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Histoire de France

Joseph Fouché

Fouché ! Les deux syllabes claquent et immédiatement retiennent l'attention. Dans ses souvenirs, Chateaubriand a en quelque sorte statufié Talleyrand et Fouché, en évoquant le " vice appuyé sur le bras du crime ", contribuant ainsi à l'essor de la légende noire du ministre de la police de Napoléon. Aucune figure de l'époque impériale n'a à ce point troublé les esprits et fasciné. De Balzac à Stefan Zweig, de Louis Madelin à Jean Tulard, les grands maîtres de la littérature et de l'histoire ont entrepris de brosser le portrait de cet homme énigmatique. Louis Madelin est le premier à avoir abordé, de manière scientifique, la vie et la carrière de Fouché. L'historien a cherché à comprendre la cohérence d'un itinéraire longtemps qualifié d'opportuniste. Il ne cèle pas les coins d'ombre du personnage, mais il entend surtout mettre l'accent sur l'unité d'un homme qui, au-delà de ses revirements politiques, a conservé intacte sa volonté de consolider les acquis de la Révolution. L'auteur montre égaiement la part que prend le ministre à la construction du pouvoir personnel de Napoléon et à celle de l'oeuvre impériale. Véritable caméléon politique, il traversera encore plusieurs révolutions politiques jusqu'à la chute de l'Empire.

09/2010

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Poésie

Dans l’atelier des berceaux

"Si Naître est une source qui trace ma pensée, alors elle représente ma pensée la plus évidente de l'aube absolue. Elle m'accomplit, me prolonge dans le débordement de son coeur. J'y trouve ma sente d'éternité, et mes postérités de chemineau qui connait la grâce d'être vivant". Ces courts poèmes sont autant de tentatives pour questionner le ça va de soi de la paternité. Un questionnement inépuisé qui cherche à mettre en rapport les termes d'abolition et d'accomplissement sur le même terrain d'entente. Loin d'abolir un chapitre, une période de vie, la paternité dans le couple vient tout entière accomplir, grâce aux grossesses, les termes d'un projet de vie pourtant si difficile à transcrire : une sorte de mandala qui ne se lit qu'en se traçant au sol et dont chaque grain signe le désir d'une vraie joie, d'une joie parfaite. L'expérience de la naissance a dessiné un espace intermédiaire entre un temps qui accomplit et un autre qui s'accomplit ; un entre-deux qui rend possible bien des dépassements et bien des intuitions sur le sens du lointain d'une vie qui se transmet : une "rencontre faite de bégaiements indicibles" , dirait Lévinas. Ces poèmes sont donc à lire comme autant d'indiscrétions à l'égard de cet intranscriptibilité de la parentalité.

12/2023

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Actualité et médias

Jacques le Petit

Jacques le Petit : affubler Jacques Chirac d'un tel sobriquet peut paraître inutilement polémique. A l'approche de l'élection présidentielle, l'heure est au bilan plus qu'à l'invective. Et puis ce nom en évoque forcément un autre, Napoléon le Petit, dont Victor Hugo usait contre Napoléon III, avec lequel l'actuel chef de l'Etat ne semble pas avoir grand-chose en commun. Et pourtant... S'il fallait dresser un portrait méticuleux de Jacques Chirac, ce serait bien celui d'un avatar, dernier héritier d'un vieux courant de la droite française : le bonapartisme. C'est dans l'histoire de cette invraisemblable monarchie républicaine qu'il convient de se plonger. Elle seule permet de vraiment comprendre la crise gravissime qui mine la démocratie en France, de saisir les rouages claniques de son capitalisme, d'établir l'imposture que constitue le prétendu combat présidentiel contre la " fracture sociale ", de cerner les entraves dont pâtit la justice, ou encore de mesurer l'étendue des prébendes offertes aux obligés du Palais. Il faut donc revenir à l'origine de ce régime qui accorde des pouvoirs exorbitants aux chefs de l'Etat et s'attelle à affaiblir toutes les formes de contre-pouvoir pour décrypter les dérives dans lesquelles la gauche s'est aussi laissé entraîner. Au cœur de la crise française, sur fond de montée du populisme, il est urgent de déchiffrer ce bégaiement insolite de notre histoire, à deux siècles d'intervalle : car si après Napoléon le Grand, il y eut Napoléon le Petit, faut-il que la France, après le Grand Charles, ait toujours à subir Jacques le Petit ?

09/2005

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Littérature scandinave

Les enfants de Dieu

Nous sommes à Bethléem et Hérode vient d'ordonner la mise à mort de tous les garçons de moins de deux ans. Une troupe d'élite passe de maison en maison et exécute l'ordre avec véhémence. Aucun des soldats n'est en mesure de déterminer l'âge de tous ces enfants, mais ils ne s'en formalisent pas. Soudain, Cato, le leader du groupe, vomit ses tripes au lieu d'abattre son épée. La nuit a été longue. Des années plus tard, dans une sorte de no man's land hostile, la rumeur du Sauveur se répand tel un frémissement et les égarés de toute part affluent. Ayant parcouru le pays pour trouver quelqu'un capable de libérer son fils de son bégaiement, le père de Jacques a également entendu la rumeur. Mais il n'a guère trop d'espoir : en quoi ce Jésus se distingue-t-il des nombreux charlatans qu'ils ont déjà croisés sur leur chemin ? De loin, la mère de Jacques les suit : morte en couches, elle évolue dans les entrailles de la terre où elle tente de se libérer des griffes du Mal qui l'a prise pour amante. Et un vieil homme aveugle, qui semble pourtant voir une multitude de choses, n'est quant à lui jamais loin dans les moments décisifs pour semer le doute, l'indifférence, le fatalisme... Insufflant de la vie dans les petites histoires derrière l'Histoire, mettant en scène des personnages du Nouveau Testament, Les Enfants de Dieu constitue pourtant un roman extrêmement contemporain. Les résonances avec la situation de Gaza et du Moyen-Orient, Daech et la montée de l'extrémisme sont frappantes.

04/2021

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Actualité et médias

Joe Biden

Jamais dans l'histoire américaine, un candidat n'a passé plus de temps que lui en politique. Jamais une victoire n'a été plus attendue dans le monde entier... Joe Biden a été le plus jeune élu du Sénat fédéral en 1972. Il a connu des épreuves dramatiques, les a toutes dépassées et a trouvé la force de poursuivre son chemin jusqu'au sommet. Cette biographie, la plus complète en français à ce jour, va bien au-delà des épisodes évoqués par tous les médias comme la mort de sa femme en 1972 ou celle de son fils Beau en 2015. Riche en anecdotes et témoignages révélateurs, elle montre comment s'est forgé, dans l'adversité, le caractère résilient d'un jeune lycéen d'origine modeste, affligé de bégaiement ; comment tout jeune juriste il s'est engagé dans la défense des Noirs et des plus modestes. Pourquoi, tout jeune sénateur, il est vite devenu un personnage influent du parti démocrate. Ce récit dévoile aussi l'importance des femmes dans son parcours : ses conquêtes étudiantes, ses deux épouses, ses alliées connues ou restées dans l'ombre et enfin sa soeur, sa plus proche collaboratrice mais aussi une femme très influente... Sans oublier celle qu'il s'est choisi comme vice-présidente : Kamala Harris. Le récit ne cache rien des accidents de parcours dans lesquels l'équipe de Donald Trump a tenté de trouver une faille qui pourrait lui être fatale. Le parcours de Joe Biden est tellement ancré dans le rêve américain, fait de dépassement de soi, de résistance à la difficulté, que les Américains ont vu en lui un exemple. Biden inspire confiance. Mais saura-t-il réparer une Amérique bien mal en point après quatre années de Trump ?

10/2020

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Droit

Code du travail. Annoté et commenté en ligne, Edition 2020-2021

Cette 84e édition est à jour, dans sa partie codifiée et ses textes complémentaires, des réformes tes plus récentes, et notamment : loi du 8 juin 2020 portant sur l'amélioration des droits des travailleurs et l'accompagnement des familles après le décès d'un enfant : décret du 25 mars 2020 relatif à l'activité partielle ; décrets du 31 décembre 2019 relatifs aux seuils d'effectifs ; décrets relatifs à la formation professionnelle et a l'apprentissage ; nouveau régime d'assurance chômage (nouvelles modalités d'indemnisation, mesures favorisant le retour à l'emploi et la sécurisation des parcours professionnels, nouvelles règles relatives aux contributions chômage) en vigueur à compter du septembre 2020. Face à l'état d'urgence sanitaire lié au Covid-19, une rubrique a été créée en fin d'ouvrage. Un tableau récapitulatif avec renvois aux articles inspectés permet au lecteur une appréhension aisée de ce droit dérogatoire et temporaire. Ces mesures sont égaiement indiquées sous chaque article concerné. L'édition 2020-2021 présente l'ensemble du droit applicable aux relations de travail et s'impose comme la référence aux acteurs du droit social. Le code est complété d'annotations de jurisprudence indispensables à l'application des textes et constamment enrichies, d'une table alphabétique générale complète et précise, de tables de renvois (selon leur pertinence) aux anciens articles pour la partie relative aux institutions représentatives du personnel et pour celle relative à la durée du travail.

08/2020

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Beaux arts

Cézanne : Portraits

Cet ouvrage est le catalogue de la grande exposition estivale du musée d'Orsay. Paul Cézanne a peint près de deux cents portraits au cours de sa carrière, dont vingt-six autoportraits et vingt-neuf représentant son épouse, Hortense Fiquet. Ce catalogue explore les particularités esthétiques et thématiques de Cézanne dans cet exercice particulier, et notamment la manière dont il instaure un dialogue entre des oeuvres complémentaires et réalise de multiples versions d'un même sujet. Une approche chronologique du Cézanne portraitiste permet d'étudier son évolution, en s'attardant sur les variations qui apparaissent dans la continuité de son style et de sa méthode. "Cézanne. Portraits" pose égaIement la question de sa conception de la ressemblance et de l'identité du modèle, ainsi que celle de l'influence qu'ont pu avoir certains d'entre eux dans ses choix et dans le développement de sa pratique. Les oeuvres rassemblées dans l'exposition, venues de collections privées et de prestigieux musées du monde entier, vont du remarquable portrait de l'oncle Dominique datant des années 1860, jusqu'aux ultimes représentations de Vallier, le jardinier de Cézanne à Aix-en-Provence, réalisées peu de temps avant la mort de l'artiste en 1906. Cézanne est communément considéré comme l'un des artistes du XIXe siècle ayant le plus inspiré les générations suivantes. Face à ses portraits, nous sommes sans doute confrontés à l'aspect le plus personnel, et donc le plus humain de son oeuvre.

06/2017

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Philosophie

Les affres de la philanthropie. Essai sur l'imaginaire, la dignité et la bêtise dans le monde globalisé

Voici une réflexion politique sur l'histoire contemporaine, sur les principes théorétiques qui permettent de la lire, ses bégaiements, ses errements, les outrances qui la caractérisent et les espérances des milliards d'êtres humains qui la composent. Le texte s'adresse à chacun de nous. L'esthétique de la mort y fonctionne comme l'outil privilégié pour caractériser notre "monde globalisé". Elle est rendue possible par un préalable : l'exégèse critique du vécu historique nègre présentée à travers deux entrées privilégiées : l'humanitaire et la pitié. Tels sont les fondamentaux de l'humanisme abstrait contemporain, idéologie qui consiste à mystifier les autres acteurs de la scène internationale, en les asservissant par le recours à la force, en les aliénant par l'abondance et la "grandeur" des larmes, et, dans chaque cas, en aveuglant leur intelligence. Le bilan humain de ces idées réactionnaires est fort éloquent, ainsi qu'en témoignent les massacres perpétrés en Irak, en Côte d'Ivoire, en Libye, en Syrie... Cet ouvrage est une exégèse de notre expérience historique commune, articulée avec un travail sur nos mémoires respectives. Cette herméneutique radicale est tempérée par un effort critique en vue d'éclairer les enjeux socio-politiques d'une compréhension interraciale sous-tendue par le paradigme de l'humain-limite, tel qu'il se dévoile dans l'imaginaire littéraire et à chacune des occasions. Certes, l'auteur fait à grands traits le portrait de la bêtise qui parcourt l'histoire contemporaine de part en part, mais il présente également le visage de l'avenir lumineux que piétinent en permanence ses insoutenables soubresauts.

05/2017

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Histoire de France

Nouvelle histoire du Premier Empire. Tome 4, Les Cent-Jours 1815

Sous l'angle politique, diplomatique ou militaire, le système napoléonien a cessé de vivre avec l'abdication de 1814 et l'installation aux Tuileries du frère de Louis XVI. Aussi, le long récit historique de Thierry Lentz aurait-il pu se clore sur ces événements, les Cent-Jours n'étant que le bégaiement d'années fécondes, tantôt glorieuses, tantôt décevantes, de la conquête de l'Europe à l'effondrement. La France n'est-elle pas désormais dépouillée de presque toutes ses conquêtes ? Ses institutions ne sont-elles pas en cours d'adaptation à un modèle dont les réminiscences de l'Ancien Régime ne sont pas absentes ? Pourtant, la mémoire de Napoléon ne serait pas la même s'il n'avait pas eu l'audace de vouloir inverser le cours des choses : ce furent le " miracle " du retour de l'île d'Elbe, les Cent-Jours et Waterloo. L'historien doit observer qu'il n'y a rien de commun entre ces trois mois de 1815 et les quinze années précédentes. Le revenant de l'île d'Elbe a perdu la main. Il multiplie les erreurs dans le choix des hommes et les imprudences politiques. Il s'entoure d'un personnel fatigué ou bien de ses pires ennemis, sans compter l'appel à des intellectuels en manque de prestige. Il subit aussi des trahisons que ne compensent pas certains ralliements, tandis qu'à Vienne les puissances poursuivent la reconstruction d'une Europe dans laquelle il n'a plus sa place. Le salut du régime ne tient plus qu'au savoir-faire guerrier du vainqueur d'Austerlitz. Mais l'Empire succombe dans une " morne plaine ", aux portes de Bruxelles, avant de recevoir l'estocade devant les Chambres. La paix signée avec les vainqueurs sera terrible. Il faudra la réécriture de l'histoire à Sainte-Hélène, l'envol de la légende et que, les années passant, " la France s'ennuie ", comme devait dire Lamartine, pour que les Cent-Jours soient oubliés, pardonnés, puis magnifiés.

04/2010

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Critique littéraire

Revue internationale Henry Bauchau N° 9/2018 : A l'épreuve du genre

Avec mes pierres carrées/ je t'enfermerai dans une oeuvre : Henry Bauchau reprend au seuil d'Exercice du matin (1999), avec une étonnante fermeté, ces vers écrits dès 1966 dans La pierre sans chagrin qui s'adressent à tous les hommes auxquels il enjoint d'apprendre à rire avant de mourir. C'est que les bégaiements, les chagrins, les larmes sont le lot quotidien du peuple du désastre auquel il s'adresse et se sent lui-même appartenir, mais aussi le lieu même de l'émergence possible de la parole, de la révolte, du sursaut qui transforme en abondance ce qui était manque, pourvu qu'on se saisisse de soi et s'accorde un destin, si modeste soit-il. C'est la fin de la belle histoire de Myla... bientôt celle de la grande aventure d'Orion et Véronique. Il dit "je", il peut aller seul maintenant pense au terme de L'enfant bleu la thérapeute qui a suivi Orion : que d'expériences entremêlées qui, même douloureuses, valent la peine d'être pleinement vécues et transcendées d'abord dans l'existence, puis dans les mots qui consolident et stabilisent. C'est toujours affaire de construction, en pierres, sables, images, mots ou chants, qui viennent dans le champ du malheur, planter une objection et tirer vers l'oeuvre bâtie ce qui n'était que tesson, morceau, fragment, sentiment de défait - de défaite. D'où le choix pour cette neuvième livraison de la Revue internationale Henry Bauchau de travailler sur la multiplicité des formes et des genres littéraires dans lesquels s'est investi... faut-il dire le dramaturge, le poète, le romancier, le diariste, l'essayiste ?

08/2019

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Sciences de la terre et de la

Sols et paysages. Types de sols, fonctions et usages en Europe moyenne

Le paysage est immédiatement visible, le sol, généralement non ! Cet ouvrage débute dès lors parce que l'on aperçoit : le paysage. S'échelonnant de la plaine agricole plus ou moins urbanisée aux marges glaciaires de l'étage alpin, douze paysages sont présentés ici. Au fil de sa caractérisation, chacun d'entre eux révèle peu à peu les sols qu'il abrite... Ce livre s'attache ensuite au portrait de plus de cinquante types de sols, observés en Suisse occidentale et typiques de l'Europe moyenne. A partir de descriptions de terrain et d'analyses de laboratoire, la formation du sol et ses interactions avec la végétation sont exposées en détail. Les fonctions d'habitat, de régulation, de production, de support, de source de matières premières et d'archive sont discutées, tout comme les questions relatives aux atteintes au sol et aux mesures de conservation à adopter. De brèves synthèses sur la diversité pédologique, ainsi que sur les facteurs et les processus qui contrôlent la formation des sols sont également proposées. Enfin, cet ouvrage accorde une large place aux usages du sol, qu'ils soient forestiers, agricoles viticoles ou urbains. Cinq annexes thématiques, dont une clé amovible de détermination des types de sols et des formes d'humus, complètent l'ensemble. L'organisation en quatre parties autonomes offre au lecteur la possibilité de cheminer selon son intérêt ou sa motivation, pour comprendre un paysage, un type de sol ou un usage. Ce livre sans précédent, richement illustré et accompagné d'un glossaire, s'adresse en premier lieu aux étudiants et aux praticiens dans le domaine de l'environnement naturel ou construit (pédologues, biologistes, géologues, géographes, agronomes, forestiers, gestionnaires du tenitoire), mais il passionnera égaiement tous les amateurs de nature désireux de percer les secrets d'un paysage ou les mystères d'un sol.

05/2019

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Criminalité

La passion du mal

Souvent, les journées de Jean-Luc Ployé commencent dans une petite salle sombre d'une prison de haute sécurité. Par réflexe, il passe la main sous la table pour vérifier la présence d'une alarme, et s'assure qu'un gardien armé reste à proximité. Face à lui viennent s'asseoir Alain Penin, violeur multirécidiviste massacrant celle qui lui résiste à coups de tournevis, ou encore Jacques Rançon, criminel sexuel qui découpe les parties génitales de ses victimes. Des heures durant, parfois toute la journée, il les questionne sur leurs crimes, leur vie personnelle et familiale, leurs fantasmes, et leur fait passer des tests de personnalité. Il y a aussi, chaque jour, des victimes, jeune fille agressée par son père, femme violée, enfant perdu. Dans la vie solitaire de l'expert se succèdent les trajets en voiture entre les commissariats et tribunaux de France ; les repas seul au restaurant, l'estomac noué ; les combats pour trouver le sommeil. Qu'est-ce qui pousse un homme à se confronter chaque jour à la violence que produit notre société, en accueillant les récits de la plus implacable cruauté et ceux d'une souffrance absolue ? Comment rentre-t-on chez soi après avoir passé huit heures à échanger avec Michel Fourniret ou Francis Heaulme ? Peut-on être un père tranquille et un compagnon tendre quand on rencontre à la chaîne des victimes traumatisées ? Expert psychologue près la Cour de Cassation, Jean-Luc Ployé, du haut de ses 1 000 procès d'assises et 15 000 expertises, renverse l'analyse dans un document exceptionnel. Expert de sa propre histoire, enquêteur de toutes les psychés, l'auteur livre ainsi le récit de son enfance invisible dans une famille très nombreuse. Atteint de bégaiement, moqué par ses parents et voisins, il deviendra l'un des plus grands experts de France, dévoué à sa carrière au point de délaisser ses enfants et ses compagnes. Car La Passion du mal, entre regard, bienveillance, voyeurisme et réparation, le consume tout entier : il lui faut sonder les profondeurs de l'âme humaine, comprendre et dire pour que justice se fasse, dans une société dévorée par la violence et en quête de douceur.

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Histoire de France

Les grands discours parlementaires de la IVe République. De Pierre Mendès France à Charles de Gaulle 1945-1958

La Quatrième ne serait-elle qu'une parenthèse superflue ? Assurément oui, si on juge par sa mauvaise réputation. Stigmatisée comme un régime impuissant, c'est-à-dire incapable de passer à l'acte, la Quatrième est souvent présentée comme une victime de l'instabilité gouvernementale et de partis irresponsables, plus occupés par des opérations manœuvrières que par la prise de décision. L'Histoire de la République entre 1945 et 1958 donne raison à Raymond Aron : " Quand les hommes ne choisissent pas, les événements choisissent pour eux. ". Pendant treize ans, la vie politique marque une tendance au bégaiement. Les discours à l'Assemblée nationale en portent la trace mais ils restituent aussi fidèlement la lucidité des élus de la nation confrontés à des défis de taille. Ces défis, même difficilement et imparfaitement, ont été en partie relevés. La Quatrième République a été une parenthèse nécessaire et fondatrice. Reconstruction après quatre années de guerre, décolonisation, Guerre froide, politique nucléaire, pacification et unification européennes, telles sont quelques-unes des grandes questions débattues dans l'hémicycle du Palais-Bourbon dont les prérogatives sont fortes. Même rationalisé, le parlementarisme règne. La nature des enjeux politiques, économiques et sociaux de l'après-guerre confère un extraordinaire intérêt aux discours prononcés pendant cette première moitié des " Trente Glorieuses ". On retrouve des tribuns chevronnés tels qu'Édouard Herriot, Paul Reynaud ou Pierre Cot, mais on découvre aussi une jeune garde qui n'a rien à envier à ses aînés dans la maîtrise du verbe: François Mitterrand, Jacques Chaban-Delmas ou Félix Gaillard. À leurs côtés, pour la première fois, des oratrices, à l'exemple de Germaine Poinso-Chapuis et de Jeannette Vermeersch, qui savent se faire écouter, même si elles sont encore peu nombreuses. Passionnants et passionnés, débats et discours baignent dans l'histoire ; celle, lointaine, que connaît un personnel politique pétri par les Humanités et celle, récente, qui a éveillé ou réveillé, dans les souffrances de la guerre, les vocations politiques. La geste de la Résistance transcende les clivages politiques et contribue à tisser des fils invisibles, mais réels, entre élus et dirigeants d'un bord à l'autre de l'hémicycle. Les textes présentés ici ont été sélectionnés pour leur qualité rhétorique mais aussi pour leur pertinence historique: on a privilégié le beau discours dont le contenu éclaire les années 1945-1958.

04/2006

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Pléiades

Oeuvres romanesques complètes. Tome 4, Les communistes ; Les rendez-vous romains ; La semaine sainte ; Chproumpph ; L'inconnue du printemps ; Histoire de Fred et Roberto ; Damien ou Les confidences ; Shakespeare en meublé ; Pastorale dernier cri ; Les his

Aragon, Les Communistes, postface : "Mais n'est-ce pas précisément ici, à Dunkerque, qu'il avait pu me paraître que j'étais arrivé "à la fin du monde réel" ? " C'est en effet à Dunkerque que se dénoue le roman, dont les deux dernières parties forment le récit de la débâcle provoquée par l'attaque allemande du 10 mai 1940. Le cycle du Monde réel s'achève là. Aragon, bientôt, va confier au passé la tâche de nous parler du présent. "Les rendez-vous romains" décrit les tourments artistiques et amoureux de David d'Angers au lendemain de la défaite de Napoléon. La Semaine sainte - qui "n'est pas un roman historique" - retrace la fuite de Louis XVIII devant l'Empereur en 1815 à travers le périple de Géricault, qui délaisse la peinture pour la compagnie des mousquetaires du roi. Dans un cas comme dans l'autre, la figure de l'artiste se trouve au premier plan, et permet à Aragon de s'interroger sur le sentiment national et la finalité de l'art. Pour autant, Dunkerque et 1940 ne sont pas relégués aux oubliettes. A bien des égards, La Semaine sainte offre un lointain écho des Communistes. C'est toujours du désarroi face aux bégaiements de l'Histoire qu'il est question. En croisant les lieux, en superposant les exodes, ces deux romans sont l'écriture er la réécriture du traumatisme que constitua "l'étrange défaite". S'y entrelacent les mêmes questionnements : la fidélité au camp choisi et son corollaire, la trahison, le sentiment national, le lien entre l'individu et la communauté. Si Les Communistes a pu être lu comme un roman partisan, La Semaine sainte, écrit en 1958 après "ce coup formidable porté à l'esprit de certitude que l'on résume par le nom du XX ? congrès", montre la fragilité des choix politiques autant que leur nécessité et rappelle la force de l'indécision. C'est peut-être la raison qui poussa Aragon à abandonner David d'Angers, personnage romantique empli de convictions et de certitudes, au profit de Géricault, en proie au doute. Le XIX ? siècle nous tend un miroir où se réfléchissent les interrogations contemporaines sur le loyalisme, la crise nationale, la défaite d'un régime. Suivra, en 1964, "Le Mentir-vrai" dont le mot d'ordre pourrait être la scission entre vérité et roman.

09/2008

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Littérature française

GHERASIM LUCA. L'intempestif

L'œuvre de Gherasim Luca pourrait se prêter à la légende d'une traversée du dadaïsme, du surréalisme et de la " poésie sonore ", aventures de la création, qui fondent notre épopée moderne. Elle entretient pourtant avec ces avant-gardes une relation d'intimité qui n'est pas " allégeance " ni dialogue. Dès les premiers textes, l'écriture poétique naît du litige entretenu à l'égard des mythes littéraires, suspecte les récits rétrospectifs et lutte contre toutes les figures édifiantes auxquelles la modernité aime à associer l'écrivain. Elle tire sa singularité d'une intransigeance nourrie à l'encontre de ses propres idéaux. L'intempestif caractérise alors cette voix discordante qui s'empare des représentations philosophiques contemporaines et les place sous une lumière qui révèle subtilement les tensions irrésolues qui les traversent. La poésie est ici la danse de la pensée lorsqu'elle refuse toute précaution, et " comme le funanbule à son fil s'accroche à son propre déséquilibre ". Cette approche poétique de l'abstraction philosophique révèle les désirs qui la nourrissent et dessine, dans la langue, les contours sensuels parcourus par l'idée avant son expression. La poésie de Gherasim Luca, au moment même où elle se voue à la matérialité du langage, inventant son " bégaiement " inspiré, décèle en effet dans cette syntaxe désarticulée le moyen d'une relecture démystificatrice de l'héritage, littéraire et philosophique, dont notre modernité poétique se réclame. Ce questionnement impromptu des valeurs de l'excès et de la subversion qui commandent notre représentation moderne de la littérature se manifeste dans des textes où la place réservée au lecteur est elle-même d'une instabilité radicale. L'interprétation se voit contrainte d'avouer son intéressement et sa violence. La démystification n'est pas la fin ultime de cette œuvre. La création poétique se voue à la conquête de l'incertitude. S'esquisse une théorie poétique du signe, qui, de recueil en recueil, fait se rejoindre la tragique d'une fuite éperdue du sens et la jubilation d'une chasse vouée à la répétition indéfinie. L'humour, si rarement associé à la poésie en France, devient soudain l'indice d'une distance intérieure du langage qui ne saisit sa proie qu'en se faisant, voluptueusement et désespérément " ombre ". Gherasim Luca poursuit cependant l'invention d'une " physique élémentaire " de la langue poétique. Il refuse le constat ou la déploration de l'absurde, qui contemple mélancoliquement la désertion du langage par les " valeurs " qui fondaient autrefois sa transcendance. Dans l'immanence des qualités plastiques et sonores de la langue, un rythme est conquis. La fuite de la signification, qui se dérobe à mesure qu'elle se construit, devient un geste érotique qui ouvre le discours au surgissement d'autrui. Le langage est-il ici un nouveau dieu trompeur et furtif, tout puissant ? Certes, le rire se glisse imperceptiblement derrière le sérieux de chaque acte aveugle devant ses propres risques et immuablement solitaire : il en révèle la nature théâtrale. Mais la " ruse " du langage s'effondre dès lors que surgit le dernier geste intempestif de cette poésie. Un autre rire éclate dans les mots, rire héraclitéen, qui exerce la séduction du néant pour mieux démentir sa victoire : Gherasim Luca opère l'union improbable de la tradition apocalyptique et de l'humour. L'effondrement humoristique du sens rejoint alors son relèvement : la catastrophe se fait révélation par le rire, et le désir, la silhouette d'un Thanastos énergumène.

07/1998

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Sciences historiques

Cahiers d'Histoire N° 143, juillet-août-septembre 2019 : Migrations & nation : le cas italien

Revenir sur les migrations, encore et toujours. Travail crucial en temps dinstrumentalisation criminelle des craintes suscitées par ces "autres" qui arrivent. Temps où, en Italie, ce mois de septembre 2019, les défenseurs de Matteo Salvini se mobilisent contre un nouveau gouvernement qui acceptera "linvasion" et préparent une "grande journée de la fierté italienne" le 19 octobre. Temps des incessants bégaiements du même, temps des oublis aussi. Oublis des constants déplacements des humains à la surface du globe, des micro-déplacements de villages à villages aux longues migrations transatlantiques. Oublis des conditions de construction des cadres nationaux et des rejeux des formes des appartenances et des identités. Les travaux des sociologues, des géographes, des historiens ont beau se multiplier depuis plusieurs décennies, le développement des savoirs vient buter sur un contexte de luttes économiques tues sur un socle de passions identitaires, qui conduit à faire à nouveau du rejet des immigrants un moteur des politiques de nombreux Etats, en Europe et au-delà. Cela est connu, trop connu. La Méditerranée, grand cimetière africain, le plus grand cimetière de migrants au monde, 30 000 morts depuis 1990 selon lONG United against racism, nous nous devons de tristement répéter ces réalités monstrueuses en ouvrant ce numéro des Cahiers dhistoire qui nous parle dItalie, de cette "botte" immergée en Méditerranée1. Nous devons le répéter en cette année qui célèbre la gloire dun grand migrant de la Péninsule, savant, peintre, dont lhumanité tout entière sapproprie aujourdhui les oeuvres, devenues "patrimoine" pour lhumanité. Né à Vinci, en Toscane, mort à Amboise, dans le royaume de France en 1519, Léonard nous ramène à un temps où lItalie nétait pas une et où le grand savant pouvait vendre son talent dinventeur aux princes qui y menaient avec constance des guerres pour lhégémonie sur de micro territoires. Pascal Brioist a rappelé cela, qui déconstruit à sa façon les mythologies nationalistes2. Les Cahiers dhistoire se sont donc saisis du choix des "Rendez-vous dhistoire" de Blois de faire penser à propos de l "Italie" pour construire ce dossier. LItalie, beau cas décole que ce petit espace intensément divisé par la dense présence humaine, par une exceptionnelle ouverture maritime, si propice à létude de la réalité des migrations et de la diversité de leurs visées comme de leurs formes. Les historiens de lItalie mais aussi des migrations, Mathieu Grenet et Stéphane Mourlane, ont fait le choix de décentrer nos regards par rapport au drame contemporain comme aux flux spectaculaires bien connus de lémigration italienne des 19e et 20e siècles pour évoquer les circulations internes à la Botte et interroger le rôle de ces déplacements de femmes et dhommes dans la construction dune nation unifiable, de fait politiquement unifiée depuis la fin du 19e siècle3. Les contributions rassemblées dans ce dossier des Cahiers dhistoire étudient ces faits migratoires sur un temps long allant du Moyen Age au 20e siècle. Elles rappellent donc de façon salutaire la diversité des configurations sociales des migrations. La migration nest pas le plus souvent un passage de frontière, elle nest pas non plus toujours définitive. Elle est souvent saisonnière, associée à une recherche de travail qui conduit à partir avec le projet de revenir et lorganisation de retours. Elle saccompagne de multiples allers-retours, visant à entretenir des liens que la migration met à mal, notamment entre parents et enfants, comme lévoque ici en particulier Anna Badino à propos du grand mouvement migratoire du sud vers le nord de laprès Seconde Guerre mondiale. Mais les migrations ont souvent été plus courtes : Eleonora Canepari évoque une circulation permanente entre les campagnes et la ville de Rome à lépoque moderne, reprenant les mots évocateurs de lun de ces migrants : "Je vais et viens de Rome selon les occasions" . Toutes les contributions disent la complexité des faits migratoires, entre circulations traditionnelles transfrontalières et refus de la conscription napoléonienne dans les populations rurales des Apennins étudiés par Francesco Saggiorato, situations socialement contrastées des migrants ruraux vers la Florence médiévale évoquée par Cédric Quertier, croisements de multiples mouvements dans le temps, dans lespace, au gré des opportunités politiques comme économiques, des contraintes étatiques, religieuses, tels quévoqués par Matteo Sanfilippo dans le moyen terme des 18e et 19e siècles. Ces études rappellent que les migrations sont de toutes les sociétés et de tous les temps, mais aussi que ce sont les interdictions de circuler qui les transforment en exils quasi définitifs, amplifiant à la fois leur dimension de déracinement et la marginalisation des migrant-es dans les sociétés darrivée.

10/2019