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Critique littéraire

Baudelaire

Enfant, Charles Baudelaire voulait être comédien. Cette fantaisie est très sérieuse : elle révèle toute l'importance que Baudelaire accorde à l'artifice, l'élément fondateur de son dandysme. Loin d'être une mode frivole ou juvénile, le dandysme représente pour lui une philosophie qu'il revendique et manifeste autant par sa vie que par son oeuvre. Voilà, parmi d'autres thèmes, ce qu'apporte cette biographie novatrice de l'auteur des Fleurs du mal : bien des pans de la geste du poète romantique méritaient d'être à nouveau questionnés. Nourrie de sources premières (les oeuvres, la correspondance, les notes autobiographiques, les témoignages directs), Marie-Christine Natta ne se contente pas de réutiliser une matière déjà exploitée. Elle accorde une place nouvelle à l'entourage de Baudelaire et en particulier à son éditeur Poulet-Malassis. Elle montre la pluralité de son talent, celui du poète, du traducteur, du critique littéraire et du critique d'art. Elle n'oublie pas non plus - ce qui est moins connu - l'humour de Baudelaire. Ce faisant, elle met en évidence les contradictions déchirantes de celui qui n'est jamais bien là où il est, qui célèbre les vertus du travail et maudit sa fainéantise, qui rêve d'ordre et de luxe, mais mène une vie de " chien mouillé ". La plume ciselée de Marie-Christine Natta restitue magnifiquement cette existence dont le cours paradoxal a favorisé l'éclosion d'une oeuvre à la fois singulière dans sa conception et universelle par sa portée.

08/2017

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Littérature étrangère

Contre tout espoir. Souvenirs

A côté des noms de Soljenitsyne et de Pasternak, celui de Mandelstam est de ceux qui évoquent la résistance de l'esprit contre le terrorisme stalinien. C'est l'air de la liberté qu'on respire dans ce livre étouffant dont le manuscrit, rédigé sans doute en 1964, est parvenu clandestinement aux Etats-Unis sous le simple titre de " Souvenirs ". Les souvenirs commencent en 1934, lors de la première arrestation d'Ossip Mandelstam, et évoquent ses trois années d'exil à Voronej. Ils s'achèvent avec la mort du poète, dans un wagon de déportation en Sibérie, un jour incertain de 1938. Mais, à l'intérieur de ce cadre, Nadejda Mandelstam, sans jamais parler d'elle-même, évoque de la façon la plus vivante toute une génération intellectuelle et politique, de Boukharine à Akhmatova, de Pasternak à Chklovski , et sa rapide réduction au silence dans les années 1920-1930. A ce titre, cet ouvrage ne constitue pas seulement le commentaire le plus autorisé sur les années les plus dramatiques et les plus fécondes de celui qui est unanimement considéré comme le plus grand poète russe du XXe siècle, mais un témoignage exceptionnel sur l'asphyxie de la culture russe qui a accompagné la prise de pouvoir par Staline. La sincérité de l'accent, sa simplicité tragique, sa dignité, son humour donnent son plein sens au prénom dont l'auteur avait fait sa devise : Nadejda signifie en russe " espérance ".

03/2012

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Revues Poésie

Femmes de parole N° 1 : Voix visibles

"Femmes de parole" est une revue poétique et interculturelle internationale publiant trois numéros par année, basée à Laval, au Québec. Chaque numéro présente une section "Passerelles" où deux duos d'autrices du Québec, jumelés à deux duos d'ailleurs, offrent des poèmes de leur cru ainsi que des textes explorant la trace de l'écriture d'une autrice que chacune a choisie dans la sienne. Une deuxième section intitulée "Echos et résonance" regroupe des textes de femmes et d'hommes qui rendent hommage à une poète décédée, sous forme de commentaires ou de textes inspirés par l'oeuvre de celle-ci. Dans ce premier numéro intitulé "voix visibles", les duos viennent de la France et du Québec et la poète Louky Bersianik est mise à l'honneur. Mais aussi, puisque la poésie n'est pas déconnectée du monde où elle voit le jour, il n'a pas pu être passé sous silence les féminicides qui ont frappé le Québec. Ont apporté leur contribution à ce premier numéro outre la directrice-fondatrice Nancy R. Lange : Cécile Ouhmani, Brigitte Gyr, Marie-Hélène Montpetit, Nicole Brossard, Sophie Brassart, Hélène Fresnel, Maëlle Dupon, Claudine Bertrand, Annie Molin-Vasseur, Louky Bersianik & Claire Varin (correspondances), Gaëtan Dostie, France Théoret, Annie Landreville, Aimée Dandois-Paradis, Olderin Salmeron, Anna Louise E. Fontaine, Catrine Godin, Marguerite Morin, Angelina Guo, Marco Geoffroy, Stéphane Despatie, Corinne Chevarier, Geneviève-Anaïs Proulx, Mireille Cliche, Duckens Charitable et Fabrice Koffy.

09/2021

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Littérature française

L'Exode. Ella à la rencontre des républicains espagnols

Ella, fille et petite-fille de républicains espagnols, se rend pour la première fois à une commémoration de la Retirada. Pendant ce voyage, ses souvenirs d'enfance et d'adolescence vécues à la frontière, dans la désinvolture et l'insouciance, lui reviennent en mémoire, très vite assombris par la tragédie de l'Exode. Faits historiques et récits s'entremêlent, avec des péripéties et des dénouements saisissants. L'Espagne républicaine, grande oubliée de l'Histoire, vaincue par un franquisme bien établi et impitoyable, sert de toile de fond à ce roman plein de poésie. Prises de conscience et réflexions accompagnent Ella dans ce double voyage. Née en France en 1951, Katia Seus-Walker passe une partie de sa vie aux Etats-Unis où elle enseigne à l'université de Washington, puis à l'université de Californie. Plus tard, maître de conférences à l'université Paul Sabatier à Toulouse, elle enseigne l'anglais scientifique et fait de la recherche en didactique des langues. Sa thèse Poésie de la Résistance - poésie et action l'amène à faire la rencontre du poète Rafael Alberti et du poète et éditeur Pierre Seghers, avec qui elle entretiendra une correspondance. Elle est auteure de 1939 - Un pont entre deux rives - 2020, et du recueil de poèmes engagés Eclipses. Elle a reçu le "prix des bibliothèques 2022" attribué par le concours Altaleghje pour sa nouvelle "Au fil de l'eau" .

02/2023

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Théâtre

Romantika. Théâtre

Durant l'hiver 1918-1919, Marina Tsvetaïeva, vingt-six ans, vit encore à Moscou, où elle affronte seule les temps terribles du communisme de guerre. Elle est déjà le grand poète qui s'affirmera dans l'émigration, à Prague et à Paris, avant de retourner en Russie soviétique où l'attend, en 1942, une fin tragique. Dans Moscou affamé et glacé, elle a fait la connaissance des jeunes comédiens du Studio de Vakhtangov... elle a envie de mettre son talent de poète au service de leur vive personnalité théâtrale. Pour eux, elle écrit coup sur coup six petites pièces en vers - théâtre et poésie à la fois - qu'elle réunira sous le titre de Romantika, «Pièces romantiques» : six études dramatiques brèves, dans la triple tradition de Pouchkine, de Musset et d'Alexandre Blok, où la convention stylisée masque et révèle l'inquiétude historique et existentielle. Six poèmes où s'invente un «théâtre de l'Âme» qui met en jeu, avec tendresse et rigueur, les hasards de l'amour, de la vie et de la mort. Les personnages y émergent d'un dix-huitième siècle rêvé ; on y voit un Casanova douloureux et superbe donner la réplique à de poétiques figures féminines, emblèmes d'éternité en des temps de trouble. Le texte (sa musique, sa vitesse, son délicat système d'images) s'affirme comme la seule substance qui soit sentie comme réalité, le seul festin possible parmi la peste du monde.

11/1998

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Littérature française

La face humaine

"Le but de ce livre n'est pas de donner je ne sais quelles règles d'une poésie qui se dirait "religieuse", mais de montrer quel mode d'adoration prolonge logiquement la poésie. Louange adressée à l'Ouvert, ce livre est lui-même un acte d'adoration mené de son début à son terme. L'adoration, face au transcendant, est l'acte intégrateur parvenu à son point de rupture : donc le résultat du travail de la pensée en vue de sa cohérence même, travail qui réussit par cette rupture illuminante où il échoue. Ce travail fait apparaître et converger dans l'homme certaines directions ou intentions privilégiées, constantes de l'esprit dans son activité créatrice, dans sa quête réalisante. La poésie, l'une de ces constantes, peut être dite l'usage exhaustif du verbe en quête de son essence. Qui entend cette définition est un poète, quand même il n'aurait jamais écrit un seul vers : mais qui ne l'entend pas, même s'il est poète, ne sera jamais pleinement, exhaustivement tel. Sans pour autant mépriser le métier des vers, ni les jeux verbaux de l'intelligence sensible, je n'emploie le mot "poésie" que dans le sens d'attention passionnée à la vérité consubstantielle au langage, mieux : d'identification singulière au destin du verbe humain. De cette vocation, je cherche la fin aux deux sens du mot : fin qui en est évidemment l'essence." Pierre Emmanuel

02/2019

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Littérature étrangère

Et les regrets aussi

Jeremy Best a deux vies : avocat le jour, poète la nuit. Trentenaire et célibataire devant l'éternel, il mène une existence confortable à New York, tout en se méprisant un peu. Un jour, il croise Spaulding, la fille de 19 ans de son patron. Cachant sa sensibilité à fleur de peau derrière un cynisme plein de verve, elle vient de faire un séjour en hôpital psychiatrique. Poète en herbe, elle est l'une des rares lectrices de Jinx Bell alias Jeremy Best. Entre les deux, c'est le coup de foudre. Mais les amoureux aux quatre mains gauches tergiversent des semaines avant de passer à l'acte. D'autant que Jeremy apprend qu'il est atteint d'un cancer généralisé. Au bout de longues semaines d'hésitation, et à l'issue d'une soirée où Jeremy lui sauve littéralement la vie, Spaulding devient sa maîtresse et sa confidente. Elle l'accompagne dans ses derniers désirs-délires. Après un week-end express à Rome, elle reste près de lui dans un motel au bord de la mer, à Long Island, en attendant sereinement la fin. Chemin faisant, chacun trouve son salut : Jeremy rassemble son oeuvre poétique qui sera publiée après sa mort, Spaulding se réconcilie avec ses parents divorcés, remariés, alcooliques ou égoïstes. Et avec la vie. Une " Love Story " magnifiée par une touche de dérision et une réflexion sur la vie, les mauvais choix, les regrets et le temps à ne pas perdre.

02/2016

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Pléiades

Oeuvres complètes

Premier écrivain de l'histoire de notre littérature : le premier sous le nom duquel on ait placé plusieurs ouvrages mis « en roman », c'est-à-dire en français, et qui forment une ouvre. Fondateur d'un art de conter et d'un univers à conter, autour d'un roi, Arthur, d'une cour que résume un symbole, la Table Ronde, et de quelques héros auxquels s'identifier pour se perdre dans un éternel hier. Faiseur de mythes, créateur d'un objet religieusement mis en scène et aussitôt retiré, interdit, rendu à jamais désirable, le Graal. Poète de la beauté, du désir, de la joie, de l'amour qui tantôt brille comme l'or des cheveux d'une reine, découverts par Lancelot sur un peigne qui fait signe au bord du chemin, tantôt revêt aux yeux de Perceval, réconcilié avec Dieu au soir du Vendredi saint, les éblouissantes couleurs du sacré. Un poète, un maître, un fondateur, un écrivain : tel est Chrétien de Troyes. Du reste, de sa vie, de son visage, on ignore tout. On sait seulement ceci : il vécut à la fin du XIIe siècle dans la première ville de Champagne, et il laisse cinq des dix romans les plus importants de son époque, un style à imiter, des modèles à admirer, des questions à résoudre, de quoi réveiller l'enfant qui est en nous, et rêver pendant toute une vie d'homme.

05/2005

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Poésie

Ridiculum vitae précédé de Artaud Rimbur

Poète phénomène, poète énergumène, Jean-Pierre Verheggen est l'inventeur d'un genre nouveau, l'opéra-bouche : un opéra où il opère à vif, où il profère à la vitesse du son le parler grand nègre qui produit l'ouïssance, à la fois jouissance de l'oreille et par l'oreille. En liberté dans les fourrés et les coups fourrés du langage, il donne une oeuvre qui est à recevoir dans la résonance ferroviaire de sa voix, avec sa verve de grande déferlante, son swing de boxeur des lettres, sa fantaisie féroce. Le souffle, ici, charrie tous les essoufflements. Le chant, ici, est de savante cacophonie. La poésie, ici, s'octroie le burlesque et l'outrance, le tragique et l'outrage. Elle est sans frein, sans remords, sans pitié. Comme le souligne Marcel Moreau dans sa préface : " Chez Verheggen la polyphonie est crûment sensorielle : la connaissance par les tripes. Mais il y a plus, c'est un obsédé des saveurs. Du langage il traque les succulences secrètes, les épices ravageuses. Il les débusque dans les profondeurs du dire. Violentes ou suaves, il se les remonte jusqu'aux papilles. C'est là qu'il se les ensalive, mot à mot. On le lit avec des yeux qui auraient du nez, et une bouche qui aurait un regard. Avec lui, on se sent alphabétisés de partout, du rectum aux génitoires, en passant par le coeur, où l'émotion, toujours, est l'honneur de la folie".

02/2001

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Critique littéraire

ECLAT DES CONTRAIRES. La poétique de Saint-John Perse

L'œuvre de Saint-John Perse semble édifiée à l'écart des mouvements littéraires du XXe siècle. Le poète a cultivé cette distance en même temps qu'il sculptait le masque du personnage appelé " Saint-John Perse " dans le volume de la Pléiade rédigé et agencé par ses soins : il entendait alors défendre sa poésie dans un contexte jugé défavorable. Colette Camelin interroge l'historicité de cette œuvre, donnée pour intemporelle, et montre comment, affrontant les enjeux majeurs du siècle, elle se construit dans un dialogue complexe avec le symbolisme, le surréalisme, la peinture de Georges Braque... De manière originale, l'étude conjointe des manuscrits et de la bibliothèque du poète permet de combiner l'analyse des recueils, au fil de l'élaboration de l'œuvre, avec l'examen des ouvrages qui ont nourri sa pensée. On lit par-dessus son épaule Empédocle, Pindare, Virgile, Plotin, Spinoza, Rimbaud, Nietzsche, Bergson, en même temps qu'on accompagne son évolution intellectuelle, inscrite dans les Proses et la texture même des poèmes. Dans cette poétique se dégagent ainsi de vives tensions entre l'énergie cosmique et l'action humaine, la puissance du subconscient et la rigueur intellectuelle, mais aussi entre la souffrance de la perte et l'éclat de l'éloge, le rythme savamment gouverné et l'émotion qui brise la syntaxe. Œuvre humaine " à fleur d'abîme ", œuvre vivante où, des contraires, jaillit l'éclat.

11/1998

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Théâtre

Théâtre. Tome 7

Miraculeusement sauvés du naufrage de la guerre civile espagnole, les deux très importants inédits que le hasard rassemble dans ce volume (ainsi qu'un très curieux scénario de film) plus de quarante ans après la mort tragique du poète, suffiraient à eux seuls à donner une plus juste idée de son génie, absurdement enfermé dans une légende de folklorisme andalou. Le Public (1930) plonge au plus profond de la métaphysique et, pour atteindre la "vérité des sépultures", c'est-à-dire l'ultime réalité de l'homme, dépouille furieusement ses personnages de tous leurs masques avant de les réduire au néant, non sans mettre en pièces sur son passage la morale conventionnelle et ses tabous. C'est peut-être la plus haute vague de la révolte surréaliste. S.T. (1935), premier acte d'un drame inachevé sans titre, ouvre, au contraire, toutes grandes les portes du théâtre sur l'actualité la plus brûlante, sur la vie brute qui palpite dans la rue, la faim et la souffrance des exploités que le poète appelle dans un grand cri libertaire à la révolution. Toutes les structures classiques du théâtre y sont bouleversées. La richesse imaginative et conceptuelle, la puissance, la double ou triple profondeur, la portée universelle de ces pièces font apparaître Lorca, tel qu'en lui-même enfin, comme le grand rassembleur des extrêmes, comme le lieu privilégié où dialoguent sans cesse le pessimisme le plus radical et l'engagement fraternel.

05/1979

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Beaux arts

Le Figaro hors-série : Michel-Ange, le corps et l'âme

POINTS FORTS> Un hommage au génie de l'artiste prodige> Découvrez le récit de 9 journées de sa vie> L'analyse de son oeuvre de titan comme dessinateur, sculpteur, peintre, architecte, poète Il aurait pu s'arrêter de sculpter à vingt-neuf ans ans, après avoir donné au monde deux chefs d'oeuvre, sa Pietà son David. A Florence, son maître Ghirlandaio avait compris, à la vue d'un dessin de son apprenti, que Michel-Ange en savait déjà plus que lui. Protégé de Laurent de Médicis, l'artiste prodige serait choisi par trois papes, qui lui confieraient l'exécution de chantiers aussi gigantesques que les 800 m2 de fresques au plafond de la chapelle Sixtine, le monumental Jugement dernier, la Coupole de la basilique Saint-Pierre de Rome. Dans la lignée de la splendide exposition du musée du Louvre sur la sculpture florentine, de Donatello à Michel-Ange, et de la sortie du film d'Andrey Konchalovsky sur l'artiste, le Figaro Hors-Série consacre un numéro double au génie tourmenté de Michel-Ange. Découvrez le récit de neuf journées de sa vie, de Florence à Rome, entre les guerres de clans et les luttes d'influence ; le portrait de ses amis, de ses protecteurs, de son rival Raphaël ; l'analyse de son oeuvre de titan, comme dessinateur, sculpteur, peintre, architecte, poète ; le décryptage des films qui lui sont consacrés. Michel-Ange de A à Z, magnifiquement illustré.

01/2021

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Poésie

Romances inassouvies

Les mystères de l'amour sont, à bien des égards, imperceptibles : ils échappent à la logique, ils se jouent des certitudes, ils imposent leur part d'ombre. Le poète est souvent un romantique qui espère au-delà de la déroute, au-delà des chaînes qui se brisent, des offenses, des malaises. Mais les mots ne suffisent pas pour reconstruire une relation abîmée par les jours mauvais, par un monde souvent impitoyable. La réalité amère vient rappeler au poète que le brouillard existe aussi, que le soleil se couche après une journée éclatante de lumière et de chaleur. Brahim Saci, inspiré et méditatif, se promène dans Paris, cette ville qu'il aime tant ; c'est cette cité qui l'incite à écrire, un carnet toujours dans la poche pour tenter de saisir ces mots qui viennent vers lui. Les mystères de l'amour sont comparables aux mystères de la création : leurs contours sont invariables, imprévisibles, sombres et lumineux à la fois. Romances inassouvies, ce nouveau recueil de Brahim Saci est, au final, une belle balade qui enchante le lecteur, qui le guide sur les sentiers de l'âme humaine en souffrance. Mais cette balade est également salvatrice car c'est une invitation à aller au fond de soi-même, au fond de ces possibilités du bonheur. Les mots offrent cette grâce qui ne s'use pas, qui reste éternellement dans la mémoire des amoureux.

12/2018

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Théâtre

Corneille, le destin d'un écrivain de théâtre

A Rouen, le jeune poète forme mille observations de sociologie urbaine, en phase avec le progrès galopant des échanges d'idées, et de leur plus subtil véhicule, l'art dramatique. En brutal désaccord avec ce début étincelant, Corneille est devenu, pour l'érudit, un colosse de bronze. Les huit pièces précédant Le Cid n'auraient été que de futiles préparatifs, les vingt qui suivent Polyeucte, un labeur essoufflé. Or, dans les courtes années de sa supposée grandeur, il travailla pour se conserver la bienveillance de Richelieu. Contexte fâcheux, brouillé par la pression des théoriciens contre Le Cid. Afin de retrouver ce qu'il appelle modestement ses broderies de morale et de politique, il importe de voir le reste. A la mort de Richelieu, après Polyeucte, il reprit sa route, déploya un fantastique éventail de formules techniques. Et c'est à l'occasion d'un nouvel éclat, Nicomède, qu'il devait rencontrer, définitivement cette fois, le démon de la broderie politique. De Nicomède a Othon, nous trouvons d'ambitieuses leçons pour toujours. La guérilla du créateur ne méritait-elle pas d'être vécue, comme au théâtre ? Le présent ouvrage offre une étude cursive, suivie d'un dialogue entre le poète, ses amis, sa famille, et son plus coriace adversaire. Réconcilions Pierre Corneille avec sa méditation et sa vie personnelle ; écoutons ce que, sous les ors d'une poésie qui matérialise les pièges de la grandeur, il "brode".

04/2017

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Critique Théâtre

Retours sur Molière

En janvier 2022, Molière a eu 400 ans. Quatre siècles d'une notoriété prodigieuse qui s'est affirmée dès les premiers spectacles donnés à Paris à la fin des années 1650 et qui n'a cessé de s'amplifier au fil du temps, jusqu'à s'étendre à l'échelle planétaire. Quatre cents ans après sa naissance, Molière est à la fois cet auteur construit au fil des siècles par les discours critiques et les infléchissements du goût, et ce comédien-poète fermement inscrit dans son temps, chef de troupe habile à mettre au point diverses stratégies esthétiques et économiques pour bâtir sa carrière et faire valoir son oeuvre. Le retour sur Molière nous ramène aux origines de la création des comédies et, dans un même mouvement, nous fait porter un regard renouvelé sur la manière dont s'est élaborée notre conception de l'oeuvre. Les contributions réunies dans le présent volume s'inscrivent sous le signe de ce double retour sur Molière : d'une part, un retour fondé sur une recherche documentaire renouvelée, sur les modalités concrètes de l'activité du comédien-poète et de sa troupe au travail entre 1643, date de ses débuts comme comédien, et 1680, date de la fondation de la Comédie-Française, sept ans après sa mort ; d'autre part, et dans le prolongement chronologique du premier volet, un retour sur Molière auteur, au prisme du discours critique de 1680 à 1980.

12/2022

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Histoire des idées politiques

Victor Hugo président !

Pendant trente ans Victor Hugo rêva de l'Elysée. Déçu par les puissants, qui ont dédaigné sa "politique des idées", le mage décide un jour d'en appeler au peuple. "Quelqu'un viendra, annonce-t-il aux Français, quelqu'un qui aimera à la fois la loi et le peuple, la patrie et la pensée, et qui aura cet honneur et ce bonheur de compléter la liberté par l'ordre et l'ordre par la liberté". Investi de cette mission sacrée, Victor Hugo va se déclarer candidat à l'élection présidentielle à deux reprises : pour le scrutin de 1848, mais il se désiste au début de la campagne officielle ; et pour l'échéance constitutionnelle de 1852, mais l'élection n'aura jamais lieu. Le coup d'Etat du 2 décembre rejette Hugo dansl'exil où, à défaut de présider la République, il va la personnifier. Mais, jusqu'à la fin de ses jours, le grand poète continuera de croire en sa destinée présidentielle. Bruno Fuligni nous raconte toutes les péripéties de ce rêve romantique d'un poète-président. Il nous livre aussi, en 99 points, le programme électoral du candidat Hugo, tiré de ses textes et discours politiques. Sur la République, le socialisme, l'Europe mais aussi la mondialisation, ce candidat, qui se disait "appartenir à tous les partis par ce qu'ils ont de bon et de légitime", reste d'une actualité déroutante.

04/2021

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XIXe siècle

Au moins le souvenir

Qui se souvient de Lamartine ? Qu'il a été candidat à la première élection présidentielle française ? Qu'on lui doit le suffrage universel, l'abolition de la peine de mort en politique, la seconde abolition de l'esclavage, la conservation du drapeau tricolore et tant d'autres choses encore ? A la parution des Misérables, en 1862, Marianne de Lamartine, la discrète épouse du poète, qui a parfois tenu la plume pour lui, décide de prendre la parole pour défendre l'action de son mari résolu à se taire à tout jamais. Car, pour avoir récusé les Rouges comme les Royalistes, le candidat malheureux a pu mesurer combien nul n'est prophète en son pays. A la manière d'une feuilletoniste, Marianne de Lamartine nous raconte la vie du plus méconnu de nos hommes illustres, poète éclatant des Méditations de 1820 mais aussi historien et homme d'Etat. On croise les écrivains engagés de l'époque, au premier rang desquels Victor Hugo. Tous ou presque vont d'abord s'enthousiasmer pour cette révolution pacifique où semble enfin poindre la lumière, lumière qui dura ce que dure le printemps des peuples... Après son best-seller Mousseline la Sérieuse (prix littéraire des Princes et prix du Cercle de l'Union) et du très remarqué Une année folle (prix Napoléon Ier), Sylvie Yvert poursuit le roman vrai de notre histoire en retraçant la destinée d'une figure politique et littéraire qui se confond avec le génie français.

02/2022

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Littérature française

Louis le magnifique

A travers le portrait de Louis, poète et hard-rocker, Patrice Jean livre une satire décapante des travers de notre époque. " Il est devenu poète ? Ca m'étonne pas ! Une fois, il avait gagné cinquante-six points avec deux cases "mot compte triple' ! " Louis Gilet nous manque. Il a disparu. Comment se consoler d'une telle perte ? Celui que l'on appelait " P'tit Louis " était - du moins selon lui - un artiste accompli, le seul capable d'opérer la fusion tant attendue entre la poésie et le hard-rock, les excès d'Arthur Rimbaud et la finesse d'Iron Maiden. Qu'a donc bien pu devenir Louis, le seul prétendant à la couronne de roi des crétins ? Un sage reclus dans un monastère ? Un fuyard menacé ? Un bandit de grand chemin avide de justice ? Un de ses anciens amis de lycée se lance à sa recherche pour percer le mystère... Dans Louis le magnifique, Patrice Jean renoue avec sa veine satirique la plus acide. Il y trace le portrait d'un imbécile comme on n'en fait plus, ou plutôt comme on en fait trop, un de ceux qui tombent dans tous les pièges tendus par la modernité et l'hypocrisie sociale. Ce nouveau livre est un conte d'aujourd'hui, une fable mordante sur un personnage cumulant tant de travers qu'il en devient notre reflet à tous. Féroce et réjouissant.

10/2022

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Critique littéraire

Les choeurs de jeunes filles en Grèce ancienne. Morphologie, fonctions religieuses et sociales (Les parthénées d’Alcman)

A travers les mots d'un poète masculin, au service de la martiale cité de Sparte, des jeunes filles chantent en choeur le désir homoérotique que leur inspire leur chorège tout en rendant hommage à une déesse proche d'Hélène. Pas si étonnant, lorsque l'on sait que les formes de sexualité en Grèce ancienne dépassent l'opposition moderne entre hétéro et homosexualité. Le genre comme rapport social et religieux à la sexualité, la culture musicale et poétique, les pratiques rituelles dans leur confrontation avec les récits héroïques fondateurs de la cité, les institutions, les statuts sociaux et politiques réservés aux femmes, sont autant de pistes explorés par cet ouvrage. A l'exemple des poèmes dit "parthénées" du poète spartiate Alcman, cet essai s'interroge à la fois sur les différents cultes dont la performance chorale féminine représente l'un des moments rituels essentiel et sur les qualités et fonctions des divinités auxquelles sont destinées ces célébrations de l'adolescence : Artémis, Apollon, Héra, Aphrodite et, à Sparte, Hélène. En combinaison avec une perspective d'histoire des religions en régime polythéiste, l'approche offerte par l'anthropologie culturelle et sociale permet d'étudier la fonction sociale de ces rituels musicaux ainsi que des relations sexuelles impliquées. La comparaison anthropologique avec les processus rituels de l'initiation tribale permet de saisir le sens esthétique et politique d'une éducation chorale et rituelle des jeunes filles en Grèce ancienne, par le chant de la beauté féminine.

11/2019

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Poésie

Cousu, décusu, profil perdu

Cousu, décousu, profil perdu est le deuxième recueil de Françoise Le Bouar (le premier en 2018 à L'herbe qui tremble). Les poèmes racontent un quotidien pas toujours reluisant, quelques fois si absurde et sot que des idées noires se glissent dans les pensées de la poète. Un peu de fantaisie les chasse et actionne le déclic qui impulsera l'élan suffisant pour sourire de tout. La poète la trouve souvent dans le compagnonnage des livres, amis fidèles qui la comprennent si bien et partagent avec elle ces moments. Composé de quatorze stations poétiques, Françoise Le Bouar nous emmène dans un livre étonnant où circule un peu de folie. EXTRAIT Il y eut jadis, tu l'avais oublié, ces monologues sans appel de prophètes aveugles, vieilles échevelées sur une estrade vociférant, tous clamant leur douleur entre guillemets. Nous n'en sommes plus là. Mais bien plutôt à chercher un petit mot qu'on pourrait formuler dans les profondeurs de son esprit, c'est tout mais, allez, c'est beaucoup. L'élan comme replié, empaqueté dans ce petit mot-là, d'une ou deux syllabes, pas plus. Ou bien encore, te voilà frappant dans les mains pour chasser les idées noires. Inventant de petites injonctions, recettes, combines ? : pense à ces deux touffes de lichen vert tendre rapportées de ton dernier séjour, mais comme on est loin du s'accorder au cours des choses, être libre comme les nuages et les eaux, parlons-en, ah oui.

04/2024

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Critique littéraire

Dictionnaire Saint-John Perse

Poète de réputation mondiale (prix Nobel en 1960), diplomate à la carrière fulgurante brutalement interrompue en juin 1940, Alexis Leger/Saint-John Perse, méritait, à l'instar d'autres grands de notre culture, la publication d'un dictionnaire. Celui-ci s'appuie sur une critique renouvelée, libérée des interdits qu'avait fait peser le poète, enrichie des nombreux documents inédits portés au jour ces dernières années. Toutefois un dictionnaire d'auteur dans sa forme traditionnelle n'aurait pas rendu compte de l'importance de cette double carrière. Celui-ci, chronologique et thématique, présente les séquences d'une histoire qui débute aux Antilles et se termine sur la presqu'île de Giens, ponctuée d'épisodes glorieux et d'heures sombres. Les regroupements mettent en relief l'origine antillaise et le premier exil à Pau, les voyages choisis ou subis, les maîtres à penser, les amitiés littéraires et relations féminines, les faits et gestes du secrétaire général du Quai d'Orsay, puis de l'exilé à Washington, enfin de l'homme de "grand âge" à Giens. La matière verbale de la poésie, chantante et somptueuse, fait l'objet de rubriques spécifiques. Qui lit l'ouvrage dans la continuité découvrira peu à peu les deux faces d'une personnalité contestée et fascinante, partagée tout au long de son existence entre la chose publique et le songe. Il apprendra également à connaître la singularité d'une poétique à distance de la modernité et pourtant irréductible à une quelconque tradition.

08/2019

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Pléiades

Romans et nouvelles

A rebours offre à Huysmans une place à part dans le paysage littéraire. En 1884, ce fut une déflagration. Barbey réutilisa la formule par laquelle il avait salué Les Fleurs du Mal : après un tel livre, l'auteur n'a plus qu'à choisir "entre la bouche d'un pistolet et les pieds de la croix" . Mais cette formule ne rend pas compte de l'extraordinaire nouveauté du roman. Avec le personnage de Des Esseintes, Huysmans saisit l'essence de la fin-de-siècle : l'heure est à la névrose. S'il est bien le roman d'une génération, salué par Mallarmé, et inspirateur notamment du Portrait de Dorian Gray, A rebours opère une percée vers le XXe siècle. Cet arbre ne devrait pourtant pas cacher la forêt romanesque de Huysmans. Roman naturaliste, Marthe, histoire d'une fille (1876) - qui fut interdit en France - lui permet de se lier avec Zola, à qui est dédié Les Soeurs Vatard en 1879. Sac au dos (1877 et 1880) est une courte et burlesque épopée de la guerre de 1870. En ménage (1881) décrit l'itinéraire d'André Jayant, romancier raté, célibataire en proie à des "crises juponnières" : l'un des meilleurs romans de Huysmans, selon le héros de Soumission de Michel Houellebecq, qui s'y connaît. Puis vient le Folantin d'A vau-l'eau (1882). Il est Huysmans, l'homme moderne, M. Tout-Iemonde, personne. Il a renoncé à tout, sauf à se nourrir ; c'est "l'Ulysse des gargotes" , disait Maupassant. A vau-l'eau est un très grand petit livre. Mais Huysmans suffoque dans le "cul de sac" naturaliste.

10/2019

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Littérature française

Le juif errant

Eugène Sue (1804-1857) fut le romancier le plus lu de tout le XIXe siècle. Cet ancien chirurgien de la Marine, un peu artiste peintre, a connu un immense public. Il fut, avec Alexandre Dumas, le maître du roman populaire, le virtuose du récit découpé en tranches quotidiennes laissant chaque fois les héros face à un mystère ou à un péril... éclairés ou conjurés le lendemain ! Ce procédé ne suffit pas à expliquer les prodigieux succès des Mystères de Paris (1842-1843) et du Juif errant (1844-1845). Ces deux romans avaient le mérite d'une inspiration nouvelle : l'exploration des bas-fonds de la société. Ils introduisaient dans l'espace littéraire une foule de personnages (ouvriers et déshérités) ou de marginaux (vrais et faux mendiants, assassins, chiffonniers) que le roman bourgeois avait jusqu'ici dédaignés. Manipulant l'horreur, le mystère, la douleur, ils étalaient, à travers mille intrigues et complots, les souffrances du peuple et les sublimaient par le triomphe du bien, apportant ainsi à leurs modestes lecteurs le sentiment d'une justice sécurisante. De tous les romans de Sue (Les Mystères du peuple, Martin l'enfant trouvé, Les Sept Péchés capitaux), le seul à surpasser Les Mystères de Paris est Le Juif errant ; aux qualités du précédent, ce dernier ajoute l'intervention du surnaturel et du fantastique, représentés par le vagabond légendaire qui donne son nom au livre. Précédé par le choléra, qui inspire à Sue des pages dignes d'Edgar Poe, le Juif légendaire revient d'au-delà des mers et d'au-delà des siècles pour empêcher la Compagnie de Jésus de s'emparer d'une fabuleuse fortune en éliminant un par un ses héritiers.

04/2010

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Littérature française

Origines

" Je suis d'une tribu qui nomadise depuis toujours dans un désert aux dimensions du monde. Nos pays sont des oasis que nous quittons quand la source s'assèche, nos maisons sont des tentes en costume de pierre, nos nationalités sont affaire de dates ou de bateaux. Seul nous relie les uns aux autres, par-delà les générations, par-delà les mers, par-delà le Babel des langues, le bruissement d'un nom... " ... et tel est bien, dans cette odyssée, le projet d'Amin Maalouf : brasser l'histoire des siens, revisiter leur mémoire, et ressusciter le destin de cette " tribu " Maalouf qui, à partir du Liban, essaimera de par le monde - jusqu'aux Amériques, jusqu'à Cuba... Dans cette aventure qui court sur plus d'un siècle, le romancier du Rocher de Tanios et de Léon l'Africain convoque les morts, les vivants, les ancêtres, les fantômes ; il explore leur légende ; il les suit à travers les convulsions de l'Empire ottoman ; il observe cette diaspora de mystiques, de francs-maçons, de professeurs, de commerçants, de rêveurs polyglottes et cosmopolites. Il sait que leur sang fiévreux bat dans ses veines. Et il sait que son propre parcours serait vain s'il n'était lui même, par l'écriture et le cœur, fidèle à cette généalogie tumultueuse. Roman vrai ? Fresque taillée à même l'histoire ? Secrets de famille ? Ces Origines sont, de fait, une majestueuse reconnaissance de dettes. C'est aussi une longue et noble prière. Un chant d'amour à l'endroit d'une famille qui reste l'unique patrie de cet écrivain de l'exil.

03/2004

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Littérature étrangère

L'Orgie perpétuelle. Flaubert et "Madame Bovary"

"Le seul moyen de supporter l'existence, c'est de s'étourdir dans la littérature comme dans une orgie perpétuelle" : cette phrase de Flaubert a inspiré à l'un des chefs de file de la nouvelle littérature latino-américaine une réflexion sur l'art et le métier d'écrivain, sur les rapports de la littérature et de la vie à travers Madame Bovary qu'il tient pour le modèle absolu du roman. Ce livre est d'abord une confession, celle d'un jeune Péruvien qui découvre Paris à l'âge de vingt-trois ans, devient "lecteur cannibale de romans", ébloui par les classiques de notre littérature. "Une poignée de personnages littéraires ont marqué ma vie de façon plus durable qu'une bonne partie des êtres en chair et en os que j'ai connus", écrit Mario Vargas Llosa, affirmant n'en connaître "aucun avec qui j'aie eu une relation plus clairement passionnelle qu'Emma Bovary". Pour ce romancier venu des antipodes, Flaubert est à la fois le père du nouveau roman, l'un des principaux fondateurs de la sensibilité moderne et un freudien avant la lettre. Mario Vargas Llosa examine la lente gestation du roman, ses caractéristiques propres, la notion du temps et le rôle du narrateur dans cette longue et minutieuse enquête autour d'un livre dont il nourrit sa propre passion d'écriture. En dernier lieu, il tente de situer Madame Bovary dans son temps comme dans le nôtre, soulignant l'immense dette contractée par les écrivains du monde entier envers Flaubert. Cette relecture passionnée et passionnante d'une oeuvre capitale devient, grâce à Mario Vargas Llosa, une véritable aventure de la création.

05/1978

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Critique littéraire

L'écrivain comme migrant

Le périple de Ha Jin est riche de questions fascinantes sur le langage, l'immigration et la place de la littérature, au sein de nos sociétés en proie à une mondialisation galopante, toutes questions qui occupent une place prépondérante dans L'Ecrivain comme migrant, sa première oeuvre non romanesque. Composé de trois essais, ce livre place la vie et l'ceuvre de Ha Jin en parallèle de celles d'autres exilés littéraires, faisant ainsi naître une conversation entre les cultures et les époques. Il fait référence aux cas d'Alexandre Soljenitsyne et du romancier chinois Lin Yutang, afin d'illustrer la loyauté de l'écrivain envers le pays qui l'a vu naître, tandis que Joseph Conrad et Vladimir Nabokov, qui ont, comme Ha Jin, choisi d'écrire en anglais, sont mis à contribution lors de l'examen du choix conscient d'une langue d'écriture par l'écrivain immigré. Un dernier essai fait appel à V. S. Naipaul et Milan Kundera, afin d'étudier de quelles manières notre époque en perpétuel changement pousse un écrivain immigré à repenser le concept même de patrie. Au fil de la plume, Ha Jin invite d'autres figures littéraires à rejoindre la conversation, comme W. G. Sebald, C. P. Cavafy et Salman Rushdie, altérant et affinant le concept même de littérature d'immigration. A la fois réflexion sur un thème essentiel à l'époque de la mondialisation et fascinant aperçu des écrivains qui peuplent la bibliothèque mentale de Ha Jin, L'Ecrivain comme migrant est une oeuvre critique passionnément engagée, puisant ses racines dans l'exil, mais lui ouvrant également de nouveaux horizons.

11/2018

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Beaux arts

Les chances de ma vie. Mémoires

Romancier et dramaturge, Patrick White (1912-1990) est issu d'une famille de propriétaires terriens australiens. Après une enfance australienne, il fait ensuite ses études en Angleterre, Werner Spies, natif de Tübingen en Allemagne, a passé sa vie en France tout en écrivant d'abord pour un public allemand, auquel il a fait découvrir pendant un demi-siècle la littérature et l'art qui se faisaient à Paris. Ce texte est à la fois une autobiographie littéraire, historiographie de l'art du XXe siècle, réflexion sur la vie comme perception. Werner Spies a fait travailler pour la radio et la télévision de nombreux auteurs dont Marguerite Duras, Claude Simon et Jean Tardieu. C'est en quelque sorte l'atelier secret de celui qui a pénétré tous les ateliers de ce siècle, ateliers d'artistes - de Picasso à Max Ernst, de Anselm Kiefer à David Lynch -, d'écrivains - de Beckett à Nathalie Sarraute et Peter Handke -, soit des centaines de personnalités qui constituent toute la culture européenne. Dévoilant sa propre vie, Werner Spies ne renonce à aucun moment à ce qui a été la mission de son existence : débusquer les secrets de la modernité, l'actualité vivante de l'invention dans notre siècle, les enjeux contemporains de l'oeil et du mot. Werner Spies est un passeur, la culture française lui est aussi familière que la culture allemande et il a compris mieux que quiconque comment l'une et l'autre s'interpénètrent, s'interrogent et se répondent. Ses mémoires constituent un document essentiel et historique sur les rapports entre l'Allemagne et la France.

09/2014

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Littérature étrangère

Un héros discret

Après plusieurs romans situés dans les géographies les plus éloignées dans l'espace et dans le temps (le Congo belge, le Tahiti de Gauguin), Mario Vargas Llosa revient au Pérou et fait de son pays natal le décor du Héros discret. Il nous dépeint la situation actuelle d'une société dopée par une croissance économique sans précédent mais qui voit également se développer la corruption, la cupidité et le crime. A Piura, Felícito Yanaqué, patron d'une entreprise de transports, est l'objet de chantage et d'intimidations mafieuses. Aussi frêle de corps qu'énergique de caractère, il saura cependant y faire face, et son opiniâtreté d'homme du peuple qui s'est élevé à la force des bras, fera de lui un héros national. A Lima, Ismael, patron d'une riche compagnie d'assurances, se voit menacé par ses deux fils, qui convoitent sa fortune en souhaitant sa mort. Là encore, l'homme saura répondre à ces menaces, et sera tout aussitôt doté par le romancier d'une aura héroïque. Mais il ne faut pas prendre leur épopée trop au sérieux. Car entre le mélodrame et le vaudeville, Vargas Llosa s'amuse, et nous amuse, avec ces deux histoires qu'il mène avec brio et dont le résultat final est une oeuvre drôle, corrosive et magistralement écrite. Le lecteur y reconnaîtra souvent le ton moqueur de La tante Julia et le scribouillard et de Tours et détours de la vilaine fille. Mais il retrouvera surtout avec plaisir l'univers de don Rigoberto et de Fonchito, du sergent Lituma et du capitaine Silva, tous à nouveau réunis dans ce portrait critique du Pérou contemporain.

05/2015

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Critique littéraire

Pierre Herbart. L'Ordre réel et L'homme du Niger (1903-1974)

Romancier et essayiste né au début du vingtième siècle à Dunkerque et résistant au nazisme, Pierre Herbart se montrera toujours sensible au drame colonial comme en témoignent ces lignes novatrices en 1939 : "Le travail le plus utile d'un anticolonialiste ne consiste pas à rejeter en bloc la colonisation au nom de principes humanitaires ou sociaux, mais à mettre en relief chaque fois qu'elle se manifeste l'opposition entre les intérêts de la nation colonisatrice et tel groupe d'intérêts privés qui mettent la colonie au pillage". Intellectuel engagé à gauche, familier d'André Gide, ami de Roger Martin du Gard, héritier d'une histoire familiale et sociale qui conjuguait la détresse du déclassement et la révolte contre les infamies patriotiques de l'Action française, c'est contre les abus de la colonisation en Afrique qu'il fit publier son Chancre du Niger. C'est contre les tenants d'une troisième voie, autoritaire, entre capitalisme et socialisme, qui prétendaient éteindre les conflits sociaux qu'il s'en prit au directeur général de l'Office du Niger, Emile Bélime, par ailleurs chef de file de l'une des mouvances du corporatisme français, le groupe de l'Ordre réel. Alors que l'un des chefs d'oeuvre du cinéma colonial, L'homme du Niger de Jacques de Baroncelli, célébrait les hommes d'affaires, les troupes coloniales, les missionnaires et autres bâtisseurs d'Empire, il fut l'un de ceux qui défendirent les nouveaux droits sociaux du Front populaire. Dans les Alpes-Maritimes, à Cabris, à Vence, Pierre Herbart et ses amis furent placés sous la surveillance de la Sûreté d'Etat.

09/2018

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Philosophie

Cinéphilo. Les plus belles questions de la philosophie sur grand écran

CINÉPHILO Peut-on changer de vie sans y laisser sa peau? Tel est le dilemme de Fight Club. Comment gagner en puissance et en joie sans détruire les autres ou le monde? s’interrogeait Spinoza. Telle est la quête des X-Men. Et si un malin génie nous trompait, si rien n’était réel? demandait Descartes. C’est l’hypothèse de Matrix. Faut-il craindre la passion ou y plonger corps et âme? American Beauty nous éclaire sur le coup de foudre. Ollivier Pourriol propose un voyage à bord de ces films cultes pour explorer les plus belles questions de la philosophie. Clair et pédagogique, Cinéphilo se promène entre images et concepts pour nous rendre sensible la philosophie. À partir du débat entre Descartes et Spinoza sur la liberté, c’est toute l’histoire de la philosophie qui prend vie, accessible et passionnante, sous les traits de Brad Pitt, Tom Cruise, Emmanuelle Béart ou Keanu Reeves. Le cinéma peut-il aider la philosophie à tenir ses promesses d’universalité? La pensée de masse peut-elle introduire à la pensée tout court? C’est le pari de ce livre. Grâce aux films, nous faire sentir et expérimenter les idées éternelles… Ollivier Pourriol, trente-six ans, normalien, agrégé de philosophie, développe une autre façon d’enseigner la philosophie: depuis trois ans, il anime au cinéma MK2 (Paris 13e) des séances de cinéphilo qui rencontrent un franc succès, et dont ce livre prolonge l’esprit (www.cine-philo.fr). Romancier et essayiste, il a publié Mephisto Valse (Grasset, 2001), Le Peintre au couteau (Grasset, 2005), Polaroïde (Grasset, 2006) et Alain, le grand voleur (Livre de Poche, 2006). Cinéphilo est son cinquième livre.

01/2012