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Poésie

Zanguézi. Edition bilingue français-russe

Velimir Khlebnikov (1885-1922), poète hors norme, écrit Zanguezi, poème-pièce, "surnarration" , à la fin de sa vie. Zanguezi est le nom du héros, prophète, alter ego de son créateur. Contemporain de la révolution russe, révolution non seulement politique mais aussi artistique, Velimir Khlebnikov est, parmi les novateurs, celui qui, sans doute, dynamite le plus le langage pour créer un monde nouveau. Mathématiques, astronomie, philosophie, ornithologie, tout sert à celui qui se veut "président du globe terrestre" pour façonner sa "langue des oiseaux, poésie stellaire" , dans laquelle il n'est pas de mots, mais des mouvements, pas de chapitres, mais des surfaces. En 2020, on célébrait le 135e anniversaire de la naissance de Velimir Khlebnikov. A cette occasion, l'atelier de Boris Trofimov, à Moscou, réalisait une édition de Zanguezi, en russe et en anglais, visant à reproduire graphiquement le rythme du poème. Nous reprenons cette composition graphique en russe et en français.

11/2021

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Poésie

Ondes des lingo-pensèmes

Le long poème de Jean-René Lassalle appartient à ces OLNI ou Objets littéraires non identifiés qui nous obligent à repenser les découpages théoriques au moyen desquels nous identifions les textes. Ainsi que l'auteur le définit lui-même, son projet consiste en "un long poème en 100 tercets. Chaque tercet rayonne autour d'un mot placé en italiques. La structure en est inspirée par la liste originale de 100 mots développée par le linguiste nord-américain Morris Swadesh (entre 1950 et 1970), qui voulait recenser les concepts les plus répandus, communs à un maximum de langues. [... ] C'est une "danse de la pensée dans les mots" à plusieurs niveaux et interactions". C'est bien à une exploration poétique de la genèse du langage, de son universalité et de son opérativité que se livre l'auteur de ces lingo-pensèmes, avec toute la rigueur d'une quête philosophique et linguistique, et l'élégance que confère à son écriture l'usage de très strictes contraintes formelles.

07/2023

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Poésie

Aguets

"En lisière des tumultes" , là où tout cède, tout recommence, Antoine Choplin consigne poème après poème la saignée d'un temps qui heurte, violente et, parfois, recueille ce qui ne cesse de naître au coeur des ruines de nos vaines croyances. La mort règne. Et la guerre. La destruction sournoise ou massive. Il n'en demeure pas moins que le poète, aux aguets donc, se doit de formuler une sorte "d'espoir inespérable" comme ce "possible attentat / dans le métro bondé de [sa] vie de tous les jours". Dès lors, fuir le chagrin, rompre le silence, chercher un peu de lumière, déchiffrer dans les entrailles du sommeil un avenir d'une beauté foudroyante, il n'y aura d'autre destin pour qui recourt enfin au paysage : au terme de son "précis d'égarement" , Antoine Choplin montre non sans superbe que l'on peut encore y rencontrer le lieu du partage, de l'errance et de l'habitation.

05/2023

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Poésie

La sandale d'Empédocle

Empédocle aurait laissé ses deux sandales au bord du cratère avant de se jeter dans les laves de l'Etna, fusion de la matière. Len-trée dans les lieux du sacré suppose se déchausser ("retire tes sandales, commande Dieu à Moise, tu es dans le val sacré de Tuwa") se débarrasser de l'argile (" nous avions pataugé dans la boue lundi à Thiais cercueil à l'épaule") pour rejoindre la lumière, se fondre dans le flux, s'évanouir... A relire les présocratiques, La Mort d'Empédocle de Hölderlin, quoi prendre pour se confronter au poème ? Comment ordonner sa pensée, et d'abord y a-t-il penser ? Le penser vrai que le poème s'efforce de mettre au jour se dispense d'argumentaire. Il se développe dans la suite de mots qui regagnent chacun la place assignée. Il vise à l'évidence des mots quand ils sont bien chargés et qu'ils parlent.

07/2021

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Poésie

L'arbre poésie. Anthologie bilingue

La poésie de Saúl Ibargoyen, telle un être vivant, s'étend en de multiples ramifications, déployant la complexité de lignes esthétiques dont le point de départ est cet unique tronc, le poète lui-même, nourri de vastes racines, d'influences reçues et d'affinités ressenties. Les registres sont variés, depuis le poème long jusqu'au micro-poème, depuis la prose jusqu'au haïku, depuis le déchirement élégiaque jusqu'à la célébration de l'aventure humaine, et les sources d'inspiration ressortissent autant à l'engagement personnel et au combat politique qu'à la quête de spirituel. Les compilateurs réussissent la tâche remarquable de mettre en lumière la structure intérieure de cette oeuvre monumentale tandis que les traducteurs se complètent pour démêler une écriture qui va du familier au surréaliste en passant par les tons de l'humour, de la fureur et de l'allégresse, donnant à voir pour la première fois au lecteur francophone "l'Arbre poésie" de Saúl Ibargoyen.

11/2023

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Poésie

Nadir

Dans Nadir, c'est la réécriture du réel confiée aux enfants : leur imagination, leurs jeux et leur langage nous révèlent un monde nouveau et surprenant. La poésie de Laura Fusco dit le monde que le monde ne dit pas. La poésie de Laura Fusco nous rappelle à nos devoirs humains, en nous les jetant à la face, sans fard, ni fleurs, sans ménagement. La poésie de Laura Fusco nous secoue, nous giffle, nous griffe, nous ébranle. La poésie de Laura Fusco paraît simple ; Et parce qu'elle est claire ; Elle éclaire ; Les êtres de bonne volonté. Philippe Claudel. Le poème devient une arche de fortune, construite au plus près de cette vie nue, avec la rugueuse matière de son chaos même, dans un sentiment d'urgence. Comme on voudrait relever le feu de ses cendres, le ranimer depuis ses braises, le poème refuse que les vies se perdent sans trace, et que les hommes ne soient plus des hommes mais un flux à repousser. Jean-Baptiste Para.

09/2020

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Religion

LE TRESOR DU COEUR DES ETRES EVEILLES. Pratique de la vue, de la méditation et de l'action, discours vertueux du début à la fin

Le trésor du cœur des êtres éveillés. Dans ce livre, deux grands maîtres tibétains des XIXe et XXe siècles nous exhortent à examiner de façon critique nos préocupations matérialistes et à réfléchir attentivement à la façon dont nous allons passer le reste de notre vie. En même temps, ils donnent des indications pratiques pour suivre la voie bouddhiste, qui part des motivations les plus fondamentales et culmine dans l'expérience directe de la réalité au-delà de la prise de l'esprit conceptuel. Le texte-racine est un magistral enseignement versifié, écrit au XIXe siècle par Patrul Rinpoché (1910-1991), chef de la lignée de l'école Nyingma et l'un des grands propagateurs du dharma en Occident, développe le poème avec sa compassion et sa droiture caractéristiques. La combinaison de la fraîcheur incisive du poème de Patrul Rinpoché et de la pertinence pratique des commentaires de Dilgo Khyentsé Rinpoché forme un ensemble, assez bref, d'une remarquable cohérence et d'une émouvante beauté.

03/1996

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Littérature étrangère

Roland furieux. Raconté par Italo Calvino

Le Roland furieux de l'Arioste s'est imposé comme un des ouvrages fondateurs de la littérature européenne avec un poème aux mille registres qui a ouvert la voie de l'aventure romanesque, cinq siècles avant la liquidation de la littérature chevaleresque achevée par Cervantès avec son Don Quichotte. Nul hasard donc, souligne Italo Calvino, si parmi les quelques livres que le curé de Cervantès décide de sauver de l'incendie de la bibliothèque où Don Quichotte a trouvé le chemin de la démence figure le Roland furieux, "un ouvrage unique en son genre qui peut être lu sans la moindre référence à d'autres livres d'avant ou d'après : un univers en soi où l'on peut voyager en long et en large, entrer, sortir, se perdre". Les strophes choisies du poème succèdent ici à un récit limpide et passionné, fruit de l'admiration de Calvino pour l'Arioste : un extraordinaire guide à la lecture du Roland furieux.

11/2015

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Critique littéraire

Lecture de la Jeune Parque

Tout en faisant la synthèse des principales exégèses de La Jeune Parque, cet ouvrage se situe par rapport aux grandes orientations de la critique valéryenne et montre que le titre retenu par Valéry, loin d'être secondaire, comme on l'a souvent prétendu, éclaire de manière décisive la composition du poème. La figure de la Parque s'enracine à la fois dans un imaginaire personnel qui la transforme en Narcisse féminin. Il ne s'agit donc pas d'une simple référence, destinée à donner une coloration antique au poème, mais bien d'un mythe à part entière dans lequel Valéry projette son expérience de soi et du monde, dominée par le conflit entre l'esprit et le corps, entre l'intransigeance de la pensée et la fatalité des cycles cosmiques. Seule l'étude de ce travail d'appropriation et de réécriture permet de saisir la cohérence des images dans une oeuvre considérée à tort comme l'une des plus obscures de la langue française.

01/1993

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Poésie

Le Cantique qui est à Gabriel/le

Chant adressé à l'amour perdu dans une quête sans fin de l'unité, à laquelle concourent science hermétique et voyance, Le Cantique qui est à Gabriel/le est le long poème que Christian Gabriel/le Guez Ricord ne cessa d'écrire, puisqu'il était convenu qu'il ne serait interrompu que par la mort même. Pour sa composition, le poète invente une langue oraculaire, angélique, servie par une métrique démesurée de vingt-et-unes syllabes par vers qui maintient constante la tension de la parole et favorise la béance sur laquelle ouvre le poème. " Ce livre est un livre des morts, écrit comme dans la mort, dit le poète. La voix, ici, a la mort pour provenance, cette voix nous parvient pour accompagner le défunt dans son ultime traversée. " Etablie par Bernar Mialet, cette édition présente le livre tel qu'il fut défini par son auteur ; il rassemble Maison Dieu, La Tombée des Nues et Les Heures à la Nuit.

11/2005

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Poésie

Un pré. Chemin vers

C'est sans doute vers un seul paysage - immuable, tangible - que l'on s'avance en écrivant et que le poème sans fin recommencé tente de circonscrire - en vue d'une lumière, ou d'un apaisement. Un Pré, donc - où aurait eu lieu une scène que l'on hésite à transcrire mais dont l'ombre ne cesse de planer, dans la nuit arrêtée, comme un long cri muet. Et dont l'image se répète, au fil dans ans : on se dirige obstinément vers elle, sans l'atteindre jamais. Trouée dans le décor - et dans la prose ordinaire - le poème reproduit cette marche immobile, inventant pour la décrire un nouveau tracé prosodique, dont on percevra peut-être ici l'avancée : car si ce sont les corps qui tombent, à la croisée des pages, le périple menant au Pré fut bien d'abord ce chemin vers qui nous y reconduit sans cesse - avant la traversée.

10/2003

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Poésie

Portrait du poète en soufi

Le poète, soufi d'un nouveau genre en quête de la poésie globale de notre temps, trouve sa matière en réinventant sa patrie dans un nomadisme à l'horizon du monde. Hors tout dogme, le rêve de "verbe intégral" brise le miroir : il en restitue les éclats par le fragment qui transcrit le détail capté par le corps sismographe traversant les territoires des langues d'Orient et d'Occident. Ses échappées le conduisent vers le lointain, de la Corée aux Caraïbes, du Bengale à la côte ouest de l'Amérique ; et sur une scène plus proche, ses haltes enchaînent Tunis à Berlin, Tanger à Paris, Madrid ou Lisbonne au Caire, Alexandrie à Siwa, Jérusalem à Istanbul. Le don reçu est réorienté vers AYA, sujet d'amour, qui est l'adresse du poème. Le sens afflue par la physiologie du sentiment, de la sensation et de l'émotion. Le poème dévore d'infimes parcelles du coma cosmique. L'errant n'abdique pas.

11/2014

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Littérature française

L'Enfant n'est pas mort

1er avril 1960 : un bébé noir est tué par la police dans un ghetto d'Afrique du Sud. C'en est trop pour Ingrid Jonker, une jeune blanche qui fonce rencontrer la mère de la victime. Elle, la fille de l'un des dignitaires de l'apartheid, va écrire un poème bouleversant à la suite de ce drame. Mai 1994 : Mandela monte pour la première fois à la tribune de l'assemblée. Devant les députés médusés, il lit le poème d'Ingrid Jonker. Car la poésie est le fil de soie qui relie Nelson et Ingrid, par-delà les différences de couleur de peau. Faisant alterner avec brio la grande figure de Mandela et la fragile silhouette de la poète, Nimrod nous entraîne dans la douloureuse tragédie d'un pays qui se mêle au mal de vivre d'Ingrid. Comment survivre quand votre père est une ordure et qu'il vous renie ?

02/2017

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Contes et nouvelles

Le passant et autres nouvelles

"... Toute la thématique du poète est certes présente dans la prose, avec sa profondeur, ses angoisses, sa mélancolie, l'enfance et l'amour ; mais le bizarre, l'insolite, l'absurde, l'humour, la fantaisie, occupent ici une place que ne saurait, chez Taurand, leur accorder le poème. Les nouvelles respirent leur auteur : jovial, curieux, érudit, tendre, amoureux, fraternel et toujours révolté, comme dans la nouvelle Un dimanche, qui dénonce la Guerre d'Algérie et la colonisation. Poème ou nouvelle, Jacques Taurand est toujours en prise immédiate avec la vie, son "beau voyage", qu'il tutoie les yeux dans les yeux. Tout commence ainsi, à l'instar d'Un été à L'Isle Adam : "Parfois, lorsque le pouvoir d'enchantement du réel devient trop fort, il peut se produire que nous soyons amenés à douter de l'authenticité des évènements auxquels le hasard nous mêle. C'est ce qui m'arriva cette année-là"..."

03/2021

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Littérature française

Hourra l’Oural

Le génie poétique de Louis Aragon a trop souvent été éclipsé par ses engagements. Hourra l'Oural (1934) a longtemps pâti de ce destin : oeuvre de passion et d'aveuglement, ce poème témoigne de la fascination d'Aragon pour l'URSS des grands chantiers staliniens des années 1930. Pourtant, au-delà de toute obédience politique, Hourra l'Oural est une pépite de l'héritage littéraire aragonien. Par sa modernité stylistique, par sa recherche de formes artistiques nouvelles, ce long poème s'inscrit dans la tradition de Maïakovski et des futuristes russes, mais aussi de Blaise Cendrars et des surréalistes français. A travers ce texte, Aragon entend participer au cours de l'Histoire. Sa verve et sa virtuosité l'emportent aujourd'hui sur son manque de clairvoyance politique. Préface inédite de Dan Franck : Le romancier et spécialiste des avant-gardes du xx ? siècle donne à cette réédition une indispensable remise en perspective historique.

11/2022

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Poésie

Ouessant . Enez Eusa Apocalypse et droits de bris

Ouessant, Enez Eusa, est une apocalypse et un droit de bris. Rédigé volontairement sans majuscule, il est un poème de contrebande et de naufrage, de photos péries en mer et de paroles de sauvetage. Chant épique, il a été conçu comme une médiation et une transe, depuis le sémaphore de l'île, devant les rochers déchirant un Atlantique vengeur et amoureux. Ces mots-tempête, dédiés à son ami le druide et explorateur du mystère Breton, Gwenc'hlan Le Scouëzec, est aussi un hommage à toute la poésie bretonne, traversée par les figures de Bruno Geneste, Eugène Guillevic, Yvon Le Men et Paul Keineg. Venu du plus profond de ses montagnes occitanes, Serge Pey convoque ici, dans une longue hallucination acérée, les oiseaux, les passés et les avenirs, les mythologies, les faits divers, mais aussi les fantômes de toutes les Bretagnes qui habitent encore aujourd'hui le coeur des Bretons. Poème écologique, engagé et amoureux, Ouessant, Enez Eusa a obtenu le Prix Xavier Grall en 2020.

04/2021

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Littérature française

Il était une fois un vieux couple heureux

Il était une fois, effectivement, un vieux couple heureux. Des Berbères de la montagne marocaine, soumis au rythme doux de la vie villageoise, à l'observation des saisons et des couleurs du ciel. Le vieil homme, revenu d'un passé agité, passe ses jour nées à calligraphier en langue tifinagh, héritée des anciens Touaregs, un long poème à la gloire d'un saint Sa poésie sera chantée à la radio, diffusée en cassettes, imprimée et reconnue. Les portraits de visiteurs, étudiants américains ou amis revenant de l'étranger, ou de héros locaux promis à la désuétude, tel le forgeron africain, agrémentent le rythme austère des journées, scandées par la cérémonie du thé ou la préparation des plats ancestraux, dont un délicieux couscous aux jeunes pousses de navet. Tout en maugréant contre la " modernité fanfaronne " et ceux qu'il appelle les " parvenus ", le vieil homme entreprend un nouveau poème sur le thème de l'arc-en-ciel.

05/2002

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Poésie

Mes forêts. Suivi de Le paysage, l'intime, la poésie

Son nom semble la relier à une constellation, mais sa présence au monde la rend indissociable des paysages qu'elle traverse : Hélène Dorion vit environnée de lacs et de forêts, de fleuves et de rivages, de brumes de mémoire et de vastes estuaires où la pensée s'évase. Dans ce recueil écrit au coeur d'une forêt, elle fait entendre le chant de l'arbre, comme il existe un chant d'amour et des voix de plain-chant. "Mes forêts... " , dit-elle dans un souffle qui se densifie de poème en poème. Et l'on entre à pas de loup dans une forêt de signes où l'on déchiffre la partition de la vie sur fond de ciel, sur fond de terre, sur fond de neige, de feuillages persistants et de flammes qu'emporte le vent, de bourgeons sertis dans l'écorce et de renouvellement. Un chemin d'ombres et de lumière, "qui donne sens à ce qu'on appelle humanité" .

10/2021

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Critique littéraire

Correspondance. 1854-1898

Le monde est fait pour aboutir à un beau livre, parfois à un beau vers : "nuit, désespoir et pierreries" , "solitude, récif, étoile" . Pour cela, il fallait reprendre à la musique son bien, suggérer, voilà le rêve. Toute la poésie d'une vie est enfermée en un court volume. Les poèmes, denses jusqu'à l'hermétisme, que l'on sait maintenant décrypter, enferment le sens du monde, ou plutôt le suggèrent. Dans ces lettres pour la première fois réunies en entier, on trouvera l'histoire toute simple d'un homme qui a écrit "mon incompétence, je l'exhibe, sur autre chose que l'absolu" . A ses amis, il lui est arrivé de révéler le sens de sa recherche, de commenter certains poèmes, de montrer toutes les facettes de son esprit. C'est dans l'espoir de recueillir ces confidences qu'on lit ces lettres. Elles constituent un extraordinaire document sur les réseaux de sociabilité littéraire, en même temps que le meilleur démenti des clichés qui ont encore cours sur la solitude d'un poète résolument hors du monde. Car cette correspondance peut se lire comme une autobiographie poétique, intellectuelle autant que quotidienne. Le poète s'y fait homme du monde en sacrifiant à l'activité épistolaire. Ce faisant, celle-ci témoigne de l'évolution de l'esthétique de Mallarmé et nous fait pénétrer dans les coulisses de l'oeuvre où nous découvrons, parmi d'autres secrets, le principe de fabrication de "L'Azur" ou la genèse du sonnet en -ix. L'humour n'est pas en reste puisque le motif récurrent ici est l'horreur des lettres : Mallarmé écrit une lettre pour dire qu'il n'écrit pas de lettre. Au terme d'une correspondance qui compte plus de trois mille pièces, Mallarmé peut ainsi signer : "Celui qui n'écrit pas de lettres" .

03/2019

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Littérature érotique et sentim

Oeuvre érotique

"Je veux démoraliser la vie privée de mes contemporains", proclamait Pierre Louÿs (1870-1925). Il s'y est activement employé, en composant une énorme quantité d'érotiques qui ne seront révélés que peu à peu après sa mort. On reste saisi à la fois par l'acharnement mis à une telle entreprise et par la variété de ces textes : romans, nouvelles, contes, dialogues, théâtre, manuels d'érotologie, lexiques, et des centaines de poèmes libres. S'y ajoute une avalanche d'écrits autobiographiques, où Louÿs a mis en fiches sa propre vie sexuelle, comme l'étonnant Catalogue chronologique et descriptif des Femmes avec qui j'ai couché. Souvent, l'érotisme est rendu plus percutant encore par les dons de fantaisie et de comique parodique déployés par l'écrivain. Certains de ces textes étaient déjà connus du grand public : le roman Trois filles de leur mère, véritable sommet pornographique ; l'hilarant Manuel de Civilité pour les petites filles ; les espiègles quatrains de Pybrac ; la marqueterie anatomique des sonnets de La Femme. Mais le lecteur découvrira également ici un certain nombre d'inédits, notamment plus de deux cents poèmes, ainsi que tout un pan de Pybrac. Notre corpus comprend encore un ensemble de textes très variés, extrêmement audacieux (Manuel de Gomorrhe) ou d'une singulière pédagogie (Manuel pratique des jeunes lesbiennes). On y découvre un Louÿs encyclopédiste du sexe, à la curiosité universelle, tour à tour historien, philologue, archéologue, ethnologue, folkloriste... Sa volonté de connaître, d'étudier et de décrire toutes les formes d'amour s'affirme partout, avec une âpreté hors du commun. Tout cela constitue une oeuvre absolument unique, qui s'attache à dépasser sans cesse les limites et à nous communiquer une véritable frénésie. Jean-Paul Goujon

04/2012

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Religion

Le Mahabarat et le Bhagavat du colonel de Polier

Au milieu du XVIIIe siècle, un jeune Suisse de Lausanne, descendant de huguenots, abandonne ses études et part pour Calcutta. Il prend du service dans l'armée de la Compagnie anglaise. Pendant plus de trente ans, il connaît beaucoup d'aventures. Sur la fin de son contrat, de la bouche d'un pandit fort instruit, il s'informe de la religion et des grandes épopées. Rentré en Europe, il s'enthousiasme pour la Révolution française et s'installe aux environs d'Avignon, où il sera assassiné lors des troubles du Directoire. En quittant Lausanne, il a laissé à la chanoinesse de Polier, sa cousine, les liasses des notes qu'il a prises sous la dictée de son maître. En 1809 seulement, elle en tire une Mythologie des lndous dont le principal mérite est de contenir un précis détaillé des trois grands poèmes, le Râmâyana, le Mahâbhârata, le Bhâgavata Purâna, ces deux derniers étant étroitement imbriqués l'un dans l'autre. Ce livre a été dédaigné des indianistes, ignoré du public lettré depuis près de deux cents ans, alors qu'il aurait fourni une magnifique matière à La Légende des siècles. Georges Dumézil republie ici les chapitres où sont résumés les deux derniers poèmes. Le Mahabarat du colonel et de la chanoinesse n'est pas toujours conforme aux originaux sanscrits, sans qu'on puisse parler d'authentiques variantes, mais intelligemment construit, agréablement écrit, il en conserve l'essentiel. Il se lit comme un roman d'aventures du XVIIIe siècle. Il ne s'agit pas ici d'un travail scientifique, mais d'une réparation littéraire envers un de ces pionniers de l'orientalisme, maniant le pistolet et la plume, dont Anquetil du Perron n'est que l'exemple le plus connu.

03/1986

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Littérature française

Arborescences du crépuscule

L'insu de la nuit, cent poèmes et plus inspirés au crépuscule par l'inconnue qui passait par là... Hymne nostalgique à l'amour impossible, qui aurait pu être et ne sera jamais. Hommage à la femme inconnue, croisée d'un regard, à celle que l'on aurait pu aimer ou que l'on a aimée en silence car trop jeune ou inaccessible, souvenir d'un bonheur qui passe et s'enfuit. Réminiscence peut-être d'Une allée du Luxembourg de Gérard de Nerval, de Tristesse d'été de Stéphane Mallarmé. Cent poèmes et plus évoquant cette inconnue, la mer et la nature mais aussi la mort qui toujours rôde, la fille trop tôt disparue. Eros, Morpheus, Chronos et Thanatos ! Pierre Sautai, professeur de sciences économiques et sociales puis cadre de l'éducation nationale aujourd'hui en retraite, a exercé outre-mer, Ile de la Réunion, Martinique, Guyane, en ambassade en Colombie ainsi qu'en Afrique, Sénégal et Mauritanie, comme conseiller administratif dans les ministères de l'éducation nationale étrangers. Rentré en France, à Besançon, en 2005 après trente-cinq ans hors d'Europe, il perd son unique fille âgée de 20 ans en 2010. La poésie, l'écriture, de plaisir, deviennent alors pour lui une thérapie pour cette souffrance qui n'en finit pas de finir. Passionné de poésie, de musique et surtout d'opéra, il a donné de nombreuses conférences musicales en Guyane, au Sénégal et en Mauritanie. Depuis 2010, il partage sa vie entre la France et l'Asie, notamment la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam. Henry Aubry (1941-2008) attaché commercial et surtout artiste peintre rencontré à Bogota (Colombie) a exposé à Paris, à Copenhague mais aussi aux Etats-Unis, en Colombie et en Afrique.

12/2017

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Littérature française (poches)

Oeuvres. Tome 1

A dix-huit ans, Valéry entame une première carrière qui le conduit à faire paraître une trentaine de poèmes, après quoi le sentiment, autour de 1892, de ne pouvoir égaler Mallarmé ou Rimbaud en vient à ouvrir une crise : il cesse d'écrire. Néanmoins, trois ans plus tard, il donne coup sur coup deux brefs chefs d'oeuvre : l'Introduction à la méthode de Léonard de Vinci et La Soirée avec Monsieur Teste. Devenu rédacteur au ministère de la Guerre en 1897, il connaît une nouvelle, mais plus longue, période de silence à laquelle la publication de La Jeune Parque ne mettra un terme qu'en 1917. Il continue cependant, chaque matin, à l'aube, à tenir les Cahiers où il consigne des réflexions sur des sujets divers, mais la suspension de l'oeuvre est par moments vécue comme une panne douloureuse. Un nouveau départ est donné vers 1912 lorsque Gide lui demande de réunir ses oeuvres de jeunesse et, de la relecture de ses anciens poèmes, vont naître tour à tour, après la Parque, l'Album de vers anciens et Charmes en 1922. A cet ensemble s'ajoutent en 1919 les réimpressions de l'Introduction et de la Soirée et, peu après, les dialogues d'Eupalinos et de L'Ame et la Danse : l'évidence s'impose qu'une oeuvre majeure est en train de se construire. Cette gloire naissante vaut à son auteur de nombreuses commandes de préfaces, d'études ou de conférences qui viendront nourrir les volumes successifs de Variété, les Regards sur le monde actuel ou les Pièces sur l'art. Elle lui vaut également de participer à diverses commissions culturelles, en particulier dans le cadre de la Société des Nations, et de devenir ainsi, en Europe, une sorte de passeur de culture.

02/2016

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Poésie

Plan à vol de corbeau

Vingt ans après ce qui fut la première traduction française de cet ouvrage en 1999, Cori Shim & Jean-Yves Darsouze, qui en étaient les traducteurs, proposent cette nouvelle traduction intégrale et augmentée du chef-d'oeuvre poétique de Yi Sang, "Plan à vol de corbeau" ("Ogambo"), lequel comprend des poèmes publiés entre 1931 et 1956, soit presque 20 ans après sa mort au Japon en 1937 pour ces derniers. Né en 1910 à Séoul, année de l'annexion japonaise, toute sa vie durant, Yi Sang eut à subir l'occupation. Contraint de parler et d'écrire dans la langue japonaise imposée devenue officielle, il sut se l'approprier et la détourner. Diplômé d'architecture en 1929, cette influence est, parmi celle notamment des mathématiques (présence de chiffres, de séries, d'équations, mais aussi de lignes...), notoire dans certains de ses poèmes, comme bien sûr dans le titre même de cet ouvrage ("? Plan ? . ". .). Membre du groupe artistique "Le Cercle des neuf" qu'il intégra en 1934, Yi Sang, qui fut également peintre, publia dans le "Journal" éponyme de ce même groupe ("Pierres tombales" en papier et "Etat critique" y parurent notamment en 1936). Poète incontournable qualifié de "? Rimbaud coréen ? ", de nombreuses études et éditions nouvelles lui ont été consacrées, et un prix littéraire créé en 1977 porte son nom. "Sa poésie résolument moderne a parfois provoqué le scandale. Elle est torturée, loufoque [... ]. En exil dans une famille qui n'est pas directement la sienne, dans un pays qui n'appartient plus aux Coréens, dans une vie qui paraît condamnée par la maladie, Yi Sang bouleverse la phrase coréenne, utilise du vocabulaire étranger, des références scientifiques, et offre une vision déstructurée de la réalité, recomposée à travers une recherche de soi qui se perd aux limites du désespoir, de l'absurde et de la mort". (Jean-Yves Darsouze)

08/2019

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Poésie

Après, depuis

Après, depuis est un livre de deuil. Cette chose tout à fait commune, ce thème en soi banal se voient traités ici sur un mode particulier, qui fait basculer le ton forcément subjectif de l'expérience unique vers un cadre plus général, non pas impersonnel mais susceptible d'être investi par n'importe quel lecteur. En six étapes, de la chambre vide à la maison à vendre, chacune d'elles rédigées et composées dans un style et un rythme différents, ce livre fait le tour de ce qui reste et de ce qui change après la mort d'un être aimé. Le ton du livre rappelle par moments les grands textes lyriques de John Ashbery, mais aussi la fantaisie des listes telle qu'on la trouve chez Borges ou Sei Sh ? nagon. L'essentiel pourtant est le souci de lisibilité, puis la tentative de dépasser le vécu purement individuel. Après, depuis est une élégie dont la grande ambition est d'offrir un écho, certes décalé mais parfaitement reconnaissable, de la vie de ses lecteurs. Auteur francophone de langue maternelle néerlandaise, Jan Baetens est l'auteur de quelque vingt recueils de poésie, dont SLAM, poèmes sur le basketball, Cent ans de bande dessinée (en vers et en poèmes), Vivre sa vie, une novellisation en vers du film de Jean-Luc Godard ou Ici, mais plus maintenant. Les styles et thèmes de ces livres varient considérablement, mais leur point de départ est toujours le même : la vie quotidienne, refaite et repensée par la littérature. Il est également l'auteur de nombreuses études sur les rapports entre textes et images, dont récemment Le roman-photo (en collaboration avec Clémentine Mélois, éd. du Lombard) et Adaptation et bande dessinée (Les Impressions Nouvelles). Aux éditions JBE, il vient de publier le "? remix ? " d'une collection privée de ciné-romans-photos, Une fille comme toi.

06/2021

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Psychologie, psychanalyse

Le mariage sacré. Essai sur la notion de "mariage sacré" dans les anciennes cultures et en psychosomatique

Des poèmes sumériens aux hymnes védiques, en passant par les textes égyptiens, court un fantasme d'union sacrée, hiéros gamos, entre le frère et la sœur. L'auteur, analyste, psychosomaticien, propose une lecture des plus anciens textes mésopotamiens, égyptiens, védiques dans lesquels il "lit" les conflits et les crises d'une société passant du régime de l'endogamie à celui de l'exogamie. Il en dégage une même structure pouvant s'analyser en termes : - d'union sexuelle, - de meurtre sacrificiel, - de renaissance et de vie éternelle. (Il rappelle que ce n'est qu'au début de notre ère, en 295, que les mariages entre frère et sœur, en Grèce puis à Rome, furent interdits). Mais, s'agit-il, dans ces légendes et dans ces mythes de la transcription poétique d'une révolution économique et sociale interdisant les unions consanguines entre frère et sœur dans une société nomade en voie d'urbanisation ou de l'expression métaphorique d'un désir émanant de la nature sexuée de notre Inconscient et qui se fonderait sur un Narcissisme fondamental ; il s'agirait alors d'un souhait d'engendrer avec notre double de sexe opposé. Ce souhait servirait alors d'écran à un désir primordial d'auto-engendrement de type platonicien Des poèmes et des légendes mythiques analysés ressort un schéma fantasmatique d'union mystique entre le frère et la sœur dont le fruit, un enfant merveilleux, tel Horus, serait garant de la pérennité de la lignée et de l'immortalité pour les partenaires. Or l'auteur, analysant des entretiens avec de jeunes leucémiques, montre que ce fantasme habite toujours l'imaginaire humain. L'entretien psychanalytique retrouve, au fondement de ces troubles somatiques, ce fantasme d'union mystique du frère et de la sœur.

07/2002

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Poésie

A pleine voix. Anthologie poétique 1915-1930

Fils d'un forestier géorgien, Vladimir Maïakovski avait une allure de bûcheron, et c'est avec une énergie de cette nature qu'il va s'attaquer à la poésie de son temps. Né en 1894, il publie ses premiers textes en 1912. Il adhère alors au futurisme qui lui paraît seul capable de remplacer le symbolisme et l'acméisme dont les raffinements aristocratiques l'ennuient, et peut-être même, l'écoeurent. Après la révolution d'Octobre, il s'engage à corps littéralement perdu, avec la volonté de créer un nouvel art révolutionnaire et, plus précisméent pour ce qui le concerne, de forger un langage accessible aux masses. Désormais, ses écrits vont suivre le cours politique des choses, avec petits et grands événements, difficultés et triomphes. Le poète et le citoyen militant deviennent en lui inséparables. La poésie de Maïakovski rompt avec les règles rigides de la prosodie, son vers prend les intonations du langage courant, mais en inventant une scansion qui porte les mots de la rue jusqu'à une sorte d'incandescence ou de frénésie. "Un poète, affirme-t-il, doit développer son propre rythme, abandonnant iambes et mesures canonisées, qui ne lui appartiennent pas en propre. Le rythme magnétise et électrise la poésie ; chaque poète doit trouver le sien ou les siens". Cette nouvelle poétique, Maïakovski la voit comme un grand travail, et même une "industrie". Cet effort prométhéen, il va le tenir des années durant, les poèmes-fleuves succédant aux poèmes-fleuves, les récitals enfiévrés succédant aux voyages à travers l'URSS et le monde. Jusqu'au suicide soudain du 14 avril 1930, jour où l'élan révolutionnaire n'est plus assez fort pour sauver du naufrage un impossible amour.

11/2005

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Poésie

Les Soliloques du pauvre. Suivi de Le Coeur populaire

Gabriel Randon, dit Jehan Rictus, né en 1867 et mort en 1933, connaît une enfance difficile et conflictuelle, il quitte l'école vers quatorze ans, vit de petits métiers divers et commence à fréquenter le milieu des artistes et anarchistes de Montmartre. Menant une vie précaire, sans-logis pendant un temps, il fréquente à vingt-deux ans le monde des clochards et des vagabonds, expérience cruciale qui lui inspirera le meilleur de son oeuvre littéraire. Il a vingt-huit ans quand il entreprend en effet de donner la parole au petit peuple des rues et des déclassés dans des poèmes entièrement écrits dans sa langue, l'argot parisien. Ce sera Les Soliloques du pauvre qu'il fait connaître en les disant lui-même dans les cabarets montmartrois, au Chat noir notamment. Livre inclassable, sans équivalent dans l'histoire de la poésie, ce recueil qui connaît un succès immédiat en raison de sa force lyrique, de sa puissance oratoire et de sa maîtrise prosodique est sans doute, après Villon et avant Prévert ou Queneau, un des rares exemples d'une poésie qui use de la langue populaire et il préfigure d'une certaine façon le rap contemporain. Nous y avons adjoint le recueil Le Coeur populaire, écrit dans la même veine. C'est Nathalie Vincent-Munnia, universitaire spécialiste de la littérature populaire du XIXe siècle, qui a établi l'édition de ces deux recueils et le glossaire qui permettra au lecteur d'aujourd'hui de se familiariser avec l'argot truculent de Rictus. On trouvera à la fin du volume un lien vers l'enregistrement que fit Rictus de ses poèmes chez Polydor en 1931, extraordinaire document sonore disponible sur le site de la BNF.

11/2020

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Pléiades

Oeuvres

"Ce volume se rapproche autant que possible d'une édition des oeuvres complètes de Boris Pasternak en traduction française, à l'exclusion, bien entendu, de ses propres traductions, et aussi de sa correspondance. Sa poésie lyrique, il est vrai, n'est représentée que de façon sélective. Nous pensons cependant que le choix que nous en proposons, présentant la totalité des deux derniers recueils lyriques, les Vers de Iouri Jivago et L'Eclaircie, et une très large sélection de ceux qui font date dans son oeuvre, Ma soeur la vie et Seconde naissance, donnera au lecteur français une image équilibrée de l'ensemble. Les longs poèmes narratifs des années vingt, qui font transition entre la poésie lyrique et la prose de fiction, sont en revanche publiés dans leur totalité. Deux d'entre eux, L'Enseigne de vaisseau Schmidt et Spektorski, paraissent pour la première fois en français. Les textes de Pasternak ont été groupés par genres : c'est une présentation qui respecte aussi, dans une large mesure, l'ordre chronologique, du moins dans la première partie du volume, qui donne les textes littéraires achevés : poésie lyrique, poèmes narratifs, prose de fiction, prose autobiographique, et enfin le roman, Le Docteur Jivago, avec le cahier de vers qui en fait partie. La deuxième partie comprend des textes de circonstance ou inachevés : la critique littéraire, avec laquelle nous avons regroupé des textes de portée plus générale, comme les manifestes "futuristes" ou les Remarques sur les traductions de Shakespeare, les fragments romanesques et dramatiques inachevés, les reportages de guerre, et enfin les discours et déclarations publiques. La plupart des textes réunis dans cette deuxième partie sont traduits ici pour la première fois. Les autres traductions ont été soigneusement relues et, si nécessaire, corrigées", Michel Aucouturier.

04/1990

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Poésie

Le faune de marbre. Un rameau vert

"Qu'est-ce au fond qu'Un faune de marbre (malgré l'emprunt du titre à Hawthorne, aucune filiation ne peut être prouvée) ? Un cycle pastoral, très soigneusement structuré en dix-neuf poèmes dont un prologue et un épilogue. S'il est tout à fait conventionnel, par exemple, que la moitié des poèmes ait pour époque et pour cadre le printemps - la saison du renouveau, de l'énergie retrouvée avec les illusions -, il est plus révélateur que chacun soit centré sur un moment ou sur un caractère atmosphérique différent : la pluie, mai, le clair de lune, les bois au couchant, la nuit, etc. Le cycle est donc fait de variations d'ordre pictural (VI, VII) ou musical (XII, XVII). La tonalité générale est élégiaque, les sonorités longues, étouffées, et mouillées : la tristesse et, en effet (selon les voeux de l'auteur), la note dominante - et programmée. Le faune souffre d'être "en prison, voué aux rêves et aux soupirs", évoquant "des choses que je sais mais ne peux connaître" : le monde entier l'appelle, lui "que le marbre à jamais emprisonne". C'est donc en voyeur pétrifié (on trouve dix-sept fois dans le recueil le verbe to watch ou ses équivalents) qu'il assiste au déroulement des saisons, entend l'appel enjôleur de Pan, contemple la grâce bouleversante des peupliers frêles comme des filles, connaît le froid de la nuit, l'explosion du printemps, le vacarme des danses nocturnes et le silence des couchants - enfin, au retour du printemps, se retrouve "triste prisonnier" dont "le cour ne connaît que la neige de l'hiver". Toutes proportions gardées, Un faune de marbre évoque un drame à la manière de celui qui constitue l'argument de Igitur de Mallarmé." Michel Gresset.

04/1992