Recherche

Entretien Ariel Holzl

Extraits

ActuaLitté

Littérature française

D'ici et d'ailleurs

Préface de Najat Vallaud-Belkacem Mon arrière-grand-père était Ecossais et de lui, je ne sais presque rien, si ce n'est qu'il a fui son pays natal avec sa femme qui était très malade. Peu de temps après leur arrivée en France, son épouse est décédée. Il a ensuite rencontré mon arrière-grand-mère, l'a épousée et lui a fait trois filles dont l'une fut ma grand-mère, Alice. Je n'ai jamais rien su de lui et mes questions resteront sans doute sans réponse. Pourquoi n'a-t-il jamais appris sa langue maternelle à ses filles ? Pourquoi est-il resté en France après la mort de sa femme ? Quelles étaient ses attentes, ses rêves en venant vivre en France ? Que fuyait-il ? Qui fuyait-il ? A-t-il été assassiné dans son exploitation agricole en Auvergne comme l'a toujours prétendu Alice ? Pourquoi son parcours nous est-il à tous inconnu voire caché ? Je suis assez convaincue que ce trou identitaire dans mon histoire familiale, donc dans ma construction personnelle, est à la source de l'intérêt que je porte aux vies d'autrui. Il me semble que j'inspire assez vite confiance et que les gens s'épanchent volontiers en ma présence. Je suis une oreille attentive et prends bien garde à demeurer muette en échange. Parce que la confiance est rare et précieuse, j'en chéris les marques. Aujourd'hui et avec leur accord, j'ai décidé de vous partager ces vies d'expatriés, ces étrangers qui, à un moment de leur vie, ont décidé de venir vivre ou ont été amenés à partir en France. Je me suis particulièrement intéressée à ce point de bascule, à cet instant du pas vers l'inconnu, cette mise en mouvement qui demande courage et audace, les deux qualités humaines que je préfère et qui donnent une saveur singulière à la vie. A mesure de mes entretiens, en français ou en anglais, j'ai fait ce constat qu'il y a essentiellement trois sources de motivation pour quitter son pays, pour venir vivre en France : - l'amour - Le travail ou les études - La fuite Les portraits que vous allez lire sont tous authentiques et relus par les intéressés avant la publication. Ils sont accompagnés d'une illustration choisie par chacun d'entre eux. Leurs prénoms ont parfois été modifiés, à leur demande, afin de préserver l'anonymat souhaité. Tous, ont la particularité de résider, actuellement, en France, parfois depuis longtemps et à leur plus grande surprise. Tous ont eu cette chance d'avoir pu étudier et d'avoir bâti une vie professionnelle riche et singulière. Je dédie ce livre à celles et ceux qui connaissent un chemin plus sombre, semé d'embûches, de souffrances et parfois de morts. A ceux qui s'accrochent à la vie et qui désirent un avenir lumineux. C'est la raison par laquelle mes droits d'auteur seront intégralement reversés à l'association France Terre d'asile pour laquelle j'ai eu la grande joie d'être marraine bénévole. Merci d'ouvrir votre porte à ces gens, d'ici et d'ailleurs.

03/2023

ActuaLitté

Esotérisme

La nature, nous vivons en elle et elle vit en nous

"La nature ne deviendra éloquente et pleine de sens pour vous que si vous apprenez son langage. Toute votre existence doit tendre vers ce but : entrer en relation avec ce monde ouvert et ses habitants. Et des habitants, il y en a partout : dans l'eau, l'air, la terre, le feu, les montagnes, les arbres, le soleil, les étoles... Ils vous saluent, vous font des signes. Mais pour qu'ils se lient d'amitié avec vous, préparez-vous à entrer dans ce monde immense avec votre respect, votre compréhension, votre amour". Omraam Mikhaël Aïvanhov Extraits de la table des matières : - Pourquoi la nature a toujours suscité la curiosité des humains - Le salut à donner dès le matin à toute la création - Le soleil : lumière, chaleur et vie - Microcosme et macrocosme : l'homme dans l'univers - S'ouvrir à la vie de la nature - Se nourrir est autre chose que manger - Nos dettes envers la nature - Ouvrir des portes aux rayons du soleil - L'air entretient en nous le feu de la vie - Lumière et obscurité : une alternance qui est la loi de la vie - La chaleur et le froid : l'amour et la sagesse ; le coeur et l'intellect - S'ouvrir au langage de la nature - Du chaos à l'harmonie : la loi de la création - Tous les habitants de la nature nous font des signes - La vie : une forme de combustion La terre, un enfant du soleil - Le corps humain : une reproduction de l'édifice cosmique - Le greffage, une opération que nous pouvons réaliser aussi en nous - L'union du soleil et de la terre - Les pieds et la tête : la terre et le ciel - Le fleuve, de la source à l'embouchure - Les quatre éléments : notre nourriture quotidienne - Les différentes fonctions de l'arbre se retrouvent en nous - Lire et écrire dans toutes les régions de l'espace - Comme pour l'arbre, nos racines sont indispensables à notre vie - Faites naître le printemps en vous et on vous aimera - Lune croissante ou décroissante, son influence sur nos activités - Les animaux, l'énigme de leur présence - L'obéissance à l'ordre universel - Pour que la vie de l'univers se révèle à nous - Des graines à semer dans notre âme - Nos mains et nos pieds : des antennes - Les racines de l'arbre, une analogie avec le plexus solaire - Le soleil et la lune dans notre ciel intérieur - Se nourrir concerne la totalité de notre être - Le sommet que nous ne devons jamais perdre de vue - L'univers entier nous appartient - La lumière, nourriture de notre cerveau - S'élever dans le ciel avec le soleil - La rose nous conduit sur le chemin du véritable amour - Les nombres, charpente de l'univers - Lune croissante et décroissante utiliser ces deux périodes - Le fruit : peau, chair, noyau - Comètes, planètes et soleils - Sur l'arbre cosmique de la vie - La lumière du soleil, une nourriture à prendre chaque jour - Notre lien avec l'univers - Le corps humain, une synthèse de tous les règnes de la nature - Dans le temple de la nature ... . .

09/2021

ActuaLitté

Histoire internationale

Les grands procès du XXe siècle

Il existe nombreux recueils réunissant les procès à sensation de telle ou telle grande période de l'histoire. Le propos de ce livre est tout différent. Son originalité est de montrer le lien et la continuité entre les différentes affaires judiciaires évoquées et de raconter à travers elles l'histoire du XXe siècle. Treize procès ont été sélectionnés dans le but d'apporter au lecteur un éclairage singulier sur la vie politique et sociale de cette époque, de la première à la seconde Guerre mondiale, puis de cette dernière à la guerre d'Algérie. De 1914, avec le procès Henriette Caillaux, lever de rideau spectaculaire sur le siècle, à 1960 avec le procès des barricades, qui saisit l'Algérie à un moment-clé de cette guerre, où les rapports entre les forces en présence se préparent à basculer et où la légitimité va changer de camp. Les procès sont autant de fenêtres sur l'histoire, mais aussi une plongée au coeur d'un drame intime, le drame de celui ou de celle dont le sort se joue dans le prétoire. C'est sa voix que l'auteur a d'abord cherché à entendre, étonnamment restituée grâce à la trace laissée par les sténographies des débats judiciaires. Celle de Pierre Mendès France était jusqu'à aujourd'hui inédite : pour la première fois, on entend l'ancien ministre du Front populaire clamer son innocence devant le tribunal militaire de Clermont-Ferrand face à l'accusation de désertion portée contre lui. D'autres par leur personnalité dérangeante impriment leur marque au procès, comme Laval ou même comme Petiot, qui ont marqué de leur fougue et de leur désordre le cours des débats. Des femmes criminelles, aux motivations parfois insondables, telles les soeurs Papin, figurent-elles aussi au banc des accusés. Des procès d'Henriette Caillaux et Violette Nozière, à ceux d'Alexandre Stavisky et Victor Kravchenko, on est ici au carrefour de l'individuel et du collectif, et par là au coeur des enjeux de l'époque. La violence non seulement verbale mais physique de la vie politique, la vigueur des extrémismes, traversent les affaires du début du siècle, dans lesquels l'Action Française pèse de tout son poids, portée par la figure emblématique de Léon Daudet. De cette violence, la France de Vichy sera en partie l'héritière, illustrée ici par quatre procès particulièrement révélateurs. Des années 1920 et 1930 aux heures de l'après-guerre, la forte présence de l'influence communiste, la gloire dont le parti est auréolé grâce à la Résistance, expliquent l'aveuglement des intellectuels les plus éminents qui, lors du procès Kravchenko, refusent d'ouvrir les yeux sur les atrocités du régime stalinien. La guerre d'Algérie, qui marque pour la France la fin tragique de la décolonisation, est illustrée par deux procès mettant en scène le rôle des différents protagonistes du conflit, des rebelles algériens aux porteurs de valises, et des activistes de l'Algérie française à une partie de l'armée. Suivre ces treize procès permet aussi au lecteur de porter un regard cru sur le fonctionnement de la Justice en temps de crise et d'observer les liens souvent équivoques que celle-ci entretient avec le pouvoir central. Présumée indépendante et impartiale, supérieure et équitable, elle se révèle perméable à l'air du temps comme aux pressions politiques, et ainsi conforme à une réalité qui garde une actualité immuable.

10/2016

ActuaLitté

Actualité et médias

Le Pen. Une histoire française

Au moment où Jean-Marie Le Pen s’apprête à tirer sa révérence, même ses plus fervents détracteurs doivent convenir que le Front national est solidement installé au centre de la vie politique. La marque Le Pen dispose désormais à nouveau d’un solide potentiel, « une bonne race », a-t-il déclaré en saluant la victoire de sa petite-fille Marion. Mais pour comprendre ce regain éléctoral, il faut forcément revenir sur la vie de Jean-Marie Le Pen. Tel est l’objectif que se sont assigné les deux auteurs à travers leur enquête : retracer, sans complaisance mais sans a priori, le parcours trépidant, et plus sinueux qu’on ne l’imagine, du fondateur du Front national, du Quartier latin des années 1950 au second tour de l’élection présidentielle de 2002 en passant par l’aventure Poujade, la guerre d’Algérie, l’héritage Lambert, la traversée du désert des années 1970, la percée des années 1980, le retour au Parlement, le divorce spectaculaire avec Pierrette Lalanne, l’affaire du « détail » qui ruine les ambitions lepénistes, la scission mégrétiste et, en dernier lieu, le passage de témoin, à la fois voulu et subi, à sa fille Marine Le Pen. Si les principales étapes de cet incroyable itinéraire sont généralement connues, on en ignorait jusqu’alors les mécanismes secrets. Pourquoi Le Pen, parti de rien, est-il devenu l’homme politique le plus riche du pays ? Comment et pourquoi, concrètement, a-t-il bénéficié de la courte échelle de François Mitterrand ? Comment SOS Racisme a-t-il été instrumentalisé pour empêcher toute alliance de la droite et du FN ? Comment Bernard Tapie a-t-il pris le relais pour poursuivre ce travail de diabolisation du lepénisme, dans l’espoir d’en tirer un nouveau bénéfice électoral pour la gauche ? Finalement, Le Pen a préféré détruire son propre parti plutôt que de partager le pouvoir et se préserver une chance de l’exercer un jour. Sa place de finaliste du scrutin présidentiel de 2002 ne marque pas son apogée mais son déclin, ouvrant un cycle de nouveaux conflits internes entre le Front de Marine et le Front d’avant, ni le père ni la fille ne sachant comment gérer le conflit familial latent qui marque la succession du premier par la seconde. Le rebond du Front national en 2002 sous l’impulsion de Marine Le Pen signe ainsi le bilan d’une diabolisation qui, en s’efforçant de marginaliser le FN, a finalement réussi à maintenir les Le Pen au centre de la politique française. À travers cette première biographie politique exhaustive, c’est toute une histoire française qui se dévoile peu à peu au lecteur. L’enquête de Philippe Cohen et Pierre Péan se fonde sur de nombreux documents inédits et quantité de témoignages d’acteurs connus ou méconnus de l’aventure lepéniste. Le leader du Front national a lui-même accepté de répondre, au cours de plusieurs entretiens qu’il leur a accordés, aux questions des auteurs. Une première, s’agissant d’un livre qui lui est consacré. Cette conquête est aussi l’histoire d’une saga familiale et des relations complexes et parfois tumultueuses entre le chef du clan Le Pen et ses trois filles.

11/2012

ActuaLitté

Musique, danse

Mikis Théodorakis par lui-même

Né en 1925, Mikis Théodorakis est l’un des plus grands compositeurs du XXe siècle. Il évoque ici sa vie, son art, les personnalités qu’il a côtoyées au fil de sa prestigieuse carrière et ses engagements politiques. Portrait d’un homme aux deux amours : la musique et la démocratie. Né en 1925, Mikis Théodorakis est l’un des plus grands compositeurs du XXe siècle. Passionné de musique dès son plus jeune âge, il écrit ses premières compositions à treize ans. Après des études au Conservatoire d’Athènes, il s’inscrit au Conservatoire de Paris où il suit notamment les enseignements d’Eugène Bigot et d’Olivier Messiaen. Il a mis en musique les plus grands auteurs de la littérature grecque des XIXe et XXe siècles (les prix Nobel Odysséas Elytis et Georges Séféris, Yannis Ritsos, Angelos Sikélianos…) mais aussi Pablo Neruda et, en parvenant à concilier sa formation symphonique classique et les spécificités de la musique traditionnelle grecque, il a créé un fantastique renouveau musical en Grèce et plus largement en Europe. Ses oeuvres sont présentées sur les plus grandes scènes internationales, certaines ont inspiré des chorégraphes parmi lesquels Maurice Béjart. En parallèle de son activité musicale, Mikis Théodorakis n’est jamais resté indifférent aux combats de don temps : pendant la Seconde Guerre mondiale, il prend part à la Résistance ; il est du côté des communistes lors de la guerre civile qui a déchiré la Grèce dans la seconde moitié des années 1940 (à ce titre il est arrêté, torturé à plusieurs reprises, déporté sur l’île d’Icarie puis à Macronissos… dans la cellule commune, il donnait des cours de solfège à ses codétenus !). Victime ensuite de la junte des colonels (arrêté, placé en résidence surveillée, banni dans un village de montagne avant d’être déporté dans un camp, il a finalement été relâché grâce à une forte mobilisation internationale initiée notamment par Leonard Bernstein, Dmitri Chostakovitch, Arthur Miller ou Harry Belafonte), il s’exile et poursuit, de France, son combat pour que personne n’oublie la Grèce opprimée. Il a traversé le XXe siècle en penseur libre et indépendant, parfois décrié car il ne s’est jamais soumis à aucune structure politique (même quand il est élu député), préférant à la lutte des partis le choix souverain du peuple, la démo-cratie. Ces dernières années ont été l’occasion de prises de position beaucoup plus réactionnaires, qu’il évoque également. Quelques-unes de ses plus grandes oeuvres symphoniques : Axion Esti (oratorio, texte d’Odysséas Elytis), Mauthausen (cycle de chansons, texte de Yakovos Kabanellis), Romiossini (cycle de chansons, texte de Yannis Ritsos), Canto General (oratorio, texte de Pablo Neruda), La Marche de l’esprit (oratorio, texte d’Angelos Sikélianos). Quelques musiques de films qu’il a composées : Zorba le Grec de Michel Cacoyannis, Z et Etat de siège de Costa-Gavras, Les Troyennes de Michel Cacoyannis, Serpico de Sidney Lumet. Issu d’un cycle d’entretiens, cet ouvrage est construit thématiquement plus que chronologiquement. Chaque chapitre commence par un préambule de Yorgos Archimandritis, qui vise à replacer ce qui va suivre dans son contexte, à en éclairer certains aspects ; ensuite c’est Mikis Théodorakis qui prend la parole. Le résultat, vivant et spontané, donne l’impression de dialoguer avec l’artiste. Environ quatre-vingt-dix photographies montrent le compositeur en compagnie des membres de sa famille mais aussi avec toutes les célébrités qu’il a côtoyées, avec lesquelles il a travaillé : Mélina Mercouri, François Mitterrand, Pablo Neruda, Manos Hadjidakis, Odysséas Elytis, Yannis Ritsos, Arthur Miller…

04/2011

ActuaLitté

Littérature française

GHERASIM LUCA. L'intempestif

L'œuvre de Gherasim Luca pourrait se prêter à la légende d'une traversée du dadaïsme, du surréalisme et de la " poésie sonore ", aventures de la création, qui fondent notre épopée moderne. Elle entretient pourtant avec ces avant-gardes une relation d'intimité qui n'est pas " allégeance " ni dialogue. Dès les premiers textes, l'écriture poétique naît du litige entretenu à l'égard des mythes littéraires, suspecte les récits rétrospectifs et lutte contre toutes les figures édifiantes auxquelles la modernité aime à associer l'écrivain. Elle tire sa singularité d'une intransigeance nourrie à l'encontre de ses propres idéaux. L'intempestif caractérise alors cette voix discordante qui s'empare des représentations philosophiques contemporaines et les place sous une lumière qui révèle subtilement les tensions irrésolues qui les traversent. La poésie est ici la danse de la pensée lorsqu'elle refuse toute précaution, et " comme le funanbule à son fil s'accroche à son propre déséquilibre ". Cette approche poétique de l'abstraction philosophique révèle les désirs qui la nourrissent et dessine, dans la langue, les contours sensuels parcourus par l'idée avant son expression. La poésie de Gherasim Luca, au moment même où elle se voue à la matérialité du langage, inventant son " bégaiement " inspiré, décèle en effet dans cette syntaxe désarticulée le moyen d'une relecture démystificatrice de l'héritage, littéraire et philosophique, dont notre modernité poétique se réclame. Ce questionnement impromptu des valeurs de l'excès et de la subversion qui commandent notre représentation moderne de la littérature se manifeste dans des textes où la place réservée au lecteur est elle-même d'une instabilité radicale. L'interprétation se voit contrainte d'avouer son intéressement et sa violence. La démystification n'est pas la fin ultime de cette œuvre. La création poétique se voue à la conquête de l'incertitude. S'esquisse une théorie poétique du signe, qui, de recueil en recueil, fait se rejoindre la tragique d'une fuite éperdue du sens et la jubilation d'une chasse vouée à la répétition indéfinie. L'humour, si rarement associé à la poésie en France, devient soudain l'indice d'une distance intérieure du langage qui ne saisit sa proie qu'en se faisant, voluptueusement et désespérément " ombre ". Gherasim Luca poursuit cependant l'invention d'une " physique élémentaire " de la langue poétique. Il refuse le constat ou la déploration de l'absurde, qui contemple mélancoliquement la désertion du langage par les " valeurs " qui fondaient autrefois sa transcendance. Dans l'immanence des qualités plastiques et sonores de la langue, un rythme est conquis. La fuite de la signification, qui se dérobe à mesure qu'elle se construit, devient un geste érotique qui ouvre le discours au surgissement d'autrui. Le langage est-il ici un nouveau dieu trompeur et furtif, tout puissant ? Certes, le rire se glisse imperceptiblement derrière le sérieux de chaque acte aveugle devant ses propres risques et immuablement solitaire : il en révèle la nature théâtrale. Mais la " ruse " du langage s'effondre dès lors que surgit le dernier geste intempestif de cette poésie. Un autre rire éclate dans les mots, rire héraclitéen, qui exerce la séduction du néant pour mieux démentir sa victoire : Gherasim Luca opère l'union improbable de la tradition apocalyptique et de l'humour. L'effondrement humoristique du sens rejoint alors son relèvement : la catastrophe se fait révélation par le rire, et le désir, la silhouette d'un Thanastos énergumène.

07/1998

ActuaLitté

Histoire de France

Ces Alsaciens qui ont infiltré Vichy

Les ouvrages historiques n'ont pas manqué sur la brutalité de l'annexion de l'Alsace-Lorraine par le Ille Reich, le drame des Malgré-nous, le Struthof, la Résistance alsacienne, les combats de la Libération, les compromissions des "autonomistes"... Avec cet ouvrage, Jean-Claude Streicher revient une nouvelle fois sur l'autre versant de cette période, très, très rarement abordé : la relation alsacienne avec l'Etat français et Vichy. Elle avait une importance qu'on n'imagine pas. Le 1er octobre 1943, la direction vichyssoise des réfugiés avait en effet estimé à 142 472 le nombre des Alsaciens et Lorrains réfugiés en zone sud, à 24 659 ceux de la zone nord. Il s'y ajoutait 50 à 60 000 évacués de septembre 1939 non rentrés en Alsace ; plus 45 à 50 000 expulsés alsaciens et 90 000 expulsés de Moselle. Soit au total de 352 135 à 367 135 personnes pour les trois départements. Dix parlementaires alsaciens, sur les 16 qui avaient voté le 10 juillet 19401es pleins pouvoirs constitutionnels à Pétain, étaient de plus restés en zone libre. Cette diaspora a continué de profiter des institutions mises en place par la Ille République lors de l'évacuation de septembre 1939. Elle avait des intérêts matériels à défendre et vivait de l'espoir de revenir dans ses foyers libérés des Allemands. Espoir que les autorités vichyssoises ne négligeait pas d'entretenir, mais le plus discrètement possible, afin de ne pas réveiller la fureur de l'occupant. Ces intérêts matériels et moraux avaient leurs défenseurs - Alsaciens - à la périphérie et jusque dans le coeur de l'appareil d'Etat pétainiste. Ce livre remonte patiemment le fil de ces réseaux d'influence que le régime ne traquait pas, bien au contraire, puisqu'il tenait à leur marquer sa fidélité française. On découvre ainsi que ceux qui purent se hisser aux plus hautes fonctions (chefs de cabinet, de services ou préfets...) se connaissaient dès avant la guerre, notamment pour avoir combattu ensemble en Alsace par la presse et l'action politique l'autonomisme, le communisme et la germanophilie. Ils étaient maréchalistes avant l'heure, catholiques nationaux, Engagés volontaires de la Grande Guerre, Action française, Camelots du roi ou Cagoulards... Mais nullement collaborationnistes, façon Darnand, Déat ou Doriot. La grande révélation de cet ouvrage est que le concepteur de la francisque gallique, le capitaine Robert Ehret, était lui-même d'origine alsacienne, preuve généalogique à l'appui. C'est aussi le premier travail à apporter toute la lumière sur les déplacements très controversés à Vichy du député clérical autonomiste de Colmar, Joseph Rossé. Il éclaire par ailleurs des figures moins pétainistes (Alfred Gaessler, Schiesslé, Eugène Schueller...) pour mieux faire ressortir la diversité des engagements de ce temps. Marc Bloch, François-Georges Dreyfus, René Hirschler et Isaïe Schwartz, enfin, illustrent, le cas bien plus tragique des Juifs d'Alsace qui ont eux aussi été en contact direct avec l'Etat vichyssois, le dernier d'entre eux, grand rabbin de France, ayant même eu deux entretiens avec le Maréchal pour tenter de freiner Ies persécutions Comme à son habitude, Jean-Claude Streicher réalise ici un travail pionnier, factuel, très documenté, bien sourcé, se gardant de toute extrapolation à prétention psycho-psychanalytique.

10/2018

ActuaLitté

Actualité et médias

Ce que je ne pouvais pas dire. 2007-2016

Nommé par Jacques Chirac à la tête du Conseil Constitutionnel en 2007, Jean-Louis Debré a exercé ses fonctions sous deux présidents successifs, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Sorti de la vie politique proprement dite, il est devenu le premier des sages de la République, chargé de se prononcer sur les décisions gouvernementales, les lois et réformes majeures du moment dont certaines représentaient des avancées capitales en matière sociale ou économique. Jamais sans doute on n'a autant parlé du Conseil ni mieux compris l'utilité de son rôle qu'on ne l'a fait sous sa présidence. L'instauration de la QPC (la Question prioritaire de constitutionnalité) a permis de doter les citoyens d'un droit nouveau qui a renforcé les pouvoirs et l'influence de ce Conseil. Sous l'autorité de Jean-Louis Debré, il est non seulement sorti de son conformisme, mais il a aussi pris cinq fois plus de décisions qu'en un demi-siècle d'existence. Jean-Louis Debré, au lieu de mémoires, a préféré livrer ses réflexions, souvenirs, commentaires, jugements et parfois indignations sous une forme à ses yeux plus sincère : celle d'un journal tenu régulièrement pendant neuf ans, "au gré de mes humeurs", écrit-il. A travers ces instantanés saisis sur le vif, il tient une chronique très personnelle des rencontres, échanges, observations, mêlées à des souvenirs politiques et familiaux, qui ont jalonné cette quasi décennie marquée par des engagements forts. Jean-Louis Debré s'est trouvé en première ligne lorsqu'il s'est agi de défendre le droit juridique des homosexuels au mariage, de censurer la taxe carbone, la loi Hadopi proposée par Nicolas Sarkozy ou l'impôt à 75% sur les revenus les plus élevés promise par François Hollande. Il a été vivement mis en cause et contesté par les dirigeants de l'UMP lors du rejet des comptes de campagne de leur candidat pour la présidentielle de 2012, sanction dont l'impartialité ne faisait pourtant aucun doute. Esprit libre et indépendant, attaché avant tout au respect du droit et des valeurs républicaines, à la défense des libertés publiques et individuelles, Jean-Louis Debré n'a pas craint de déranger ni de heurter les hommes de pouvoir quels qu'ils fussent dès qu'il s'agissait de défendre les missions du Conseil et sa propre autorité. Il répond aujourd'hui aux attaques de Nicolas Sarkozy ou Valéry Giscard d'Estaing, relate les entretiens qu'il a eus avec chacun d'eux comme avec tous les autres protagonistes de la vie politique, d'Alain Juppé, Jean-François Copé, Manuel Valls, Jean-Marc Ayrault à Bruno Le Maire et Christiane Taubira. Il évoque aussi ses relations personnelles et de travail avec François Hollande et nous éclaire sur le fonctionnement de l'actuelle présidence. Il consacre enfin des pages émouvantes à Jacques Chirac dont il est resté l'ami et le confident le plus fidèle, brossant du vieil homme aux prises avec la solitude et la maladie un portrait affectueux qui nous le rend encore plus attachant. En parlant des autres, c'est aussi un peu de lui-même que Jean-Louis Debré nous laisse entrevoir, de sa sensibilité exigeante, de sa lucidité parfois cinglante, de ses passions et de son humour qui en font un acteur très singulier de notre histoire immédiate.

04/2016

ActuaLitté

Actualité médiatique internati

Public

"Après trois décennies où l'on avait cru pouvoir s'en passer, tout indique que nous avons plus que jamais besoin des mots du public. Face aux risques de dévoiement d'un Etat qui se détourne de son cadre public, ils sont les mots-clés de mobilisations sociales et politiques (...) et le meilleur thermomètre de notre vie collective et de nos démocraties". A. Vauchez Au risque d'une crise de confiance sans précédent des citoyens dans l'Etat dont ils interrogent désormais la légitimité " publique ", c'est-à-dire la capacité, voire la volonté, de se faire le relai des intérêts collectifs, et de protéger les citoyens. L'état général d'impréparation dans lequel s'est trouvé l'Etat au commencement de la pandémie aura servi ici de révélateur ; jetant une lumière crue sur l'action des gouvernements précédents qui avaient suivi une politique de réduction des coûts et d'efficacité gestionnaire au risque de priver les services hospitaliers des masques et des lits d'hôpital nécessaires. Dès lors que le gouvernement ne paraît plus agir en " pouvoir public ", plus rien ne semble justifier l'exception étatique qui confère à cette organisation politique un statut dérogatoire et des pouvoirs exorbitants. C'est du reste cette tension qu'a révélé le mouvement des Gilets jaunes, marqué tout à la fois par des attentes fortes à l'égard de l'Etat des services publics (en termes de qualité et d'égalité d'accès aux hôpitaux, aux transports publics, etc.), et une défiance inédite à l'égard de gouvernants tenus pour responsables de l'échec de l'Etat à tenir ses promesses " publiques ". Cette crise de confiance ne pouvait pas tomber plus mal alors que nous avons collectivement besoin d'un Etat et d'une Union européenne capables de conduire, au nom de tous, la conversion écologique de nos sociétés et de nos économies, et alors que nous devons faire face aux conséquences sanitaires, mais aussi économiques et sociales profondes de la pandémie Covid. Manière de dire, en somme, que la réflexion sur le " public " et les liens qu'il entretient avec l'Etat forme aujourd'hui un préalable à toutes nos discussions sur le changement d'orientations des politiques publiques. Les nouvelles théories démocratiques l'oublient parfois, toutes occupées qu'elles sont à faire apparaître de nouveaux horizons mobilisateurs - qu'il s'agisse de la transition écologique ou des nouvelles formes de démocratie participative. Mais, sans réfléchir à ce que l'Etat est devenu au fil des trois dernières décennies, ni aux chaînes de dépendance dans lesquelles il inscrit aujourd'hui son action, elles s'exposent au décalage en faisant comme si l'Etat était ce simple " levier " disponible et mobilisable pourvu qu'on veuille bien lui donner le sens politique voulu. Or il y a précisément lieu d'en douter. C'est pourquoi il faut reprendre le fil du " public " et remettre sur le métier une notion qu'on avait paresseusement abandonnée comme une vieille relique. Il faut faire l'inventaire des glissements de terrain qui se sont produits depuis trente ans et ont fragilisé les soubassements publics de l'Etat, décrire leurs effets politiques et démocratiques, et explorer les voies possibles d'un nouvel esprit public du gouvernement.

03/2022

ActuaLitté

Art contemporain

À mains nues. Parcours de la collection du MAC VAL

A mains nues Parcours de la collection du MAC VAL 192 pages 160 reproductions Format : 21 x 17 cm Broché, dos toilé pailleté, cahiers à la japonaise Textes : Marie Darrieussecq, Romina de Novellis, Alexia Fabre, Agnès Gayraud, Caroline Honorien, Philippe Liotard, Mélanie Meffrer Rondeau, Claire Moulène, Mathieu Potte-Bonneville, Fabienne Radi, Anne-Lou Vicente, Marion Zilio Graphisme : Lisa Sturacci Editions du MAC VAL ISBN : 978-2-900450-13-0 Parution : 8 avril 2022 15 euros Après "Le vent se lève" , exposition de la collection incarnant les relations que l'humanité entretient avec la Terre, le MAC VAL poursuit son exploration de l'humain en se recentrant sur le corps, son langage, son pouvoir et sa puissance de réinvention, avec cette nouvelle exposition "A mains nues" . Inédites ou plus anciennes, les oeuvres évoquent la réinvention de soi, le futur qu'il nous appartient de créer, à mains nues. En cette expérience partagée de la pandémie, d'empêchement de l'autre, de son contact, du violent constat de notre fragilité corporelle et de notre statut de corps vivant, nous avons eu envie de nous projeter dans le futur et de l'envisager avec désir, élan et espoir. Les oeuvres ici réunies racontent d'une part la corporéité et son langage, les fluides vitaux, les membres, dont les mains, qui incarnent la question de la réinvention de soi contre la réalité, la fatalité ou les déterminismes sociaux. La fiction, le récit, la mise en scène, le travestissement sont autant de stratégies mises en oeuvre par les artistes pour engager cette réinvention, douce, déterminée ou plus guerrière. Ont ainsi été composés des ensembles d'artistes particulièrement chers au musée et qui incarnent ces sujets : Annette Messager, Jena-Luc Blanc, Esther Ferrer, Gaëlle Choisne, Jean-Luc Verna, Nina Childress, Kapwani Kiwanga, Edi Dubien, Romina de Novellis, parmi d'autres... L'adresse à l'autre, à son regard comme à son corps, est au coeur des oeuvres, à travers la fabrication de sa propre image, portraits ou autoportraits qui résonnent ainsi avec les phénomènes historiques et contemporains de l'invention de soi, questionnant la distance au réel. Un réel souvent contredit, transformé par des artifices, maquillage, chorégraphie, tatouages, mises en scène... Il est avant tout question des langages des corps, de ce qu'ils peuvent dire, faire, enveloppe fragile, unique (? ), malléable, signifiante de l'âme qu'ils habillent et qui les habitent. Pour nous accompagner dans cet ouvrage, exclusivement illustré de photographies de ce nouvel accro- chage, nous avons invité des auteur. e. s et des artistes pour leur engagement, leur partage d'expériences positives, singulières et combatives, afin de l'ouvrir à des regards extérieurs, à d'autres voix. Exposition au MAC VAL à partir du 12 mars 2022. Avec les oeuvres de Boris Achour, Pierre Ardouvin, Bianca Argimón, Kader Attia, Elisabeth Ballet, Eric Baudart, Jean-Luc Blanc, Nina Childress, Gaëlle Choisne, Clément Cogitore, Mathilde Denize, Romina de Novellis, Angela Detanico ? /? Rafael Lain, Mario d'Souza, Edi Dubien, Mimosa Echard, Eléonore False, Sylvie Fanchon, Valérie Favre, Esther Ferrer, Nicolas Floc'h, Mark Geffriaud, Shilpa Gupta, Kapwani Kiwanga, Thierry Kuntzel, Emmanuel Lagarrigue, Ange Leccia, Natacha Lesueur, Annette Messager, Marlène Mocquet, Charlotte Moth, Frédéric Nauczyciel, Melik Ohanian, Bruno Perramant, Françoise Pétrovitch, Abraham Poincheval, Laure Prouvost, Judit Reigl, Jean-Luc Verna, Catherine Viollet, We Are The Painters...

04/2022

ActuaLitté

Ethnologie et anthropologie

Travailleurs de la résistance. Les classes populaires ukrainiennes face à la guerre

Présentation : Contre les attentes de Kremlin, qui espérait que son opération militaire spéciale ne durerait que trois jours, l'Ukraine continue à présent à résister efficacement aux forces d'occupation. Si le rôle de la mobilisation populaire, à travers les innombrables initiatives bénévoles qui ont parsemé le pays, a souvent été souligné, nous ne disposons encore que de peu de travaux sur l'organisation concrète de cette résistance sur le plan local, ainsi que sur les rapports de classe et de genre qui la traversent. En s'appuyant sur une enquête de terrain menée à Kriviy Rih, grand centre d'extraction minière et de métallurgie situé en Ukraine centrale, ce livre s'intéresse à la manière spécifique dont les hommes et les femmes des classes populaires, souvent russophones et anti-Maïdan, s'engagent dans le mouvement de solidarité avec l'armée et les populations civiles touchées par la guerre. Comment s'organisent-ils face à l'agression russe, quelles sont leurs motivations, leurs préoccupations, leurs activités et leurs modes de fonctionnement ? Quel est le degré d'autonomie de leurs initiatives et quels rapports entretiennent-elles avec l'Etat et les pouvoirs locaux, les partis politiques, les syndicats, les ONGI et les organisations des classes moyennes et supérieures ? Le choix méthodologique d'aborder le bénévolat sous l'angle de la sociologie du travail permet en outre d'interroger l'articulation entre le travail bénévole, le salariat et le travail domestique, et de montrer comment l'Etat s'appuie sur cet élan spontané de solidarité, qui met à sa disposition des masses colossales de travail gratuit, pour assurer les services publics cruciaux tout en poursuivant les réformes néolibérales entamées en 2014. Le livre s'intéresse enfin plus largement aux points de vue exprimés par les membres des classes populaires sur la situation économique, sociale et politique de leur pays. Que pensent-ils des évènements qui secouent l'Ukraine depuis 2013 ? Comment évaluent-ils les réformes de ces dix dernières années, les batailles autour de la mémoire historique et de la question linguistique ? Points forts : S'éloignant des approches géopolitiques de la guerre en Ukraine, l'ouvrage en éclaire les enjeux du point de vue de l'expérience de la résistance. L'ouvrage s'appuie sur un travail de terrain de trois mois qui a permis de réaliser une quarantaine d'entretiens individuels et collectifs à Kriviy Rih et à Kiev. L'auteure a pu également observer et participer au travail de deux organisations bénévoles, et les accompagner dans plusieurs missions humanitaires. En se donnant pour objet l'activité bénévole des classes populaires à Kriviy Rih, l'auteure a voulu étudier un cas-limite de la résistance ukrainienne. Les enquêtés étaient en effet en grande partie opposés au soulèvement de l'Euromaidan en 2013-2014 ; ils continuent à parler russe ou un mélange de russe et d'ukrainien, et ont de la famille en Russie ; la référence à l'URSS reste ancrée dans leur mémoire collective. L'ouvrage remet ainsi en question le stéréotype de la division profonde de l'Ukraine entre l'Ouest pro-européen à l'Est pro-russe. Grâce à l'apport méthodologique de la sociologie du travail bénévole, l'ouvrage aborde la résistance ukrainienne comme un phénomène social hétérogène traversé par des rapports de classe et de genre, ce que les approches en termes d' "engagement citoyen" ignorent généralement. Biographie : Daria Saburova est née à Kiev en 1989. Elle est doctorante en philosophie au laboratoire Sophiapol (Université Paris Nanterre) et membre du Réseau européen de solidarité avec l'Ukraine.

04/2024

ActuaLitté

Essais

Analyse psychagogique des rêves. L'inconscient revisité et scotocentré

Cet ouvrage réactualise la psychagogie comme mode de traitement des souffrances psychiques. Il se présente comme un manuel à destination des professionnels, détaillant les stratégies diagnostiques et thérapeutiques des différentes psychothérapies qui contribuent à une prise en charge intégrative du patient. Il repose sur l'hypothèse que les différentes approchent ne s'opposent pas, mais se complètent dans la compréhension de la constellation psychique : l'approche freudienne, jungienne, adlérienne, et baudouinienne. Il intègre également l'apport essentiel des femmes dans cette mise en cohérence de la psyché, que sont Marisa Zavalloni et Ania Teillard. Il se situe au carrefour de différentes sciences, la psychiatrie, la psychologie, la sociologie, mais aussi l'astronomie, la physique quantique et les mathématiques. Une telle entreprise a pour originalité de mettre au centre de l'économie psychique l'Ombre, et de proposer une nouvelle instance, le Sursoi. Une telle révolution de la psychothérapie orientée sur les ressources du patient pour l'accompagner dans un futur désirable, permettra au lecteur d'élaborer de nouvelles hypothèses et de nouvelles perspectives de recherche. Résumés des principaux sujets abordés dans le livre. - La structure de l'appareil psychique : Depuis les topiques freudiennes, de nouvelles instances psychiques ont vu le jour, de Karl Gustav JUNG à Charles BAUDOUIN. Une actualisation de cette psyché ainsi dessinée s'avère nécessaire. Un parallélisme est fait à cette occasion avec la cosmogonie hindouiste si chère à Jung. L'analyse de l'appareil psychique se fait par étapes, de l'inconscient individuel à l'inconscient collectif, instance par instance, en passant par l'environnement intérieur de Marisa ZAVALLONI, afin de cartographier la constellation psychique. L'occasion m'est ainsi donnée pour proposer une instance supplémentaire, le Sursoi. - L'analyse de l'appareil psychique : Elle se fait en conscience modifiée ; c'est l'occasion d'aborder de façon critique la technique ericksonnienne. Le déroulement d'une séance est détaillé pour servir de guide d'entretien de cette analyse duale. Dans ce chapitre est décrit l'apport d'Alfred ADLER dans la compréhension des sources d'énergie de la psyché. Le nouveau concept, celui du Sursoi est analysé dans le détail. - La cosmogonie psychique : Elle permet d'accéder par la symbolique à une meilleure représentation de cette constellation, pour en faciliter la compréhension ; - Le bilan structurel et dynamique : Ce bilan est une étape essentielle pour aller chercher dans l'inconscient ce qui ne se manifeste pas spontanément au travers du matériel onirique spontané, afin d'aboutir à une description exhaustive des instances. - Les ponts avec la vie réelle : Les ponts complètent cette cartographie en y introduisant l'environnement qui interagit avec la psyché. Ce paragraphe décrit ces interactions et leurs enjeux dans le fonctionnement psychique. - Les correspondances anatomo-psychologiques : L'anatomie du système nerveux central est brièvement abordée à travers quelques correspondances entre structure et instance psychique. Il en est fait de même avec le fonctionnement du cerveau, par quelques exemples de neurotransmetteurs comme media psychodynamiques. - Le dysfonctionnement dans la mobilisation des énergies : Les éléments qui permettent de poser le diagnostic clinique sont décrits. Cette étape révèle l'origine des souffrances psychiques du sujet. - Les actions thérapeutiques : Elles illustrent ce qu'est la psychagogie, étymologiquement l'accompagnement de l'âme, ou l'aide au cheminement de vie. Ce chapitre introduit la notion de tendance, fonction variable de l'instance, sur laquelle le thérapeute peut agir. - L'action en tant que mobilisation des énergies : L'approche thérapeutique d'Hippolyte BERNHEIM illustre l'utilisation de la suggestion comme outil thérapeutique. Différentes modalités d'actions sont envisagées, ce qui donne lieu à une classification des évènements psychiques en fonction des degrés de conscience. - La métaphore de la mer : Il s'agit d'une mise en scène de la psyché afin de comprendre par analogie sa psychodynamique. - Les complexes : Un cas pratique psychopathologique permet de mettre en évidence la supériorité de l'approche intégrative sur les approches classiques. - La phylogénèse des tendances : Ce chapitre montre comment les étapes de développement de la psyché lors de l'évolution de l'être humain ont laissé des traces dans le fonctionnement abouti de celle-ci. - La typologie d'Ania Teillard : Elle permet un zoom sur le fonctionnement de la Persona de Jung, ouvrant des perspectives sur une psychagogie des plus précises dans son action thérapeutique. Un livre de 172 pages au prix de 28 ?

07/2022

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

ANAE N° 158, février 2019 : Anxiété, troubles neurodéveloppentaux et des apprentissages

L'anxiété est l'une des manifestations cliniques présentes dans de nombreux syndromes neurodéveloppementaux chez les enfants, les adolescents et les jeunes adultes. Associée à la détresse, à l'isolement, voire à l'exclusion sociale et aux troubles cognitifs, ses effets sont délétères autant sur la santé que sur les relations sociales, l'apprentissage et l'estime de soi. Les répercussions à long terme des problèmes d'anxiété sont largement documentées (victimisation, décrochage, radicalisation, dépendance, chômage...). La nature secrète de l'anxiété et la pluralité de ses expressions (inquiétudes multiples, peur de la nouveauté, perte de contrôle, troubles d'attention, de concentration, pensées alarmistes, doutes, obsessions, évitement, rituels, compulsions, crises, agressivité, insomnies, sudations, fatigue...) la rendent difficile à identifier. De plus, la contribution de l'environnement au maintien des symptômes physiques, émotifs, comportementaux et cognitifs est souvent subtile ou difficile à enrayer. Elle pose à ce titre aussi de sérieux défis à tous les intervenants. Ceux-ci ont besoin d'évaluer, de comprendre et d'intervenir auprès des personnes qui souffrent d'anxiété. L'apport de plusieurs disciplines relatives à la santé mentale (médecins, psychologues et neuropsychologues, psychoéducateurs, intervenants sociaux, en santé et en milieu scolaire) est nécessaire et permet une plus grande diversité dans le traitement de l'anxiété. Les enfants à tout âge sont susceptibles de présenter des symptômes d'anxiété. Nos contacts fréquents avec les professionnels scolaires nous incitent à penser que les problèmes d'anxiété sont généralisés à toute population estudiantine, tant au primaire, qu'au secondaire (collège), qu'au CEGEP (lycée). Aussi avons-nous accordé cette année la parole à des chercheurs et des professionnels qui s'intéressent à l'anxiété dès la petite enfance, mais aussi, bien évidemment, à l'enfance, à l'adolescence et même aux jeunes adultes. Parfois, à la suite d'une recommandation scolaire, les parents consultent en psychologie parce que leur enfant ne fonctionne pas très bien à l'école et on se questionne sur les causes possibles de cet écueil scolaire. Il arrive qu'aucun déficit neuropsychologique ne puisse expliquer l'échec de l'enfant, mais que la présence de symptômes anxieux se révèle au cours de l'entretien du psychologue clinicien. Il est donc souhaitable de connaître les chemins possibles qui s'offrent à ces enfants anxieux dont les manifestations sont plus discrètes. L'anxiété est, par ailleurs, l'un des symptômes associés le plus souvent rapporté par les parents d'enfants porteurs d'un syndrome neurologique : entre autres, le trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) M. -C. Guay, le trouble du spectre de l'autisme (TSA) G. Bernier, le syndrome Gilles de la Tourette (SGT) I. Gascon. Les enfants en difficulté ou en trouble d'apprentissage sont également susceptibles de connaître de l'anxiété (tout particulièrement celle suscitée par les mathématiques) M. Fayol. Les jeunes à haut potentiel (HP) souffrent-ils davantage d'affects anxieux ou de troubles émotionnels que les autres enfants ? E. Chevrier. L'anxiété chez les enfants d'âge préscolaire est une réalité de plus en plus présente. Intervenir adéquatement durant cette période devient impératif afin d'offrir à ces jeunes des compétences liées à l'expression des émotions qui constitueront des facteurs de protection et qui les aideront à se prémunir contre les effets délétères de l'anxiété et des troubles comorbides une fois adultes M. M. Brossard. En proposant ce symposium, nous souhaitions explorer de nouvelles stratégies d'intervention telles l'hypnose, la pleine conscience et l'application de la réalité virtuelle au traitement de syndromes anxieux, L. Cané, L. Turgeon, M. Rebattel. Le choix d'éditer un numéro sur l'anxiété a été retenu parce que de nombreux professionnels s'inquiètent d'une recrudescence de ses manifestations chez les jeunes, son but est la mise en commun, entre chercheurs et intervenants, de leurs hypothèses de travail et de leurs expériences pour mieux intervenir auprès d'une patientèle d'enfants, d'adolescents et de jeunes adultes souffrant de ces problèmes de santé mentale.

02/2019

ActuaLitté

Littérature étrangère

C'est ainsi

Mécanicien de son état, Patrick Oxtoby, jeune homme taciturne et solitaire, profite d’une douloureuse rupture amoureuse pour fuir enfin un étouffant environnement familial, sa précieuse boîte à outils sous le bras. Invité par un lointain cousin garagiste à venir le seconder dans une petite ville côtière d’Irlande, il a pris une chambre avec vue sur la mer dans une pension tenue par Bridget, une jeune veuve qui entretient, avec les deux autres hommes qu’elle loge, des relations placées sous le signe d’une bonne humeur et d’un marivaudage gentiment frivoles qui suscitent chez le nouveau pensionnaire autant de jalousie que de silencieux mépris. Au garage, Patrick se montre sérieux et appliqué, donnant toute satisfaction à son cousin, un homme bienveillant quoique prompt à le mettre souvent au “chômage technique”, sans plus d’explications. Dès lors, perplexe et frustré, le jeune homme se retrouve à errer, solitaire dans un trou perdu et sinistre totalement dépourvu de distractions, à l’exception du café minable où il noue peu à peu une vague relation d’amitié avec Georgia, la jeune serveuse. C’est ce moment (de doute, d’inquiétude et, bientôt, de silencieuse déréliction) que choisit sa mère pour venir lui rendre, impromptue, une “petite visite”. Tétanisé par l’irruption dans sa nouvelle existence, tout décevante soit-elle, d’une figure maternelle dont il a honte, mais incapable d’exprimer les sentiments qui l’agitent, Oxtoby s’efforce de supporter cette intrusion du mieux qu’il peut cependant que la mère, indiscrète, encombrante, caquète et monologue, retraçant les grandes lignes d’un roman familial sur lequel on comprend aisément que le jeune homme ait désiré tirer un trait aussi définitif que possible. Sa mère enfin partie, Patrick espère retrouver ses marques mais une petite soirée festive organisée un soir par Bridget à la pension sous la pression des deux autres locataires déclenche la catastrophe : heurté dans ses sentiments inconscients pour la jeune femme, écœuré par l’horreur de la vulgarité masculine et l’accablante veulerie féminine dont il croit découvrir un édifiant aperçu ce soir-là, le mutique exilé opère un tragique passage à l’acte. Dans la cellule où il attend son procès, il a pour compagnon un certain Gardam, criminel endurci qui, se sachant “condamné à tuer”, se laisse obséder par l’idée du suicide. Gardam, le dur, considère “Ox” comme un assassin-amateur et se moque des craintes que celui-ci exprime quant au verdict qui va être prononcé à son encontre, incitant le jeune homme à mettre sa foi dans une relative et probable clémence des jurés. Mais, au moment du procès, le jeune homme se voit lâché par ses parents (notamment par son père) qui portent contre lui le plus accablant des témoignages et l’abandonnent à sa descente aux enfers dans l’univers carcéral. Récit bouleversant de l’échec infligé à un individu dans sa tentative désespérée pour changer de vie, C’est ainsi est un roman aussi puissant que perturbant où M. J. Hyland, dans le style épuré et percutant qui caractérise son écriture, met brillamment à contribution l’expérience de juriste et d’avocate qui a été la sienne. Fidèle à l’exploration des territoires de la solitude et de l’inadaptation déjà à l’œuvre dans ses deux premiers romans (Le Voyage de Lou et Dans tes yeux, finaliste du Man Booker Prize 2006) également publiés chez Actes Sud, M.J. Hyland brosse, à travers son protagoniste, le portrait d’une société impitoyable à l’égard des individus dont une longue indigence affective a rendu le langage inaudible, et qu’elle a durablement privés de toute possibilité de rencontrer enfin l’Autre, d’assouvir quelque aspiration que ce soit à faire communauté faute de savoir créer un lien avec leurs semblables.

02/2012

ActuaLitté

Immigration

Vacances au bled. La double présence des enfants d'immigrés

- Un nouveau regard sur les transformations de l'immigration algérienne, en restituant conjointement les politiques d'Etats (Français et Algériens) et les contextes sociaux de part et d'autre de la méditerranée. - Une ethnographie concrète et attachante des descendant. e. s d'immigrés dans leurs voyages en Algérie et en s'appuyant sur une série de documents et d'objets orignaux : les usages des albums photographiques, de la maison, de la langue, du bronzage, du mariage... Débats politico-médiatiques et études scientifiques ont longtemps questionné l'appartenance à la nation française des enfants de l'immigration postcoloniale. Ce livre propose un renversement de perspective en étudiant le sentiment d'appartenance à la nation algérienne. Que signifie " être algérien " quand on a toujours vécu en France, et qu'on a gardé avec ce pays un lien surtout indirect, réactivé à l'occasion de courts séjours sur place, dans l'enfance et en tant qu'adulte ? Que vont chercher ces Français d'origine algérienne qui partent en Algérie à l'occasion de séjours de vacances ? C'est l'expérience binationale que ce livre entend éclairer en allant enquêter du côté du pays d'émigration des parents, en Algérie. Ce parti-pris implique aussi de s'intéresser aux politiques mises en oeuvre par l'Etat algérien à l'égard de ses ressortissants, politiques qui évoluent entre les années 1960 et les années 2000, et qui contribuent à remodeler l'idée du retour chez les descendants d'immigrés et leur famille. A partir d'un matériel original d'archives, des observations et des entretiens, cette enquête donne à voir comment les populations binationales vivent leurs sentiments d'appartenance. L'analyse des pratiques de vacances, et des discours qu'elles suscitent, permet d'accéder à une définition plus éclatée des identités : on peut se sentir davantage lié à une ville, un quartier ou un village qu'à un pays dans son ensemble ; des appartenances autre que nationales s'expriment dans ces séjours, en premier lieu des affiliations familiales. Plutôt que de se concentrer uniquement sur des " spécificités culturelles " potentiellement entretenues ou activées pendant ces séjours (langue arabe, religion musulmane), l'auteure analyse plus largement les manières d'être en vacances, incluant le style vestimentaire, l'emploi du temps de la journée, le type d'alimentation privilégiée, les modes d'hébergement ou encore les sociabilités. Ces pratiques vacancières se rapportent alors tout autant, si ce n'est plus, à la trajectoire sociale globale de ces personnes (origine sociale, niveau de diplôme, sexe, âge, situation familiale) qu'à leurs origines nationales. Enfin, ces appartenances renvoient plus largement à un double positionnement dans des hiérarchies de classe, de sexe et ethno-raciales partiellement disjointes, entre la société française et la société algérienne. Ce point de vue invite à faire éclater la fausse homogénéité de cette catégorie des " descendants d'immigrés " en constatant la différenciation des pratiques selon les trajectoires sociales familiales et individuelles. Parallèlement, cette approche implique d'appréhender autrement la société algérienne, en ne la définissant pas centralement par des critères culturalistes comme la religion (aujourd'hui vue comme l'opérateur central de distinction entre sociétés) mais en portant une attention particulière aux hiérarchies sociales propres à cette société. Les séjours passés sur place jouent le rôle de révélateur des dynamiques de mobilité sociale qu'occasionnent les déplacements entre deux sociétés nationales. Ce livre propose à la fois de voir comment les vacances passées en Algérie prennent des formes distinctes selon les caractéristiques sociales et sexuées des personnes rencontrées, mais aussi comment en retour, ces séjours modifient temporairement, ou de manière plus durable, leurs positions dans les rapports sociaux.

11/2021

ActuaLitté

Critique littéraire

Kapuscinski. Le vrai et le plus vrai

La seule chose qui me reste à faire, c'est marcher, interroger, écouter, grappiller et enfiler les informations, les opinions, les histoires comme les perles d'un collier. Mais je ne me plains pas, car cette approche me permet de connaître beaucoup de gens et d'apprendre des choses que ni la presse, ni la radio ne racontent. R. Kapuscinski. Quel lecteur du Négus ou d'Ebène ne s'est pas posé la question : comment a-t-il fait ? Comment ce correspondant d'une petite agence de presse d'un pays socialiste de seconde zone s'est-il débrouillé, seul, sans moyens ou presque, pour percevoir, pour comprendre ce que tant d'autres journalistes, et non des moindres, n'avaient pas vu ? Par quel miracle, ou tour de passe-passe, nous donne-t-il l'impression de pénétrer au coeur des choses, au lieu de n'en décrire que la surface, les événements ? Beaucoup des lecteurs les plus fidèles, les plus passionnés, de Kapuscinski, sont eux-mêmes journalistes. Ils connaissent, en principe, les ficelles du métier. Et pourtant, eux aussi, eux surtout peut-être, restent perplexes. A ces questions, la biographie que nous publions apporte quantité de réponses, mais son intérêt est aussi de ne pas prétendre tout expliquer. Le mystère de la création, ou de la recréation artistique du monde réel, restera entier au terme de ce long périple, depuis les confins de la Pologne de l'entre deux guerres jusqu'à la nouvelle Pologne démocratique, en passant par la guerre, les longues années du stalinisme, et aussi, bien sûr, l'Afrique, l'Amérique latine, l'Asie... Artur Domoslawski, lui-même reporter pour le principal quotidien de son pays, Gazeta, était un ami et un peu, comme tant d'autres, un disciple de "Kapu". Pourtant, son livre a fait scandale en Pologne, au point que l'éditeur qui l'avait commandé a refusé le texte. Mort encore plus que vivant, Kapuscinski devait rester un maître, une référence professionnelle aussi bien que morale. Pourquoi donc fouiller dans les recoins de sa vie, évoquer quelques épisodes un peu douteux de sa carrière, pourquoi essayer de percer ses petits secrets, ses petites ruses, ses petits trucages parfois ? La force de cette biographie, écrite avec autant d'empathie que de lucidité, est précisément là : l'immense journaliste, porté aux nues par Gabriel Garcia Marquez ou John Updike, avait des faiblesses très humaines, des attitudes parfois déconcertantes, il lui arrivait de décevoir. Mais, au bout de ce long voyage en sa compagnie, il reste un très grand bonhomme, et des oeuvres, aussi critiquables qu'elles puissent être dans le détail, des chefs d'oeuvre. Pour avoir, quelques mois avant sa mort, eu la chance de passer avec Kapuscinski de longues heures d'entretiens, j'ai, a posteriori, l'intime conviction que le travail de son biographe est honnête, qu'il n'a nullement cherché le scandale, que son propos n'est pas de déboulonner une statue. Peut-être Artur Domoslawski n'a-t-il pas toujours tout compris, peut-être certaines de ses interprétations sont-elles contestables. Mais pour ceux qui ont lu, aimé, voire connu "Kapu", son travail est inestimable, et souvent émouvant. Le texte que nous présentons ici est une version très légèrement abrégée de l'original polonais. Avec l'accord de l'auteur, nous avons considéré que certains détails, certaines références à l'environnement culturel polonais, n'auraient pas apporté grand chose au lecteur francophone. Mais l'équilibre du livre a été scrupuleusement respecté, les coupes ne portent que sur l'accessoire. Tout autant qu'une biographie, ce livre est une réflexion sur le métier, par nature interlope, de journaliste, sur ses grandeurs et ses limites. Des limites que "Kapu" a allègrement franchies pour atteindre un autre royaume, celui de la littérature. Mais en y retrouvant, au fond, la même question : le mensonge est-il seulement l'ennemi de la vérité, ou parfois son ami, son assistant ? Jan Krauze, auteur de l'avant-propos.

09/2011

ActuaLitté

Sociologie

Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes volume 94-1. Fascicule 1

Sébastien Barbara. - Les phalanges de Socrate (X. , Mem. , I, 3, 11-13) Xénophon (Mem. , I, 3, 11-13) attribue à Socrate une image rapprochant les baisers des beaux garçons des envenimements causés par les araignées dites phalanges (? ??? ? ??? ). Parallèlement, Platon (Smp. , 217e-218b) prête à Alcibiade l'image de la morsure de vipère à propos de l'amour-philosophie. Ces images issues des topoi populaires de la morsure-piqûre de l'amour témoignent d'une tendance des socratiques à développer des comparaisons en rapport avec la sphère médicale et des échanges entre philosophes et médecins dans l'Athènes des Ve-IVe s. Dans le cas des phalanges le témoignage de Xénophon atteste, par sa date haute, une diffusion précoce de savoirs iologiques précis, notamment le lien causal entre symptômes critiques et morsure de la veuve noire méditerranéenne (Latrodectus tredecimguttatus Rossi) qui n'est pourtant pas facile à établir. Pauline Belin. - Le concept de consuetudo dans les traités rhétoriques de Cicéron Cet article se propose d'explorer les implications du terme consuetudo dans les traités rhétoriques cicéroniens où le terme est utilisé : De inuentione, 84-83 av. J. -C. , De oratore, 55 av. J. -C. , Brutus, 46 av. J. -C. , Orator, 46 av. J-C. , et les Partitiones oratoriae, 46 av. J. -C. Cette étude du terme de consuetudo entend retracer les origines du concept linguistique de consuetudo, formulé par Cicéron et repris par Quintilien dans l'élaboration de son Institution oratoire, et précisera les liens entre le sens général du terme et l'acception proprement linguistique qu'il acquiert, tout en éclaircissant les enjeux de ces différentes acceptions. Jaime Curbera. - Les noms de la mandragore selon Dioscoride Cet article traite des six noms de mandragores transmis dans le De materia medica de Dioscoride (? ??? ? ??? ? , ??? ? ??? ? ? , ??? ? ??? / ??? ? ??? , ??? ? ?? , ??? ? ??? ? ?? , ??? ? ??? ? ??? ), ainsi que des quinze synonymes donnés dans les manuscrits alphabétiques de Dioscoride. L'article met l'accent sur l'aspect lexical (étymologie, brachylogie, emprunts), mais il traite inévitablement d'autres questions, comme les prières des herboristes, et il propose de nouvelles lectures pour les noms corrompus (? ??? ? ? , ??? ? ??? , ??? ? ??? ? ?? , ??? ? ??? ). Une dernière annexe explique un curieux nom de la plante en grec moderne (? ??? ? ??? ). Concepción Fernández Martínez. - Rythmes métriques accidentels ou locutions idiomatiques dans des inscriptions gauloises considérées comme carmina (CIL, XIII, 1983, 1972, 2073, 2216, 1849) L'article analyse les possibles formes métriques d'une série d'inscriptions latines considérées comme métriques, afin de décider de leur inclusion ou de leur exclusion du corpus des Carmina Latina epigraphica des Gaules. En outre, l'article propose une édition critique et un commentaire philologique de ces inscriptions. Jorge Martínez-Pinna. - Le nom de Servius Tullius Cet article traite du nom de Seruius Tullius, roi de Rome. Un lien avec le terme latin seruus, ainsi qu'une origine étrusque semblent peu admissibles. Au contraire, l'analyse de ce nom révèle une origine latine du personnage et son appartenance à un niveau social élevé. Jean-Louis Perpillou. - Anges et démons Dans ce texte posthume, qui fait suite à "Pouvoirs d'un chiffre" , paru dans ??? ? ??? ? ??? ? ? . Mélanges offerts à Charles de Lamberterie (Louvain, Peeters, 2020, p. 637-650), Jean-Louis Perpillou examine trois nouvelles séries d'exemples de la formule "3 fois 9" : les inscriptions d'Asie Mineure impliquant le dieu Mèn, un rite agraire lituanien et son correspondant grec (Hérodote VIII, 137), ainsi que des bylines russes qui relatent des pratiques magiques adressées à des démons ou des (arch)anges. La valeur non comptable de cette formule, très probablement héritée, s'y trouve confirmée. Gerd Van Riel, Victor Gysembergh. - L'Athéna de Saïs dans l'In Timaeum de Proclus Dans sa discussion du mythe de l'Atlantide, raconté par un prêtre de Saïs dans le Timée de Platon, Proclus se tourne vers la relation entre la déesse Athéna et la cité de Saïs en Egypte septentrionale. L'une des connexions astrologiques mentionnées par Proclus est qu'Athéna était un des astres arctiques. Dans ce contexte, le texte reçu du Commentaire sur le Timée de Proclus fait référence à certains qui lient Athéna à "la lune qui est là-bas" . Dans cet article nous analysons les diverses explications et émendations du texte. Nous examinons leur valeur par rapport aux spéculations astronomiques des Egyptiens et des Grecs, mettant à profit de récentes découvertes sur la transmission textuelle du commentaire de Proclus. A partir de cet examen, nous proposons de corriger le texte transmis. Inés Warburg. - De Lerina insula : tradición manuscrita, textos y edición El poema De Lerina insula, atribuido a Dinamio de Marsella (? 595 c.), celebra en dísticos elegíacos la fundación cristiana de San Honorato mediante una serie de tópicos tradicionales sobre la isla "santa" y sus habitantes. Dos códices de Isidoro de Sevilla (ms. Klosterneuburg 723 del siglo XII y ms. Göttweig 64 (78) del siglo XIII) incluyen la colección de inscripciones romanas conocida como Sylloge Turonensis ; en el apéndice de esta síloge se conserva el poema - no epigráfico y no romano - de Dinamio. Esta contribución propone una edición crítica del poema a partir de ambos testimonios, ya que las dos ediciones del siglo XIX se basan alternativamente en copias de uno de los dos manuscritos : la primera edición de 1888, en una copia de Klosterneuburg 723 y la segunda edición de 1897, en una copia de Göttweig 64. Los testimonios derivan de un ascendiente en común, pero ambos textos son independientes y complementarios.

02/2022

ActuaLitté

Sociologie

Pierre Bourdieu. Points de vue

Si la collection "Champ social" des éditions du Croquant réédite le n°47-48 de février -mars 2015 consacré à Pierre Bourdieu de la revue Regards sociologiques, c'est à la fois parce que ce numéro est devenu introuvable, mais surtout parce qu'il rassemble un dossier d'une grande diversité et d'une exceptionnelle densité. La revue Regards sociologiques avait consacré un numéro à Pierre Bourdieu pour honorer une dette symbolique à un chercheur dans lequel elle se reconnaissait et qui l'avait soutenue dès ses débuts, mais surtout parce qu'elle voyait, comme beaucoup d'autres, dans le travail de Bourdieu une contribution majeure au développement de la sociologie. Les contributions rassemblées dans cet ouvrage, agrémentées de l'oeuvre d'artistes qui se sont intéressés à Bourdieu, multiplient les perspectives sur son oeuvre : étude des conditions de production des enquêtes, des concepts et des modèles, développement des concepts-clés, construction d'un modèle cohérent de l'Etat, retour sur tel aspect de la domination masculine, explicitation de ce qu'implique un engagement politique réflexif, restitution de la vivacité de ses cours et de la cérémonie de remise de la médaille d'or du CNRS, exploration des rapports de Bourdieu avec l'oeuvre de Mauss, de Wittgenstein et de Marx, etc. Un premier ensemble d'articles montre dans quelles conditions Bourdieu réalise ses premiers travaux en Algérie où il est confronté aux effets du colonialisme, du racisme et de la guerre. La contribution d'Andrea Rapini retrace les déplacements de Bourdieu et de Sayad au cours de leur enquête sur Le Déracinement. Elle est complétée par un entretien de Tassadit Yacine avec Jacques Budin (un étudiant enquêteur de l'équipe de Bourdieu et de Sayad). Christian de Montlibert met en évidence un triple combat dans les travaux "algériens" de Bourdieu : contre la méconnaissance des cultures qui coexistent alors en Algérie, contre le mépris raciste et contre des conceptions politiques dont il pensait qu'elles risquaient d'obérer l'avenir. Dans le contexte des années 1980, Remi Lenoir s'interroge ensuite sur "le dit et l'écrit" dans l'oeuvre de Bourdieu : quel statut accorder aux transcriptions de ses cours et séminaires ? Comment restituer par écrit la vivacité verbale qui caractérisait Bourdieu enseignant ? A propos du discours qu'il prononce à l'occasion de la cérémonie de la remise de la médaille d'or du CNRS, Loïc Wacquant souligne l'accent qu'il met sur les tensions entre science, autorité et pouvoir, la puissance symbolique de l'Etat et les raisons qui conduisent le sociologue à s'engager dans le débat civique. Rémi Lenoir développe les différents niveaux impliqués dans le concept de capital social et montre l'importance qu'a eue pour Bourdieu l'oeuvre de Mauss. A propos du concept d'habitus Gaspard Fontbonne met en évidence les effets épistémologiques de la lecture de Wittgenstein. Quant à la domination masculine, Rose-Marie Lagrave éclaire les contradictions, paradoxes et malentendus engendrés par ce livre : il faut tenir compte, selon elle, du contexte scientifique et du rapport de Bourdieu aux recherches féministes. Un autre ensemble de travaux présente son modèle d'analyse de l'Etat et s'interroge sur l'engagement politique de Bourdieu. Patrick Champagne analyse le cheminement de Bourdieu pour penser la construction de l'Etat au fil d'un double processus de concentration des différentes espèces de capital dans un petit nombre de mains. En grande partie par le système scolaire, l'Etat unifie, homogénéise, standardise les manières de faire et de penser. A propos d'une intervention de Bourdieu sur la crise de l'Etat, Rémi Lenoir souligne l'importance qu'il attribuait aux transformations des représentations des agents dominants. Lucien Braun, alors directeur des Presses Universitaires de Strasbourg, questionne Bourdieu sur l'avenir de l'autonomie universitaire dans un contexte où l'édition universitaire est de plus en plus dépendante de groupes financiers. Cet ouvrage se clôture par des analyses de la dimension critique de la sociologie de Pierre Bourdieu qui n'a pas cessé d'insister sur la nécessité d'une démarche réflexive. Après avoir rappelé les prises de position "messianiques" de Marx sur l'avènement d'une société sans classes, Gérard Mauger souligne l'importance accordée par Bourdieu au "travail de représentation" dans toutes mobilisations collectives, à commencer par celle du "peuple" , objet de prédilection pour des intellectuels. Après avoir rappelé les confusions autour de l'appellation "sociologie critique" , Louis Pinto montre qu'elle n'est ni un accessoire, ni un abus de pouvoir, mais une sorte de nécessité qui conduit à s'interroger premièrement sur les pouvoirs, les limites et les prétentions de la connaissance, deuxièmement sur les capacités à dire le vrai des connaissances "indigènes" , troisièmement sur les effets de dévoilement de l'ordre social. Enfin ce livre est ponctué par le travail de deux artistes, Joëlle Labiche et Yves Carreau, qui offrent leurs interprétations des "regards" de Pierre Bourdieu : de ceux de prédécesseurs, de contemporains et de membres de ses équipes de travail.

10/2022

ActuaLitté

Revues

XXI N° 59, été 2022 : Himalaya, la révolution des sommets

Sujet de couverture - Nims Purja, la révolution himalayenne / François Carrel Nims Dai, de son vrai nom Nirmal Purja, est depuis 2019 le détenteur du record de vitesse de l'ascension des 14 sommets de plus de 8000 mètres de la planète, qu'il a effectué en six mois et six jours. En 2020, avec les mêmes méthodes logistiques lourdes et toujours avec un groupe d'alpinistes exclusivement Népalais, il s'est adjugé un autre mythe convoité : la première ascension hivernale du K2 au Pakistan, dernier 8000 jamais gravi en hiver. "14 Peaks : nothing is impossible" , le documentaire sur Nims Dai diffusé mondialement par Netflix en décembre dernier a fait sensation et la version française de son best-seller Beyond Possible parait ce printemps en France. Derrière les performances physiques, logistiques et médiatiques de cet ancien Gurkha de l'armée britannique se dévoile un tournant dans l'histoire de l'himalayisme. D'abord, c'est une sorte de décolonisation que ce Népalais réalise, en se réappropriant la mythologie de ces très hautes montagnes. Les Occidentaux y ont tenu le premier rôle depuis un siècle, tandis que les Népalais étaient cantonné au rang de simples porteurs d'altitude, malgré leur rôle essentiel. Aujourd'hui les Népalais, derrière Nims Dai, retrouvent leur fierté en revendiquant le leadership. Au delà de la sphère sportive, c'est bien de business dont il s'agit : les Népalais assurent désormais eux-même une part de plus en plus importante du très lucratif marché des expéditions commerciales sur l'Everest. Nims Dai, qui a lui même créé son agence anglo-népalaise haut de gamme, entend régner sur le marché, et vise en parallèle celui des 7 Summits, les points culminants des sept continents. Ces acteurs Népalais, Sherpas pour la plupart, reprennent et amplifient cependant les travers de la course à la très haute altitude inventée par les Occidentaux : suréquipement et surfréquentation des voies classiques des sommets les plus connus, dont Everest, généralisation de l'usage de l'hélicoptère pour les approches, utilisation de plus en plus massive et précoce de l'oxygène supplémentaire, médiatisation et marketing débridés. Ce reportage sera à la fois le portrait d'un athlète et d'une personnalité exceptionnelle, le récit d'un tournant dans la longue histoire de l'himalayisme, dont Nims Daï est la figure emblématique, et la description de ses dérives qui mènent chaque année toujours plus de touristes d'altitude fortunés au sommet de l'Everest, malgré la perte de toute dimension de performance sportive de cette ascension et prix de drames humains, certains déjà survenus, et de ceux à venir, redoutés. Dans ce contexte, gravir les plus hauts sommets du monde a-t-il encore un sens ? Le silence des mots / Gaël Faye, Michaël Stzanke Victimes de viol pendant le génocide des Tutsis en 1994, en pleine opération Turquoise dirigée par la France, ces Rwandaises se sont confiées à l'écrivain Gaël Faye, qui vit aujourd'hui à Kigali. Le business des otages sahéliens / Anthony Fouchard Ils seraient entre 300 et 400 otages aux mains des groupes djihadistes qui tentent de contrôler l'immense espace sahélien. Des otages dont on ne parle jamais, car ce sont des hommes ordinaires, maliens, burkinabés ou nigériens dont les groupes islamistes négocient la libération contre quelques milliers d'euros. Cette criminalité est devenue l'un des principaux moyens de financement des djihadistes. A Madagascar, la vérité reste sur sa faim / Emre Sari Tout le monde semble d'accord : la famine dans le Sud de l'île est due au réchauffement climatique. Cela arrange bien le Président qui se trouve déresponsabilisé et invite les médias français tous frais payés pour lui tresser des louanges. Mais en fait, les raisons sont multiples : l'insécurité, les bandits qui pillent les ressources, et surtout, des décennies d'incurie gouvernementale. Alors, pourquoi l'ONU et les ONG s'en tiennent-elles à la version officielle ? Contre-enquête sur une famine. Poids-lourds anti-mafia / Angelo Mastrandrea En Italie, quand les entreprises appartenant à la mafia leur sont confisquées par la justice, elles font souvent faillite. Sauf à Catane, en Sicile, où une poignée de salariés ont réussi à racheter leur société de transport et à la faire revivre, malgré des tonnes d'embûches. BD - L'île, le millionnaire et les écolos / Bruno Lus et Vincent Sorel Depuis qu'il a racheté l'île de Berder, dans le golfe du Morbihan, un millionnaire fait la loi. Michel Giboire, patron de l'immobilier, entend la transformer en complexe hôtelier. Des retraités bretons l'ont fait plier. Vécu- Charly et le Prince / Haydée Sabéran Charly travaillait pour une conciergerie de luxe au service d'un membre de la famille royale saoudienne à Paris. Comme le génie de la lampe, il exauçait tous les voeux du prince. Il a mis en route une Xbox le matin de Noël pour 500 euros de pourboire. Déniché un tigre, un faucon, une table de gynécologue, de la cocaïne. Réalisé des films pornos en streaming. Mais jusqu'où accepter un caprice ? Quand il s'est agi de trouver une prostituée mineure, il a dit stop. Grand entretien Le cinéaste Marco Bellochio par l'écrivain Olivier Guez.

07/2022

ActuaLitté

Sports de balle

Nadal, Federer, Djokovic. 21 matches pour entrer dans la tête de ces champions et booster votre mental

Soyez coaché par le seul psychiatre qui a disputé Roland-Garros ! Christophe Bernelle, 59 ans, est le seul psychiatre qui a disputé Roland-Garros ! En 1983, l'année du sacre de Yannick Noah, il s'incline au deuxième tour contre Mats Wilander, le futur finaliste. Il a 20 ans, il est 9e français et 170e joueur mondial mais il n'était pas préparé psychologiquement. Dans la foulée des qualifications pour Wimbledon, le feu sacré perdu, il rompt avec le tennis. Il entame des études de médecine, se spécialise dans la santé mentale. Le docteur Bernelle devient thérapeute. La passion du tennis revenue (il continue de le pratiquer à un bon niveau), il exerce dans divers cabinets en particulier auprès du jeune public. Il a aussi été responsable de la cellule mentale à la DTN au sein de la Fédération française de tennis. Il est, comme tout le monde, fasciné par ceux qu'il appelle les trois monstres : Roger Federer, Novak Djokovic et Rafael Nadal, 61 titres du Grand Chelem à eux trois depuis 2003 quand, chez les hommes, aucun Français n'en a gagné un depuis Noah en 1983. Avant de remporter l'Open d'Australie en 2020, Djokovic a eu cette phrase, à laquelle il souscrit : " Maintenant, pour gagner un Grand Chelem et être constant au plus haut niveau pendant de nombreuses années, il faut acquérir une maturité mentale et émotionnelle, une expérience pour comprendre ses forces et combattre ses faiblesses. Rafa, Roger et moi, tout au long de ces dix, quinze ans, on a su ce qu'il fallait faire mentalement dans certaines situations particulières. Cela nous donne probablement un petit avantage". Dans cet ouvrage ludique, pratique et pédagogique, Christophe Bernelle, après avoir raconté son parcours de tennisman à psychiatre, va décortiquer ce qui constitue la force du merveilleux trio, notamment au niveau mental. Il va analyser leurs ressorts, les mécanismes qui les habitent et constituent comme des vade-mecum à déployer pour le tennisman amateur comme pour tout un chacun. Il va entrer dans leur psychisme et disséquer une quarantaine de matches mettant aux prises Federer, Nadal ou bien Djokovic pour en dresser des archétypes. Exemple : Anticiper la situation Dimanche 14 juillet 2019. Finale de Wimbledon. Djokovic bat Federer 7-6, 1-6, 7-6, 4-6, 13-12. 4h57 de jeu. L'analyse : " Dans cette finale d'anthologie, la plus longue de l'histoire du tournoi, le Serbe a obtenu son 16e titre du Grand Chelem, malgré la ferveur du public pour le Suisse. Trois quart d'heure plus tôt, Federer mène 8 jeux à 7 au 5e set et 40-15, s'offrant deux balles de match. Federer sert une superbe première balle sur le coup droit de Djokovic, qui sort un retour gagnant croisé. Djoko a senti le coup, a anticipé, comme lors d'une séance de tir au but. Tout était programmé dans sa tête. La balle est arrivée exactement où il le pensait et boum... Si tu attends ce que l'autre va faire, tu réagis au lieu d'agir... Les très grands anticipent toujours, ils visualisent avant. Il a contre-attaqué et gagné son pari. Il n'est pas anodin non plus qu'il ait remporté les trois tie-breaks du match (le dernier à 12 jeux partout, pour la première fois de l'histoire) alors que, objectivement, sur ce match, il est moins fort que Federer ; il n'est d'ailleurs qu'à voir la " facilité " avec laquelle le Suisse a remporté ses deux sets. Djokovic n'a pas été intimidé par le public qui encourageait Federer, il a même joué de cet amour du public pour son adversaire en s'imaginant qu'il criait " Djoko Djoko " plutôt que " Come on Rodger ! " Il s'est conditionné, a réussi à prendre cette énergie qui la galvaniser. Il était heureux d'être là, sur le court, se préparant à battre la légende. Il ne s'est pas crispé au moment de conclure, grâce à tout le travail entrepris sur lui-même depuis des années. Comme pour un entretien d'embauche, il est entré positivement sur le terrain, sans se préparer au pire, pour mieux diminuer la pression et se concentrer sur son jeu et uniquement sur son jeu. Cette victoire à Wimbledon est d'abord une victoire mentale. " Autres exemples de thématiques qui seront illustrées par des matches, de la victoire de Nadal à Wimbledon en 2008 à l'élimination du même Nadal en 8e de finale du tournoi en cinq sets contre l'obscur Gilles Muller, du triomphe de Daniil Medvedev au dernier US Open contre Djokovic à la défaite d'un Federer diminué en trois sets contre Gaël Monfils en finale de la Coupe Davis 2014 avant de balayer Richard Gasquet deux jours plus tard pour offrir la premier sceptre en Coupe Davis à la Suisse : Vivre l'instant présent, L'esprit plus fort que le corps, Mieux penser pour mieux jouer, Apprendre à perdre, Le plaisir et l'amour du jeu, Savoir accepter la défaite, etc. En fin d'ouvrage, Christophe Bernelle expliquera pourquoi les Français, malgré de bons joueurs et un million de licenciés, ne parviennent pas à s'inspirer de ces modèles. " L'état d'esprit et donc le mental ont une part importante dans cet état de fait. Chez nous, quand les joueurs arrivent à un bon classement, souvent ils explosent en vol ... ", déplore-t-il. Il donnera des pistes pour progresser à ce niveau.

04/2023

ActuaLitté

Sociologie urbaine

L'impasse. Scènes de l'urbanisme ordinaire

Elsa Vivant choisit le recours à la fiction pour rendre compte des conditions de travail des urbanistes, leur lien avec ce qu'ils produisent, les difficultés liées aux spécificités de leurs conditions d'exercice. A travers leurs trajectoires, le récit circule entre plusieurs situations sociologiques s'appuyant sur la documentation de l'enquête et assumant la subjectivité. Les expériences renouvelées d'explicitation de l'urbanisme, de sa diversité et de son intérêt sont à l'origine de l'écriture de Chroniques d'un urbanisme ordinaire. La compréhension des conditions de travail des urbanistes, leur lien avec ce qu'ils produisent, les difficultés liées aux spécificités de leurs conditions d'exercice (relations aux élus, transformations permanentes du contexte administrativo-politique, poids des contraintes techniques, financières et normatives, injonctions contradictoires entre les valeurs et convictions individuelles et les conditions d'exercice...) éclaire d'un nouveau jour les modes de ce que l'on appelle désormais la fabrique urbaine (la fabrique renvoyant implicitement au travail industriel). En quoi la fragmentation croissante de l'activité de l'urbaniste, par le recours à des prestataires et des sous-traitants, fragilise-t-elle les professionnels eux-mêmes et l'objet de leur intervention par la dilution des responsabilités et les pertes de mémoire sur le territoire et les projets ? La multiplication des acteurs de l'aménagement participe d'une division des tâches et des responsabilités concourant à faire de l'activité de coordination l'essentiel du quotidien des urbanistes. Elsa Vivant choisit le recours à la fiction s'appuyant sur la documentation de l'enquête et assumant la subjectivité des enquêtés et de l'enquêteur. Dans ces chroniques d'un urbanisme ordinaire, on croise une chercheuse en sciences sociales étudiant les enjeux de la création d'un équipement récréatif en lien avec la réalisation d'une station de métro dans un quartier en renouvellement urbain. On la suit dans des réunions, visites de terrain, observations des démolitions. On lit les matériaux d'archives qu'elle a récoltés. On rencontre les professionnels impliqués à différentes échelles, chacun représentant un enjeu et une catégorie d'acteur. On dérive vers d'autres problématiques relatives à la complexité des opérations de rénovation urbaine, des questions qui ne sont pas posées, des rapports avec les habitants. On partage le sentiment d'impuissance de certains professionnels débordés par les injonctions contradictoires. Comment en sortir ? On trouve des échappatoires, dans la mise à distance, l'expérimentation, l'expression artistique, la solidarité. Les personnages sont conçus comme des idéaux-types. Ceux-ci sont forgés à partir de l'analyse de plus de cinquante entretiens auprès de professionnels de l'urbanisme au cours desquels ils ont exprimé leur enthousiasme et leurs doutes face aux orientations politiques de leurs interventions et à la perte de sens. Le choix d'une écriture fictionnelle qui se lit comme un roman rend compte de la subjectivité des professionnels face à leur travail : impliqués dans la production de la ville en tant qu'acteurs mais, en tant qu'habitants, ils sont eux-mêmes soumis à la réalité du changement urbain, culturel et social. A travers leurs trajectoires, le récit circule entre plusieurs situations sociologiques : la rénovation urbaine, la dégradation des copropriétés, la création d'une infrastructure, la densification pavillonnaire, les politiques d'embellissement des espaces publics, l'accompagnement de la décroissance dans les bourgs ruraux... L'auteure a fait le choix d'un montage de fragments et de formes où le récit suit plusieurs intrigues parallèles. Elle reprend des documents d'archives de façon à assumer la dimension poétique de ces écrits professionnels et rendre visible leur portée politique : la publicité pour une copropriété qui s'est rapidement dégradée, le mode d'emploi d'un bâtiment public à " haute qualité environnementale et énergie positive " ou la lettre ouverte d'un maire à la suite de la tentative de suicide d'un agent sur son lieu de travail. Les jargons professionnels et hermétiques sont mis en scène dans les séquences de " Comité de Pilotage ", où un chef de projet est le récitant d'un monologue dont le sens est d'autant plus abstrait que personne ne l'écoute, chacun plongé dans son smartphone et perdu dans ses pensées. Un récit parallèle, le journal d'enquête, décrit les situations observées et les compare avec celles vécues dans le monde de la recherche, où des contraintes similaires pèsent sur le travail. Commencé en 2015, ce projet a été traversé par les attentats parisiens. Leur place dans ce récit tient aux questionnements qu'ils soulèvent pour l'urbanisme. Ce monde professionnel est représentatif des milieux sociaux les plus blessés (jeunes urbains diplômés), d'autant plus que le nord-est parisien concentre une part importante des agences d'architecture et d'urbanisme. L'épilogue de la poursuite policière des terroristes, un assaut militaire dans un immeuble dégradé d'une ville populaire de banlieue, a exposé les pratiques des marchands de sommeil et la lenteur des procédures judiciaires à leur encontre. Pour reprendre les propos de certains enquêtés, ces attentats et la radicalisation religieuse dont ils sont le signe les amènent à s'interroger sur les cadres de pensée de l'urbanisme, se demandant si, notamment dans le cadre de la rénovation urbaine, ils ne se sont pas trompés, s'ils n'ont pas laissé de côté des questions importantes, si, professionnellement, ils n'ont pas leur part de responsabilité. Aucun n'a de réponse mais beaucoup s'interrogent. Les personnages, les enquêtés, et la chercheuse traversent une même réalité, celle d'un moment du monde où dominent la stupéfaction, le doute, l'incompréhension, un sentiment d'impuissance.

10/2021