui, à l'image des histoires drôles très appréciées pour détourner les interdits sous les régimes totalitaires, n'avait pas d'autre ambition que celle affichée par son théâtre : dénoncer la manipulation des gens et le lavage de cerveau dont ils étaient les victimes. Dans sa poésie comme dans son théâtre, Matéi Visniec cultive le texte court, l'humour grinçant et incisif, le sens aigu de l'absurdité du quotidien... C'est cette poésie que le présent recueil vous invite à découvrir.

10/2010

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Critique Poésie

Baudelaire et le nuage

Erratique et capricieux, le motif du nuage n'apparaît que de façon épisodique à l'horizon du poème baudelairien. Lorsqu'il s'offre au regard, il préfigure moins les "orages désirés" , chers à la sensibilité romantique, qu'il ne suggère une relation inédite du poète au monde extérieur, et en particulier aux phénomènes météorologiques, par essence changeants et imprévisibles. Il souligne par là le double état du ciel et de la conscience individuelle, variable, indécis, flottant : une espèce d'effet-miroir, mais toujours redéfini, selon les circonstances - l'heure, le lieu et l'humeur. Ce qui fait du nuage une forme en pur devenir, rebelle à toute signification préfixée comme à toute réduction symbolique univoque. De 1838 à 1862, Baudelaire a cherché à cerner, à partir de certains accidents atmosphériques, un faisceau de valeurs qui se déclinent selon trois plans : esthétique, éthique et psychologique. Des ombres silencieuses glissant à la surface des eaux aux "merveilleux nuages qui passent là-bas" du poème en prose L'Etranger, sans omettre les pages essentielles sur Eugène Boudin dans le Salon de 1859, c'est toute une palette de situations ou d'expériences qui se déploient, invitant le lecteur à discerner, derrière les volutes de vapeur lumineuse, comme une poétique de l'imagination en actes, saisie entre chimère et vérité, fantaisie et réalité, "concentration" et "vaporisation" . Henri Scepi est professeur de littérature française à la Sorbonne nouvelle. Spécialiste de la poésie du 19e siècle, il a publié plusieurs essais sur Laforgue, Mallarmé, Nerval, Lautréamont, Rimbaud, Verlaine... Il s'intéresse aussi au roman du 19e siècle, auquel il a consacré de nombreuses études et éditions critiques (Flaubert, Zola, Verne...) En 2017, il a coédité les oeuvres croisées de Rimbaud et Verlaine sous le titre Un concert d'enfers. Vie et poésie (Gallimard, coll. Quarto). En 2018, il a publié Les Misérables dans la Bibliothèque de la Pléiade. Récemment, il a fait paraître Charles Baudelaire. La Passion des images (Gallimard, Quarto, 2021) et une édition préfacée et annotée de De l'essence du rire (Folio, 2021).

02/2022

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Poésie

Ecriture ineffable. Précédé de Ruisseau des solitudes de L'Ivre Oeil et suivi de Gris de perle

A l'occasion du centenaire de la naissance d'André Pieyre de Mandiargues, la collection Poésie/Gallimard réédite en deux volumes l'intégralité de son oeuvre poétique, soit l'ensemble des textes publiés par ses soins augmenté de quelques inédits. Aux côtés des romans, récits, nouvelles, pièces de théâtre et essais qui ont fait le renom de l'auteur de La Marge et du Musée noir, la poésie occupe une place essentielle, peut-être même centrale, tant elle semble, par bien des surgissements, surprises et courts-circuits, au coeur de toute l'oeuvre, à la fois comme révélateur intime et comme enjeu formel. Pieyre de Mandiargues a confié que s'il écrivait des poèmes c'était "dans l'espoir de ressentir à nouveau la fièvre qu'il avait éprouvée à la lecture d'Agrippa d'Aubigné, des élisabéthains, des romantiques allemands, de Coleridge, de Lautréamont et des surréalistes" . Ces références, assez éclectiques, suggèrent une grande liberté quant au choix des thèmes et de leur transcription. On peut évoquer une tension, voire une contradiction, entre une inspiration qui laisse toute latitude à l'imaginaire et une écriture qui se veut précise et maîtrisée. André Pieyre de Mandiargues est un baroque qui ne répugne pas au classicisme. Ses poèmes se distinguent en cela et s'identifient aussitôt, comme si la plus chatoyante fantaisie langagière pouvait subtilement, et parfois avec perversité, se laisser entrevoir ou soupçonner sous une stricte parure. Incontestablement, l'oeuvre poétique de Pieyre de Mandiargues est à redécouvrir. Elle propose comme aucune autre dans le siècle cette conjonction des contraires qui ne brime pas la folie onirique au nom de la lucidité, qui ne submerge pas la visée âpre sous un déferlement verbal. "Bien moins que la dictée de l'inconscient, note-t-il, mais beaucoup tout de même, m'intéresse une certaine perfection du vers ou du verset, qui doit presque toujours au travail, sans doute, mais qui le rend incorrigible et pur comme le corps naturel dans sa nudité bouleversante, que l'on regarde avec amour".

01/2010

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Poésie

L'Age de craie. Suivi de Dans les années sordides ; Astyanax et Le Point où j'en suis

A l'occasion du centenaire de la naissance d'André Pieyre de Mandiargues, la collection Poésie/Gallimard réédite en deux volumes l'intégralité de son oeuvre poétique, soit l'ensemble des textes publiés par ses soins augmenté de quelques inédits. Aux côtés des romans, récits, nouvelles, pièces de théâtre et essais qui ont fait le renom de l'auteur de La Marge et du Musée noir, la poésie occupe une place essentielle, peut-être même centrale, tant elle semble, par bien des surgissements, surprises et courts-circuits, au coeur de toute l'oeuvre, à la fois comme révélateur intime et comme enjeu formel. Pieyre de Mandiargues a confié que s'il écrivait des poèmes c'était "dans l'espoir de ressentir à nouveau la fièvre qu'il avait éprouvée à la lecture d'Agrippa d'Aubigné, des élisabéthains, des romantiques allemands, de Coleridge, de Lautréamont et des surréalistes" . Ces références, assez éclectiques, suggèrent une grande liberté quant au choix des thèmes et de leur transcription. On peut évoquer une tension, voire une contradiction, entre une inspiration qui laisse toute latitude à l'imaginaire et une écriture qui se veut précise et maîtrisée. André Pieyre de Mandiargues est un baroque qui ne répugne pas au classicisme. Ses poèmes se distinguent en cela et s'identifient aussitôt, comme si la plus chatoyante fantaisie langagière pouvait subtilement, et parfois avec perversité, se laisser entrevoir ou soupçonner sous une stricte parure. Incontestablement, l'oeuvre poétique de Pieyre de Mandiargues est à redécouvrir. Elle propose comme aucune autre dans le siècle cette conjonction des contraires qui ne brime pas la folie onirique au nom de la lucidité, qui ne submerge pas la visée âpre sous un déferlement verbal. "Bien moins que la dictée de l'inconscient, note-t-il, mais beaucoup tout de même, m'intéresse une certaine perfection du vers ou du verset, qui doit presque toujours au travail, sans doute, mais qui le rend incorrigible et pur comme le corps naturel dans sa nudité bouleversante, que l'on regarde avec amour".

01/2010

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Critique littéraire

Benjamin Fondane entre philosophie et littérature

Né à Jassy en 1898, Benjamin Fondane vécut à Paris de 1924 à 1944, et fut assassiné à Auschwitz . A la fois poète, philosophe, essayiste, dramaturge et cinéaste, il est l'auteur d'une oeuvre considérable, marquée par trois cultures : roumaine, juive et française. Résolument moderne, Fondane s'est tenu à distance des systèmes littéraires et philosophiques, tout en se passionnant pour les aspects novateurs de la pensée et de l'art de son époque. Une figure attachante, peu connue du grand public, qui nous plonge dans un monde d'entre deux guerres où se cherchait l'Europe. Monique Jutrin, professeur de littérature à l'Université de Paris, puis à celle de Tel-Aviv, éditrice et fondatrice de la société d'études Benjamin Fondane, directrice des Cahiers Benjamin Fondane, a rassemblé ici un certain nombre de textes de l'auteur envisageait de regrouper en livre. Selon une note destinée à sa femme et à sa soeur, probablement rédigée en automne 1942, au moment où il espérait pouvoir quitter la France pour l'Argentine, Fondane avait lui-même songé à réunir ses articles en volume sous le titre : Chroniques de la nuit obscure . Fin mai 1944, dans son testament littéraire de Drancy, Fondane prévoyait un volume comprenant ses articles de philosophie. Il précise qu'ils sont rassemblés dans un carton portant le titre : Essais épars, avec en sous-titre : Chroniques de la philosophie vivante. C'est ainsi que, en rassemblant aujourd'hui ces articles épars, j'ai la sensation de réaliser un voeu de l'auteur. J'y ai joint des inédits. Si ces écrits des années vingt et trente peuvent intéresser le lecteur d'aujourd'hui, c'est que Fondane y a pris position dans les grands débats de son époque, tant littéraires et philosophiques qu'idéologiques : à propos de Dada et du surréalisme, du marxisme, de la psychanalyse, des liens entre poésie et métaphysique, de la lecture de Rimbaud ou de Lautréamont...

08/2015

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Littérature française

Oeuvres complètes / Victor Segalen. Tome 1

Victor Segalen (1878-1919) est resté pendant longtemps un auteur méconnu. Mais depuis quelques années nous saluons en lui l'égal de Nerval ou de Lautréamont, eux aussi victimes d'une conspiration du silence. Né à Brest, Segalen, après des études chez les jésuites, choisit la carrière de médecin naval. Passionné de littérature, il consacre sa thèse aux névroses dans les œuvres fin de siècle (Les cliniciens ès lettres) et entre en contact avec Huysmans et Remy de Gourmont qui lui ouvre les portes du Mercure de France. Affecté à un navire mouillé en rade de Thyiti, il découvre, après Gauguin, la Polynésie et sa civilisation frappée à mort par le choc avec l'Occident. Les Immémoriaux évoque les Tahitiens d'autrefois et l'agonie de leur savoir traditionnel. De retour à Brest (1905-1909), il entre en contact avec Debussy et compose pour lui un Orphée-Roi (qui ne sera malheureusement jamais mis en musique). Mais l'Orient l'appelle à nouveau. Segalen part pour la Chine, où il fait trois longs séjours ; entre 1909 et 1918, il enseigne la médecine et accomplit d'importantes missions archéologiques. Dans Briques et Tuiles, il dit son éblouissement devant les monuments et les paysages chinois et devant la littérature, car il apprend la langue et pousse ainsi beaucoup plus loin la Connaissance de l'Est que son contemporain Paul Claudel. Ce premier volume de ses Oeuvres réunit tous ses textes, de ses débuts à son premier grand séjour en Chine. Il contient notamment deux textes publiés pour la première fois dans leur intégralité : Le Maître-du-Jour et Feuilles de route. Les Œuvres complètes en deux volumes de Victor Segalen réunissent tous les textes connus de l'auteur et les complètent par une série d'inédits. Les œuvres sont disposées dans l'ordre chronologique et regroupées par cycles thématiques. Le premier volume couvre les années de jeunesse jusqu'au premier séjour en Chine (1909-1913) et contient le cycle des apprentissages, le cycle polynésien, le cycle musical et orphique et le cycle des ailleurs. Le second est essentiellement consacré à la Chine. Cette édition a été préparée par Henry Bouillier, professeur émérite de la Sorbonne et grand spécialiste de l'oeuvre de Segalen.

10/1995

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Critique littéraire

Martial

Quoi de neuf à la fin du Ier siècle à Rome ? Martial. Curieux : un poète auquel personne ne croyait, sauf lui. Dont personne d'ailleurs n'a parlé à l'époque, sauf Pline. Et qui, miraculeusement, a traversé les siècles. Parce qu'il était obscène (lascivus) et que les moines copistes raffolaient de ce genre de chose ? Pas seulement. Pourquoi ce poète mineur, venu d'Espagne (près de Calatayud, en Aragon), en 64, à vingt-quatre ans, est-il devenu un mythe, un peu comme Pétrone et son Satiricon ? Voilà le mystère. D'abord, l'épigramme latine lui doit tout. Il est le plus grand épigrammatiste romain, et l'épigramme est un genre très moderne. Le goût de la vacherie, de l'exécution en trois mots, comme Truman Capote, on adore ça. Martial est aussi le chroniqueur de Rome (son " publiciste ", pourrait-on dire). Le bruit infernal, les lumières de la Ville, le luxe des grandes domus (sur l'Aventin ou le Janicule), les caves sordides des prostituées (fornices), les tripots clandestins (popinae). Le Prince ? Un tyran. Il s'appelle Domitien. A régné quinze ans (8196). Les quinze ans (grosso modo) où Martial a publié. Et publié des épigrammes. Très dangereux, tout ça. Comment faire, sinon en flattait ? La flatterie, pour Martial, est une ruse. Sa prudentia à lui. Des gens comme Tacite ou Pline le Jeune, des professeurs de morale, feront toute leur carrière politique sous Domitien, mais ne diront rien. Dans cette société de rapaces, Martial fait servir ses courtes poésies (environ 1500) à ses nécessités personnelles : flatter, complimenter, demander, râler, rire, se venger, etc. Bref, il fait de la poésie (comme disait Lautréamont) une " vérité pratique ". Il pose aussi des questions très actuelles : comment peut-on être bisexuel, s'arranger des pueri (quinze, seize ans) et des puellae ? Peut-il y avoir une écriture du plaisir ? Un bon écrivain est-il un écrivain mort ? Martial restera trente-quatre ans à Rome. Puis rentrera en Espagne, après l'assassinat de Domitien. Presque un exil. Il mourra d'ennui. Etait trop lié à la Ville, à son temps, à l'oreille de Rome. Avec on ne sait quoi de mélancolique qui est, paraît-il, le propre du tempérament espagnol. Et on ne sait quoi de libertin qui le fait ressembler au Neveu de Rameau. Décidément, un auteur d'aujourd'hui.

03/2003

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Décoration

Eyre de Lanux. Une décoratrice américaine à Paris

Amazone, singulière, rebelle, d'une beauté chryséléphantine, Elizabeth Eyre de Lanux fut toute sa vie une expatriée. Issue de l'aristocratie américaine, elle délaisse un avenir promis aux mondanités pour une vie artistique. De sa formation auprès du génie Constantin Brancusi au salon de Natalie Clifford Barney, de la noirceur assumée de l'appartement de Romaine Brooks au Paris du surréaliste Boeuf sur le Toit, de l'atelier de la rue Visconti aux plaines de l'Atlas, de Port-Cros à Cannes, de l'Illinois à New York, elle sut séduire les hommes comme les femmes. A Paris, où elle arrive en 1919 après avoir épousé le diplomate et écrivain Pierre de Lanux, elle rencontre Eileen Gray, au moment où cette gracile Irlandaise, par amour pour Damia, délaisse la patience du travail du laque pour l'architecture, comme une mise en abyme de sa propre reconstruction. Eyre de Lanux reprend la recherche et l'expérimentation de matières novatrices, jusque-là non utilisées dans l'ameublement, notamment le liège, l'ambre et le linoléum. Mais pas seulement. Avec Evelyn Wyld, elles construisent un univers de lettrés où la poésie des tapis Orages, Engrenage, Partir se conjugue avec un mobilier et des luminaires jusque-là inédits dans un environnement aux teintes sourdes et au confort moderne. Dans un Paris surréaliste où l'entre-deux-guerres fut souvent vécu comme un temps suspendu, elle voulut croire en un avenir apaisé. Ambitieuse. Mais la crise de 1929 et la Seconde Guerre mondiale sonnèrent le glas de cette fraîcheur et firent de ses créations des raretés. Trait d'union entre la pionnière Eileen Gray et la rationnelle Charlotte Perriand. Eyre de Lanux est comme elles inspirée par le japonisme. Ni pauvres ni dépouillés, ses décors rares, architecturés, sont restés secrets jusqu'à aujourd'hui. Quatre années de recherches dans un univers où meubles et objets d'art mâtinés d'influence primitive nous ont conduits aux prémices du "less is more". Elizabeth Eyre de Lanux est ce nom connu mais ce talent oublié. Nous avons voulu pallier ce cruel manque, qui, dans la création féminine du XXe siècle, s'achève avec Maria Pergay. Eileen Gray, Eyre de Lanux, Charlotte Perriand, Maria Pergay, les quatre points cardinaux sont aujourd'hui identifiés. Nous avons voulu cette biographie comme une impression argentique de ce que fut cette météore de la création, un hommage à une femme qui, au soir de sa longue vie, aimait encore à rire de ce voyage inassouvi et qui fit sienne la devise de Lautréamont : "Mais, moi, j'existe encore !"

09/2013

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Poésie

Chants d'Innocence ; Le Mariage du Ciel et de l'Enfer ; Chants d'Expérience

William Blake (1757-1827) brille désormais au firmament de la littérature universelle comme un astre énigmatique. Fils d’un marchand de chaussettes disciple de Swedenborg, il écrit des poèmes dès l’âge de douze ans ; à quatorze ans, il est mis en apprentissage chez un graveur et y assimile toutes les techniques de cet art difficile, dont il va faire son métier. En même temps il se forme à la peinture, au dessin, à l'histoire de l’art, et copie les maîtres anciens. Et c’est dans ces mêmes années d’adolescence que, pour la première fois, il voit passer des anges dans un chant de blé. Son destin de poète est alors tout tracé : manieur de mots, il écrit des poèmes; manieur de burin, il grave des planches où les images serviront en quelque sorte d’écrin aux vers ; manieur de pinceau, il les enlumine à l'aquarelle. C'est ainsi qu’il compose en 1788 son premier grand recueil, les Chants d’Innocence, dont chaque exemplaire est évidemment unique. Il y joue ”sur un flûtiau” des chansons ”pour enfants” : le style est naïf, doux et bucolique, emprunte aux comptines et aux berceuses, le poète contemple avec attendrissement la petite enfance, sa pureté et ses jeux charmants, et s’émerveille de la présence du Dieu sauveur, qui toujours la tient sous sa garde. Mais voilà qu'en 1794, selon la même technique, il grave des Chants d’Expérience, qui, reprenant un à un les titres et les thèmes des Chants d’Innocence, en offrent la version noire et comme maudite : enfance affamée et battue, iniquité partout, Dieu méchant, monde déchu, innocence perdue, universel esclavage. La vie, l’amour, Dieu même, tout est à réinventer. Dans ce message dû à la voix tonnante d’un vieux barde s’entend alors distinctement un autre Blake, amoureux des corps, libertaire et rageur, celui-là même qui s'est enthousiasmé pour la Révolution française. C'est qu’entre ces deux dates, entre ces deux séries de Chants formant diptyque, celui qui avait vu passer les anges s’en est allé visiter l’Enfer : en 1794, il finit de graver un long texte en prose, le Mariage du Ciel et de l’Enfer, parodie sarcastique du Ciel et l’Enfer de Swedenborg, virulente charge contre les Églises, les États et les conventions morales, où il procède à une inversion des valeurs qui culmine dans des ”Proverbes de l’Enfer” bien dignes de figurer dans une anthologie de l’humour noir.On ne peut qu’admirer l’art puissant de cet enlumineur illuminé, dont Gide, qui traduisit le Mariage, alla jusqu’à écrire : ”L’astre Blake étincelle dans cette reculée région du ciel où brille aussi l’astre Lautréamont.

04/2010