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Manga

Peuple invisible

Les histoires réunies dans ce volume complètent La promesse, achevant de rendre disponible l'intégralité des récits composés par Shohei Kusunoki. Elles ont pour la plupart été publiées dans Garo la légendaire revue d'avant-garde fondée en 1964 qui a révélé des auteurs aussi incontournables que Yoshiharu Tsuge Yoshihiro Tatsumi (édités tous deux chez Cornelius), accompagnant pendant les décennies 1960 et 1970 une jeunesse réfractaire au conservatisme de la classe dirigeante. Shohei Kusunoki a imaginé ces histoires entre 1968 et 1974 dans un Japon qui cherchait à se réinventer par une course à la modernité peu soucieuse du sort des classes populaires. Comme son ami Susumu Katsumata (Neige rouge, Cornelius), il fut marqué par l'apparition de Yoshiharu Tsuge, qu'il fréquenta à cette époque et dont l'influence se retrouve dans plusieurs des récits regroupés ici. Délaissant le registre contemporain sans renoncer à parier de son époque, Shohei Kusunoki s'attache à décrire avec justesse la vie du peuple, tout en lui insufflant une dimension épique. Au travers de genres aussi codés que le conte traditionnel ou le récit de samouraï, il décortique l'ambiguïté des rapports humains. Mettant à nu les sentiments qui unissent les êtres, les raisons pour lesquelles ils s'attirent et les malentendus qui les séparent, Shohei Kusunoki parvient, à travers un style limpide, à exprimer ce qui ne l'est pas. Un auteur immense qu'il est urgent de redécouvrir et de célébrer. Shohei Kusunoki est né le 17 janvier 1944 à Tokyo. souffre très jeune de graves problèmes cardiaques qui l'éloignent de l'école et le contraignent à rester le plus souvent inactif. C'est pendant : ces longues journées d'école buissonnière forcée que le jeune Shohei développe son intérêt pour les mangas, qu'il loue dans les librairies de prêt de son quartier. Il fonde un fanzine avec quelques ara qui aspirent comme lui à devenir mangakas. Ses auteurs favoris sont alors Tokao Saitô (Golgo 13, Glénat) ou Hiroshi Hirata (L'Ame de Kuydo, Akato). Mais son admiration se concentre plus particulièrement sur le grand Sanpei Shirato (Kamui-den, Kana), dont Shohei Kusunoki deviendra l'assistant en 1961, à dix-sept ans. Il publie ses propres histoires en tant qu'auteur à partir de 1964, notamment dans la revue Garo où il portage ne saine émulation auprès de Shin'ichi Abe (Un Gentil Garçon, Cornelius), Yoshiharu Tsuge (anthologie en sept volumes chez Cornelius) et Susumu Katsumata (Poissons en eaux troubles, Le Lézard noir), avec lequel il partagera un véritable compagnonnage. Cette carrière prometteuse est malheureusement interrompue par la maladie, qui le rattrape pendant l'été 1973.Il décédera l'année suivante à l'âge de 30 ans, avant que ne soient publiés les recueils qui lui valent le souvenir ému de ses admirateurs, dont nous espérons que cette traduction accroîtra le nombre.

06/2020

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Littérature étrangère

The Picture of Dorian Gray

Le manuscrit original du Portrait de Dorian Gray "Les livres que le monde juge immoraux sont ceux qui révèlent sa propre ignominie". Les éditions des Saints Pères présentent le manuscrit original du Portrait de Dorian Gray. Ce document montre le texte de Wilde ainsi qu'il est initialement écrit, dans sa toute première version. Le lecteur peut à la fois observer l'écrivain aiguisant sa prose et pratiquant une forme d'autocensure bien en amont de la publication, ayant sans doute l'intuition d'avoir franchi quelques lignes rouges sur le plan des bonnes moeurs. Oscar Wilde et la censure Oscar Wilde entreprend l'écriture de ce premier jet de 13 chapitres en 1889. Il est destiné à être publié dans les pages du Lippincott's Magazine, une revue américaine. Celles-ci révèlent le talent de leur auteur, mais aussi un contexte : celui d'une Angleterre prude et homophobe au 19e siècle, que Wilde a conscience de pouvoir choquer avec un tel texte. C'est pourquoi il atténue l'ambiguïté de la relation entre Basil et Dorian - par exemple, lorsque Basil évoque la beauté de son modèle, "beauty" devient "good looks" (allure), "passion" devient "feelings" (sentiments), etc. Certains passages entiers sont barrés, comme des confessions émouvantes et amoureuses de Basil. En avril 1890, Wilde finit son texte et le fait taper à la machine afin de le soumettre à Lippincott's. James Stoddart, le rédacteur en chef, l'accepte tout en redoutant son parfum homo-érotique. Il se met à lui-même censurer Le Portrait de Dorian Gray, effaçant environ 500 mots, dont des phrases entières, comme la tirade de Basil au sujet de son portrait. Le manuscrit du scandale En dépit des nombreuses strates de censure qui ont donné à Dorian Gray la forme de sa publication, le numéro de juillet 1890 de Lippincott's suscite l'hostilité des lecteurs. Les critiques décrient le texte, le décrivant comme "une fiction toxique, dont l'atmosphère étouffante et diabolique abonde d'odeurs de putréfaction morale et spirituelle" écrite à l'attention de "nobles hors-la-loi et petits télégraphistes pervertis" . Directe conséquence de ce tollé : la puissante enseigne WS Smith refuse de vendre le numéro dans ses librairies. Malgré, ou grâce à cette réception scandaleuse qui ne peut qu'attirer l'attention, Wilde commence alors à retravailler et à développer l'histoire, afin de la publier sous forme de livre. Il effectue des changements de structure, imagine d'autres personnages, ajoute 6 chapitres et une sélection d'aphorismes pour préfacer l'ensemble et atténue encore un peu plus les passages décriés. La magnifique confession de Basil à Dorian disparaît alors complètement. Une préface de Merlin Holland Merlin Holland est un spécialiste d'Oscar Wilde et le petit-fils de l'écrivain. Il est l'auteur de plusieurs livres de référence : The Wilde Album (1998), Coffee with Oscar Wilde (2007), A Portrait of Oscar Wilde (2008).

09/2018

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Revues

Revue du crieur N° 24 : Droites radicales. 50 nuances de brun

Le vingt-quatrième numéro de la Revue du Crieur plonge dans les idéologies des extrêmes droites contemporaines en proposant quatre grands portraits de penseurs et relais de ces courants divers mais tous mortifères : Murray Rothbard, le théoricien de l'anarcho-capitalisme et référence du président argentin Javier Milei, qui défend une vision radicale d'une société capitaliste sans Etat ; Mencius Molbug, le gourou de la néoréaction version 2. 0, qui appelle de ses voeux un avenir dans lequel se mêleraient transhumanisme débridé et gouvernements autoritaires sous forme d'Etat-entreprises, tout cela grâce à la colonisation de la haute mer et du cosmos ; Yoram Hazony, l'éminence grise, ou comment un néomaurrassien israélo-étatsunien chante dans le monde entier les louanges de son " conservatisme national " ; Mathieu Bock-Côté, le passeur qui exporte les paniques morales à travers l'Atlantique depuis son Québec natal et martèle un discours hostile au multiculturalisme à longueur de plateaux télé. Cinquante nuances de brun qui se rejoignent autour d'un désir de transgression. Les lecteurs et lectrices retrouveront ensuite les enquêtes culturelles du Crieur. L'une est consacrée à la vague féministe qui secoue actuellement le milieu éditorial, où l'on plonge dans les rouages de la création de maisons d'édition ou de collections et l'ouverture de librairies. On se penche ensuite sur les images : comment filmer les luttes féministes ? Pourquoi avons-nous gardé peu de traces de l'ébullition des années 1970 ? Comment faire pour que les luttes présentes ne soient pas oubliées ? Un autre article se propose de décrypter les innombrables polémiques qui s'agitent autour du sensitivity reading, c'est-à-dire le travail qui consiste à faire relire des ouvrages avant leur publication afin de veiller à ne pas véhiculer de stéréotypes (sexistes, racistes, validistes...). Nombre de commentateurs crient à la censure, à la réécriture de l'histoire et au " politiquement correct ". Mais ces polémiques passent à côté de l'essentiel : la composition très homogène du monde éditorial hexagonal, qui ne saurait voir les oppressions qu'il contribue à reproduire. On s'interroge ailleurs sur la disparition du " sexe " dans les théories et luttes féministes : avec le concept de genre, peut-être n'avons-nous plus besoin du sexe ? Cet article entend au contraire remettre le sexe sur la table du genre, et ne pas l'abandonner aux réactionnaires qui s'attellent à le renaturaliser pour mieux disqualifier celles et ceux qui entendent vivre selon le genre qui leur convient. Un autre papier se penche sur les passages de frontières raciales, c'est-à-dire sur l'expérience qui consiste à passer d'une catégorisation raciale à une autre, volontairement ou non. Mais est-il véritablement possible de " changer de race " ? Et que cela implique-t-il quant à notre compréhension de ce qu'est la race ? Le numéro propose enfin un grand portfolio sur les prisons, traversé par une interrogation centrale : comment photographier à l'intérieur d'un système de surveillance ? Comment cadrer sans enfermer ?

04/2024

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Policiers

Terminus Belz

Il s'appelle Marko Voronine. Il est en danger. La mafia le poursuit. Il croit trouver refuge sur Belz, une petite île bretonne au large de Lorient coupée de tout sauf du vent. Mais quand le jeune Ukrainien débarque du ferry, l'accueil est plutôt rude. Le métier du grand large en a pris un coup, l'embauche est rare sur les chalutiers et les marins rechignent à céder la place à un étranger. Et puis de curieuses histoires agitent en secret ce port de carte postale que les locaux appellent « l'île des fous ». Les hommes d'ici redoutent par-dessus tout les signes de l'Ankou, l'ange de la mort, et pour Marko, les vieilles légendes peuvent se montrer aussi redoutablesque les flingues de quelques tueurs roumains. Tricotant avec brio un huis clos inquiétant et une course-poursuite haletante, Emmanuel Grand mène son thriller d'est en ouest à un train d'enfer. Paroles de libraires« Quand un clandestin ukrainien tentant d'échapper à la mafia roumaine débarque sur une petite île bretonne coupée du monde, le vent peut bien continuer de rugir et le marin craindre l'Ankou, le lecteur, lui, retient son souffle ! » Coiffard, Nantes« Très iodé et furieusement rythmé. » Le Jardin des lettres, Craponne« Le maître du polar breton est né. » Mots en marge, La Garenne-Colombes« Un roman policier-fantastique et aussi très humain. » Le Passage, Alençon« Un roman noir fascinant où mafia roumaine et légendes bretonnes se télescopent avec brio. Formidablement mené et original, à ne pas manquer ! » Les mots et les choses, Boulogne-Billancourt« Un roman palpitant à l'intrigue rythmée par les vents marins. » Le Failler, Rennes« Fouetté par les vents bretons, confronté à des marins bourrus, on ne peut pas lâcher ce polar à l'intrigue mâtinée de légendes. Embarquez pour Belz ! » Vivement dimanche, Lyon« Des plus sombres légendes bretonnes au meilleur du thriller contemporain, Terminus Belz est le trait d'union improbable mais pourtant réussi entre Anatole Le Braz et DOA ! » L'Odyssée, Saint-Malo« Un polar parfaitement maîtrisé, mélange vif et détonant de mafia et de légendes bretonnes, d'histoire d'amour et de pêcheurs dans la tourmente : un régal. » Le Divan, Paris« Une efficacité redoutable pour installer une ambiance noire, trouble, contemporaine. » Espace culturel Leclerc, Bretagne« Emmanuel Grand a très bien su mélanger l'action, l'imaginaire, le suspense et la beauté des îles bretonnes. » Gibert Jeune, Paris« Quand les légendes s'invitent au bal des tueurs, c'est toute l'île qui danse une gigue mortelle. Un roman qui vous harponne ! » Saint-Christophe, Lesneven« Un premier roman absolument remarquable à ne surtout pas manquer. » Cultura, Plaisir« Les personnages sont très bien brossés (notamment le libraire alcoolique !) et l'intrigue est très prenante. » Le Forum du livre, Rennes« Un polar aussi vivifiant qu'une tempête bretonne ! » La Manouvre, Paris

01/2014

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Roman d'amour, roman sentiment

T'embrasser sous la neige

" Cherche volontaire pour concours de baisers " Pour cette fin d'année, Juliette avait prévu beaucoup de choses. Des vacances romantiques à la Barbade, un immense sapin à décorer avec Simon, son amoureux, et peut-être même une demande en mariage. Elle n'avait pas prévu en revanche de soudain redevenir célibataire, d'annuler ses congés pour organiser un gala de charité avec le célèbre rocker Evan MacNeil et d'être inscrite par ses amis à un concours de baisers. Alors, quand le musicien lui propose d'être son partenaire, elle se laisse convaincre. Car, même s'il est l'un des célibataires les plus convoités, même s'il se débat encore avec le deuil de son frère et sa nièce de moins d'un an qui n'a plus que lui, Evan parvient à la mettre en confiance. A tel point qu'elle en viendrait presque à abaisser le mur de glace qu'elle a érigé autour de son coeur... "Ce savoureux mélange de romantisme, de réalisme, de suspense et d'érotisme a tout pour vous faire passer un doux et joyeux moment en cette fin d'année. Et mettre un peu de légèreté, de tubes de Noël et de boissons chaudes (a consommer avec modération si elles sont alcoolisées) dans un quotidien morose ! " Le Journal Des Femmes " Et la magie opère. Impossible de ne pas tomber sous le charme de ces deux personnages attachants et complexes qui vont apprendre au contact l'un de l'autre à ouvrir leur coeur et à donner une chance à la vie... Et à l'amour. " AuFeminin "Une lecture de Noël à déguster comme une friandise bien sucrée. " CNews "Le roman est une jolie parenthèse qui nous transporte dans un monde un peu plus doux loin du chaos actuel. (...) C'est comme être enveloppés dans un plaid un soir d'hiver au coin d'une cheminée : réconfortant". Serieously "Les fans de New Romance vont fondre pour T'embrasser sous la neige. Toujours aussi prenant, Emily Blaine prouve - une fois de plus - que la reine du genre, c'est elle ! " Melty "l'histoire est parfaite pour se pelotonner sous un plaid " Le Courier Picard "Un roman qui sent bon Noël, avec des héros attachants, Evan le musicien loin des clichés habituels, sans oublier Juliette bien évidemment. Vous y trouverez donc tous les ingrédients d'un roman à lire sous la couette avec une cup of tea. Amour, amitié, humour et Noël... " Cpourlesfemmes "C'est beau, c'est doux avec de l'émotion aussi. Un bon roman qui fait du bien" Coup de coeur libraire A propos de l'autrice Traduite dans six pays dont le Royaume-Uni, l'Allemagne ou encore l'Espagne, Emily Blaine s'est imposée comme l'ambassadrice de la romance moderne à la française avec plus de 600 000 exemplaires vendus. Emouvantes, drôles et ancrées dans la vraie vie, ses romances abordent avec justesse et finesse les grandes thématiques d'aujourd'hui.

10/2021

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Histoire littéraire

l'azur

Si notre modernité est un temps de crise perpétuelle qui renvoie sans cesse chacun et chacune à une solitude désespérée, un journal devrait être, suggère Michel Butel, une conversation au jour le jour, même imparfaite, quelque chose comme l'ébauche d'une communauté malgré tout ? : En ce temps de crise à quoi sert un journal ?? Un journal, c'est une conversation. Une conversation banale : des hésitations, des reprises, des silences, des scories, des envolées, des rechutes, des images, des merveilles, des horreurs, des phrases, des noms, des erreurs, des principes, des idées, des interruptions. l'azur, mince journal de quatre pages qui parut entre juin 1994 et juillet 1995, dont il était l'unique rédacteur, sans argent, sans bureaux, sans salariés, en fut l'illustration. Si l'azur a pour particularité étrange d'être le fait d'une seule plume, qui frappe autant par le désenchantement dont elle est imprégnée que par sa persévérance à trouver des issues, il s'inscrit cependant dans une constellation de journaux décalés, inlassablement imaginés par Michel Butel ? : L'Autre journal qui a vu le jour de 1984 à 1992, entreprise marginale dans l'univers de la presse qui eut cependant un écho considérable, à laquelle ont collaboré notamment Claire Parnet, Marguerite Duras, Hervé Guibert, Gilles Deleuze, Jean-François Lyotard ou Michel Foucault ? ; mais aussi Encore, hebdomadaire éphémère créé en 1992, ou L'impossible, qui a vu brièvement le jour de 2012 à 2013. Cette réédition en fac-similé cherche à rendre justice à la forme modeste et inclassable qui était celle de l'azur ? : une simple feuille pliée en deux, quatre pages, une photographie en noir et blanc en couverture, et sur chaque page, pêle-mêle, des bribes de nouvelles du monde, des réflexions autocritiques, des fragments autobiographiques, des recensions de romans ou de films, des nouvelles, des poèmes, des contes. Dans les interstices de ses colonnes, on trouve encore des aphorismes qui traversent les pages comme des météores énigmatiques, chose à quoi n'est pas nécessairement habitué le lectorat de la presse ordinaire. Des météores romantiques ? : Seuls ceux qui croient encore à la beauté du monde peuvent changer le monde. ; La joie n'est pas de ce monde. Elle est là - une exilée. Ou des indices disséminés qui éclairent le choix du nom du journal ? : Tout se dissout dans l'azur. Et renaît dans l'azur. ? ; S'il n'y a pas de petit truc bleu, il n'y a rien, c'est construit, c'est mécanique, c'est organisé. l'azur est traversé par une tension fascinante et irrésolue, entre la solitude, voire l'isolement d'un rédacteur sans bureaux et sans associés, et la quête qui est la sienne d'une communauté à venir. Dans sa forme même, l'azur engage à penser ensemble solitude et communauté, dans un déchirement qui est peut-être leur condition réciproque d'existence. Le 8 décembre 1994, à l'occasion de considérations utopiques que lui inspirent la mort de Guy Debord, Michel Butel écrit ? : Ce que nous cherchons à faire accéder au réel, c'est (...) cette communauté et cette séparation qui la nie et qui la fonde. Cette solitude où la communauté prend sa source. Nous voulons manifester cela, qui est au fond de chacun de nous, solitude irrémédiable et irrépressible appartenance à la communauté. Tel semble avoir été le programme de l'azur, médium d'une parole profondément singulière, mais aussi incitation à d'innombrables prises de paroles ? : Je fais un journal pour qu'il y en ait mille. Pour susciter mille propositions, actions minoritaires, insensées, qui ramèneront la mienne à ses justes proportions, trois fois rien, mais dépêchez-vous, je suis seul, et ce n'est pas tenable, ça déforme, ça déglingue, ça fausse tout d'être seul. Manière de vouloir que sa parole soit emportée dans un tourbillon de paroles autres ? ; pour l'écrivain qu'il fut, tout devait tendre vers quelque chose d'autre.

10/2022

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Train, tram, métro

La saga des nez cassés. Tome 1, Les séries BB

Livrée entre le milieu des années 60 et la fin des années 90, la famille des nez cassés regroupe plus d'un millier d'engins moteurs. Ayant circulé dans l'hexagone mais aussi à l'étranger, nous avons décidé de voyager à travers leurs différentes histoires et aventures, en reprenant l'intégralité de tous les exemplaires ayant été produits. Initiées par le designer Paul Arzens, ces locomotives auront marqué de leurs empreintes le chemin de fer français au siècle dernier, restant encore très présentes de nos jours en France et au-delà, en subsistant au fil des rénovations et transformations afin de s'adapter aux nouveaux besoins du chemin de fer. Dotées d'une silhouette particulière qui les caractérisent au premier coup d'oeil avec leurs pares-brises inversés, initialement disposé afin de ne pas éblouir les agents de conduite, elles furent symboles de vitesse renforcées par la forme en "Z" de leurs nez... cassés. Ayant connu pour la plupart des carrières plus qu'abouties, faisant ainsi la fierté de l'industrie française, ces locomotives sont à présent pour la grande majorité proche de leur crépuscule. Cet ouvrage résonne donc comme un hommage pour ces belles bécanes aux formes atypiques et uniques, que nous revisiterons à travers deux tomes. Ce premier tome, retraçe les aventures des séries type BB des nez cassés, et le deuxième fera la déclination des séries types BBB et CC. Nous détaillerons chaque série en retraçant leurs carrières, et nous voyagerons à travers le temps grâce à de nombreuses photos et diverses archives en majorité inédites ! Chaque série verra toutes ses unités détaillées à travers un tableau reprenant leurs différentes livrées, leurs dépôts d'affectation, et pour certaines leurs différents propriétaires ou leurs particularités. Une carte géographique mettra en évidence les différentes lignes que chaque série a parcourue durant sa carrière. Ce livre débutera avec les prototypes BB 7003, 10003, 10004, 20011 et 20012, qui auront servi la technologie ferroviaire en permettant la mise au point de nouvelles séries d'engins, comme les BB 26000 ou les rames à grande vitesse. Puis c'est fort de 240 exemplaires, que les BB 7200 s'afficheront déroulant leurs carrières florissantes sur les réseaux Atlantique et Sud Est, à la traction de trains prestigieux, donnant par la suite naissance à une dizaine de BB 7600 qui termineront leur carrière en Ile de France. On découvrira également l'épopée des reines de l'Est, les BB 15000, championnes de la fiabilité, au début des années 70, et des séries BB des nez cassés, par les 205 exemplaires de BB 22200. Nous découvrirons ensuite les séries 1600 et 1700 qui auront non seulement connu une carrière aboutie au sein des Nederlandse Spoorwagen, mais qui en voient actuellement de toutes les couleurs en séduisant différents opérateurs privés. Nous quitterons la Hollande, pour découvrir les quelques E1300/1350 de l'ONCF qui arpentent encore les panoramas désertiques du Maroc, les EC 362 FR brésiliennes, qui dévoileront leurs carrières éphémères et mystérieuses, les séries 2600/2620 portugaises qui vivent aujourd'hui une seconde vie après près de 10 ans de garage !

12/2023

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Cuisine

La pâtisserie en famille

Les 50 recettes de Christophe Michalak pour partager et vous amuser en famille ! Le jour où j'ai surpris Victor, mon fils de 5 ans, la main dans le pot de pâte à tartiner... j'ai bien compris le message : gourmand comme son papa, lui aussi voulait mettre la main à la pâte ! Alors, pour lui transmettre ma passion, partager un moment convivial et ludique, quoi de mieux que de pâtisser, ensemble ? Plaisir d'être en famille, de découvrir des recettes, pas-à-pas. Fierté de faire goûter à sa maman tartelettes et cookies, sablés et douceurs chocolatés confectionnés tous les deux. Et comme le partage est un mot qui voit grand, j'ai voulu que d'autres parents puissent connaître cette même joie, avec leurs enfants ! C'est de cette envie de partage, en toute simplicité, que ce livre est né. Maintenant, c'est à vous de vous emparer de ces recettes... et de ces moments de bonheur avec vos petits. Pour rire et se créer des souvenirs communs. Parce que c'est aussi ça, la magie de la cuisine. A votre tour de pâtisser & de vous amuser en famille ! A propos de l'auteur Christophe Michalak est l'un des chefs pâtissiers français les plus réputés de sa profession, il est reconnu pour ses créations avant-gardistes et élégantes qui ont offert un nouveau souffle à la pâtisserie française. Après 15 ans en tant que chef pâtissier du Plaza Athénée, Christophe Michalak devient tour à tour champion du monde de la pâtisserie en 2005, auteur et présentateur de l'émission Dans la peau d'un chef sur France2, puis chef d'entreprise avec trois boutiques parisiennes depuis 2013. Désormais papa d'un petit Victor, " transmission " est le maître mot aussi bien dans ses Masterclass que dans sa cuisine familiale. "Faire de la pâtisserie en famille, c'est simple comme bonjour ! Avec Christophe Michalak, cela donne encore plus envie de mettre la main à la pâte. Ces 50 recettes classées par thème (sablés, tartes, glaces...) sont un concentré de plaisir". ELLE "Quoi de mieux que de pâtisser en famille et de faire découvrir le goût des bonnes choses à ses enfants ? Pour que d'autres parents puissent connaître cette même joie avec leurs enfants, le chef propose des recettes à réaliser avec ses petits. Et la magie de la cuisine opère ! " GOURMAND "Le plus rock des pâtissiers est aussi un papa poule, et cela tombe bien, car son univers ludique, fun et régressif parle parfaitement aux petits gourmands". FOU DE PATISSERIE "Plus qu'un livre de recettes : une invitation à partager des moments conviviaux en famille" TETE A MODELER "Et si vous passiez du temps en cuisine, mais avec vos enfants ? Découvrez 50 recettes de desserts plus gourmands les uns que les autres, adaptées aux enfants de 6 à 12 ans, et créez des souvenirs et des moments de partage à n'en plus finir". MAXI "Ce livre de 50 recettes est adressé aux apprentis chefs pâtissiers (...). Sa mise en page, parcourue d'illustrations, de photographies et d'adresses directes à l'enfant, permet d'inclure entière ment les plus jeunes dans le processus de création pâtissière". BIBLIOTECA MAGAZINE "Une pratique guidée et accessible de la pâtisserie avec un ton pédagogique, des illustrations et des photos explicites". IDEAL PATISSERIE "Christophe Michalak propose de vous réunir en famille afin de préparer des recettes pleines d'amour et de gourmandise ! " FRANCE DIMANCHE "Pour mieux savourer le temps qui passe en famille" ICI PARIS

10/2019

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Essais

La psychanalyse : l'indifférence en matière de politique ?

Après "La méthode clinique", publié en 2019 et qui a déjà donné lieu à plusieurs rééditions, La Petite Librairie fait le choix de proposer un recueil de textes inédits de Michel Lapeyre, prononcés ici ou là en France lors de "vraies" rencontres, ce qui n'est pas si courant, avec un homme témoignant de son rapport à la psychanalyse et de la subjectivité de notre époque à travers une ouverture éthique permettant de penser le monde : ceux qui l'ont rencontré se souviennent de son style. Michel LAPEYRE est un passeur. Psychanalyse, politique et création étaient ses domaines privilégiés : il pouvait à l'occasion envisager une psychanalyse comme une écriture et les écrivains comme des précurseurs. Sous ce titre provocateur, il nous montre encore et toujours qu'on peut avoir un rapport à la psychanalyse suffisamment libre pour pouvoir penser avec elle et au-delà d'elle la "substance humaine" tout en nous invitant à ne pas nous couper du monde. Le psychanalyste avec Michel LAPEYRE est tout sauf indifférent, notamment en matière de politique, lorsqu'il le définit comme celui qui aurait à organiser la perte du pouvoir, de tout pouvoir sur l'autre ! Sont abordés dans ce recueil les thèmes très actuels de la honte de vivre, de la question du mal, de la fraternité, de la logique collective et du féminin, en passant par Mauss, Marx, Freud et Lacan. Dans la première conférence, qui donne le La de ce recueil, il nous montre un Freud politique lorsqu'il indique qu'il n'y a pas de reconnaissance de l'inconscient qui ne vienne se heurter à ce qui ne cesse de la remettre en cause soit l'irréductibilité de la pulsion de mort. Une psychanalyse doit permettre au sujet de prendre position dans ce conflit ! Dans la dernière intervention, il prend à bras le corps la question du mal, non seulement pour mettre à jour ce qui, du mal, est toujours dénié, mais pour en remonter le fil. Si la science permet l'extension du mal, et que la religion traite le mal essentiellement par la culpabilité, la psychanalyse doit permettre au sujet de savoir de quoi son mal est fait, ce qui, de lui, il veut tuer dans l'autre ; ce qui est notre lot à tous : sur cet universel Michel LAPEYRE en appelle à Antonin ARTAUD et Bertolt BRECHT comme éclaireurs. Entre ces deux textes phares nous trouvons entre-autres un formidable coup de gueule anticapitaliste dans lequel il revendique avec Lacan le respect dû à tout homme, dans sa singularité, un questionnement qui fut le sien sur le lien social et la fraternité, et un texte fondamental sur la honte de vivre qu'il replace à coté de l'angoisse, cet affect qui ne trompe pas. Michel LAPEYRE envisage l'avenir de la psychanalyse avec lucidité : elle disparaitra peut-être mais rien ne doit nous faire renoncer à nous appliquer à rejoindre la subjectivité de notre époque, en participant aux solutions et conclusions que la psychanalyse est amenée à (se) forger, quitte à payer de notre personne en faisant valoir sans relâche, à son instar, le discours de l'analyste comme celui de la singularité. "Il s'agit de faire valoir ce que la psychanalyse apporte mais par quoi elle est aussi traversée, voire dépassée, de part en part : le lien humain ou interhumain (où subjectif et social sont et demeurent indissociables) n'est fait et refait que de désir et de symptôme" (p. 132). D'où son voeu sur une association possible "entre frères humains", par le symptôme de chacun, "un entre autres"...

11/2021

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Histoire militaire

De la guerre N° 1, été 2021 : Hitler a-t-il eu une chance de l'emporter ?

De la guerre : le premier Mook d'histoire militaire Le meilleur de Perrin et de Guerres & Histoire en librairie et en kiosque Du magazine, le Mook hérite de la variété des sujets et de leur traitement. De la guerre propose ainsi de voyager à travers les conflits de l'Antiquité à nos jours, de s'intéresser à la théorie, aux bataille, aux uniformes, aux armes, aux grands chefs, aux combattants, à l'action psychologique. De la guerre fait flèche de tout bois : interviews croisés, interviews posthumes, archives sonores, infographie, cartographie, photographie, illustrations d'époque. Du livre, le mook reçoit la clarté de la mise en page, le temps de la lecture longue, la qualité de l'écriture, la profondeur de la réflexion, la fréquentation des meilleurs historiens. De la guerre ne se jette pas après lecture : c'est un vrai livre qui se conserve, auquel s'ajouteront, deux fois par an, d'autres encore, qui feront collection. En 168 pages, De la guerre offre une belle palette historique. Hitler a-t-il eu une chance de gagner ? Telle est la question du dossier central autour de laquelle s'empoignent Jean Lopez, Benoist Bihan, Nicolas Aubin et deux grands historiens britanniques, Richard Overy et Andrew Roberts. Si ce dossier est copieux (30 pages), il ne relègue pas dans l'ombre les autres articles. Une archive sonore du capitaine Paul-Alain léger -un véritable personnage de roman-, donne à comprendre les ressorts profonds de la plus incroyable opération d'intoxication jamais menée : la " bleuite " durant la guerre d'Algérie. Le plus talentuteux des infographistes français, Nicolas Guillerat, offre une comparaison graphique inédite entre les trois grandes batailles de la Guerre de Cent ans : Crécy, Poitiers, Azincourt, et tout devient lumineux. Chine et Inde s'affrontent dans l'Himalaya en 1962, et un des plus grands photo-reporters de guerre, Larry Burrows, capte les images d'une guerre en atmosphère raréfiée : c'est l'objet d'un magnifique portfolio. Le maréchal Grouchy, interviewé par un journaliste du Monde, s'explique en personne sur les raisons de son fiasco à Waterloo : " Soudain, joyeux, il dit : "Grouchy ! " - C'était Blücher". On attribue l'expression "brouillard de la guerre" à Clausewitz, mais en réalité elle est issue d'une fausse interprétation qui cache une grave méprise dont les Etats-Unis ont payé le prix, et nous avec : c'est l'objet de cette rubrique "concept" rédigée par Benoist Bihan. Comment et pourquoi entre le XVe et le XVIIe siècle, le soldat reçoit un uniforme précis, chargé de symboles et de fonctions particulière : c'est cette révolution de l'apparence que décrypte Dominique Prévot, conservateur au Musée de l'armée. " Si Dieu nous fait la grâce de perdre encore une pareille bataille, Votre Majesté peut compter que ses ennemis sont détruits ". Ainsi s'exprimait le maréchal de Villars devant le Roi Soleil, au soir de la bataille de Malplaquet. D'une plume alerte, Clément Oury raconte comment une énième défaite concédée devant Marlborough sauve en réalité le royaume. Le professeur François Cadiou nous régale des portraits croisés d'Hannibal et de Scipion et, au travers de la vie de ces deux maîtres de guerre, démonte les deux moteurs de la lutte à mort entre Rome et Carthage. Dans une uchronie tirée au cordeau, Emmanuel Hecht se demande si le destin de la France n'aurait pas été complètement chamboulé par la victoire de la Fronde. Enfin, Thierry Lentz et Jean Lopez s'effordent, dans une interview croisée, de montrer en quoi la campagne de Russie de Napoléon et celle d'Hitler se ressemblent, et en quoi elles différent. De la guerre s'achève par une série d'interviews d'auteurs qui présentent leurs travaux à paraître dans le second semestre de 2021 : histoire militaire, roman et polar historique, BD d'Histoire...

06/2021

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Religion

L´islam conquérant. Textes-Histoire-Stratégies

Cela fait plus d'une décennie que des voix s'élèvent pour nous redire que les violences commises au nom de l'islam n'ont rien à voir avec l'islam. Entre les motivations, souvent complexes, des individus qui embrassent une forme révolutionnaire de l'islam et les enseignements opposés que les religieux tirent du Coran, il est souvent difficile de parvenir à des conclusions claires à propos de la question de la violence en islam. Si, face à cette situation, certains se résignent au flou qu'alimentent les interventions médiatiques de tels religieux ou spécialistes de l'islam, d'autres préfèrent s'engager dans l'étude de ses textes fondateurs pour apprendre d'eux et de leurs commentateurs classiques, ce que l'islam enseigne. C'est le pari que Shafique Keshavjee, auteur de 'L'islam conquérant' a choisi de relever. Trois ans d'études intensives, de consultations et de réflexions l'ont conduit à la rédaction de ce livre solidement documenté et soucieux de donner de son sujet une vision aussi objective que possible. En primeur et disponibles sur ce site, les articles " Visages de l'islam contemporain " https : //iqri.org/diversite-des-islams-contemporains/ et " Unité et diversité de l'islam " https : //iqri.org/unite-et-diversite-de-lislam/ donnent des extraits de son livre. " L'islam semble être aujourd'hui LE problème numéro un de la planète. On ne pouvait trouver meilleur profil pour parler en connaissance de cause de l'islam aujourd'hui. Puisse cet ouvrage susciter chez le lecteur un réveil, un sursaut et une prise de conscience, qui aident notre civilisation à échapper à un naufrage imminent. " Extraits de la préface d'Henri Boulad, prêtre jésuite égyptien Recommandations du livre de Shafique Keshavjee - L'islam conquérant " J'ai lu ce livre avec le plus grand intérêt, étant quotidiennement confronté à la question musulmane. Il est riche, clair, précis, respectueux. Je remercie son auteur d'avoir fourni cet immense travail, dans lequel j'ai particulièrement apprécié de lire des citations de texte de référence ." Bernard-Zoltán Schümmer, pasteur dans l'Eglise Protestante Unie de Belgique " Faites de toutes les nations mes disciples " a enseigné le Christ. Et depuis deux mille ans, les Chrétiens ont tenté de diverses manières, parfois par la force, de convertir le monde entier. On ne saurait donc reprocher aux Musulmans de chercher à conquérir le monde : il est finalement assez légitime que tout croyant, convaincu d'avoir trouvé la Vérité, cherche à en faire profiter les autres. Mais par quels moyens ? Voilà toute la question. Shafique Keshavjee ose rappeler au lecteur que toutes les religions ne sont pas équivalentes. Jacques-André Haury, médecin et politicien vaudois " Dans la marée des livres qui déferlent sur les plages de nos librairies, on en trouve peu qui cherchent à nous rendre meilleurs. " L'islam conquérant " est un de ceux-là. D'abord, il nous avertit d'une réalité souvent ignorée : tous les musulmans n'ont ni le même rapport aux textes fondateurs de l'islam ni la même manière de le pratiquer. Ensuite, ce livre fait du bien à l'intelligence. Il montre que derrière l'imposant système de l'islam, il y a un ensemble complexe d'articulations qui ont pour but de servir son ambition hégémonique. Enfin, il convoque la conscience de chacun, chrétiens y-compris. Comment vivons-nous notre foi ? Servons-nous un système dominateur ou marchons-nous avec le Libérateur ? "

01/2019

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Théâtre - Pièces

La statue de temps

La délicatesse. C'est le mot qui me vient à l'esprit à la lecture des poèmes de Gaëtane de Lansalut. Délicatesse et simplicité. Un univers enveloppant bien que minimaliste. La beauté de l'instant saisi dans sa fugacité. L'harmonie des contraires, puisque la statue évoque l'objet lourdement ancré, tandis que le temps, fugace, est par essence volatile. Les mots de Gaëtane ouvrent nos yeux sur ce monde qui nous entoure, et que nous avons perdu l'habitude de contempler. Pas besoin de chichi : une miette de pain, des flocons de neige, le café du matin, la rosée, le soleil levant, le ciel bleu, un caillou, suffisent à éveiller l'intensité de nos sens. La statue de temps est à l'image de l'autrice : sensible et émouvante, drôle et profonde, idéaliste et réaliste tout à la fois. A travers les lignes se devine la quête de l'Absolu dans les moindres détails du quotidien. Mis en scène au théâtre de Nesle, les poèmes de Gaëtane, subtilement interprétés par la comédienne Bérengère Warluzel et accompagnés à la flûte par Julie Huguet, faisaient l'effet d'un temps comme suspendu. Dans son atmosphère clair obscur, dans son dépouillement, la scène ressemblait à une peinture de Georges de La Tour. Intimistes et vibrants, les tableaux de Gaëtane de Lansalut interrogent la vie en même temps qu'ils la célèbrent, avec amour. Virginie Larousse Rédactrice en chef du Monde des religions. Ce sont des poèmes de jeunesse bien souvent, écrits d'une traite sous une impérieuse inspiration qui me faisait prendre le stylo ou la plume (de l'ordinateur) sans attendre. Un trépignement à écrire. De jour, de nuit. Je me suis toujours demandé dans quel état il fallait être pour écrire. Pour être inspiré(e). Que devenait notre conscience ? Dans quel univers fallait-il être pour succomber aux délices des mots bien souvent au bord de l'intime si ce n'est aux marges de l'indicible. Il est apparu que le temps avait une valeur pondérale dans certains de mes textes. Faisant accroitre leur maturation. Puis un déclic. Des textes nés comme ça. Au fil de l'eau. Au fil du temps. Au gré des rencontres. Ce fut celle avec la flûtiste Julie Huguet au Japon, qui a cru en mes textes et les a proposés à la comédienne Bérengère Warluzel pour en faire un spectacle d'une heure au théâtre de Nesle, les jeudis des mois de février et mars 2019. Avec le soutien du metteur en scène Jean-Daniel Laval. Et un projet est né. Une statue de temps qui veut se promener dans les théâtres, les bibliothèques ou les librairies ou chez les gens, dans leur salon, au gré des rencontres là aussi. Poèmes en prose et morceaux de musique s'intercalent judicieusement pour narrer la vie, sous une forme plutôt introspective, sensible et imagée. Chacun pourra y retrouver le thème du temps qui passe, de la vie allègre qui se déroule inexorablement comme pourrait-on dire un voyage. Ce spectacle s'adresse à toutes et tous. Les poèmes nus peuvent aussi être agencés et mis en scène d'une autre manière, avec une autre musique. Ainsi y a-t-il eu une alliance complice de la musique de Johann Sebastian Bach à la flûte et du texte qui a pu émouvoir. Un spectacle à hauteur d'enfant, contemporain et classique à la fois, qui a eu l'ambition folle de nous faire nous réjouir. Car tout, au fond, est à faire avec amour. Gaëtane de Lansalut

04/2021

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Non classé

Le Trombinoscope Audasud. Volume 1, 20 Trombinoscopies

VOICI ESQUISSES EN UN PREMIER VOLUME vingt portraits jubilatoires de personnalités disparues. La plupart sont issues de la culture : poètes, musiciens, artistes, cinéastes, comédiens, architectes... D'autres viennent de la sphère politique, scientifique ou sportive. Elles ont en partage d'être nées à Sète ou adoptées par les Sétoises et les Sétois. Certaines ont connu une influence ou une gloire éphémère, d'autres jouissent d'une éternelle popularité. Elles reposent pour la plupart à Sète, au cimetière Marin ou au cimetière Le Py. Leurs lieux de résidence posthume sont précisés en fin d'ouvrage. Ce premier aréopage répond, page après page, à une volonté éditoriale : opérer une trombinoscopie au plus profond du sujet en entremêlant avec le moins de verbosité possible le bien-sondé et la parodie. Il s'agissait de ne pas éloigner, par de vaines circonlocutions, nos lecteurs d'une vérité reposant sur des faits vérifiables auprès de gardiennes d'immeuble dignes de cette noble tâche, et de ne pas être accusés d'entrevoir ces honorables figures par le petit bout de la nécrolorgnette. De Simone Annibal, chanteuse de music-hall, à Agnès Varda, photographe, cinéaste, féministe et plasticienne, aucune de ces trombines ne peut s'appréhender sans l'ébauche d'un décor qui lui est propre. L'époque, dans laquelle elle évolua et fit valoir ses talents, doit nous être présente à l'esprit afin d'annihiler toute désir de lui crêper le chignon. Ainsi, l'Homo sapiens de la grotte Chauvet, plus communément appelé homme moderne par les primatologues pour une qualité qui le distinguait : pour faire découvrir ses oeuvres à sa concubine, il l'empoignait par les cheveux et la tirait jusqu'aux cimaises fraîchement décorées. Il faut imaginer que cette charmante image d'Epinal ancrée dans notre imaginaire - c'est après tout son rôle - nous vient d'une époque relativement récente, où le phallocrate le disputait au misogyne. Cette discorde a depuis cessé, dès lors que notre homme moderne s'est vu mettre de l'eau dans son patchouli. "La culture locale ne favorisait pas la gent féminine" , m'écrivait un ancien maire à la manière d'un euphémisme, lorsque je lui demandai s'il avait en mémoire une Sétoise anonyme qui mériterait de figurer au Trombinoscope. Par parenthèse, trois siècles et demi après sa naissance, nous attendons que Sète élise une maire, qu'elle se nomme Elise ou Lucette, peu importe. Notre ville a élu, depuis 1685, 110 fils d'Adam, une liste qui fait écho au palmarès du tournoi de la Saint-Louis, depuis son origine en 1846. Nulle épouse, concubine, maîtresse, frangine, mère, belle-mère, grand-mère ou veuve ne semble à ce jour souffrir d'assez de vices et de verrues sur sa profession de foi pour conduire une municipalité singulièrement mâle-faisante. Leurs pieds plantés sur la tintaine publique, leurs bras empoignant la lance de l'ambition et le pavois des quolibets sont pourtant aussi fermes que ceux qui firent la réputation du jouteur Louis Vaillé. Fermons la parenthèse. C'est malgré tout sans avoir graissé la patte du fossoyeur de l'Histoire que nous sommes parvenu à déterrer une poignée de filles d'Eve dignes d'éloges. Que nos lectrices et nos lecteurs, dans un but légitime de parité, n'hésitent pas à nous faire parvenir leurs propres choix, en ayant à l'esprit qu'une épouse et mère modèle ou un cordon bleu ne saurait être suffisant pour la voir figurer dans un prochain volume du Trombinoscope. Enfin, n'ayant jamais caressé le fol espoir d'une précision historique irréfutable, nous tenions à avertir les récipiendaires qu'en intégrant le Trombinoscope, ils déchargent de toute responsabilité l'auteur de leurs lignes. Il se fait certes un peu tard pour attendre de leur part, en remerciement, une caisse de champagne ou une volée de bois vert. Prenons note que l'une comme l'autre nous aurait assurément soûlés de délice. L'éditeur La plateforme à l'arrière de la barque sur laquelle le jouteur se maintient en équilibre. Les noms propres sont rigoureusement authentiques, au risque de voir d'honorables familles peu flattées de découvrir leur patronymie vautrée au sein de tant de turpitudes.

06/2022

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Pays de Loire

Un grand week-end Châteaux de la Loire

En 2021, la collection Un Grand Week-end lance une nouvelle série de guides sur les plus belles villes et régions françaises. Vous y retrouverez toutes les infos pour construire un week-end idéal : la visite des sites incontournables, les plus belles balades à pied ou à vélo, les bonnes adresses et un large choix d'activités nature pour déconnecter ! Le tout dans un nouvelle présentation moderne, aérée, colorée pour vous donner envie de partir immédiatement ! Dans ce tout nouveau titre, nous vous proposons de découvrir le Val de Loire dans le cadre de 6 grands week-ends où se mêlent patrimoine, étapes gourmandes, shopping, randonnées et activités de plein air à faire entre amis ou en famille. Un week-end à Blois, Chambord et Cheverny. Trois châteaux vedettes de la région. Blois, Chambord et son immense domaine forestier vous mèneront sur les traces de François Ier, tandis qu'à Cheverny, vous replongerez en enfance avec Tintin et le capitaine Haddock, lui-même descendant d'un autre François... Un week-end à Amboise et Chaumont-sur-Loire. Quelques centaines de mètres séparent le château d'Amboise et le château du Clos-Lucé, la demeure de Léonard de Vinci. Cette proximité illustre l'amitié qui liait François Ier et le maître italien, dont on découvre quelques-unes des "inventions" dans un splendide parc ponctué de ruisseaux et de cascades. - Un week-end à Chenonceau et sur les bords du Cher. Sans doute, la grâce et l'élégance de Chenonceau sont la marque des femmes qui se sont succédé dans cette célébrissime demeure jetée sur le Cher. Après la visite du "château des Dames", suivez l'affluent de la Loire et réjouissez vos enfants en découvrant des champignonnières, le site troglodytique de Bourré et le fameux zoo de Beauval. Un week-end à Tours et Villandry. Pas de château grandiose à Tours, mais une cathédrale finement ciselée et un vieux quartier au charme délicieusement provincial. A Villandry, autre fleuron du Val de Loire, vous serez subjugués par des jardins à la française exceptionnels. Et vous pourrez toujours agrémenter votre week-end d'une balade en montgolfière, un grand classique de la région. Un week-end à Azay-le-Rideau et sur les bords de l'Indre. Azay-le-Rideau : encore un autre château, mais celui-ci, posé sur son miroir d'eau, possède un charme inégalable. Changement d'ambiance avec les fermes troglodytiques des Goupillières et les visites de vignobles, ou bien encore avec les incroyables trésors mécaniques du musée Maurice-Dufresne. Diversité et plaisir assurés pour grands et petits ! Un week-end à Chinon et Fontevraud. Chinon, sa forteresse, sa vieille ville, son vignoble. D'autres préféreront peut-être celui de Saumur-Champigny, qui s'étend autour de l'abbaye de Fontevraud, l'un des plus grands ensembles monastiques d'Europe. Quant aux gourmands, ils se régaleront de pommes tapées à Turquant. Et bien sûr des activités variées, car tout est possible en Val de Loire : randonnées, balades à vélo, en bateau traditionnel ou en canoë sur la Loire, en gyropode dans les vignes, en montgolfière ou en 2 CV... Nos adresses préférées et nos conseils où loger. Une sélection de restos et de bistrots pour se régaler des spécialités locales... mais aussi des boutiques d'artisanat local. 1 double-page spéciale pour découvrir les plus beaux parcours de la Loire à Vélo. Des pages Focus pour mieux comprendre la région (la Renaissance, la Loire, les vins, la vie au temps des rois...). Toutes nos adresses ont été soigneusement testées et sélectionnées par notre auteur, Nathalie Campodonico, grande voyageuse et auteur de nombreux guides, qui a retrouvé avec bonheur le Val de Loire, l'une de ses régions de prédilection. Des plans des villes avec toutes les adresses localisées.

04/2021

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Théâtre - Pièces

Théâtre 2021-2023. 2

Est (2021) Celui qui parle revient de la guerre, l'âme blessée ; celui qui est dans l'ombre l'écoute, il est malade. Se tisse alors une sorte d'alliance. " Dis donc on a plein de goûts en commun. " Leurs souvenirs consolent. L'homme dans l'ombre est instituteur ; l'autre veut retrouver le pays natal... Alors ils y vont tous deux. Le guerrier y a une partie de sa famille. Les voilà : les voisins, le filleul... On est à la campagne. Le soir tombe et eux " se tiennent assis, en silence, concentrés, en attente de ce qui va suivre "... Lune (2021) La fille raconte sa vie ou plutôt ces événements si marquants qu'on ne les oublie pas... Elle montre des photos (photos de famille), elle se remémore : " La mémoire, poire pour la soif... " La campagne encore, scènes de la vie courante mais en détail. Elle dévide le temps : la mère, le père, la parentèle... Refrains connus, les sens en alerte, les lumières d'août, les chansons anciennes, les mots qu'on n'oublie pas... Parfois, elle lit les petits mots qu'on a gardés... C'est le fameux puzzle des souvenirs, tous les souvenirs : la joie, le bonheur... " Tout me revenait comme une image un peu floue... " Ensuite, eh bien, c'est le retour au présent : elle a une fillette, elle va la retrouver... " Alors j'ai pensé à tous mes morts et j'ai marché à grands pas. " Une histoire, comme une chanson connue... 4 (2021) Quatre jeunes acteurs, à Paris, se fréquentent, racontent... Et voilà " le jeune mort ", " le vieillard qui meure ", " l'arbre sacré ", " la forêt où on se blesse "... C'est comme un conte ou bien c'est un cauchemar... Ils font des visites. Sur le mur de la maison du copain, une photo s'anime et parle... Quatre jeunes d'environ 30 ans. Tous ont en commun le théâtre et, surtout, " le refuge " : la maison des grands-pères. Et, là, ils font de la peinture... Trois célibataires... L'autre à femme et enfant. Ils s'aiment beaucoup, à tel point qu'ils ne s'épargnent pas. Quand on aime, on sort les griffes... C'est un conte moral que ce " roman théâtral ", un portrait de groupe. Qu'est-ce qu'on veut quand on a 30 ans ? Qu'est-ce qui fait peur ? Qu'est-ce qu'on espère ? On les voit, comme en gros plan, vivants, rigolos, têtes à claques... Et c'est grâce au théâtre qu'on les écoute, et il me semble qu'on les aime bien. Ils s'appellent Gré, Rob, Gui et le dernier joue tant de rôles qu'on ne sait comment il s'appelle... Fantômes (2022) L'ami va dans le Jura : il rend visite à son copain d'enfance... Retrouvailles, aveux, confessions... Et petites bouffes... Et les paysages... Et des photos, plein de photos : une biographie à travers les photos... Le Jurassien, de l'enfance à l'âge adulte. Et la tragédie : la mère a deconné, elle a attenté à sa vie... Descriptions des photos... Les photos vivent, sont de fameux témoins... Elles disent tout : l'époque, l'horaire, le climat... et pourquoi pas l'odeur ! Les filles sur la photo vont dans leur boutique. Ca doit sentir la pisse de chat... C'est un voyage dans l'intimité du Jurassien qui a vieilli, qui vit seul, qui cherche la joie... Et puis les deux amis font un voyage ; le Jurassien veut montrer à son ami sa maison natale... Aie ! son paysage a disparu : la maison natale qui a été vendue est méconnaissance... Et voilà une petite épopée intime familière. Ca se passe aujourd'hui et on dirait que ces deux-là on les connaît, on les a connus... Qu'est-ce qu'ils disent ? (2022) Trois seniors, trois amis. Ils se connaissent depuis toujours. Ils ont fait du théâtre. Deux d'entre eux sont en couple, ils ont eu des enfants. La troisième est libre, elle est leur amie. Le temps est si vite passé. " Et toujours cette fatigue de vieille chienne épuisée ", dit celle qui est en couple... Alors commence " la mise à mort ". L'une dit : " Vous êtes des porcs bien élevés ", l'autre dit : " Une vie entière à se faire chier avec cette pouffiasse. " Quelqu'un dit : " Elle abandonne la vie... " Chants du cygne... Faux suicide... Et il y en deux autres : un jeune couple ; elle attend un enfant. Le veut-elle ? Le monde serait-il une catastrophe ? C'est une farce amère qui se joue là... Ils disent des horreurs, ils adorent ça. Et nous on les écoute, sidérés.

10/2023

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Thèmes photo

Syrinx

Ecouter/voir : la culture occidentale a depuis longtemps isolé sinon opposé ces deux champs de notre vie perceptive : là où l'oeil objective, met à distance le monde afin de le soumettre aux rigueurs de la raison, l'oreille immerge le sujet dans ce même monde et au besoin conduit à son envoûtement. Alors que la vue dispose du temps, l'écoute doit se saisir de l'instant dans lequel ce qui lui est dû surgit pour disparaître. Nous aurions tort de croire cette typologie inébranlable. Ce que l'on peut appréhender de l'ouïe des oiseaux bouleverse la rigidité d'un tel modèle : leur usage de l'écoute semble allier une dimension active et directionnelle de l'ouïe, à l'instar de la vue, et une relative indifférence aux traits de rythme et de mélodie portés par ce que nous appelons peut-être un peu lestement leur chant. Celui-ci se caractérisant davantage par la présence de motifs dont l'ordre temporel importe peu. C'est peut-être cette énigme du chant et du monde sonore en général, celui qui nous envahit et nous pénètre comme pour nous animer, que les images de Joséphine Michel déploient dans le registre en apparence si hétérogène du visuel. Ses photographies d'oiseaux le plus souvent écartent d'emblée la figure ou les grâces du corps entier, et le mythe du défi lancé à la pesanteur. Elles se consacrent à une forme de révélation de ces motifs qu'une saisie intime et singulière conduit aux confins de l'abstraction. Ce sont des yeux et des plumes que l'on ne peut se contenter de regarder mais au sein desquels nous sommes soudain plongés, comme si le regard pouvait perdre un temps de sa faconde et rejoindre, à travers l'observation aimantée, la passion de l'écoute. Comme s'il n'y avait plus seulement à déchiffrer, à lire, mais aussi à capter, et à se laisser capter. A rejoindre tout ensemble la saisie et le saisissement. Dans un texte remarquable et audacieux, l'anthropologue Tim Ingold nous entraîne dans un questionnement de cette trop évidente dualité entre la vue et l'ouïe, dualité sans doute inféodée aux techniques issues de l'écriture. A partir de l'étude des sons des oiseaux, il interroge des pratiques chamaniques de guérison, chez les Shipibo-Conibo, à l'est du Pérou, dans lesquelles une conception aérienne de l'être se substitue à l'approche corporelle, et où lumière et chant échangent leurs formes et leurs voies : éphémères et irradiantes figures qu'il ne s'agit pas non plus de lire mais d'entendre. "Lorsque le motif est libéré dans le chant, la lumière se transforme en son. Serait-ce la clé du mystère de la façon dont l'oiseau perçoit son chant ? En tant que composition de lumière, de couleur et de son, l'oiseau est en effet un esprit. Lorsque le chaman entend le choeur de ses assistants spirituels, il pourrait tout aussi bien écouter le choeur du chant des oiseaux, puisque pour lui, les oiseaux sont des esprits, et les esprits des oiseaux. Est-ce trop demander que d'imaginer que lorsque nous entendons l'oiseau chanter, l'oiseau lui-même - avec son oeil dans l'oreille - "voie" son propre son comme un motif dans la lumière ? Ou que c'est ainsi que les autres oiseaux de son espèce, dans les environs, le "voient" également ? Ces visions audibles sont peut-être hors de portée des humains ordinaires qui, comme les patients des cérémonies de guérison Shipibo-Conibo, n'entendent que le chant. Pour nous, l'interchangeabilité de la lumière et du son est difficile à saisir. Mais pour l'oiseau, c'est parfaitement évident. Comment, veut-il savoir, pouvons-nous prétendre entendre des sons sans les voir ? " T. I.

10/2023

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Sports

Coups de poing et points à la ligne

Ce livre aurait pu s'intituler la boxe dans la ville. Il est une chronique de la vie perpignanaise dans ses rapports avec le noble art de 1885, date à laquelle la boxe anglaise fait son apparition, à la fin du XXe où elle peut fêter plus d'un siècle d'existence. Cet ouvrage est tout à la fois une histoire des boxeurs, des clubs et des prévôts, des dirigeants mais aussi des quartiers, des rues, des cafés... car cette vie sportive s'est inscrite dans des lieux familiers encore visibles qui ne sont plus que hantés par les gants de cuir rouge, les coups de gong et des hommes sur des rings parfois improvisés. L'ancien Alcazar, devenu cinéma Familia et son parc ont disparu, mais l'ancien hôpital militaire avec ce qui fut le siège du Foyer Léo-Lagrange est toujours là, gardien des souvenirs, des sons, des odeurs... aujourd'hui encore en longeant ses hauts murs on voit passer les ombres des cogneurs, des stylistes, des encaisseurs tragiques de coups fabuleux, des k.o. techniques. Dans une soirée, le drame pouvait côtoyer la comédie et le tragique avoir sa part de ridicule devant un public le plus souvent féroce. Le Casal Catala et le Théâtre de Verdure aux Platanes, le Nouveau Théâtre, le Vélodrome ont aussi rejoint le Paradis des constructions festives perdues mais le Centro Espagnol est encore là même si depuis bien longtemps, il n'accueille plus les puncheurs venus de Barcelone et il n'y a plus de combat au Théâtre Municipal.... Il reste les bars, les cafés et il existe le Palais des Congrès. Ce livre fait revivre dans le contexte urbain des figures tutélaires presque mythiques du sport roussillonnais, de la boxe catalane, les héros oubliés : ils sont tous dans ce livre... petits ou grands, amateurs ou professionels... Admirable carrière de Biosca, des salles parisiennes à celles de Madrid, Barcelone, Milan, Alger... Nos boxeurs voyageaient et l'Indépendant donnait parfois de leurs nouvelles. Ils sont tous ou presque dans ce livre avec leurs clubs, leurs dirigeants emblématiques et souvent pittoresques, toujours passionnés : " Napoleon Orliac ", Gaetano, on ne peut les citer... Les petits clubs, les groupements éphémères, ont eux aussi droit au chapitre au même titre que les grands, les omni-sports : l'U.S.A.P. et le Foyer Léo-Lagrange qui eurent encore, vers les années 1960 de formidables équipes de boxeurs. Cette chronique n'oublie pas combien la boxe et le rugby furent proches. Les villes et villages du département, où il y eut des clubs (Rivesaltes, Port-Vendres, Ille sur Têt, Bages...) qui défendaient les couleurs de leur coin de Roussillon. Les jours heureux et les jours noirs, dans la ville qui bouge avant guerre, après guerre qui s'agrandit... L'histoire de la boxe se mélange avec une chronique des grands jours de joies, de fêtes. Chronique contemporaine de ceux qui montent sur un ring pour échanger des coups avec un inconnu et n'ont que quelques minutes pour montrer leur courage et souvent leur limites tant physiques que morales, ceux qui le lendemain reprenaient leur travail à l'usine, aux abattoirs, au nettoiement des rues, aux écuries du faubourg, à la gare, employés, ouvriers, ceux qui après défaite ou victoire, reprenaient l'entraînement amenaient femmes et enfants le dimanche, voir Lord Jim au cinéma ; leurs pères étaient allés voir le cirque Pinder où Carpentier rejouait avec application son match contre Dempsey... ceux là aussi méritaient quelques pages. Perpignan a ses " rugby ", son Castillet, la Sardane, et, grâce à Dalí, le centre du monde.... avec ce livre les Perpignanais n'oublieront pas que des coups de gong ont accompagné son histoire.

04/2012

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Histoire de l'art

Iris. Time unlimited (1962-1975)

Iris Clert : peu de noms de galeristes aimantent autant que celui-ci. Pour des générations d'amateurs d'art, elle demeure l'icône flamboyante de l'effervescence artistique parisienne de l'après-guerre. Active du milieu des années 1950 au début des années 1980, elle accueille dans ses galeries successives, Rive gauche puis Rive droite, des expositions mythiques tels Le Vide d'Yves Klein en 1958 et Le Plein d'Arman en 1960, ainsi que certains des artistes les plus importants du XXe siècle comme Pol Bury, Gaston Chaissac, Bill Copley, Lucio Fontana, Leon Golub, Raymond Hains, Ad Reinhardt, Takis et Jean Tinguely. Si cette liste d'artistes, non exhaustive, lui confère évidemment une place de choix dans l'histoire de l'art contemporain, Iris Clert fut aussi - et c'est l'un de ses grands apports - l'inventrice de formats d'exposition et de communication inédits, comme en témoigne sa revue iris. time unlimited. Conçu pour renouveler sa manière de communiquer alors qu'elle emménage Rive droite au début des années 1960, Iris Clert publie pendant treize ans un feuillet de quatre pages, régi par une double ligne rédactionnelle : d'un côté, annoncer et promouvoir les expositions de la galerie et, plus généralement, informer sur le monde de l'art contemporain et son actualité ; de l'autre, proposer un espace de création propice à des interventions comiques, absurdes et polémiques. Le premier numéro paraît le 6 octobre 1962, le dernier numéro en avril 1975. La longévité de la revue est à noter dans un milieu où les expériences de ce type sont généralement éphémères. Chaque numéro présente des caractéristiques communes, tant au niveau du contenu que de la maquette. Reprenant le principe des unes de France-Soir, celles d'iris. time unlimited présentent le titre du journal encadré par deux oreilles, le portrait de la galeriste à gauche et celui de l'artiste de l'exposition annoncée à droite, une tribune ou gros titre et une photographie d'oeuvre en grand format, sous un bandeau d'informations légales. Le tirage oscille entre 4 000 et 6 000 exemplaires tandis que la liste des abonnés contient près de 450 noms. La fréquence de parution est variable, tributaire du rythme des expositions et des séjours d'Iris Clert à l'étranger. La publication accueille des collaborateurs plus ou moins réguliers, des rubriques plus ou moins récurrentes. Parmi celles-ci, des chroniques sur la vie artistique parisienne, des revues de presse, des jeux, des publicités, des présentations de critiques, le " Point de vue d'Iris ", des billets d'humeur, les " Ragots de la galerie ", des petites annonces loufoques et, bien sûr, un horoscope réalisé par la voyante d'Iris Clert. " Mon petit journal, commencé à la blague, deviendra une oeuvre d'art en soi. C'est une symbiose de mystification et de démystification où l'humour a tous ses droits ", résume Iris Clert dans ses mémoires. Bien plus qu'une curiosité de bibliophiles, iris. time unlimited demeure aujourd'hui une référence pour de nombreux éditeurs et galeristes. Collectionné par les bibliothèques universitaires américaines et européennes spécialisées en histoire de l'art et les centres de documentation des musées du monde entier, iris. time unlimited incarne le style qu'Iris Clert a imprimé dans le monde de l'art, mélange de sociabilité, d'humour, d'excentricité et de créativité. Grâce à cette nouvelle impression en fac-similé, au papier et format identiques à l'original, cet ovni éditorial est désormais à la portée de tous. La reproduction complète des 46 numéros est accompagnée d'un livret contenant un texte du critique et historien d'art Clément Dirié, auteur de l'ouvrage remarqué Iris Clert. L'Astre ambigu de l'avant-garde (2021), de photographies ainsi que des biographies des contributeurs et d'un index des abonnés. Sa publication célèbre au jour près le soixantième anniversaire de la parution du premier numéro d'iris. time unlimited.

02/2023

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Décoration

Kaléidoscope. Claudio Colucci

Diplômé en design graphique de l'école des arts décoratifs de Genève (aujourd'hui HEADI et en design industriel de l'ENSCI-Les Ateliers à Paris, Claudio Colucci travaille avec Pascal Mourgue et Philippe Starck avant de fonder en 1992 les Radi Designers avec Florence Doléac, Laurent Massaloux, Olivier Sidet et Robert Stadler. Un père italien, une mère autrichienne, une enfance tessinoise. Influencé par ce mélange de cultures, Colucci invente une autre idée du monde. Tokyo, Paris, Genève puis Pékin et Shanghai viennent sous-titrer son nom, telle une enseigne de luxe. " Ma première source d'inspiration c'est le voyage... ces allers-retours qui modifient ma vision des choses. " Lorsqu'il arrive au Japon en 1996, ses créations à la fois ludiques et simples, parfois radicales, ainsi que sa compréhension des traditions produisent un impact fort et intrigant qui séduit ses contemporains japonais. La rencontre avec Teruo Kurosaki, qui lui demande de créer sa première collection pour Idée, marque un tournant dans sa carrière. En 2011, il ouvre une agence à Shanghai où, dans une ébullition extravagante, les projets se succèdent : une chambre nuptiale sur une île, le design d'un yacht de 75 pieds d'un luxe exceptionnel... et même un restaurant japonais ! Les objets sensuels et humoristiques qu'il dessine dans son carnet de croquis qui ne le quitte jamais nous projettent dans un univers coloré de formes souples, de poésie et de rêve. Scrutant les histoires que cachent les objets, généreux en pirouettes et paradoxes, il trouve le ferment de sa créativité dans l'art du conte. " J'aime la fabulation, raconter des histoires, inventer... vraies ou fausses... plutôt fausses avec un départ un peu vrai... Brouiller les pistes, jouer ! " Parmi ses innombrables créations, on peut citer le sofa JolyCceur, qui illustre la vision de Claudia Colucci de l'esprit kawaii tant par sa couleur que par sa forme ; sa première lampe en Corian, Squeeze Lamp; Mutant Chair, hommage à Thonet ; la Carafe un verre pour Sentou ; les collections Squeeze pour Christofle ; le Delicabar avec le pâtissier Sébatien Gaudard au Bon Marché à Paris ; le café Moph à Tokyo ; les restaurants Roll Madu et l'aménagement des boutiques Paul & Joe, Agnès B. et Cabane de Zucca, l'institut français de Tokyo, les stands Renault et Pirelli, toutes ces réalisations montrent l'étendue de son talent. Pour Hermès, il invente à chaque saison l'ensemble des vitrines au Japon, qui sont comme " des fenêtres d'art, peut-être même comme l'origine de l'installation artistique ". Entre les citations de Claudio Colucci qui ponctuent les pages du livre publié sous la direction de Sarah Carrière-Chardon, ses compagnons de route dressent le portrait d'un magicien, d'un personnage chaleureux, avide de plaisirs, de rencontres, d'une exceptionnelle curiosité et générosité, qui apporte au design un souffle de gaieté. Ces personnalités marquantes ont toutes pris part à son histoire, ce kaléidoscope où les idées se forment, se déforment et se répondent : les designers Tom Dixon, Christian Ghion, les Tsé & Tsé, le chef pâtissier Sébastien Gaudard, les architectes Astrid Klein et Mark Dytham, le styliste Paul Smith et la douce geisha Kagurazaka Chika ou Michel Temman, ex-correspondant de Libération au Japon, qui comme Claudio s'installe en Chine ; depuis Paris, l'agent Dominique Serrell, avec qui les galeristes Pierre Romanet et Pierre Staudenmeyer ont, les premiers, exposé et édité ses créations ; ses sempaï (" parrains "I nippons : l'incontournable Teruo Kurosaki, le producteur Takaya Iwasaki et le directeur général chargé de la communication d'Hermès Japon, Kozo Fujimoto, qui lui ont ouvert les portes du Levant ; enfin, Kanae Hasegawa, journaliste, Ryu Niimi, professeur à la Musashino Art University, Marie-Laure Jousset, conservateur au Centre Pompidou, Gérard Laizé, directeur du VIA, ou Christine Colin, du ministère de la Culture, ont participé à la reconnaissance de son oeuvre. Riche de plus de 340 illustrations en couleurs, l'ouvrage Claudio Colucci kaléidoscope présente objets, mobilier, installations, aménagements et projets qui mettent en lumière l'inventivité foisonnante de ce designer de renommée internationale nourri de culture européenne et asiatique, puisant son inspiration dans un quotidien qu'il imagine fantastique.

09/2012

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Bouddhisme

Zen et physique quantique. Quand un moine rencontre le boson de Higgs

Comprendre la vacuité originelle de l'Univers par le regard croisé de la physique quantique et du bouddhisme zen. L'auteur est à la fois l'un des découvreurs du boson de Higgs au CERN de Genève et moine zen, directeur et enseignant du Dojo Zen de Genève en Suisse. " D'une manière générale, bien qu'il y ait quelques différences, je pense que la philosophie bouddhiste et la mécanique quantique peuvent se serrer la main sur leur vision du monde". - Le Dalaï-lama Menant à la fois une réflexion sur la physique quantique et corpusculaire et le bouddhisme zen, ce livre est un témoignage vivant que de telles visions du monde et de notre existence peuvent se rejoindre. En particulier, le mystère de la vacuité originelle de l'univers rejoint la notion centrale de sunyata située au coeur même du bouddhisme. Grâce à son expérience de vie fusionnant pratique du zen et physique, l'auteur apporte son regard à la fois sur la voie de la libération spirituelle, celle du bodhisattva, et sur la recherche d'une compréhension globale de notre univers physique. L'objet de cet ouvrage est simplement de suggérer que les deux approches peuvent être non contradictoires mais bien au contraire complémentaires, connaissance immédiate et intégrée et connaissance fondée sur l'observation extérieure et la logique. Souvent d'ailleurs les résultats des deux approches sont très similaires et conduisent à la même perception globale de notre univers. En ce sens les réunir, tout en connaissant leurs limites propres, l'une due à la vérification, l'autre due à l'approche fragmentaire, est en soi intéressant, chaque homme désirant au fond de lui-même intégrer les mondes scientifiques et disons, religieux. Revenons encore une fois sur les deux enseignements procurés par le zen et la physique. Dans le zen l'intuition de la vacuité, de l'impermanence de toutes choses ainsi que de leur interdépendance, alimentée par l'observation de la relation entre nos pensées conscientes et inconscientes, nous amène à concevoir plus facilement la non-existence de toute essence singulière des êtres et des choses. En place d'une réalité matérielle permanente, existentielle, d'un noumène, le zen met en avant le fait que la réalité n'est constituée que de formes, matérielles ou vivantes. Tout ne fait que prendre une forme particulière de la vacuité, du Tao, du Dharma qui constitue son origine première, sa source fondamentale. Aucun noumène, tout est vacuité. A partir de cette connaissance du zen, il est alors plus aisé d'envisager un univers peuplé à 70% d'énergie invisible, de champs énergétiques, de particules virtuelles, duquel naissent et disparaissent les constituants de la matière. Selon Einstein et la physique quantique, la matière n'est qu'une forme particulière de l'énergie. La matière existe bien sûr mais comme une forme localisée d'énergie au repos : E = mc2, où E est l'énergie, m la masse et c la vitesse de la lumière. L'observation du boson de Higgs vérifiant le mécanisme de Higgs a permis d'établir que l'origine de la masse et de la diversification des masses provient du couplage des quarks avec l'énergie contenue dans le champ de Higgs. Celui-ci n'est pas observable en lui-même, mais les formes qu'il prend, particules, bosons, matière, sont réelles. Elles naissent de ce fonds énergétique et y retournent. Ce mécanisme physique est semblable à celui décrit dans le Sutra du Coeur, l'Hannya Shingyo où les phénomènes (les particules) naissent de la vacuité (champ de Higgs) et retournent à la vacuité. Leur essence première est donc la vacuité elle-même, inobservable, inconcevable et hors du temps. On peut en déduire que le paradigme du zen, sa vision du monde, de la vacuité, des formes et des phénomènes, paradigme intuitif, se retrouve dans les dernières découvertes de la physique. Comprenez bien que les paragraphes suivants de ce livre ne prétendent aucunement composer un article scientifique, mais sont destinés à des gens qui s'intéressent sans à priori à la fois aux conceptions du zen et à son enseignement, et à la fois à la vision nouvelle apportée à notre connaissance du monde par la physique quantique et les constituants élémentaires pour la plupart éphémères de ce que nous appelons la matière.

10/2021

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Biographies

Charles de Foucauld, homme de science

Assassiné le 1er décembre 1916 alors qu'une insurrection de grande ampleur avait soulevé la majeure partie des populations du Sahara et du Sahel contre l'occupant français, Charles de Foucauld a inspiré dès avant sa mort les fabricants de littérature sulpicienne. Leur représentant le plus encombrant reste René Bazin, qui a publié en 1921 Charles de Foucauld, explorateur du Maroc, ermite au Sahara, monument de componctueuse et fate médiocrité dont Louis Massignon devait écrire dans une lettre du 16 septembre 1959 à Jean-François SixA : " Foucauld coule dans le gouffre de la bondieuserie S. A Sulpice. [... ] Il y a des jours où je regrette de n'avoir pas été réquisitionner pour sa "Vie" Louis Bertrand au lieu du mélibéen René Bazin. [... ] Il nous aurait épargné les bonbons de candi bénit de la rue de Sèvres. A " Le grand arabisant se faisait quelques illusions sur Louis Bertrand, si l'on en juge par un lamentable Saint Augustin publié en 1913. Quant à Jean-François Six, sirupeux et prolixe biographe de Foucauld, s'il a complaisamment rapporté la mise en garde de Massignon dans son Aventure de l'amour de Dieu (1993), il n'a pas su l'entendre. Le flot sulpicien ne s'est jamais tari jusqu'à aujourd'hui, charriant année après année des ouvrages qui ont épaissi plutôt qu'éclairci l'énigme d'une âme qu'on devine hantée par la mélancolie, la haine de soi, l'intransigeance et une sombre démesure. Quelques procureurs leur ont fait face, beaucoup moins nombreux mais pas plus respectueux des faits. On pouvait espérer que les choses changeraient une fois la béatification acquise, puisqu'il n'était dès lors plus besoin ni de défendre ni d'attaquer une cause désormais entendue, mais il n'en a rien été. La célébration du centenaire de sa mort a même transformé la cohorte des thuriféraires en une légion où le mélibéen a voisiné avec le savonarolesque. Plus récemment, les procureurs, jusque-là relativement discrets, ont vu leur zèle avivé par la vogue actuelle de déboulonnage de statues et la perspective de la canonisation prochaine de l'ermite de Tamanrasset. A en croire certains d'entre eux, Foucauld aurait été le " défenseur d'une guerre totale contre l'Allemagne lors de la Grande Guerre " ; pour d'autres, il aurait eu une " implication directe dans les opérations militaires coloniales contre les tribus rebellesA " et aurait été " l'auxiliaire incomparable " de Laperrine, commandant supérieur des territoires sahariens jusqu'en 1910. Il y a aussi ceux selon lesquels il aurait avancé des " idées en faveur d'une désorganisation des structures sociopolitiques touarèguesA ". Foucauld " défenseur de la guerre totale " ? Plaisante formule. Totale, la guerre l'était, et Foucauld ne pouvait qu'en prendre acte. Il est un fait qu'il envoyait des lettres exaltées à ses amis engagés sur le front, mais son exaltation restait épistolaire, car l'essentiel de son temps était consacré à la mise au net de ses travaux linguistiques. Ses journées de travail duraient souvent plus de onze heures, et le résultat en est une oeuvre dont il est difficile d'affirmer comme le font certains qu'elle est " indissociable de la conquête coloniale ". Car, dans les faits, elle s'en dissocie parfaitement. Ses lettres à ses amis sur le front, tout comme ses relations avec les officiers sahariens, font partie de l'époque et elles sont banales une fois remises dans leur contexte. En revanche, ses travaux linguistiques, c'est-à-dire, pour l'essentiel, les deux tomes de ses Poésies touarègues et les quatre tomes de son Dictionnaire touareg-français, sont encore une référence pour tous les spécialistes, y compris touaregs. C'est pour une bonne part à cette oeuvre qu'est consacrée le présent ouvrage. Quant à l'implication " directe " dans les opérations militaires, c'est une pure invention. Et les lettres à Laperrine ne justifient pas le qualificatif d'" auxiliaire incomparable " que Foucauld s'est vu décerner après leur parution. Surtout si l'on songe qu'elles datent d'un temps où Laperrine, revenu en France, n'avait plus aucune responsabilité au Sahara. L'ermite avait l'habitude d'informer ses amis officiers de la situation du Sahara, mais il n'était guère en cela qu'une sorte de gazetier dont les " renseignementsA ", qui mettaient plusieurs semaines à arriver à leurs destinataires, n'étaient ni exploitables ni d'un grand intérêt opérationnel. De plus, affirmer comme nous l'avons lu récemment que " ses renseignements fournis à l'armée coloniale ont influencé la stratégie de conquête du "pays touareg"A " est un anachronisme. Lorsque Foucauld atteint le pays touareg en février 1904, le chef et futur amenûkal Mûsa ag Amastan vient de signer un traité avec les militaires. En d'autres termes, la " conquête " était déjà chose faite avant même son arrivée sur place. Les seuls auxquels il est difficile de donner totalement tort sont ceux pour qui il aurait songé à désorganiser les structures sociopolitiques touarègues. Sauf à remarquer cependant, comme Paul Pandolfi le fait observer dans sa contribution, que les officiers qui seuls auraient été en mesure de procéder à cette réorganisation était d'un avis contraire, qui seul a prévalu. D'une manière générale, il n'avait guère d'influence sur ses amis militaires. Ainsi, le plan d'organisation de l'annexe du Tidikelt qu'il avait échafaudé est resté lettre morte, comme le remarque là encore Paul Pandolfi. De même, lorsque le sous-lieutenant Constant voulut donner suite aux propositions de Foucauld pour le réaménagement du fort Motylinski, il fut désavoué par son supérieur, le capitaine de La Roche, pour qui tout cela n'était qu'" hérésie tactique ". De même encore, la correspondance du lieutenant-colonel Meynier laisse deviner son scepticisme à propos de renseignements d'ailleurs très vagues transmis par Foucauld en août 1914. De toute façon, ni Foucauld ni ses supérieurs religieux n'avaient alors un quelconque pouvoir décisionnaire. Il ne pouvait que s'ouvrir de ses idées à ces intermédiaires, ces acteurs de terrain qu'étaient les officiers qui intervenaient alors dans l'Ahaggar. Mais, même dans les quelques cas où ces derniers relayèrent ses demandes, les autorités supérieures, tant à Alger qu'à Paris, y opposèrent une fin de non-recevoir. Voilà de quoi relativiser le rôle et l'influence politique de Foucauld. Voir en lui une sorte de maître à penser de la politique saharienne de la France et le lointain inspirateur de cette éphémère Organisation commune des régions sahariennes (OCRS) que la France créa en 1957 est manquer du sens des proportions. Pour ce qui est des idées coloniales, il les a assurément partagées. Mais ses avis tranchaient sur la bonne conscience alors de mise. C'est ainsi que, dans une lettre de 1912, il conseillait à Mûsa ag Amastan de faire apprendre le français aux siens, pour qu'ils " puissent, au bout d'un certain temps, jouir des mêmes droits que les Français, avoir les mêmes privilèges qu'eux, être représentés comme eux à la Chambre des députés, et être gouvernés en tout comme euxA ". Il ne concevait certes pas l'avenir des Touareg ailleurs que dans un ensemble français, mais au moins leur y assignait-il, à terme, celui de citoyens à part entière. En février 1956 encore, un président du Conseil s'est fait conspuer par les ultras d'Alger pour beaucoup moins que ça. Il écrivait aussi en cette même année 1912 : " Si, oublieux de l'amour du prochain commandé par Dieu, notre Père commun, et de la fraternité écrite sur tous nos murs, nous traitons ces peuples [colonisés] non en enfants, mais en matière d'exploitation, l'union que nous leur avons donnée se retournera contre nous et ils nous jetteront à la mer à la première difficulté européenne. A " Sans doute ne voit-il là dans les colonisés que des enfants, mais étaient-ils nombreux, en 1912, ceux qui considéraient que, même dans les colonies, la "fraternité écrite sur tous nos murs" ne devait pas rester un vain motA ? Que Foucauld ait été un homme de son temps, nul ne songe à le nier. Il est toujours utile de détailler ce trait du personnage, et les contributeurs du présent ouvrage, notamment Jean-Louis Marçot et Jacob Oliel, ne s'en sont pas faute. Mais en faire un " ultraA " de la colonisation est absurde. Foucauld avait pourtant suscité quelques authentiques travaux d'historiens, qui depuis deux ou trois décennies ont répandu de lui une image plus complexe et plus humaine que l'icône assez plate accréditée jusque-là par les tâcherons de l'hagiographie. De portées et d'inspirations très diverses, tous ces travaux s'accordent au moins à reconnaître que, quels que soient par ailleurs ses titres à l'admiration et même à la ferveur, quelles que soient également les réserves qu'ils puissent susciter aujourd'hui, cet homme dont l'oeuvre linguistique est utilisée aujourd'hui encore par tous les spécialistes aura été une figure majeure des études berbères. Parmi tous ces travaux, une place particulière doit être faite à ceux du regretté Antoine Chatelard. C'est pourquoi, avec l'aimable autorisation de la revue qui l'avait d'abord publié, nous avons choisi de republier ici (sous sa forme d'alors) un texte datant de 1995 et qu'on doit tenir pour fondateur puisque c'est le premier texte où le travail linguistique de Foucauld ait fait l'objet d'une étude proprement scientifique. Mentionnons également, du même Antoine Chatelard, La mort de Charles de Foucauld (2000) ouvrage où, d'une part, il s'efforçait de reconstituer les circonstances de la mort de Charles de Foucauld et où, d'autre part, il jetait une intéressante lumière sur la façon dont la légende de " Foucauld martyrA " avait pu se construire. Mentionnons aussi par ailleurs le livre sobre et remarquablement documenté de Pierre Sourisseau (Charles de Foucauld. Biographie, Paris, Salvator, 2016), dont on regrette seulement que les travaux linguistiques de Foucauld et ses interrelations avec les Touaregs n'y ont peut-être pas tout à fait la place qu'elles mériteraient. L'article d'Antoine Chatelard est suivi ici de deux textes où Dominique Casajus a tenté de le prolonger sur un ou deux points, tandis que, de son côté, Aurélia Dussere s'est attachée au travail de Foucauld comme explorateur du Maroc et que Marc Franconie propose un commentaire de quelques-uns des croquis qu'il a dressés au cours de son voyage d'exploration ainsi qu'un aperçu de son travail de météorologue. Le volume s'achève par deux contributions, dues à Emmanuel Alcaraz et à Dominique Casajus, qui entendent donner un aperçu de l'image, souvent infondée, que certains milieux se font aujourd'hui de Charles de Foucauld. L'étude historique du " casA " Foucauld doit se poursuivre, et le dossier présenté ici veut être une contribution à ce cette tâche. Et, en historiens que nous essayons d'être, notre rôle n'est pas de déboulonner des statues, ni, du reste, d'en édifier. Et l'image parfois floue que nous avons essayé de recomposer n'est ni tout à fait noire, ni tout à fait blanche.

10/2022