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discriminations, exclusion, ra

Maroc : justice climatique, urgences sociales

Synopsis des enquêtes 1-L'Oasis de Skoura, un patrimoine en voie de disparition - Dounia Mseffer Depuis une vingtaine d'années, l'Oasis de Skoura est menacée par la sécheresse, la surexploitation des ressources naturelles et l'urbanisation. L'eau devient une ressource de plus en plus rare. 2-Les nomades de l'extrême-est : entre réchauffement climatique et sécheresse politique - Soufiane Hennani Dans l'Oriental, les nomades, affectés par les changements climatiques, la sécheresse et l'isolement, mènent une vie de plus en plus précaire. 3-Pénurie d'eau dans le Souss - Khadija Maâras Dans le Souss, les réservoirs et les barrages sont utilisés pour une agriculture intensive, en dépit des besoins en eau de la population des douars. 4-A Mohammedia, le travail ou la vie - Salaheddine Lemaizi Difficultés respiratoires, démence, maladies cardiaques et pulmonaires, la santé des habitants de Mohammedia est mise en péril par la pollution due aux activités industrielles. Mais face au chômage de masse, la ville les maintient. 5-Trafic du cèdre au Moyen Atlas : enquête sur une lente agonie - Amine Belghazi et Mohamed Samouni Dans le Moyen Atlas, entre braconnage du bois de cèdre et abattage légal, les forêts sont menacées par la coupe abusive. 6-La pêche à l'algue rouge, un fragile filet de secours - Mohammed Taleb Sur la côte des Doukkala, pour cueillir l'algue rouge dont on tire le très prisé agar-agar, les populations plongent au péril de leur santé. Surexploitation de la ressource et misère sociale se renforcent mutuellement. 7-Espèces menacées : la biodiversité en danger - Fedoua Tounassi Malgré les lois prohibant le braconnage, les macaques des forêts du Moyen Atlas sont menacés par le défrichement de leur habitat et le commerce illégal des jeunes singes. 8-L'agroécologie, une alternative aux intrants chimiques - Ghita Zine Dans la périphérie du Grand Casablanca, à Dar Bouazza, l'agroécologie est une résistance patiente à l'invasion du béton et aux pesticides et revalorise le secteur primaire. 9-Militants pour un Maroc vert - Hicham Houdaïfa Portrait de différents acteurs de la société civile et de structures qui ont oeuvré pour la préservation de l'eau, du patrimoine naturel ou de l'énergie. 10-Entretien avec Mustapha Azaitraoui sur la gouvernance des déchets Insuffisance de moyens, enclavement et manque d'infrastructures adaptées : la gestion des déchets ménagers est problématique pour les communes. Un problème majeur de gouvernance. 11-Zéro Mika : quand le zéro devient des milliers - Hanane Jalal Le Maroc utilise près de 25 milliards de sachets en plastique par an. La campagne Zéro Mika a tenté de sensibiliser la population à cet enjeu environnemental. 12-A Tasselmante, les femmes démystifient l'énergie solaire - Oumaima Jmad Près de 3 000 hectares ont été achetés par l'Etat pour créer un parc solaire. Dépossédés de leurs terres, les habitants du douar ne bénéficient pas de ce programme de dév

09/2021

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Sciences historiques

Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France

Qui de plus français que le couturier et mécène Pierre Cardin ou le premier vainqueur du Tour de France cycliste, Maurice Garin ? Sauf que l'un et l'autre sont nés Italiens. A l'inverse, combien de Français savent que le prix Nobel de littérature de l'an 2000 a été attribué à un citoyen français - naturalisé depuis trois ans -, Gao Xingjian, né à Ganzhou soixante ans plus tôt ? Ce que la plupart de nos compatriotes savent, en revanche, c'est que la renommée de la France doit beaucoup à Frédéric Chopin, Marie Curie, Pablo Picasso, Le Corbusier, Samuel Beckett ou Charles Aznavour. Et ceux qui s'intéressent au destin politique de ce pays ont sans doute remarqué, sans remonter plus haut que la Révolution française, que ladite Révolution n'aurait pas tout à fait été la même sans le modéré Necker ou le radical Marat - deux Suisses -, la IIIe République sans Gambetta ou Weygand, la Résistance sans Boris Vildé, du premier réseau, celui du Musée de l'homme, ou le groupe Manouchian et ses fusillés stigmatisés sur l'Affiche rouge "parce qu'à prononcer leurs noms sont difficiles"... Pour mieux connaître cet apport exceptionnel des étrangers à l'histoire de notre pays, il manquait un ouvrage comme celui-ci. Un dictionnaire regroupant aussi bien des notices "collectives" (Ecole de Paris) que des notices "communautaires" (Congolais) et, surtout, une masse de notices individuelles, d'Abbas à Zulawski, (Andrzej). Il sera, à coup sûr, pour ses lecteurs une source éclairante et vivifiante de surprises, de découvertes, d'émotions. La période choisie commence en 1789, avec la proclamation solennelle et inédite de la nation française comme principe de souveraineté, et va jusqu'à nos jours, avec Stéphane Hessel ou Marjane Satrapi. La notion "d'étranger" est prise ici au sens juridique du terme, pour éviter toute subjectivité : être né de statut étranger, en France ou hors de nos frontières, qu'on le soit resté ensuite (comme Pablo Picasso), qu'on ait obtenu sa naturalisation (comme Yves Montand), qu'on l'ait abandonnée (comme Igor Stravinsky) ou qu'on ait failli la perdre (comme Serge Gainsbourg). Les naturalisés de naissance, comme Georges Perec, ne figurent donc pas dans ce dictionnaire, non plus que les ressortissants des colonies ou des départements d'outre-mer. Tous les secteurs d'activités sont représentés, de la littérature (Emile Zola) au sport (Raymond Kopa) en passant par le monde de l'entreprise (Carlos Ghosn) et de la création sous toutes ses formes. Les notices communautaires permettent de redonner toute leur place aux obscurs et aux sans-grade, qui jouèrent leur rôle dans l'édification de l'économie comme de la culture françaises, des mineurs polonais aux maçons portugais, des musiciens de bal musette aux chanteurs de raï. L'ouvrage, qui comprend 1 186 articles (1 112 notices individuelles, 22 notices collectives, 52 notices communautaires), est précédé d'une préface de Pascal Ory, son maître d'oeuvre.

10/2013

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Histoire de France

Journal 1940-1944. "Que passent les heures, les jours, les nuits et que la France renaisse"

Dans le premier tome de son Journal 1918-1933, Hélène Hoppenot (1894-1990), femme de diplomate, nous entraînait de Paris à Rio de Janeiro, Téhéran, Santiago du Chili, Berlin, Beyrouth, Damas et Berne. Dans le deuxième tome (1936-1940), elle racontait avec verve les tractations secrètes et les décisions erratiques du gouvernement français. Son mari, Henri Hoppenot, est alors à la tête de la "Sous-Direction Europe" et tous deux sont proches d'Alexis Léger (soit Saint-John Perse), secrétaire général du Quai d'Orsay. Au début du troisième tome, en 1940, nous retrouvons les Hoppenot en Uruguay : "Nous tous, exilés diplomatiques, sommes devenus des épaves." Soumis au rythme des chassés-croisés incessants, des ordres et contre-ordres incohérents, ils subissent l'illisible politique de Vichy. Malgré tout, Hélène Hoppenot garde espoir : "Depuis deux ans - et quels qu'aient été les désastres subis - j'ai toujours cru à la victoire de l'Angleterre. Par instinct et non, hélas, par raison. Un univers nazi est inconcevable". Elle va rapidement convaincre son mari qu'il lui faut choisir le général de Gaulle contre le "terrible vieillard" et le gouvernement de Vichy - dont Henri Hoppenot est pourtant le représentant légal à Montevideo - et contre Alexis Léger, qui voir en de Gaulle un futur dictateur. La tension et la complexité de ces années difficiles affectent le moral de Hélène Hoppenot, mais pas son sens critique qui ponctue, en temps réel, les échos, les fausses nouvelles et les rumeurs qu'elle consigne... Heureusement, elle retrouve de vrais amis sur le continent américain : Gisèle Freund, Darius Milhaud, Jules Supervielle, Henri Seyrig, la famille de Paul Claudel... Et le tumultueux séjour à Montevido de Louis Jouvet et de sa troupe de comédiens en 1941 est une distraction bienvenue dans le désert culturel uruguayen. Après la démission de Henri Hoppenot, le 25 octobre 1942, ils partent sans regret pour les Etats-Unis, où ils retrouvent Alexis Léger et des intellectuels européens exilés. Traversée du désert... Mais c'est Henri Hoppenot, nommé à la tête de la délégation française à Washington, qui organise en juillet 1944 - soit entre le Débarquement et la Libération de Paris - le séjour à Washington et New York du général de Gaulle. Soutenu par Hélène Hoppenot, il fait alors partie de ceux qui contribuent à arracher aux autorités américaines la reconnaissance officielle du chef de la Résistance française. Hélène Hoppenot était très consciente de l'importance de noter les propos entendus, les choses vues dans la coulisse, avant de les retrouver déformés ou censurés par les journalistes, comme Geneviève Tabouis ou "Pertinaz", selon leur orientation... Ce Journal 1940-1944 livre donc quantité d'informations pour les historiens, tout en constituant un témoignage d'une grande honnêteté intellectuelle. Edition établie et annotée par Marie France Mousli, qui a déjà proposé le Journal 1918-1933 de Hélène Hoppenot paru en 2012, puis le Journal 1936-1940, paru en 2015.

03/2019

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Poésie

Le veilleur

La dédicace donne le ton : " à cet homme dont j'ignore le nom qui a sauvé ma famille en juillet 1944 à Vassieux-en-Vercors. " Sur le plateau du Vercors le 21 juillet 1944, " forteresse retranchée " de la Résistance, a lieu une attaque allemande par planeurs. Les habitants se réfugient dans les forêts près du village et des fermes. Traques, errances, poursuites à travers bois et grottes tristement célèbres. Le personnage du Veilleur est l'un de ces habitants. Le livre s'articule autour de la figure de cet homme. Un jour, le groupe qu'il accompagne est surpris par un commando. S'estimant trop vieux pour fuir assez vite, il décide de rester. Les soldats arrivent, le tuent et le laissent. L'errance continue pour le restant du groupe, tandis que le corps du Veilleur demeure où il est tombé. L'accalmie revenue, mi août, on entreprend de ramasser les morts pour les reconnaître et les enterrer. Quand on soulève son corps, on voit son empreinte qui reste fortement marquée sur la terre. On raconte qu'au printemps suivant, l'herbe pousse différemment sur l'endroit où avait reposé sa dépouille l'été d'avant. Et la silhouette du Veilleur dessinée par l'herbe apparaît distinctement sur le sol. A l'origine donc, il y a les événements de juillet 1944 et la famille de l'auteur à Vassieux. Il y a le paysage, la rudesse et l'aridité de ces montagnes des Préalpes que l'auteur déplace un peu plus au sud et rend plus méditerranéen, au Kosovo parce qu'à l'époque (1999) elle est encore sous le coup d'une violence qui évoque celle que subirent en 1944 les habitants du Vercors. L'ouvrage s'articule en trois parties, trois régimes d'écriture à des moments différents. Le premier " Je " relate l'émotion ressentie à visite de la nécropole de Vassieux. Le souvenir de cet homme remonte : " Il est mort et nous serons épargnés tous ses descendants que nous serons. " Ce premier texte traite de la soudaine prise de conscience du lien ou de la distance entre le " JE " de l'aujourd'hui de l'écriture et le " ON " qui a transmis l'histoire, ce " JE " et ce " ON " entremêlés font exister le récit poétique. Suivent des variations poétiques sur le temps et l'éternel retour. L'empreinte du corps de l'homme tué apparaît au printemps, s'estompe en été, disparaît à l'automne et revient au printemps suivant. Et les années se confondent, comme si le temps n'existait pas. Car toutes les guerres ont quelque chose de semblable. " Passé, présent, futur " sont mis en écho avec " printemps, été, automne " : trois fois douze fragments. Et il est aussi en rapport avec les événements actuels, une évocation de la mémoire, de l'exil, de l'exode des nombreux réfugiés qui ne savent où trouver une place et qui éternellement marchent sur les empreintes d'autres personnes mortes avant eux, qui avaient suivi des chemins similaires...

08/2018

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Troisième République

La vie à crédit. La consommation des classes populaires à Paris (années 1880-1920)

Dans le Paris de la Belle Epoque, de plus en plus d'ouvriers, d'employés et de petits fonctionnaires accèdent à la consommation. Les garde-robes se diversifient, les intérieurs populaires se peuplent de meubles, notamment de la très convoitée armoire à glace, et la décoration envahit le logement. Les plus aisés des ouvriers et des employés arrivent même à acheter une bicyclette ou une machine à coudre. Cette mutation de la culture matérielle est rendue possible par l'augmentation des revenus des classes populaires et par la mise en place de médiations nouvelles : le crédit d'abord - qui donne accès financièrement à la consommation -, la publicité ensuite - qui donne envie d'acheter des biens nouveaux. Georges Dufayel, bien qu'oublié aujourd'hui, en est l'exemple type : il bâtit un empire commercial à la fin du XIXe siècle, véritable pionnier dans ces deux secteurs, développant à la fois la vente à l'abonnement et l'affichage sur les murs de Paris. Ses magasins grandioses, installés boulevard Barbès et baptisés "Palais de la nouveauté" , deviennent les temples de la consommation populaire parisienne. Ces objets, les manières de se les procurer et de s'en servir témoignent d'une culture populaire spécifique, encore marquée par la vulnérabilité économique et le recours à la débrouille - ou à la "ruse" dirait Michel de Certeau. Ces pratiques vont de la fréquentation du Mont-de-Piété à l'achat d'objets d'occasion chez les brocanteurs, en allant jusqu'au vol parfois. Le risque de la saisie des biens et de l'expulsion du logement est bien réel : les objets dans les classes populaires sont souvent des "consommations transitoires" , pris entre le crédit à l'achat et le prêt sur gage, dont la possession est fragile. La modernité commerciale coexiste donc à la Belle Epoque avec des pratiques de circulations, d'usages et d'acquisitions alternatives, celles des objets d'occasion, usés, réparés, récupérés ou marchandés. Ces deux rapports à la culture matérielle et marchande subsistent côte à côte, et les membres des classes populaires peuvent passer rapidement de l'un à l'autre en cas de difficultés, comme le prouve la résurgence d'un rapport plus traditionnel aux choses dans la période de grande difficulté qu'est la Première Guerre mondiale. Touchant à l'histoire de la vie privée, des échanges économiques ordinaires et de la culture matérielle, cet ouvrage met en lumière à la fois les dominations multiples qui pèsent sur les classes populaires et les petits arrangements, les micro-résistances, qui traversent le peuple des choses et les choses du peuple.

09/2021

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Actualité politique France

L'Etat radicalisé. La France à l'ère de la mondialisation armée, Edition

L'invasion de l'Ukraine par l'armée russe concerne directement l'Europe, qui avait été épargnée depuis la guerre en ex-Yougoslavie à la fin des années 1990. Elle confirme, contrairement aux discours sur la "mondialisation heureuse" , que nous vivons plus que jamais à l'ère de la mondialisation armée. La France n'est pas passive dans cette évolution. Membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, elle a mené plus de 115 interventions militaires depuis la disparition de l'URSS. Son budget militaire a augmenté de 50 % au cours du quinquennat d'Emmanuel Macron, et elle a fait des ventes d'armes le vecteur de sa politique diplomatique, sans considération pour leur utilisation par des régimes autoritaires. Pourtant, l'ouvrage montre les limites de ce positionnement international, comme si la France boxait désormais "au-dessus de sa catégorie" : le camouflet du contrat de sous-marins avec l'Australie, l'annonce que l'OTAN est en mort cérébrale à l'heure où elle est plus que jamais mobilisée, l'impasse de la guerre au Mali qui confirme le recul des positions économiques et géopolitiques de la France dans son "pré carré" . Par ailleurs, l'enthousiasme pour les ventes de Rafale masque de plus en plus mal le désastre industriel qui a été confirmé par la pandémie. Serfati analyse la responsabilité de la politique qui a fait de quelques secteurs, dont le nucléaire et la production d'armes, les derniers leviers des performances françaises dans le monde. Aucun espace démocratique n'existe pour la discussion des questions géopolitiques et économiques de défense dans la Ve République. Dans la tradition bonapartiste de ce régime, elles sont l'affaire exclusive du Président. Macron a un peu plus accentué ce déni démocratique au nom d'une présidence "verticale" , faisant du Conseil de défense le lieu secret des décisions politiques. Pendant ce temps, des groupes d'officiers se mobilisent publiquement pour que le pouvoir politique fasse appel à l'armée dans sa lutte contre l'insécurité dans les banlieues. Cette évolution est porteuse de lourds dangers pour la démocratie. Le dernier chapitre est consacré à la radicalisation sécuritaire de l'Etat français. L'état d'urgence est quasi-permanent depuis 2015. Au nom de la lutte contre le terrorisme, l'exaltation sécuritaire a conduit au vote de 13 lois depuis 2015, dont quatre en 2021. Elles restreignent les libertés publiques (droit d'association, de manifestation, etc.) et renforcent les pouvoirs de police (administrative et de maintien de l'ordre), accompagnant la surenchère raciste et la répression des résistances populaires. La France constitue désormais le maillon faible des démocraties occidentales.

10/2022

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Littérature étrangère

Léon et Louise

Léon et Louise n'ont pas vingt ans au moment de leur rencontre dans un petit village français vers la fin de la Première Guerre mondiale. Léon, trop jeune pour partir au front, effectue son service civil en tant qu'assistant-télégraphiste à la gare. Louise assiste le maire - c'est elle qui informe les familles dont le fils est tombé au champ d'honneur. La magie du premier amour sera rapidement brisée. Lors d'une promenade à vélo, ils sont victimes d'une attaque aérienne. Blessés et soignés dans deux hôpitaux différents, ils reviennent au village chacun à leur tour. Mais le maire, jaloux de leur amour, dissimule la vérité, si bien qu'ils se tiennent l'un et l'autre pour morts. Léon se marie, travaille dans le département scientifique de la Police française, au Quai des Orfèvres (il est chimiste et identifie les poisons mortels). Père de quatre garçons (l'un d'entre eux sera le père de l'auteur), son existence de petit fonctionnaire devient de plus en plus précaire, de plus en plus prosaïque aussi. Louise, elle, poursuit seule son chemin. Dans les années 1920, son emploi à la Banque de France l'entraîne au Sénégal - jusqu'à ce jour où, en 1928, alors qu'elle est de retour à Paris, Léon l'aperçoit dans le métro. Ils se revoient. Leur amour est intact, mais fuyant le vaudeville, Louise décide qu'ils ne se reverront plus. Chacun de son côté, Léon et Louise traversent la récession, l'Occupation allemande, la Libération. Alex Capus relate leur histoire en alternance. L'époque de la guerre est restituée à partir de chacun de leurs points de vue. Hésitant entre résignation et rébellion, Léon et Louise s'avèrent être des héros dans un domaine : leur amour durera malgré tout et ne détruira rien ni personne. La liberté de Louise, son courage et son humour la rendent attachante, attirante et érotique.Avec un sens délicat du détail et un souffle narratif puissant et élégant, Alex Capus explore les ressorts complexes de cet amour - sans omettre non plus les autres enjeux de ces deux existences. Des vies ordinaires à Paris, au sein du service public français, la difficulté d'élever les enfants, les actes de résistance avortés, la soif de liberté et le carcan de la discipline. Tout au long de cette histoire, celle de son propre grand-père, l'auteur helvétique déploie un talent d'évocation captivant : avec un réalisme saisissant, surgissent le décor et l'ambiance des différentes époques durant lesquelles nous suivons les péripéties des héros : la Normandie pendant la Première Guerre ; Paris sous l'Occupation ; le Quai des Orfèvres et la Banque de France ; l'action du préfet de police parisienne pour cacher les archives relatives à l'immigration ; l'opération de sauvetage de l'or de la République... Sur un rythme enveloppant, Alex Capus fait rayonner le charme d'un amour vivace malgré l'absence. Les personnages principaux sont étonnamment modernes, et Louise, surprenante de liberté, malgré l'époque et ses conventions. Dans la veine des grands romans classiques, Alex Capus concilie légèreté et intensité, réalisme historique et romanesque. ?? ?? ?? ?? 1

09/2012

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Poésie

Inventaire des choses certaines. Edition bilingue français-italien

LE LIVRE [extrait de la préface du traducteur Marc Porcu] : Un nom pour deux et une poésie nécessaire pour tous. Lussu, évoquer ce nom nous ramène aussitôt à un prénom, Emilio ; auteur entre autres de Un anno sull'altipiano, connu dans sa traduction française sous le titre du film qui s'en inspire "Les hommes contre" . Ce livre, je l'avais lu avec un intérêt particulier puisqu'il raconte la geste de la Brigata Sassari sur les hauts plateaux d'Asiago durant la première guerre mondiale, Lussu était le capitaine courageux et humaniste de ce régiment formé uniquement de sardes qui s'illustra dans ce conflit avec brio. Mon grand-père en faisait partie, et après la guerre il rejoint Lussu dans le Parti sarde d'action, d'inspiration socialiste et résolument antifasciste. La plupart de ses membres furent emprisonnés ou contraints à l'exil. Ce nom je le retrouvai dans tous les romans de Sergio Atzeni que j'ai traduits, personnage multiforme et récurent de ses livres même si Atzeni nous précise "Lussu, pas celui d'Armungia" cette simple nomination, même homonyme, a pour fonction de rappeler au lecteur l'existence et l'importance de cet écrivain fondateur et père de la nation sarde (même si Lussu lui-même parlera d'une nation manquée) et constitue un hommage permanent à Emilio Lussu. Armungia est le village natal de Lussu, un musée lui y est consacré, c'est récemment que je m'y suis rendu, guidé par mon ami journaliste Massimiliano Raïs pour rendre visite à mon ami poète, Andrea Porta, prêtre ouvrier révolutionnaire et curé de la paroisse. Le musée Lussu est d'une modernité remarquable, riche de la grande histoire du siècle dernier, il met aussi en lumière la vie quotidienne, les difficultés et les combats du peuple sarde. A tout cela j'étais préparé, mais une surprise de taille m'y attendait, la découverte d'une autre Lussu, Joyce, sa remarquable épouse. Présente ici pour son rôle dans la lutte antifasciste et dans la résistance au côté d'Emilio, dans l'organisation du féminisme italien dont elle fut une des grandes figures, mais aussi et surtout pour son oeuvre poétique, en sa qualité de traductrice (elle fut et demeure la première traductrice de Nazim Hikmet en Italie), et de poète, puisque une salle entière du musée expose ses principaux poèmes dont la force fait vibrer et résonner l'espace et le temps qui semblent, à travers ses mots, se libérer soudain et nous emporter. Ainsi découvrais-je ce que j'oserai nommer "une vie, une oeuvre" . Et je me plongeai dans son anthologie, Inventario delle cose certe, dans cet "Inventaire des choses certaines" que j'ai traduit sous l'autorité de Joyce Lussu, elle- même en appliquant la méthode qu'elle décrit ainsi dans l'introduction de son livre Tradurre poesia, "Traduire la poésie" méthode qui nous est connaturelle. "Tradurre poesia non è arido esercizio accademico e filologico sulle complicazioni grammaticali e sintatiche di una lingua. Tradurre poesia è sforzo per comprenderla, è

09/2015

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Religion

Marie en Saumurois

Né en en Orient, la dévotion à Marie, Mère du Christ, va prendre de l'importance en particulier après le concile d'Ephèse en 431 qui la proclame Mère de Dieu. Bien d'autres titres lui seront donnés, depuis celui de "Mère de Dieu toujours Vierge" jusqu'à celui de "Mère de l'Eglise" au XXe siècle. Elle est la "figure parfaite du disciple du Christ", comme l'a rappelé le dernier concile oecuménique. Comme dans d'autres provinces de France, la dévotion à Marie s'est développée en Anjou et de grands pèlerinages y sont nés, parmi lesquels le plus ancien est celui de Béhuard. Ce sont les formes que la dévotion à la Vierge a prise au cours du temps dans la partie orientale de la province - le Saumurois historique qui comprend les cantons de Saumur-Nord et Saumur-Sud, Allonnes, Doué-la-Fontaine, Gennes, Montreuil-Bellay et des Rosiers-sur-Loire - que l'auteure fait revivre ici. Un nombre important d'églises paroissiales et de chapelles lui sont dédiées, sous différents vocables intégrant la plupart du temps le beau nom de Notre Dame : ainsi de Notre-Dame des Vertus, Notre-Dame de Pitié, et bien d'autres, jusqu'à celui, unique au monde de Notre-Dame de la Légion-d'Honneur ! Exceptées l'abbaye de Saint-Maur, très ancienne, et celle de Saint-Florent de Saumur fondée au Xe siècle, toutes les abbayes qui ont vu le jour plus tard, aux XIIe et XIIIe siècles - Fontevraud, Asnières, Le Loroux - se sont mises sous sa protection maternelle. Tout comme le sont les prieurales ou collégiales de Cunault, du Breuil-Bellay, de Montreuil-Bellay ou encore du Puy-Notre-Dame. C'est à l'ombre de celle-ci que naîtra en 1904 Michel Epagneul, futur fondateur de la congrégation, toujours bien vivante, des Missionnaires des Campagnes, placée sous le mystère de l'Annonciation. Les Visitandines, les Bénédictines de Notre-Dame de la Fidélité, installées à Saumur au XVIIe siècle, ou encore, au XXe siècle, les Bénédictines de Notre-Dame de Compassion, établies à Martigné-Briand, se son aussi confiées à son amour. Des pèlerins individuels ou en groupes viennent toujours prier la Mère du Christ à Saumur - pour eux ou pour des êtres chers - devant la Pietà, coeur de la belle chapelle de Notre-Dame des Ardilliers édifiée au XVIIe siècle, dont la renommée dépassa le cadre régional. De nombreux personnages l'ont fréquentée, humbles anonymes ou personnages plus connus, parmi lesquels on peut citer Monseigneur Arnauld, évêque d'Angers au XVIIe siècle, ou encore sainte Jeanne Delanoue, fondatrice des Soeurs de Sainte-Anne de la Providence (appelées maintenant plus simplement du nom de leur fondatrice), saint Louis-Marie Grignion de Montfort ("à Jésus par Marie") ou encore sainte Marie Euphrasie Pelletier, fondatrice du Bon Pasteur d'Angers, dont un établissement fut établi à Saint-Hilaire-Saint-Florent au XIXe siècle. Des confréries très nombreuses se sont mises sous la protection maternelle de celle qui intercède, tout comme un réseau de Résistance de la dernière guerre mondiale. C'est à cette découverte que vous invite cet ouvrage.

11/2011

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Ecrits sur l'art

Etre Deux

Tout a commencé avec une étrange petite boîte noire reçue par Fred Deux en cadeau, un magnétophone. C'est ce qu'il confie dans la première cassette des enregistrements du récit de son existence, inextricablement liée à celle de Cécile Reims, enregistrements de plus de deux cents heures réalisés au long de trois décennies ? : "? Me voilà en 62, 63, 64. J'ai un magnétophone sur une table et je laisse sortir de moi une mèche enflammée qui s'enroule sur des bobines. ? " Muriel Denis, dans Etre Deux, recueille et ravive cette mèche enflammée, en racontant l'histoire de ce couple d'artiste qui inventa, dit-elle avec justesse, une manière "? d'être seul à deux ? ". Les chemins de Fred Deux (1924-2015), dessinateur, écrivain, et de Cécile Reims (1927-2020), graveuse buriniste, se croisent en 1951, pour ne plus se séparer. Tous deux avaient pris part à la résistance à l'occupation nazie, lui au sein des Francs-tireurs partisans, elle au sein de l'Organisation juive de combat, alors que sa famille avait été décimée suite à la rafle du Vélodrome d'Hiver. Leur vie ensemble sera, comme le dit Fred Deux, "? tout à la fois affolante de sérénité et de calme, lyrique-délirante ? ", s'aimant, se soutenant, travaillant seuls, travaillant ensemble. Muriel Denis raconte leur histoire avec une fidélité et une inventivité passionnées ? : "? Les cassettes de Fred sont un monument de la littérature orale et une porte d'entrée fabuleuse autour de la représentation d'un couple au travail et au quotidien. D'écouter les cassettes à travers ce prisme permet de découvrir que le plus beau chef-d'oeuvre de ces bandes, c'est peut-être ce qui a trait au couple de Fred et Cécile. L'énergie, les angoisse, les blessures, le soutien mutuel, l'extraordinaire communication et le besoin de silence parfois, même et surtout dans la répétition des jours. ? " C'est en allumant la radio par une nuit d'été que Muriel Denis fait leur rencontre, est happée par leurs histoires croisées et envoûtantes ? : "? Une nuit de juillet 2019 à la radio, un homme me parle. Je ne sais pas qui c'est. C'est fabuleux. Le lendemain, je retourne voir. Il s'agit d'une improvisation de Fred Deux. Je vais découvrir le site des bandes magiques, et je m'attache à cette autobiographie sonore enregistrée sur des cassettes. [... ] Je ne deviens pas insomniaque, je deviens chouette ? : en veille, attentive, alerte ? : toutes les nuits pendant un an, j'écoute ces cassettes. ? " Dans sa "? nuit éveillée ? ", Muriel Denis se met alors à écrire ce qui deviendra Etre Deux, mêlant sa propre voix à la voix de Fred Deux. De la somme impossible des "? bandes magiques ? ", des fragments et des phrases reprennent vie dans la solitude peuplée de l'écrivaine. Comme celle-ci, en exergue du livre, qui fait signe vers la survivance de l'histoire de "? deux personnes profondément séparées et intensément unies ? ", l'histoire qu'on va découvrir ? : "? Nous existerons. Les choses sans nous existeront. Vous serez éblouis. Vous verrez. ? "

06/2023

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Code et compilateur

Arduino. Apprivoisez l'électronique et le codage, 3e édition

Ce livre s'adresse aussi bien aux professeurs des écoles, professeurs de technologie, animateurs et parents qui souhaitent découvrir le fonctionnement de l'Arduino et appréhender l'apprentissage de l'électronique et du codage, qu'aux utilisateurs, amateurs de DIY qui cherchent à rafraîchir leurs connaissances ou trouver des idées pour la réalisation de projets maker nécessitant un microcontrôleur (détecteur de CO2, robot, jeux...). Tout au long du livre l'auteur s'appuie sur des exemples concrets et ludiques : gérer des feux de circulation, envoyer un message en morse, créer un appareil enregistrant l'évolution des températures, jouer de la musique avec des bananes, contrôler plusieurs types de robots (mBot, Zumo, OTTO, Keyestudio 4WD Mecanum...), fabriquer un chapeau clignotant, un panneau de LED RGB, une manette de jeu, une télécommande pour ordinateur ou un clone du jeu Simon... Dans cette nouvelle édition, un nouveau chapitre présente désormais différentes cartes Arduino avec de nombreux exemples d'utilisation. Pour commencer, vous ferez connaissance avec le matériel nécessaire, et particulièrement l'Arduino Uno. L'auteur consacre un chapitre aux notions indispensables d'électricité. Vous découvrirez les principaux langages de programmation de l'Arduino et l'utilisation de l'IDE Arduino (versions 1 et 2) sous Windows, Mac OS X, Linux et Android. Vous étudierez la programmation par blocs avec Scratch, mBlock et Vittascience. Pour illustrer les principes de base du codage, vous travaillerez sur des exemples concrets et vous utiliserez les composants électroniques les plus courants au format modules Grove ou Breadboard (LED, boutons, résistances, potentiomètres, buzzer) puis des composants et modules plus spécialisés comme les capteurs (analogiques ou numériques), les LED adressables (Neopixel), les relais, les différents types de moteurs ou les modules d'affichage (à LED ou LCD), de lecture/écriture (RFID, carte SD) ou de gestion du temps (horloge en temps réel). Afin de faciliter l'apprentissage, tous les programmes de base sont présentés en deux versions : langage blocs et langage Arduino. Dans un chapitre dédié, l'auteur explore différents modes de communication de l'Arduino (bus I2C, liaisons série, Bluetooth, radio, infrarouge, Ethernet, et USB avec le Raspberry Pi). Il poursuit avec la présentation d'autres modèles de cartes électroniques comme l'Arduino UNO Mini Limited Edition, l'Arduino Nano, l'Arduino Nano Every, l'Arduino Leonardo, l'Arduino Micro, l'Arduino Mega 2560, l'Arduino Zero, les Arduino MKR, l'Arduino Due et les mini cartes XIAO de Seeed Studio. La fabrication d'un Arduino avec le kit ""Make Your UNO"" ou à partir d'un microcontrôleur ATmega328P (et de quelques composants électroniques) est également détaillée. Le dernier chapitre regroupe les principales instructions de l'IDE Arduino permettant de retrouver facilement une fonction pour en vérifier la syntaxe...

07/2023

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Travail social

Parole donnée. Entraide et solidarité en Seine-Saint-Denis en temps de pandémie

Il faut lire ces pages avec ce trouble inquiet d'une contamination dont on ne savait presque rien. Qui a pu oublier ce 15 ? mars 2020, où tout fut soudain suspendu. L'état de panique où nous étions lorsqu'il a fallu fermer sa porte, pour un temps indéterminé, excepté l'heure d'autorisation de sortie. Qui parcourra ce livre sera saisi par cette soudaine sidération. Ces pages nous font part des peurs et des pleurs, de l'incompréhension et de la solitude, des malaises et des fatigues qui ont envahi la Seine-Saint-Denis. Elles nous parlent de ces moments d'impuissance et d'initiative spontanée, de désocialisation et de remarquables résistances. Elles recomposent le puzzle de la catastrophe sociale à partir des comptes rendus d'appel téléphonique, des mains courantes, des lettres demandant des secours, de l'observation des distributions alimentaires, des files d'attente devant les grandes surfaces ou la Poste, des solidarités... Plusieurs centaines d'agents du conseil départemental, le plus souvent des femmes, ces "appelantes volontaires" , ont engagé la conversation avec les plus vulnérables ? : comment se passe le confinement ? Qui prend de vos nouvelles ? Qui vous apporte des courses, vos médicaments ? Votre famille vous visite-t-elle ? Des voisins pourraient vous aider ? , etc. Les appels téléphoniques nous montrent les décrochages, à vif ? : les programmes sociaux en panne, les petites discriminations, la couverture sociale trop courte, les visites des soignants suspendues, la fracture numérique si invalidante, l'allocation qui n'arrive pas, les préjugés nationaux sur les langues d'usage... Ces appels visèrent à "? resserrer les mailles du ­filet ? " ? : prolonger un droit au-delà de la limite ? ; envoyer un secours ? ; ouvrir des lieux de distribution ­alimentaire ? ; offrir quelques conseils. Pour faire tenir un bout de la société. Les appelantes se souviennent : "J'ai appris à faire attention au bruit, dit l'une d'elles, pour savoir si un proche est là, voir s'il y a d'autres besoins". Monter plus haut la vigilance à la voix, au silence comme au cri. Sentir la menace et trouver les mots pour la dire. Chercher dans les bribes des récits des indices d'alarme qui pourraient ne pas se laisser voir. L'aide associative prend le relais des faiblesses de l'action publique. C'est la dépanneuse sur zone qui repère les vulnérabilités. En quatre semaines, les associations d'aide alimentaire sont submergées. Des cagnottes s'inventent, des ateliers de coutures fabriquent des masques... De l'éducateur à la bibliothécaire, du livreur au magasinier, de l'épicier du coin au stagiaire d'un service civique, on donne du temps, des bras, en équipe pour récupérer des dons auprès des grandes surfaces ou d'un maraîcher. Le constat de l'auteur résume une question simple : "Mais où était donc l'Etat social actif à la française ? "

01/2022

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Histoire internationale

Mission à Kaboul. La relation de Sir Alexander Burnes (1836-1838)

Mission à Kaboul. La relation de Sir Alexander Burnes (1836-1838). En 1836, la question afghane est au cœur des préoccupations du gouvernement britannique, soucieux de l’avancée russe en direction du sous-continent indien. Officier de l’East India Company, Alexander Burnes (1805-1841) est envoyé en mission à Kaboul. L’objectif de ce voyage, officiellement commercial, est avant tout politique et diplomatique : gagner l’émir de Kaboul aux intérêts de la couronne. Mais l’émir choisit de s’allier aux Russes. Le gouvernement britannique envoie alors en Afghanistan une armée qui le destitue. Figure emblématique de l’occupation britannique, Alexander Burnes est lynché par la population de Kaboul. Le contingent britannique, contraint à quitter la capitale afghane, est impitoyablement massacré sur le chemin du retour et le pays est livré à l’anarchie. Le récit de Burnes, riche évocation de l’Afghanistan, alterne curiosités et considérations diplomatiques et politiques très éclairantes sur les raisons de la débâcle. De 1813 à 1907, l’Afghanistan a été le théâtre d’un jeu d’influences où l’Empire russe et l’Empire britannique se sont affrontés pour étendre leur suprématie sur l’Asie centrale. Deux siècles ont passé, trois puissances mondiales modernes – la Grande-Bretagne, l’Union Soviétique et les États-Unis – s’y sont enlisées. Nous donnons ici la première édition française de ce texte fondamental accompagnée d’une préface de Michael Barry et d’un dossier historique de Nadine André. Pourquoi ne tire-t-on pas de leçons des erreurs stratégiques passées ? Pourquoi les experts régionaux consultés par les gouvernements ne servent-ils pratiquement à rien ? Comment le triomphe afghan face à l’empire britannique lors de cette première guerre nourrit-il le moral de toutes les résistances ultérieures ? Quelle place tiennent l’honneur et la mort dans la culture traditionnelle afghane ? Voilà ce que nous explique Michael Barry dans une longue préface qui introduit le récit du voyage de sir Alexander Burnes. À l’occasion de la traduction du texte relatant les prémices de la première guerre anglo-afghane, Nadine André offre, pour sa part, une large documentation permettant au lecteur de découvrir l’histoire afghane du XIXe siècle et de saisir les enjeux politiques qui se jouent en Afghanistan. Alors que l’on reparle d’un « Nouveau Grand Jeu » et que la capitale afghane n’a jamais été autant qu’aujourd’hui sous les feux de l’actualité, l’analyse que nous livrent Nadine André et Michael Barry laisse voir combien, à certains égards, la situation a peu évolué depuis la mission de Burnes. Comme si l’histoire, dans cette partie enchâssée du monde, était condamnée à se répéter.

11/2012

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Philosophie

Circonstances. Tome 8, Un parcours grec

La Grèce est au coeur de ce livre, qui lui donne son titre. Tout s'y relit de ce qui a fait son histoire très récente, doublement exemplaire : exemplaire d'abord de la volonté des marchés financiers de lui imposer - jusqu'à la mise sous tutelle - leur politique ; exemplaire aussi des oppositions qu'une telle volonté peut partout soulever, mais n'a soulevées nulle part ailleurs mieux qu'en Grèce. Exemplaire, la Grèce n'est donc pas seule présente dans ce livre. De sa situation, dit Badiou, "on peut assurément dire qu'elle cristallise plusieurs des contradictions fondamentales qui sont les nôtres, en Europe d'abord, sans doute, mais finalement dans le monde tel qu'il est, le monde livré à l'anarchie autoritaire du capitalisme". C'est du capitalisme et de ses menées proprement impériales qu'il y est essentiellement question : en Grèce, c'est le point de départ, en Europe, avec et après elle ; en Afrique surtout. Menées de "désorganisation plutôt que de colonisation" auxquelles Badiou donne le nom de politiques de "zonage", qu'il définit ainsi : "pratiques impériales qui ne consistent pas à occuper des pays, à les coloniser, à en extraire tout ce qu'on peut en extraire et à se heurter ensuite éventuellement à des résistances nationales, à des luttes de libération nationales [...] mais à créer de zones où finalement les Etats sont affaiblis, où les territoires sont dépecés, où se créent des enclaves sous la juridiction d'armées privées". Pour encourageante qu'ait été la politique d'opposition des Grecs eux-mêmes à l'hégémonie des marchés financiers, et, après eux, de l'Europe qu'ils se sont assujettie, Badiou n'élude aucune de ses limites. Ainsi conduit-il une analyse acérée, sans concession, du spontanéisme des politiques mouvementistes, quelque sympathie qu'elles suscitent a priori, lesquelles, dit-il, "n'ont strictement aucun autre effet que de souder provisoirement le mouvement dans la faiblesse négative de ses affects ; [...] qui peuvent en effet obtenir un résultat, mais nullement construire la politique de ce résultat, comme on le voit aujourd'hui en Egypte comme en Tunisie". Il revient en effet à toute opposition actuelle, s'inspirant des politiques d'émancipation passées, et se réappropriant ce que Badiou a théorisé sous le titre de l'hypothèse communiste, de se constituer a minima suivant ce qu'il appelle ici des "maximes d'orientation" : l'idée égalitaire, le dépérissement de l'Etat et l'organisation d'un travail indivisé. La victoire de la gauche radicale grecque s'en est-elle assez inspiré ? Pas, sans doute. Alain Badiou médite ainsi pour finir sur le destin intellectuel de l'alternance politique grecque.

09/2016

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Code et compilateur

Arduino. Apprivoisez l'électronique et le codage pour donner vie à vos projets, 2e édition

Ce livre s'adresse aussi bien aux professeurs des écoles, professeurs de technologie, animateurs et parents qui souhaitent découvrir le fonctionnement de l'Arduino et appréhender l'apprentissage de l'électronique et du codage, qu'aux utilisateurs, amateurs de DIY qui cherchent à rafraîchir leurs connaissances ou trouver des idées pour la réalisation de projets maker nécessitant un microcontrôleur (station météo, robot, jeux...). Tout au long du livre l'auteur s'appuie sur des exemples concrets et ludiques : gérer des feux de circulation, envoyer un message en morse, créer un appareil enregistrant l'évolution des températures, jouer de la musique avec des bananes, fabriquer un chapeau clignotant, une manette de jeu, une télécommande pour ordinateur ou un clone du jeu Simon... Cette nouvelle édition est enrichie par de nouveaux exemples de réalisation, mais surtout par l'apparition d'un tout nouveau chapitre entièrement consacré aux robots (mBot, Zumo, OTTO...). Pour commencer, vous ferez connaissance avec le matériel nécessaire, et particulièrement l'Arduino avec ses différents modèles. L'auteur consacre un chapitre aux notions indispensables d'électricité. Vous découvrirez les principaux langages de programmation de l'Arduino et l'utilisation de l'IDE Arduino sous Windows, Mac OS X, Linux et Android. Vous étudierez la programmation par blocs avec Scratch, mBlock et surtout Vittascience (et son Arduino virtuel). Pour illustrer les principes de base du codage, vous travaillerez sur des exemples concrets et vous utiliserez les composants électroniques les plus courants au format modules Grove ou Breadboard (LED, boutons, résistances, potentiomètres, buzzer) puis des composants et modules plus spécialisés comme les capteurs (analogiques ou numériques), les LED adressables (Neopixel), les relais, les différents types de moteurs ou les modules d'affichage (à LED ou LCD), de lecture/écriture (RFID, carte SD) ou de gestion du temps (horloge en temps réel). Afin de faciliter l'apprentissage, tous les programmes de base sont présentés en deux versions : langage blocs et langage Arduino. Dans un chapitre dédié, l'auteur explore différents modes de communication de l'Arduino (bus I2C, liaisons série, Bluetooth, radio, infrarouge, Ethernet, Wi-Fi et USB avec le Raspberry Pi). Il poursuit avec la fabrication d'un clone rudimentaire de l'Arduino à partir d'un microcontrôleur (ATtiny85 ou ATmega328P) et vous fait découvrir les particularités d'autres modèles de cartes électroniques comme l'Arduino Leonardo, l'ESP8266, la Kitco et la PybStick. Le dernier chapitre regroupe les principales instructions de l'IDE Arduino permettant de retrouver facilement une fonction pour en vérifier la syntaxe. Les sketchs utilisés dans les chapitres 6 à 10 sont disponibles en téléchargement sur le site www. editions-eni. fr (et le code Vittascience est partagé sur le site).

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Histoire internationale

Les grands procès du XXe siècle

Il existe nombreux recueils réunissant les procès à sensation de telle ou telle grande période de l'histoire. Le propos de ce livre est tout différent. Son originalité est de montrer le lien et la continuité entre les différentes affaires judiciaires évoquées et de raconter à travers elles l'histoire du XXe siècle. Treize procès ont été sélectionnés dans le but d'apporter au lecteur un éclairage singulier sur la vie politique et sociale de cette époque, de la première à la seconde Guerre mondiale, puis de cette dernière à la guerre d'Algérie. De 1914, avec le procès Henriette Caillaux, lever de rideau spectaculaire sur le siècle, à 1960 avec le procès des barricades, qui saisit l'Algérie à un moment-clé de cette guerre, où les rapports entre les forces en présence se préparent à basculer et où la légitimité va changer de camp. Les procès sont autant de fenêtres sur l'histoire, mais aussi une plongée au coeur d'un drame intime, le drame de celui ou de celle dont le sort se joue dans le prétoire. C'est sa voix que l'auteur a d'abord cherché à entendre, étonnamment restituée grâce à la trace laissée par les sténographies des débats judiciaires. Celle de Pierre Mendès France était jusqu'à aujourd'hui inédite : pour la première fois, on entend l'ancien ministre du Front populaire clamer son innocence devant le tribunal militaire de Clermont-Ferrand face à l'accusation de désertion portée contre lui. D'autres par leur personnalité dérangeante impriment leur marque au procès, comme Laval ou même comme Petiot, qui ont marqué de leur fougue et de leur désordre le cours des débats. Des femmes criminelles, aux motivations parfois insondables, telles les soeurs Papin, figurent-elles aussi au banc des accusés. Des procès d'Henriette Caillaux et Violette Nozière, à ceux d'Alexandre Stavisky et Victor Kravchenko, on est ici au carrefour de l'individuel et du collectif, et par là au coeur des enjeux de l'époque. La violence non seulement verbale mais physique de la vie politique, la vigueur des extrémismes, traversent les affaires du début du siècle, dans lesquels l'Action Française pèse de tout son poids, portée par la figure emblématique de Léon Daudet. De cette violence, la France de Vichy sera en partie l'héritière, illustrée ici par quatre procès particulièrement révélateurs. Des années 1920 et 1930 aux heures de l'après-guerre, la forte présence de l'influence communiste, la gloire dont le parti est auréolé grâce à la Résistance, expliquent l'aveuglement des intellectuels les plus éminents qui, lors du procès Kravchenko, refusent d'ouvrir les yeux sur les atrocités du régime stalinien. La guerre d'Algérie, qui marque pour la France la fin tragique de la décolonisation, est illustrée par deux procès mettant en scène le rôle des différents protagonistes du conflit, des rebelles algériens aux porteurs de valises, et des activistes de l'Algérie française à une partie de l'armée. Suivre ces treize procès permet aussi au lecteur de porter un regard cru sur le fonctionnement de la Justice en temps de crise et d'observer les liens souvent équivoques que celle-ci entretient avec le pouvoir central. Présumée indépendante et impartiale, supérieure et équitable, elle se révèle perméable à l'air du temps comme aux pressions politiques, et ainsi conforme à une réalité qui garde une actualité immuable.

10/2016

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Critique littéraire

La Guerre de Mon Père

Ce livre n'est pas seulement une biographie, mais il est aussi une base de références pour la période de la guerre 39/45. J'ai très peu connu mon père qui nous a quittés deux mois après mon 10e anniversaire, il était né en 1919 à Bordeaux. Un jour de 2003 j'ai trouvé par hasard dans quelques-uns de ses papiers deux témoignages de sa main. L'un décrivant son Evasion de France en 1943, l'autre son internement au camp de Miranda de Ebro. J'ai voulu en savoir plus sur cet épisode de sa vie, puis sur son parcours, pendant cette guerre, qu'il n'avait jamais racontée à personne. Il s'en est suivi 11 ans d'enquête à travers différents Centres d'Archives de France et d'Europe, dont la plupart se sont montrés coopératifs. J'ai appris à connaître cet homme qui était mon père et j'ai surtout reconstruit, élément par élément, ce parcours, à la fois riche et dramatique, en replantant les décors qui ont jalonné cette aventure. De nombreuses photos retrouvées çà et là, pêle-mêle, au milieu de centaines d'autres photos de toute époque, qu'il a fallu trier, classer et mettre dans l'ordre chronologique. Ces photos racontent l'histoire mieux que mille mots. La guerre de mon père débute en juin 1940 lors de son incorporation au 189 DIC de Mont-de-Marsan. L'armistice de 40 met très vite fin aux classes en obligeant la dissolution des organismes recruteurs de l'armée Française. Ainsi mon père et son unité se retrouvent dans la nature, hors de toute structure, à camper dans les bois. Très vite les Chantiers de Jeunesse sont créés et les jeunes qui n'avaient pas fini leur formation militaire y sont recrutés. Mon père fait partie des effectifs du Chantier de la Jeunesse numéro 13 de Cavaillon dans le Vaucluse, ce chantier a la particularité de regrouper la plupart des jeunes venant des Landes ; Chantiers de la jeunesse qui compteront pour service militaire. Il est libéré en janvier 1941. S'ensuit alors diverses phases plus ou moins floues et classiques du temps de guerre, un emploi à la toute jeune SNCF, puis à la poudrerie de Saint-Médard en Jale. Fin 1942 il est envoyé en STO en Allemagne d'où il s'évade 15 jours après. Durant l'année 1942 et début 43, tous les éléments portent à croire que mon père participait à la résistance Bordelaise. Il s'évade de France en juin 1943 par l'Espagne. Il est arrêté et interné au camp de Miranda de Ebro. Libéré fin 43, il gagne l'Afrique du Nord où il s'engage dans les troupes du 2e Régiment de Cuirassiers. Avec le 2e Régiment de Cuirassiers il fait tout l'entraînement en Afrique du Nord, puis il participe au Débarquement de Provence en débarquant à la Nartelle au matin du 16 août 1944. Il est tireur et aide conducteur à bord du char Saint-Malo. Il fait toute la campagne jusqu'au Rhin pour repousser l'ennemi dans ses frontières. Malade, il est contraint de changer d'affectation. Il rejoint le CIAB de Besançon début 45. Il est finalement libéré par le RII de Bordeaux fin 45. Vous trouverez dans ce livre beaucoup d'informations

12/2015

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Poésie anthologies

Poèmes de minuit, inédits 1936-1940

La publication d'un trésor qu'on croyait perdu. Soixante-quinze ans après sa disparition, des dizaines de poèmes inédits de l'écrivain surréaliste, résistant mort dans les camps, ont été retrouvés par miracle dans quatre cahiers exhumés lors d'une vente de livres anciens. Des poèmes inédits de Robert Desnos ont été retrouvés, Desnos, le poète de la liberté et de l'amour, le voyant inspiré, le surréaliste à la fibre populaire ayant joué un rôle si fondamental auprès d'André Breton, le résistant qui trouvera la mort dans le camp de Teresin en Tchécoslovaquie, en 1945. Ces textes ont été composés en 1936-1937. A cette époque Desnos s'était fixé pour contrainte d'en écrire chaque soir vers minuit. Après avoir pratiqué le journalisme, il consacrait alors beaucoup de temps à la radio, media pour lequel il s'était pris de passion (composant des slogans publicitaires pour Radio-Luxembourg et le Poste-Parisien, écrivant une pièce radiophonique avec son comparse Antonin Artaud sur une musique de Kurt Weill). Mais il s'obligeait, pour rester en contact avec la poésie à écrire un poème " forcé " tous les soirs. Parfois " le poème s'imposait, il s'était construit de lui-même au cours de la journée. D'autres fois le cerveau vide, c'était un thème inattendu qui guidait la main plutôt que la pensée ", écrit-il. On y trouve des bandes de gamins parisiens, Napoléon 1er, le " maréchal Ducono ", des " nymphes qui dansent dans des clairières ", un drôle d'animal qui " tient de l'arbre et de l'éponge ", des faisans et des coqs, l'éclat du soleil et des étoiles, les quais de seine, un brouillard matinal en automne, des souvenirs de la grande guerre alors qu'il était adolescent, l'amour et l'amitié, l'histoire d'un pirate affligé d'un chagrin d'amour, une ode à l'aube naissante (" La lumière qui grandit / n'est pas la même que celle qui meurt. "). Beaucoup d'humour aussi chez cet amateur de farce et de calembours, dans des quatrains rimés où il s'en prend aux gradés, aux prêtres et aux juges. Certains de ces poèmes ont rejoint le recueil Fortunes, en 1942 d'autre Etat de veille en 1943. Ceux qui n'ont pas été publiés viennent donc d'être retrouvés dans quatre précieux cahiers reliés datant de 1940, à l'occasion d'une vente et de l'acquisition faite par le bibliophile et collectionneur Jacques Letertre. On y découvre l'écriture régulière de Desnos qui s'était appliqué en vue d'une prochaine parution à recopier, corriger quatre-vingt poèmes, complétés par des dessins de sa main. En 1940, Desnos revient à lui-même et se juge, accompagnant d'une ou deux croix les poèmes qu'il trouvait les meilleurs. A l'époque où il recopie ces poèmes, Desnos rejoint le quotidien Aujourd'hui, qui va bientôt glisser dans la collaboration. De son poste d'observation, il collecte des renseignements pour le réseau de résistance " Agir ". Il mènera ce combat jusque 1944. Dénoncé, arrêté par la Gestapo, Desnos connaîtra la prison de Fresnes, le camp de Compiègne, puis Auschwitz, Buchenwald, Flossenbürg, Floha et Teresin, où, survivant des " marches de la mort ", il succombera au typhus. Il n'avait pas 45 ans.

02/2023

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Musique, danse

Mikis Théodorakis par lui-même

Né en 1925, Mikis Théodorakis est l’un des plus grands compositeurs du XXe siècle. Il évoque ici sa vie, son art, les personnalités qu’il a côtoyées au fil de sa prestigieuse carrière et ses engagements politiques. Portrait d’un homme aux deux amours : la musique et la démocratie. Né en 1925, Mikis Théodorakis est l’un des plus grands compositeurs du XXe siècle. Passionné de musique dès son plus jeune âge, il écrit ses premières compositions à treize ans. Après des études au Conservatoire d’Athènes, il s’inscrit au Conservatoire de Paris où il suit notamment les enseignements d’Eugène Bigot et d’Olivier Messiaen. Il a mis en musique les plus grands auteurs de la littérature grecque des XIXe et XXe siècles (les prix Nobel Odysséas Elytis et Georges Séféris, Yannis Ritsos, Angelos Sikélianos…) mais aussi Pablo Neruda et, en parvenant à concilier sa formation symphonique classique et les spécificités de la musique traditionnelle grecque, il a créé un fantastique renouveau musical en Grèce et plus largement en Europe. Ses oeuvres sont présentées sur les plus grandes scènes internationales, certaines ont inspiré des chorégraphes parmi lesquels Maurice Béjart. En parallèle de son activité musicale, Mikis Théodorakis n’est jamais resté indifférent aux combats de don temps : pendant la Seconde Guerre mondiale, il prend part à la Résistance ; il est du côté des communistes lors de la guerre civile qui a déchiré la Grèce dans la seconde moitié des années 1940 (à ce titre il est arrêté, torturé à plusieurs reprises, déporté sur l’île d’Icarie puis à Macronissos… dans la cellule commune, il donnait des cours de solfège à ses codétenus !). Victime ensuite de la junte des colonels (arrêté, placé en résidence surveillée, banni dans un village de montagne avant d’être déporté dans un camp, il a finalement été relâché grâce à une forte mobilisation internationale initiée notamment par Leonard Bernstein, Dmitri Chostakovitch, Arthur Miller ou Harry Belafonte), il s’exile et poursuit, de France, son combat pour que personne n’oublie la Grèce opprimée. Il a traversé le XXe siècle en penseur libre et indépendant, parfois décrié car il ne s’est jamais soumis à aucune structure politique (même quand il est élu député), préférant à la lutte des partis le choix souverain du peuple, la démo-cratie. Ces dernières années ont été l’occasion de prises de position beaucoup plus réactionnaires, qu’il évoque également. Quelques-unes de ses plus grandes oeuvres symphoniques : Axion Esti (oratorio, texte d’Odysséas Elytis), Mauthausen (cycle de chansons, texte de Yakovos Kabanellis), Romiossini (cycle de chansons, texte de Yannis Ritsos), Canto General (oratorio, texte de Pablo Neruda), La Marche de l’esprit (oratorio, texte d’Angelos Sikélianos). Quelques musiques de films qu’il a composées : Zorba le Grec de Michel Cacoyannis, Z et Etat de siège de Costa-Gavras, Les Troyennes de Michel Cacoyannis, Serpico de Sidney Lumet. Issu d’un cycle d’entretiens, cet ouvrage est construit thématiquement plus que chronologiquement. Chaque chapitre commence par un préambule de Yorgos Archimandritis, qui vise à replacer ce qui va suivre dans son contexte, à en éclairer certains aspects ; ensuite c’est Mikis Théodorakis qui prend la parole. Le résultat, vivant et spontané, donne l’impression de dialoguer avec l’artiste. Environ quatre-vingt-dix photographies montrent le compositeur en compagnie des membres de sa famille mais aussi avec toutes les célébrités qu’il a côtoyées, avec lesquelles il a travaillé : Mélina Mercouri, François Mitterrand, Pablo Neruda, Manos Hadjidakis, Odysséas Elytis, Yannis Ritsos, Arthur Miller…

04/2011

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Histoire de France

Ces Alsaciens qui ont infiltré Vichy

Les ouvrages historiques n'ont pas manqué sur la brutalité de l'annexion de l'Alsace-Lorraine par le Ille Reich, le drame des Malgré-nous, le Struthof, la Résistance alsacienne, les combats de la Libération, les compromissions des "autonomistes"... Avec cet ouvrage, Jean-Claude Streicher revient une nouvelle fois sur l'autre versant de cette période, très, très rarement abordé : la relation alsacienne avec l'Etat français et Vichy. Elle avait une importance qu'on n'imagine pas. Le 1er octobre 1943, la direction vichyssoise des réfugiés avait en effet estimé à 142 472 le nombre des Alsaciens et Lorrains réfugiés en zone sud, à 24 659 ceux de la zone nord. Il s'y ajoutait 50 à 60 000 évacués de septembre 1939 non rentrés en Alsace ; plus 45 à 50 000 expulsés alsaciens et 90 000 expulsés de Moselle. Soit au total de 352 135 à 367 135 personnes pour les trois départements. Dix parlementaires alsaciens, sur les 16 qui avaient voté le 10 juillet 19401es pleins pouvoirs constitutionnels à Pétain, étaient de plus restés en zone libre. Cette diaspora a continué de profiter des institutions mises en place par la Ille République lors de l'évacuation de septembre 1939. Elle avait des intérêts matériels à défendre et vivait de l'espoir de revenir dans ses foyers libérés des Allemands. Espoir que les autorités vichyssoises ne négligeait pas d'entretenir, mais le plus discrètement possible, afin de ne pas réveiller la fureur de l'occupant. Ces intérêts matériels et moraux avaient leurs défenseurs - Alsaciens - à la périphérie et jusque dans le coeur de l'appareil d'Etat pétainiste. Ce livre remonte patiemment le fil de ces réseaux d'influence que le régime ne traquait pas, bien au contraire, puisqu'il tenait à leur marquer sa fidélité française. On découvre ainsi que ceux qui purent se hisser aux plus hautes fonctions (chefs de cabinet, de services ou préfets...) se connaissaient dès avant la guerre, notamment pour avoir combattu ensemble en Alsace par la presse et l'action politique l'autonomisme, le communisme et la germanophilie. Ils étaient maréchalistes avant l'heure, catholiques nationaux, Engagés volontaires de la Grande Guerre, Action française, Camelots du roi ou Cagoulards... Mais nullement collaborationnistes, façon Darnand, Déat ou Doriot. La grande révélation de cet ouvrage est que le concepteur de la francisque gallique, le capitaine Robert Ehret, était lui-même d'origine alsacienne, preuve généalogique à l'appui. C'est aussi le premier travail à apporter toute la lumière sur les déplacements très controversés à Vichy du député clérical autonomiste de Colmar, Joseph Rossé. Il éclaire par ailleurs des figures moins pétainistes (Alfred Gaessler, Schiesslé, Eugène Schueller...) pour mieux faire ressortir la diversité des engagements de ce temps. Marc Bloch, François-Georges Dreyfus, René Hirschler et Isaïe Schwartz, enfin, illustrent, le cas bien plus tragique des Juifs d'Alsace qui ont eux aussi été en contact direct avec l'Etat vichyssois, le dernier d'entre eux, grand rabbin de France, ayant même eu deux entretiens avec le Maréchal pour tenter de freiner Ies persécutions Comme à son habitude, Jean-Claude Streicher réalise ici un travail pionnier, factuel, très documenté, bien sourcé, se gardant de toute extrapolation à prétention psycho-psychanalytique.

10/2018

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Policiers

En l'absence de Monsieur J.

Quelques mois après l'armistice. Quelques mois après la "der des der". Au Palais de justice de Paris, comparaît l'assassin de Monsieur J Un soir de juillet 1914, il a abattu celui qui disait non à la guerre. Quatre ans et demi et plusieurs millions de morts plus tard, Hervé est là devant ses juges... Ainsi débute, le roman de Pierre Dharréville, par l'évocation de ce jour sombre de l'année 1914 qui inaugura vraiment le XXe siècle et lança le mécanisme fou de ses horreurs. Sans doute, avec la mort de Monsieur J s'est écrite la première défaite de l'humanité... C'est en tout cas la conviction de Marius, un solide jeune homme du Midi devenu proche de J après l'avoir rencontré à Carmaux parmi les mineurs. Alors Marius n'imagine pas manquer ce procès tant retardé. Encore hébété d'avoir survécu à la boucherie des tranchées, il assiste aux débats, chaque jour plus mal à l'aise. Les brillants orateurs ne sont plus dans le camp de la victime. De qui fait-on le procès ? On rend hommage à J. mais on l'enterre. On l'encense mais on l'embaume surtout. L'assassin répond mal, ou si peu, de son crime. Rendre vie à J dérange... Sur les bancs du public, aux côtés de Marius, deux journalistes. Eléonore que tant d'injustice exaspère et Marcel qui observe, goguenard, les habiles plaidoiries de la défense. Marius ne peut accepter le verdict, Eléonore non plus. Leur vie à chacun se décide ce jour-là. Si leurs parcours diffèrent, s'éloignent, ils sont pourtant liés dans un même souffle d'indignation, dans l'énergie de la détermination à lutter pour la liberté de tous, ou peut-être tout simplement pour la dignité de chacun. Le roman s'attache ainsi aux destins de cette femme, de cet homme, et d'autres qu'ils croisent, au fil des années d'après procès. De Paris à Marseille en passant par les plages d'Ibiza en 1936, de la défaite de 1940 au sursaut de la Résistance dans le sud de la France. Ce ne sont pas les faits historiques qui importent mais la force de vie, de passion et d'engagement qu'ils libèrent parfois en chaque femme, en chaque homme. Eléonore, Marius ne sont pas des héros, juste des gens du commun qui tracent des chemins de convictions dans les soubresauts violents d'évènements qui les révèlent à eux-mêmes. Lui n'est pas de ceux qui renient leurs promesses, elle n'est pas de celles qui subissent les obligations ou restrictions de quelque condition que ce soit. Eléonore et Marius, vibrants et déterminés, fragiles aussi, au tournant d'un siècle sans ménagement, nous deviennent familiers, si intensément proches. C'est toute la force du roman de Pierre Dharrévile, réussir à nous captiver, nous entraîner dans les soubresauts de ces vies bousculées et denses, par la grâce, l'élégance d'une langue tour à tour souple, ronde et chatoyante quand le roman s'installe près de la Méditerranée, plus incisive, abrupte ou sarcastique quand les événements se durcissent et bégaient. Si l'absence de Monsieur J a bouleversé l'ordre du monde, elle a aussi construit et nourri l'aventure humaine et solidaire de beaucoup de femmes et d'hommes, ce livre leur rend hommage dans un tourbillon romanesque fait d'émotions, de tensions, de chaleur, non sans humour et légèreté aussi.

08/2014

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Histoire de la médecine

Sur les dents. Ce qu'elles disent de nous et de la guerre sociale

Pourquoi persistons-nous à avoir mal aux dents ? Pourquoi sommes-nous si nombreux à souffrir de nos crocs malades, abîmés ou perdus, alors que les soins dentaires sont prétendument gratuits et accessibles à tous ? Que penser d'un système qui incite les dentistes à bâcler les soins "Sécu" et à privilégier les traitements à haute valeur ajoutée ? Comment admettre que le sort d'un organe aussi prodigieusement vital et riche en significations dépende de notre place dans la hiérarchie sociale ? Personne n'ignore l'importance des dents comme outil de mastication, territoire intime et carte de visite tendue aux yeux du monde. Pourtant, les inégalités d'accès aux soins restent abyssales, condamnant des millions de personnes à une vie atrophiée. Il est temps de mettre à nu ce système, sa logique et ses intérêts, et de réclamer quelques comptes. Mû par sa propre peur du dentiste, l'auteur explore un univers familier et méconnu, dont l'actualité ne s'empare que lorsqu'un président persifle les "sans-dents". Mêlant allègrement l'enquête, le récit, le jeu de pistes et le recueil de témoignages, cette remontée aux sources des inégalités dentaires nous mènera des dentistes orfèvres du néolithique aux arracheurs de dents des centres low cost, de l'inventeur du dentier en porcelaine à l'industrie du sourire hollywoodien. S'y dévoileront les formes de violences sociales dont nos dents sont la cible, des plus brutales au plus sournoises, mais aussi quelques moyens de s'en défendre. Devant la dureté du monde, qui met nos capacités de résistance à rude épreuve, le moment est peut-être venu de reconquérir notre pouvoir de mordre. Une enquête sur les profiteurs de la ségrégation dentaire et les scandales qui font perdre le sourire, stigmatisant la pauvreté. Des témoignages qui en disent long sur ces drames intimes. Une exploration du rapport des hommes à leurs dents, y compris dans la production artistique et culturelle. Un ouvrage au ton enlevé sur un sujet sérieux. En France, un ménage sur cinq renonce à se faire soigner les dents faute de moyens ; chaque année, 5 millions de personnes s'abstiennent de recourir aux prothèses dont elles auraient besoin. Le système de soins est inféodé à l'appât du gain. Les centres de santé, qui assuraient un semblant de service public, disparaissent. Le développement du tourisme dentaire n'atténuera pas la brutalité de cette régression, pas plus que la multiplication des centres de soins privés bas de gamme. L'affaire Dentexia, ce réseau d'abattage dont le dépôt de bilan, en 2016, laissa 2 000 victimes ruinées et édentées, reste le symptôme le plus spectaculaire de cette nouvelle charlatanerie. Quels sont les mécanismes de la discrimination ? Quelles en sont l'histoire et les conséquences, sur le plan sanitaire, mais aussi dans l'esprit et la chair des sans-dents ? Une bouche abîmée est un marqueur social qui vous isole, mais aussi une plaie intime, qui érode votre appétit de vivre. Entre intimité et vie sociale se nouent bien des drames. A partir d'un large éventail de témoignages, Olivier Cyran identifie les causes et les profiteurs de la ségrégation dentaire. Au travail d'enquête se mêle une exploration historique du rapport des hommes à leurs dents, depuis les premières extractions au silex, il y a 14 000 ans, à la florissante industrie des smile designers de Hollywood.

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Peut-être, n° 6, 2015. Revue poétique et philosophique

Ce sixième numéro de Peut-être s'ouvre avec le souvenir de Daniel Vigée, qui s'est éteint au début du mois de novembre 2013. Il aurait eu soixante et un an à la fin de novembre 2014. Tous ceux qui ont côtoyé Daniel, tous ceux qui l'ont connu à travers les poèmes de Claude Vigée, partagent une grande tristesse et s'associent pleinement au deuil de sa famille, et tout particulièrement de son épouse Jola et de ses enfants, Nathalie (et son époux) et Raphaël. Nous reproduisons la brève allocution que Claude avait dictée à Nathalie pour la cérémonie de Bischwiller ainsi que le discours de Claude Heymann, Rabbin de la communauté de Haguenau. Nous associons Evy à son fils dans notre souvenir. Les essais de Claude Vigée ici repris, partiellement pour "L'annonce d'un matin d'hiver" , et dans son intégralité pour "Esclaves et étrangers : Flaubert et Chateaubriand à Jérusalem" , permettent de bien mettre en relief la complémentarité de ces lieux, l'Alsace et Jérusalem, dans l'existence et dans l'oeuvre de Claude ainsi que dans la vie de sa famille. Blandine Chapuis dédie à Evy son étude fouillée, très sensible et pertinente, sur l'oeuvre de Claude Vigée : "La poésie comme promesse d'avenir" . Il est aussi beaucoup question de cette oeuvre qui nous rassemble dans le dossier qu'Oleg Poliakow a réuni pour nous autour d'une réflexion sur le verset de la Genèse concernant la création de l'homme (Genèse 2, 7) associée à cette belle expression du philosophe Paul Ricoeur : "L'homme, c'est la Joie du Oui dans la tristesse du fini". Nous traversons une période de commémorations multiples. L'année 2014 marquait le centenaire de la naissance de Dylan Thomas, que célèbre Jean Migrenne, mais inaugurait également une double perspective historique, le centenaire du début de la Grande Guerre s'associant avec le soixante-dixième anniversaire de la Libération. Nelly Carnet s'est entretenue avec Nelly Leviandier-Coulon, résistante. Je poursuis mon travail de réflexion sur les poètes de la Grande Guerre. Pierre Brunel nous parle de Rimbaud et établit un lien particulier avec l'oeuvre de Claude Vigée. Le cahier de création s'ouvre avec des poèmes inédits de Claude. Marc Sagnol nous initie par ses traductions à l'oeuvre d'Alexandre Guelman, poète russe, et d'Inna Fridkina. Je propose, en version bilingue, des poèmes très célèbres de Wilfred Owen, Charles Hamilton Sorley, Isaac Rosenberg, Ivor Gurney et Robert Graves. On retrouvera ensuite, ou on découvrira, Gabrielle Althen, Beryl Cathelineau-Villatte, Marc Kauffmann, Pénélope Sacks-Galey et Marc Sagnol. Jean-Luc Hohl-Muller nous donne à lire un essai sur la langue alsacienne, sous forme de nouvelle, "Les écureuils" . Lydie et Guy Baranton, fille et fils du peintre dont nous présentons l'oeuvre, Roger Baranton, évoquent pour nous leur père et sa joie de peindre, qui transcenda pour lui toute autre difficulté d'existence. Il se situe dans cette école de Paris d'après la Seconde Guerre mondiale.

12/2014

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Méthodologie

Photolangage Travail et changement. Entrer dans le changement au travail

Pourquoi un dossier Photolangage® sur le changement ? Bien que la vie soit en évolution permanente, le quotidien est vécu comme un temps stable entrecoupé d'évènements plus ou moins perturbateurs qui rythment la vie de chacun. Comment s'approprier ces périodes, afin de les vivre, non comme des épreuves, mais comme des ouvertures, des découvertes, des approfondissements, ou des consolidations de soi et de sa présence au monde ? Cet ouvrage se concentre sur les changements qui surviennent dans le contexte de travail. Changements de postes, passages au télétravail, compétences professionnelles à reconstruire, reconfigurations d'entreprises, réorientation professionnelle : comment les personnels vivent-ils ces changements qui s'imposent dans le monde du travail ? Omniprésent dans les démarches de management, le changement est rarement considéré du point de vue des personnes qui le vivent, mais plutôt du point de vue des dirigeants et des cadres à qui il est expliqué comment le faire adopter au mieux par leurs équipes ou leurs collaborateurs. La spécificité de ce dossier est d'explorer le changement dans le monde du travail, du point de vue de ceux à qui il advient, des changements souvent imposés, rarement demandés. Comment des salariés, des employés abordent-ils les changements qu'ils ont à vivre ? Qu'est-ce qui les affecte le plus dans le changement ? Qu'est-ce qui les aide particulièrement à s'engager dans un changement de lieu, de poste, d'entreprise, de métier ? Et lorsqu'ils résistent, freinent, en essayant de survivre, comment le vivent-ils ? Comment gèrent-ils les résistances qui apparaissent ? Quels sont les moyens à leur disposition pour s'approprier et vivre au mieux les changements en cours ou à venir ? D'un point de vue personnel, un être humain est fondamentalement un être inachevé, mais un être qui a besoin de certitudes et de permanence. Comment les changements que nous vivons peuvent-ils nous permettre de nous construire, de repenser notre identité, de repositionner nos valeurs ? Etre capable d'identifier et de caractériser le changement est crucial, car selon l'origine, l'ampleur, la rapidité, la direction du changement, l'attitude à adopter ne sera pas la même et le changement ne sera pas vécu de la même façon. Avec la photographie comme médiation de la communication, ce dossier propose aux intervenants un outil pour organiser des échanges en groupe avec des adultes leur permettant de mieux comprendre et vivre les enjeux des changements en explorant un des axes suivants : - identifier et comprendre les changements dans son environnement de travail ; - construire de nouveaux repères pour entrer dans le changement ; - changer, oui, mais en cohérence avec ses valeurs essentielles. L'objectif de ce dossier est de fournir les moyens à chacun pour qu'il ou elle puisse mieux comprendre ses réactions aux changements, et redéfinir ou construire les repères indispensables pour mieux relever les défi s des changements dans sa situation de travail.

11/2021

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Histoire de France

Dictionnaire Louis XIV

LE LIVRE : Louis XIV a fait l'objet de nombreuses biographies et il existe aussi des dictionnaires sur le Grand Siècle et sur l'Ancien Régime. Mais aucun ne lui avait été consacré directement. Celui-ci s'attache à la seule figure de Louis XIV dans sa richesse et sa complexité, en le confrontant aux diverses réalités de son temps, ainsi qu'aux femmes et aux hommes qui ont compté dans sa destinée. L'ouvrage aborde le souverain à travers ses deux dimensions - le roi et la personne royale - en les associant étroitement. D'un côté, la figure symbolique du monarque, gratifié par les écrivains et les artistes de toutes les qualités et de toutes les vertus mais dont le règne - plus de soixante-douze ans - suscite également des critiques acerbes, des caricatures terribles et des resistances tenaces, dans son royaume comme à l'étranger. D'un autre côté, un souverain en tant que tel, lieutenant de Dieu, premier des gentilshommes, père de ses sujets, qui incarne le royaume et dispose d'un pouvoir absolu, faisant la loi et l'appliquant, jugeant aussi en dernier ressort. Ce dictionnaire obéit à une démarche rigoureuse évitant tout parti pris historique qui ne verrait en Louis XIV que Louis le Grand ou le Roi-Soleil. Au contraire, il vise à le dégager d'une gangue de jugements traditionnels, tantôt louanges outrées, tantôt critiques acerbes. Refusant de juger ou de célébrer cet homme d'Etat, il propose des mises au point précises et détaillées, à la lumière des recherches les plus récentes, et une approche simple et claire des faits historiques. Pour donner une image cohérente d'un homme dans son temps, il met en valeur toutes les réalisations originales de son règne, comme ses échecs et les persécutions dont il fut responsable. La personne royale était observée à chaque minute par ses proches ou ses serviteurs. C'est le fruit de cette attention que l'on retrouve ici à travers l'étude du corps du roi, de ses paroles, de sa vie quotidienne. Ses amis, ses amours, sa famille sont présents, tant ils ont compté dans ce petit monde singulier qu'était la cour de France. Ce dictionnaire part aussi de la personnalité du roi pour comprendre l'Etat et la société française de son temps. Il offre, entre autres, une promenade à travers les provinces que Louis XIV a parcourues pour tenter de savoir quelle connaissance il avait de son pays et de sa diversité. Il aborde également les grandes entreprises du règne : réformes, politique économique, guerres, diplomatie. Il brosse enfin un tableau riche et original de la société qui gravite autour de lui, non seulement celle des princes et des privilèges, mais aussi des femmes et des hommes les plus modestes et anonymes qui l'ont suivi et rencontré. Trois cents ans après sa mort, il fallait une entreprise de cette ampleur pour resituer pleinement ce souverain d'exception dans sa seule vérité historique.

09/2015

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Littérature française

La connaissance du vent

La Connaissance du vent, qui peut se définir comme une "fable spirituelle" , raconte l'histoire de Hannes, jeune restaurateur d'art néerlandais élevé dans les rigueurs moroses du fondamentalisme calviniste, qui a perdu la foi à l'adolescence et sombré dans la débauche et dans les addictions - au sexe, à l'alcool, à certaines drogues -, ce qui le remplit d'une honte morbide (d'autant plus qu'il est gay, ce qui est encore loin d'aller de soi en 1981, année où se situe le récit, a fortiori quand on a reçu son éducation) sans qu'il trouve le ressort pour amender sa vie. Ce solitaire angoissé est aussi hanté par la "disparition" de Kobie, son seul ami et confident, un peintre plus drogué que lui et attiré par le masochisme, sans qu'on sache avant la fin du livre ce qu'il a pu devenir. Pour fuir et se fuir lui-même, Hannes s'en va restaurer un retable baroque dans une abbaye voisine d'une bourgade perdue des Marches italiennes, qui se révèle un lieu à la fois beau et sinistre, car les habitants semblent endeuillés et hostiles, peut-être parce que la petite cité a autrefois été martyrisée par des mercenaires ottomans. Bien accueilli par les moines, un même amour de la musique - qui joue dans l'histoire un rôle essentiel, de même que la poésie et la nature - le rapproche de Guido, jeune novice souriant, érudit et d'une étonnante sagesse. Malgré les résistances de Hannes, Guido lui révèle peu à peu un Dieu tout différent de celui auquel il a jadis tourné le dos : doux, juvénile et miséricordieux. Le Dieu sans colère de Thérèse d'Ávila et de la mystique Hetty Hillesum, qui n'a rien contre les gays ni contre le langage des sens. Mais Hannes freine des quatre fers et en veut même à Guido - dont la santé ne cesse de se dégrader - pour son optimisme et sa sérénité. Il a aussi parlé avec Bertille, artiste installée dans la région, qui proclame sa haine de la foi et de ses serviteurs. Pourtant, des signes se manifestent : une étrange petite brise caressante du crépuscule, qui semble contenir une présence, et aussi les apparitions fugaces et parfois rêvées d'un étrange personnage de jeune Oriental, peut-être un fantôme surgi d'une légende locale, peut-être un messager du divin, qui semble lui tendre la main. Un soir, en un lieu désert où il s'est laissé guider par l'ombre de l'Oriental, Dieu fait irruption dans la vie de Hannes. Cette expérience de metánoia fait dans l'instant de lui un tout autre homme. Mais la révélation a un prix : le même soir, Guido est mort et Hannes comprend confusément que, selon le mystère de la communion des saints, le novice est mort pour lui. Hannes a cependant découvert une paix, une harmonie intérieures qui lui permettent de poser sur sa vie un nouveau regard et d'habiter poétiquement et spirituellement le monde. Mais nous sommes en 1981, et la menace du sida vient d'apparaître... Pourtant, à la fin du livre, la paix de Dieu aura le dernier mot.

10/2023

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Cinéma

Héros N° 2 : X-Men. Saga en pleine mutation !

Héros no2 : Le mook qui renaît de ses cendres X-Men, une saga en pleine mutation " Nous assistons maintenant aux prémices d'un nouveau stade de l'évolution. Ces mutations apparaissent à la puberté et sont souvent déclenchées par le stress. " Jean Grey se tient grave et solennelle, comme l'exigent les circonstances. Les sénateurs ont tous les yeux braqués sur elle, la mine dubitative. Certains affichent même leur dégoût ouvertement. C'est que l'évolution a toujours été redoutée, induisant l'inévitable résistance au changement. Charles (non pas Xavier mais) Darwin en sait quelque chose : à l'instant où il publie L'origine des espèces en 1859, il s'attire les foudres des plus hautes instances. L'humain ? Un parent du singe ? Voilà qui est tout bonnement absurde et insultant, clament haut et fort les créationnistes, qui n'entendent pas répondre aux lois naturelles ou sociologiques, mais aux seules lois divines. D'autres scientifiques s'interrogent : pour accepter l'idée - aussi violente qu'une Terre plate qui deviendrait soudainement sphérique -, encore faut-il démontrer l'existence d'un chaînon manquant. Cette peur d'une théorie de l'évolution est-elle cependant irrationnelle ? Après tout, il est bien question de " sélection naturelle " , celle d'individus mieux adaptés à un environnement lui-même changeant. Et cette sélection est intrinsèquement liée à la véritable hantise : celle de l'extinction des espèces. Enfin, l'ouvrage de Darwin enfante des démons potentiels, toujours candides et innocents au départ, inhumains à l'arrivée : Francis Galton, cousin du chercheur, accouchera pour sa part des premières théories eugéniques, dont on sait ce qu'il adviendra, notamment dans le cadre de travaux menés dans la plus grande horreur par les nazis... Taquinant l'arrogance et la condescendance, sachant le public avec lui, le sénateur Kelly toise Jean. C'est un politicien, un tacticien, il sait parfaitement que les grands discours noient les idées. Aussi donne-t-il dans l'abrupt et pose la question le plus simplement du monde, espérant ainsi déstabiliser Jean : " Les mutants sont-ils dangereux ? " Jean vacille et bafouille une réponse malheureuse : " C'est injuste. Un mauvais conducteur peut être dangereux. Tous les mutants qui ont révélé leur condition ont provoqué peur, hostilité et même violence. C'est pourquoi j'exige du Sénat qu'il vote contre l'immatriculation des mutants. " Le sénateur Kelly a des arguments implacables : quid de cette jeune fille apte à traverser les murs ? Et si elle entrait dans le coffre fort d'une banque ? A la Maison Blanche ? Ou même chez nous ? Et imaginons un mutant capable de lire et d'influencer nos pensées ? Nous sommes en 2000 au moment où X-Men de Bryan Singer sort sur les écrans. Le monde n'a pas encore été bouleversé par les attentats du 11 Septembre. Cette idée de ficher les individus parce que présumés dangereux s'apprête à flirter avec un passé nauséabond comme jamais. La fiche S, pour " Sûreté de l'Etat " , découle de la " Liste S " , puis " Fichier S " , mise en place sous le gouvernement Vichy en 1942... Ce qui nous renvoie à la séquence d'ouverture sidérante de ce film de " super-héros " : un petit garçon, arborant une étoile jaune, arraché des mains de sa mère aux portes grillagées d'un camp de concentration. Ce même petit garçon qui, cinquante ans plus tard, énoncera : " Nous représentons le futur, pas eux. Ils ne comptent plus " , en parlant de nous. D'un côté comme de l'autre, l'intolérance engendre le pire. Si tout un chacun regarde les films de super-héros, il n'est pas toujours aisé de s'y retrouver dans les univers tentaculaires tissés par les éditeurs américains depuis les années 1960. Le mook Héros, au rythme des sorties en salle, se propose de resituer les super-héros dans leur contexte, d'exposer leurs origines et de dégager les principales étapes clés et problématiques liées à leurs univers.

06/2019

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Histoire de France

Journal d'un interné. Drancy 1942-1943

Drancy de Georges Horan est un manuscrit inédit récemment découvert par sa famille. Connu pour ses 56 estampes publiées en 1947 sous le titre Drancy, seuil de l'enfer juif (dont la réédition a lieu en parallèle par les éditions Créaphis), Horan livre ici un texte exutoire et cathartique rédigé dans les semaines qui suivent sa libération du camp en mars/avril 1943. La sincérité et l'immédiateté du texte lui confèrent une portée particulière. "Ecrit pour [lui], pour [s]e libérer d'une obsession", ce texte à usage privé ne le force pas à l'optimisme, contrairement à sa correspondance avec sa famille. Il fait preuve d'humour, d'ironie et de lucidité, s'autorise un style très personnel qui ajoute à ce texte une indéniable dimension littéraire, rare pour ce type de document. Il s'agit de "fixer sur le papier" ce dont il fut le témoin au cours de son internement, débuté le 10 juillet 1942. Encouragé par René Blum, jeune frère de Léon, il a dessiné ces "choses vues" mais il les a aussi décrites. Ce texte inédit, qui documente notamment l'été 1942, une des pires périodes du camp, éclaire ses dessins d'un jour nouveau et donne des clefs de compréhension sur ce moment majeur pour l'histoire du camp de Drancy. Celui-ci devient alors le camp de transit de l'ensemble des camps d'internement des juifs de zone occupée, comme de zone libre, principalement vers Auschwitz-Birkenau. Son témoignage sur les déportations en gare du Bourget est exceptionnel : de "corvée de Bourget" il est "porteur de bagages" pour les départs et les arrivées. Thomas Fontaine, historien et directeur du musée de la Résistance national, développe en postface l'importance du rôle de cette gare dans le processus de déportation et de l'enjeu mémorial qu'elle constitue. Extraits de texte (avant-propos de Georges Horan) : 16 avril 1943. J'écris ceci pour moi. Pour me libérer d'une obsession. J'essayerai difficilement d'être objectif et m'appliquerai à n'être qu'un témoin, un oeil attentif. Si la subjectivité ne veut point se soumettre, tant pis. [...] J'écris pour moi-même. Peut-être en donnerai-je une lecture, afin que personne ne m'interroge plus sur Drancy. Je suis intoxiqué de Drancy, saturé. Toutes ses images - j'en ai fait des centaines, peut-être un millier – me sont familières ; elles sont impressionnées dans ma pensée, et mes yeux les reconstituent. Je dors encore sous leur maléfique influence. Je n'ai que ce moyen de leur échapper ; les fixer sur le papier. Elles s'useront. Mais auparavant je dois leur donner un corps, une forme. Je ne suis malheureusement ni Callot ni Goya ni Picasso. Mais j'ai promis aux compagnons de retracer leur misère. C'est un devoir. De ces centaines de croquis, de silhouettes, je dois tirer une documentation vengeresse. [...] Je dois dire pour ceux qui ne le peuvent. Certaines affirmations déplairont parce que vraies. Je ne dresse pas un réquisitoire : il se dégagera lui-même. Je ne plaide pas une cause ; d'autres le feront. J'ai vu fort peu de noblesse ; mais énormément de laideur, de bassesse et d'horreur. Quoique je fasse je ne saurai jamais dépeindre l'épouvante des nuits précédant les déportations : les hurlements désespérés des femmes, les lamentations, les pleurs, les gémissements des enfants et des bébés. Je suis tellement inférieur à la tâche à accomplir. Dussé-je revivre péniblement en ma chair, en mon esprit, en mon coeur les tourments qui ont cessé provisoirement pour moi, que je dois l'entreprendre. Et que mes compagnons et les autres me pardonnent si je ne réalise que partiellement ce travail épouvantable.

10/2017

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Critique

Le Jour d'après. et autres essais 2001-2023

Les trente essais que Cécile Wajsbrot a réunis ici ont été écrits pour des publications en revue, ou lus à l'occasion de colloques en Alle- magne, en France et dans d'autres pays d'Europe au cours de ce nou- veau siècle. Aussi divers qu'ils soient en apparence, par leurs sujets - d'un voyage en Corée à un trajet entre Dresde et Francfort, du Grand Meaulnes à un roman de Christa Wolf, de Victor Hugo à Imre Kertész, du Conte du Graal à la science-fiction - ce qui frappe, à leur lecture, c'est la cohérence d'une réflexion sur l'art du roman que Cécile Wajsbrot avait déjà exposée dans Pour la littérature publié aux éditions Zulma en 1999, et qu'elle ne cesse depuis d'approfondir et d'enrichir de son expérience de romancière. De par ses origines et son histoire familiale - la mort à Auschwitz de son grand-père arrêté à Paris par la police française lors d'une rafle - l'auteur de Beaune la Rolande et de Mémorial a fait dès l'enfance l'expérience indélébile du décalage entre le discours officiel sur la résistance qu'on lui enseignait à l'école et le récit familial qu'elle entendait à la maison. Ce qui l'a amenée très tôt à s'interroger sur le silence dont à ses yeux, s'est rendue coupable, en France toute la littérature de l'après-guerre : "Après la catastrophe, après Auschwitz, ceux qui ne voulaient rien savoir et détournaient les yeux et ceux dont la confiance en l'humanité avait volé en éclat - se rejoignaient dans un même silence et dans un même soupçon, met- tant en doute en littérature - et plus précisément dans le roman le personnage, l'intrigue, l'histoire, pour ne sauver que le langage. Autre- ment dit, par intérêt ou par désolation, ceux qui n'avaient "rien vu à Hiroshima" - pour reprendre la phrase de Duras - et ceux qui avaient tout vu érigeaient autour de la question de la responsabilité, individuelle et collective, un grand mur de silence et continuaient d'écrire à l'abri de ce rempart, préservant ainsi leur tranquillité ou leur équilibre précaire". A partir de ce constat, - et du fait qu'il en est allé autrement en Allemagne, raison pour laquelle elle se sent plus chez elle à Berlin qu'à Paris - il s'agit inlassablement, pour Cécile Wajsbrot, de déterminer ce que peut et doit être la littérature pour la génération de ceux qui sont venus "après-coup" , c'est-à-dire qui n'ont connu Auschwitz qu'à travers les témoins. Et donc de mettre fin à l'ère du soupçon, de faire à nouveau confiance à la lit- térature telle qu'elle s'est constituée depuis des siècles - de Pline faisant le récit de l'éruption du Vésuve à Svetlana Alexeievitch témoignant de celle de Tchernobyl - et à sa capacité de faire face à l'événement, de dire la catastrophe. "Le jour d'après" , dans l'essai qui donne son titre à ce recueil, c'est le jour d'après les événements (en l'occurrence ceux du Bataclan à Paris, en novembre 2015), et c'est la question qui se pose à l'écrivain lorsque l'événement vous fixe et vous pétrifie et vient frapper d'inanité, temporairement, votre travail en vidant les mots de leur sens. Et la réponse, c'est bien le recours à la littérature, admettre que l'unique ressource, ce sont les mots déjà écrits, les livres de la bibliothèque, plonger "dans les eaux profondes de la littérature" : "A l'écoute de cette autre musique, cette musique nécessaire, nous pourrons alors faire abstraction de la musique facile entonnée par l'air du temps. Ce sera la parole magique qui fera sortir du cercle ensorcelé des mots et des pensées obligées, qui donnera une autre mesure de la langue et du temps".

03/2024

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Ethnologie

Les Beti du Gabon et d'ailleurs.. Tome 1, Sites, parcours et structures

Cet ouvrage est l'œuvre d'un Africain à la quête de ses origines et de son devenir. De fait, il restitue la longue migration, sans doute inachevée, des Beti-Bulu-Fang, l'un des groupes ethniques les plus importants du Nord-Ouest de l'Afrique Centrale, qui, de la lointaine Phénicie au Proche-Orient, au fil de près de trois millénaires, les aurait conduits à leur habitat actuel, en passant par l'Egypte pharaonique, la Nubie, l'Ethiopie, le Darfour, les confins nigéro-tchadiens, le Golfe du Bénin. Formidable épopée que celle de ce peuple dont l'auteur, un de ses fils les plus dignes et représentatifs, tente de reconstituer la mouvante et irréductible identité à travers une multitude de repères et d'approches. Ainsi, pour rendre compte de l'histoire et des traditions sociales et culturelles des Beti, l'auteur convoque-t-il une pluralité de disciplines (histoire, archéologie, linguistique, anthropologie, sociologie, etc.), fait-il appel à sa perception personnelle, n'hésitant pas à recourir aux références bibliques et à sa sensibilité religieuse, et s'appuie-t-il sur les témoignages et visions de vieux Fang. Les multiples faits de société, de culture, de religion, d'économie, sont minutieusement exhumés, enregistrés, sélectionnés, classés poux en dégager pertinences et incohérences, ressemblances et dissemblances, continuités et ruptures, persistances et disparitions, en rapport avec les exigences du temps présent. Il en est ainsi de tout ce qui a trait aux sites successifs de leur parcours, à la structure de la société, à leurs modes d'organisation sociale, politique, économique, spatiale et résidentielle, aux objets et techniques de leur vie matérielle, agricole, artisanale et artistique. Une attention soutenue étant accordée à la linguistique en tant que réservoir de mémoire du peuple beti et de site révélateur des parentés possibles entre civilisations d'hier et d'aujourd'hui. Bref de tout ce qui constitue la riche " substance matérielle " du tome I de l'ouvrage. Il en va de même des croyances, rites initiatiques et cultes religieux, en particulier le bwiti et l'ombwiri, des pratiques, interdictions, coutumes et représentations liées aux grands moments de 1a vie des individus et de la société : la naissance, les initiations, le mariage, la maladie, la mort. En somme, de tout ce qui fait l'essentielle " consistance spirituelle " du tome II de l'ouvrage. De cette recherche, résulte un livre à la fois érudit, passionnant et foisonnant d'hypothèses et de suggestions où les faits sont sans cesse réinterprétés selon une logique stratégique et idéologique claire avec laquelle on peut être, ou ne pas être d'accord, mais qui a l'immense et inhabituel mérite de poser, pour une fois, la question de la validité théorique et de l'utilité pratique d'une histoire endogène des peuples africains, c'est-à-dire telle qu'elle est vue et ressentie par eux-mêmes, hors de toute " extraversion scientifique " et référence à une histoire de Blancs. C'est donc un véritable testament pour les générations futures que nous livre l'auteur, le passé étant organisé selon une rationalité nouvelle tout entière orientée vers la réappropriation de soi dans une singularité faite d'emprunts et/ou de résistances à l'Autre. Penser et vivre l'identité, non comme un résultat définitif, mais comme une perpétuelle transition entre racines et errances, entre sédentarité et nomadisme, entre contestation et participation, entre fermeture et ouverture, n'est-ce pas là, au-delà d'une incontournable interculturalité, le message d'avenir de notre commune humanité qui nous est ainsi transmis ?

08/2002