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Littérature française

Carnets. En un mot comme en quatre

Samuel Taylor Coleridge a commencé à tenir un carnet de notes en 1794 dans sa vingt deuxième année, lors d'une randonnée au Pays de Galles. Il devait en garder l'habitude quarante ans durant, jusqu'aux dernières semaines de sa vie. Ces carnets, le poète les qualifia lui-même de "carnets de poche" , de "confidents" , "d'amis" ou de "compagnons" . C'est dire le rôle et l'importance que ces notations au fil de la plume revêtent pour celui qui dit encore de ces "confidents" qu'ils sont sans doute les seuls qui ne "l'ont point trahi" et de ces "compagnons" que devant eux il n'avait "pas honte de se plaindre, de languir, de pleurer". Ces Carnets constituent une masse considérable de manuscrits, Coleridge tenant simultanément plusieurs carnets, parfois sans date, parfois entrecoupés de pages blanches que le poète remplissait parfois après de longues années. Mais la vitalité de cette pensée, l'acuité de l'observation font de cet ensemble bien davantage qu'une simple introduction à l'oeuvre poétique de l'auteur du Dit du Vieux marin. Il suffit de feuilleter les Carnets, dans la merveilleuse traduction de Pierre Leyris, pour être saisi par l'urgence poétique de cette écriture : "Mardi matin, 10heures et demi, 17 avril 1804 : La nuit dernière, bourrasques, ballottements sans merci, mes rêves pleins de peine et de larmes amères". Puis : "Souvent il pleurait dans soin sommeil et il s'éveillait pour trouver/Son oreiller, sous sa joue, froid de larmes/Et pour trouver ses rêves/Si fidèles au passé, ou si prophétiques". Décrire un ciel, une lumière, un arbre, c'est à la fois apaiser la fièvre de la pensée et lui donner une direction. Les Carnets sont l'expression même de l'incandescence d'une pensée qui donnera par la suite les poèmes les plus bouleversants. Suivis de "En un mot comme en quatre" par Antonin Artaud (1896 - 1948) "En un mot comme en quatre, Samuel Taylor Coleridge, comme un certain nombre de poètes notoires à qui comme à lui il fut ordonné de se taire par tels moyens de brimade occulte auxquels il serait temps enfin d'apprendre à résister, Coleridge, dis-je, avait eu vent d'une vérité qu'il n'a pu transmettre à personne et qu'il n'a pu faire passer dans ses poèmes que de très loin (...)" Ainsi commence cet étonnant commentaire des Carnets par Artaud, en 1947, lequel poursuit un peu plus loin : "Car ce qui reste de Coleridge dans ses poèmes est encore moins que ce qui de lui-même est resté dans sa propre vie". Ces quelques lignes disent assez la proximité profonde, intime, presque indicible en réalité, qui, à un siècle distance, lie Coleridge à Antonin Artaud. Peu de temps après le retour d'Antonin Artaud de Rodez, Henri Parisot lui demanda d'écrire une préface pour une traduction qu'il préparait de poèmes de Coleridge. Entre juillet et octobre 1946, Antonin Artaud entreprit à plusieurs reprises d'écrire cette préface sans parvenir à un texte qui le satisfasse. Finalement il envoya en novembre un texte à Henri Parisot sous forme de lettre à laquelle il donna le titre de "Coleridge le traitre". Texte sur lequel Artaud pratiqua par la suite nombreuses corrections manuscrites. Ecrit en juin 1947, au moment où il apportait les derniers remaniements de son texte, le dernier fragment présenté ici, constitue vraisemblablement l'un de ces adendas. Les deux oeuvres ont été publiées ensemble dans la revue L'Ephémère (n° 17) à l'été 1971.

03/2024

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Actualité médiatique internati

Algocratie. Allons-nous donner le pouvoir aux algorithmes ?

Ces algorithmes qui nous envahissent sont-ils vraiment indispensables et, si oui, comment améliorer à la fois leur fonctionnement, leur légitimité et l'adhésion complète de leurs usagers ? Aujourd'hui, nos vies se retrouvent sous l'influence de nombreux algorithmes. Il y a ceux qui aident et qui conseillent : le GPS, les algorithmes de recommandation, les moteurs de recherche, les logiciels d'économie circulaire, les sites de rencontre. Nous nous y conformons sans aller outre, par confort, par facilité, par habitude ou lassitude. Mais il en est une deuxième catégorie, plus redoutable qui, elle, nous oblige et nous emprisonne dans ses lignes de code, inévitable et sans échappatoire possible : les systèmes d'inscription dans les établissements scolaires et universitaires, l'accès aux crédits, la fiscalité et la blockchain, et plus récemment toutes les applications qui nous ont permis d'affronter la crise du Covid. Face à cette défiance de la politique et de nos gouvernants qui s'installe partout, en réponse aux urgences et aux crises qui se multiplient, n'est-il pas temps de substituer l'algocratie à la démocratie ? Sommaire : Préface (Gilles Badinet) Introduction Algorithmes au chevet des communs - Pallier la défaillance, punir la déviance - Les jeux dits du "bien public" - De la déligitimité politique - Du statut de l'expertise en politique : en passant par la technocratie - Et place à l'algocratie et à tout ce qui va suivre 1 - Ces algorithmes qui nous formatent et nous cadenassent Les algorithmes qui conseillent : Le GPS - Premier enjeu éthique - Les algorithmes de recommendation - Les moteurs de recherche - L'économie qui se circularise et se recycle - Les sites de rencontres Les algorithmes qui contraignent : Parcoursup en France et le Décret Inscription en Belgique - Tax-On-Web et la Blockchain - L'accès au credit, un parfait exemple de l'évolution de l'intelligence artificielle - Les systèmes experts d'antan - Et l'apprentissage vint à la rescousse - De l'éthique de l'apprentissage machine - Quelques réflexions sur l'apprentissage profond - Les algorithmes du Covid - Il faut probabilité garder - Haro sur le "Bluetooth" - Test, tests, tests... Vaccins, vaccins, vaccins... - L'intelligence artificielle à la recousse - Un petit retour en arrière : en Belgique, l'informatique on en veut plus 2 - Les poussées algorithmiques qui devraient permettre de ralentir et d'atténuer le désastre écologique qui vient Mobilité - Habitats Code is law : Et l'algorithme dit : "Tu ne conduiras pas en état d'ivresse" - Et l'algorithme dit : "Tu ne tueras point" - Si un algorithme d'apprentissage proclame la culpabilité d'un prévenu à 80%, que doit faire le juge ? De la transparence algorithmique et du consentement éclairé : Transparent, combien et pour qui ? - Et Linus vint - Cela se complique avec les logiciels d'apprentissage - Du consentement mal éclairé Les assemblées citoyennes et le projet CITICOD Conclusion : Longue vie à FARI FARI

01/2023

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Imagerie médicale

Actualités en échographie de l'appareil locomoteur. Tome 17

Ce livre regroupe-les exposés des "Actualités en échographie de l'appareil locomoteur" organisées par le service de Radiologie SISU (Service des Imageries Spécialisées et des Urgences) du GH Pitié-Salpêtrière. C'est le membre supérieur qui, pour une fois, regroupe la majorité des chapitres. Au niveau du coude, le biceps distal est étudié d'une part par l'équipe de Cochin, mais aussi par une association radiochirurgicale normande qui nous détaille l'anatomie et le raie du Lacertus Fibrosus. L'équipe de la Pitié nous apprend comment individualiser les tendons épicondyliens latéraux et médiaux et Franck Lapègue nous fait découvrir la ténosynovite sténosante de l'extenseur ulnaire du carpe. Michel Crema et l'équipe de l'Insep fait le bilan des entorses de cette articulation du coude dans un autre chapitre. Pour les muscles de voisinage, le grand rond et le grand dorsal sont analysés par Denis Jacob et les lésions du grand pectoral sont détaillées par Wassef Khaled. L'équipe de Bruxelles nous fait découvrir les interconnexions nerveuses du membre supérieur qui nous perturbent souvent. Plus distalement, Lionel Pesquer et l'équipe de Mérignac nous explique comment s'y retrouver dans les muscles de l'avant-bras. Cela aidera bon nombre d'entre nous ! Encore plus distalement, Antoine Moraux nous fait découvrir la pathologie sténosante de l'extenseur commun des doigts. Au niveau du membre inférieur, Anne-Sophie Billard analyse le biceps fémoral de haut en bas. L'équipe d'Amiens nous montre l'intérêt des coupes postérieures après arthroplastie et Sylvain Viltart fait le point sur le conflit entre le tendon du plantaire et le corps du tendon d'Achille. Jeremy Lellouche détaille les différents faisceaux du ligament collatéral médial de la cheville. Fabrice Thévenin montre l'importance du diagnostic du syndrome du deuxième rayon chez le sportif et l'équipe de Besançon celui de l'élastographie en cas d'entorse du plan ligamentaire collatéral latéral. Je pense ne pas être le seul à enfin apprendre l'intérêt du démembrement anatomique des muscles paravertébraux fait par l'équipe de Lille. Sur le plan tumoral, on progressera tous grâce aux chapitres de Raphaël Guillain sur les petites lésions et celui de Thomas Le Coroller sur le pilomatrixome. Et ce n'est pas tout car Gérard Morvan débute ce livre en faisant le point sur les bourses en échographie ; Frédérique Lecouvet nous explique l'intérêt de la technique ultrasonore en cas de corps étranger et Jean-Baptiste Pialat pour l'étude des petits nerfs. Cela nous fait 22 chapitres qui nous montrent que notre échographie de l'appareil locomoteur est en pleine expansion. C'est pour cela qu'elle est passionnante ! Bonne lecture.

01/2022

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Romance sexy

Il était une fois Noël. Tome 6

Une rencontre royale : Eleanor d'Edenland vient en Australie pour raison diplomatique et se doit de représenter son royaume du mieux qu'elle peut, pourtant elle se sent prisonnière de sa couronne et de la charge qui repose sur ses épaules. Tout bascule la nuit où elle tombe du bateau sur lequel se tient une réception en son honneur. Kayla, une serveuse un peu rebelle, se jette immédiatement à l'eau pour lui porter secours, entre elles commence une amitié qui évolue rapidement en quelque chose de plus intime. Avec la magie de Noël et la beauté de l'Australie, la princesse tombe sous le charme de la belle et indépendante Australienne. Wintertime love : Maria, 32 ans, est directrice des finances dans un petit hôpital depuis quelques mois. Sa franchise et sa spontanéité lui attirent parfois des ennuis, mais elle conserve un optimisme à toute épreuve. Dotée d'un esprit tordu qui se met en marche dès qu'elle croise un beau spécimen masculin, elle se languit de rencontrer le véritable amour. Parce qu'elle est nouvelle dans l'établissement hospitalier, elle accepte d'être de garde pour Noël et fait face avec humour à une accumulation de difficultés alors qu'une grande vague de froid paralyse la région. Pour couronner le tout, elle doit accueillir une délégation préfectorale le soir du vingt-quatre décembre, pour une traditionnelle visite du service des urgences. Au coeur de la tourmente, elle ignore qu'une rencontre inattendue va changer son destin à tout jamais. Retrouver la magie de noël : Je n'aime pas Noël. Pour moi, c'est la saison des catastrophes. Je m'appelle Eva Larsson, je suis arrivée première de ma promo à Oxford. Je travaille désormais pour un grand cabinet d'avocats parisien. Lorsque mon employeur m'envoie à Nevers où j'ai grandi pour retrouver un mystérieux artiste, j'y vois un moyen d'échapper aux fêtes de fin d'année. Non, je ne passerai pas Noël, seule, devant la télévision à zapper pour fuir cette ambiance festive qui me révulse. En arrivant sur place, je suis loin d'imaginer que rien ne va se passer comme prévu, et que pour la première fois depuis longtemps, mon coeur va s'ouvrir. Gourmandises de noël : Noël, sa joie, ses guirlandes lumineuses, ses chants et ses sapins décorés, tout autant d'ingrédients qui font de cette période un moment de communion et de bonheur. Mais le plus important pour Charlotte, ses gourmandises. Et cette période, qui aurait pu lui laisser un goût amer un an plus tôt, est l'occasion pour elle de régaler les papilles et réchauffer les coeurs avec ses délices chocolatés. Noël, des décorations criardes, ses courses aux jouets, ses mensonges, tout autant d'arguments qui poussent Adriel à éviter cette période de plus en plus. Mais la collision avec une blonde pulpeuse lors de la réunion des anciens élèves va peut-être lui apporter une tout autre vision des choses. Noël est la saison des miracles, n'est-ce pas ?

12/2021

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Policiers

Barré

Dans le milieu médical, peut-on réellement faire confiance à tout le monde ?Un mouvement de paupière, un frottement de doigts, une simple ligne douloureusement tracée au feutre sur une ardoise. Des gestes rudimentaires devenus précieux. Foudroyé en pleine filature par le syndrome de Guillain-Barré, le lieutenant Donat Vigier est prisonnier d'un lit de réanimation. Il doit pourtant stopper l'errance meurtrière d'un inquiétant braqueur, alors qu'un autre danger le menace insidieusement jusqu'à la porte de sa chambre d'hôpital. De la tension des urgences aux frasques des étudiants en médecine, il découvre un univers déroutant où il ne peut avoir confiance en personne, pas même en ses propres sens. Découvrez sans plus attendre ce thriller médical et psychologique dans la peau du lieutenant Vigier prisonnier sur son lit de réanimation. EXTRAITEncore la nuit. Combien de minutes ont passé ? Combien d'heures ? Donat ne sait même pas s'il s'est endormi après le passage de l'étrange médecin. Il ouvre les yeux, perturbé par une nouvelle ombre. Une autre visite. Il découvre sa meilleure amie, Laure, l'infirmière aux cheveux flamboyants. Ils sont défaits, légèrement ébouriffés, et ternis par la pénombre. Ses yeux verts inspectent rapidement la pièce, cherchant une solution à un problème inconnu. Laure se tient debout, adossée à la porte qu'elle a refermée derrière elle. En tirant sur un filin presque invisible, elle ferme les lamelles du store qui obstrue maintenant la vue sur le couloir. Le voisinage semblait pourtant toujours aussi calme. La lumière extérieure parvient à traverser l'obstacle et la chambre n'est pas plongée dans le noir. Donat cligne des yeux à défaut de secouer la tête. Laure est toujours là. Elle ne porte pas sa tenue blanche habituelle. Elle est en civil. Une jupe rouge plutôt courte qui tranche avec le décor austère, et un chemisier beige enfilé de façon légèrement négligée, laissant apparaître une poitrine un peu trop généreuse. Les pensées de Donat sont traversées par le spectre de l'hallucination. En quoi va-t-elle se métamorphoser maintenant ? À mesure qu'il l'observe, des détails alertent ses sens de policier pourtant largement anesthésiés. La poitrine de la jeune femme se soulève trop rapidement, elle semble essoufflée. Son eyeliner coule, elle a pleuré. Il croise enfin son regard : elle est terrorisée. CE QU'EN PENSE LA CRITIQUEJe ne me suis pas ennuyée une seule fois, l'intrigue dans un CHU autour notamment du principal protagoniste Donat [...] était très bien menée. Quel talent ! Mais je ne vous en dirai pas davantage. - PickItUp, BabelioÀ PROPOS DE L'AUTEURFrançois Clapeau est journaliste, spécialisé dans le domaine de la santé, titulaire d'un Executive Master Gestion et Politiques de Santé à Sciences Po. Il a participé à l'écriture d'un guide de communication entre soignants. Après Damage Control et Playoffs, Barré est son troisième roman.

11/2018

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Management

L'alter management. Pour une "Coopération Compétitive"

En écho à toutes les interrogations et insatisfactions que suscite trop souvent la cosmétique de politiques RH paradoxales jouant la carte de l'individualisation dans un univers de proximité/convivialité/ solidarité souvent plus feintes que vécues, ce précis écrit au cours des trois dernières années a pour but de nourrir de manière synthétique la réflexion de "lecteurs-managers" désireux seuls ou en équipe de donner à leur pratique managériale une pleine humanité pour une pleine efficacité au service de la raison d'être de leur entreprise et de la Société. Après trente années d'exercice en entreprise et quinze en conseil, j'éprouve donc le besoin de livrer ce qui me paraît être les éléments-socle d'une pratique managériale au service du devenir de l'entreprise et de toutes ses Sources Humaines. "L'ALTER MANAGEMENT" est construit sur une conviction, celle de l'altérité comme source de l'humanité des hommes et du devenir de l'Humanité. Faisant le lien entre l'humain et l'économique en posant une "Coopération Compétitive" comme modèle managérial efficace, il prend le parti de l'homme "vivant social historique" dans la construction de l'offre de valeur par l'entreprise et le positionnement de son modèle économique et considère ses parties constituantes (associés /actionnaires, mandataires sociaux, salariés) comme capables à certaines conditions d' "initiative corrélée" c'est-à-dire ajustée au contexte, compatible et/ou conjointe à celle d'autrui, congruente, intégrant les contraintes factuelles. La coopération compétitive, comme la compétence, ne se décrète pas ; elle s'observe dans le vécu du travail et s'évalue dans les causes des résultats obtenus. Qu'elle soit spontanée ou suscitée elle est toujours volontaire. Mais son effectivité, sa part dans l'origine des comportements ou son absence est liée au milieu, -système d'action et d'acteurs-, où elle doit éclore et qu'elle impacte dans tous les cas. Aussi, approcher ses ressorts puis décliner sous son éclairage certains éléments-clé du système managérial qui la porte en même temps qu'elle les irrigue, constitue l'ambition des réflexions présentées ici. Dans le but de produire un support à même d'aider les équipes en entreprise à réfléchir et à débattre sur les fondamentaux du management afin de déterminer une ligne d'action commune, ce que j'appelle une "conduite véridique" où les fins ayant été convenues chacun puisse les assumer, et à choisir, à s'approprier ou à élaborer les démarches, outils et méthodes correspondant à ses exigences et nécessaires pour sa mise en oeuvre coordonnée, ce document présente en parallèles : ? Des tableaux PowerPoint dont le dessin et le texte doivent susciter par eux-mêmes la réflexion et l'échange ? Et un exposé déroulant la thématique en mettant l'accent sur certains points, ces deux sortes d'éléments se faisant écho et s'enrichissant mutuellement sans viser l'exhaustivité mais en invitant à la réflexion par des renvois à la littérature spécialisée. Dès lors, ces réflexions pour une coopération compétitive ont vocation à être complétées par les apports de tous ceux qui voudront bien en poursuivre la déclinaison, soit sur les éléments présentés, soit sur tout autre composant du système managérial. L'objectif est bien de prendre en compte particulièrement tous les bouleversements qu'apporte la société digitale en devenir aux modes d'organisation et à nos façons de penser, de travailler et d'apprendre. Aujourd'hui, la crise planétaire où nous sommes appelle de tous bords des transformations profondes et je ne doute pas que l'urgence et le principe de réalité conduiront les organisations à développer et approfondir tout ce qui peut composer L'ALTER MANAGEMENT.

06/2021

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Thèmes picturaux

Aux temps du sida. Oeuvres, récits et entrelacs

Le catalogue de l'exposition " Aux temps du Sida, oeuvres, récits et entrelacs " explore les répercussions de l'épidémie de VIH/sida dans l'art. Explorez des décennies de création et de militantisme à travers des oeuvres percutantes et les voix d'une multitude d'auteur·ices, artistes, militant·es : un voyage émotionnel et informé dans l'histoire de la lutte contre le VIH/sida. A partir des années 1980, le Virus de l'Immunodéficience Humaine (VIH) et son stade ultime, le sida, explosent de manière incontrôlable aux Etats-Unis, en France et bientôt partout dans le monde. Cette crise sanitaire va aussi se révéler être une crise des représentations qui occasionne, jusqu'à aujourd'hui, l'apparition de nouvelles formes dans la création. Le virus emporte une génération de créateurices, d'écrivaines, de chorégraphes, de cinéastes, de plasticiennes... tandis que la maladie s'insinue, de façon manifeste ou en filigrane, dans les oeuvres. On voit éclore chez les artistes des prises de parole engagées voire militantes tandis que les luttes pour plus de tolérance, de visibilité et de droits pour les minorités s'organisent, et ce, aussi par le truchement de l'oeuvre d'art. L'exposition " Aux temps du sida " et son catalogue parlent d'un temps encore non révolu où l'épidémie n'est pas surmontée en dépit d'importantes avancées médicales, y compris tout récemment. Les quarante dernières années ont vu s'entremêler des moments de peur, de deuil, de courage, de solidarité, d'espoir, tous adossés à des formes de créations dont on regarde aujourd'hui encore la force avec fascination, sinon admiration. Exposition pluridisciplinaire, " Aux temps du sida " présente quatre décennies de création où les arts plastiques, la littérature, la musique, le cinéma, la danse rencontrent la recherche scientifique, la culture populaire et l'action décisive de personnalités engagées, d'associations déterminées, de chuchotements qui, réunis ensemble, sont devenus un cri. Conçu comme un voyage chrono-thématique, le catalogue s'ouvrira sur une retranscription du " couloir du temps " introduisant l'exposition. Ce voyage temporel à travers les quatre dernières décennies mettra en évidence la présence du VIH/sida dans les médias, les arts, la culture populaire, les sphères politique et médicale, permettant de replacer l'ensemble des oeuvres présentées dans un contexte plus large et de visualiser comment l'épidémie a façonné et influencé notre société. Le catalogue prend ensuite la forme d'un abécédaire thématique qui offre une entrée variée dans ce vaste sujet, sans prétendre à l'exhaustivité. Chaque notice est dédiée à un artiste, une oeuvre ou un grand thème lié à la lutte contre le VIH/sida (tels Danse, Soin ou encore Voix). De nombreux contributeurs et contributrices ont accepté de participer à la rédaction de ces notices, garantissant une pluralité des voix et des points de vue situés : le catalogue donne la parole à des historiennes de l'art mais aussi à des artistes, des médecins, des militantes, des écrivaines, etc. Ces textes sont illustrés des oeuvres présentées dans l'exposition. Le livre capture l'urgence vécue par les personnes touchées par le virus, en particulier celles qui ont été diagnostiquées à une époque où aucun remède n'existait. Les oeuvres exposées témoignent de leur engagement, de leur lutte, de leurs peurs mais aussi de leurs espoirs et de leur désir d'être entendues et comprises. A travers les oeuvres et les voix d'artistes telles que Maurice Béjart, Sophie Calle, Guillaume Dustan, General Idea, Nan Goldin, Felix Gonzales-Torres, Hervé Guibert, Keith Haring, Klaus Nomi, Jean-Michel Othoniel, Bruno Pelassy, Bill T. Jones, Barthélémy Toguo ou encore David Wojnarowicz, on découvrira comment l'art et la création peuvent sensibiliser, provoquer des débats, exprimer un engagement et des ressentis complexes, mais aussi être les catalyseurs d'un changement social nécessaire puisqu'en 2023, l'épidémie est toujours là.

10/2023

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Littérature française

Le collier de la reine. Tome 1

Le livre commence par un prologue qui se passe chez le duc de Richelieu alors qu'il reçoit huit convives de renom : le comte de Haga (qui est en fait le roi de Suède sous pseudonyme), le comte de Launay (gouverneur de la Bastille), la comtesse du Barry, La Pérouse, Favras, Condorcet, Cagliostro et Taverney (le seul convive qui ne soit pas un personnage historique). Durant le repas, le comte de Cagliostro prétend posséder un élixir arrêtant le vieillissement, lui permettant ainsi d'être âgé de plusieurs milliers d'années avec un corps de 40 ans. M. de Taverney goute l'élixir et rajeunit aux yeux de tous pendant quelques instants. Puis, à la demande de chacun, sauf Taverney, le comte de Cagliostro prédit les circonstances de leur mort (qui se trouve être leur mort historique connue en dehors du roman). La suite du livre se déroule huit jours plus tard. Mme Jeanne de La Motte de Valois est une jeune jeune comtesse descendante des Valois qui vit dans la pauvreté. Elle fait régulièrement appel à différentes personnes de la cour et cela lui permet de s'en sortir modestement mais personne n'a jamais voulu la recevoir. Un jour la reine Marie-Antoinette vient la voir en se faisant passer pour une dame de charité de la cour. La comtesse lui explique son histoire et présente des parchemins faisant état de sa généalogie. La reine lui conseille de faire valoir ses titres et lui donne une grosse somme d'argent en attendant de lui donner d'autres nouvelles. La reine retourne à Versailles et le lendemain matin elle se voit offrir par le roi un magnifique collier confectionné par les associés joailliers Boehmer et Bossange dont le prix est estimé à un million et demi de livres. La reine refuse le collier disant qu'il vaudrait mieux que cet argent serve à acheter un navire de guerre, car les coffres du roi sont vides. Ce même jour le cardinal Louis de Rohan rend visite à Mme de La Motte à la suite de ses lettres. Le cardinal reconnait une boite en or oubliée par la reine Marie-Antoinette chez Mme de La Motte, mais au lieu de donner l'identité de la reine il garde le secret et offre à la comtesse son soutien et un logement digne. Le cardinal, aimé du roi mais haï de la reine, compte ainsi renouer avec cette dernière par l'intermédiaire de Mme de La Motte sans en avoir l'air. Souhaitant désespérément connaitre l'identité de la dame de charité, Mme de La Motte se rend le lendemain chez le magnétiseur Mesmer. Sur place, la comtesse de La Motte se rend compte que s'y trouvent simultanément la dame de charité accompagnée et protégée par une coiffe, que tout le monde ignore, et un sosie de la dame de charité, vulgaire, en pleine séance de magnétisme, que les badauds prennent pour la véritable reine Marie-Antoinette. La comtesse comprend ainsi que c'est la reine sous la coiffe et la convainc de sortir d'urgence de chez le magnétiseur. La reine lui donne rendez-vous le lendemain à Versailles pour avoir les explications de son comportement. L'intrigant comte de Cagliostro a vu aussi le sosie de la reine chez Mesmer, il va la voir le jour même pour qu'elle entre à son service contre bon argent en tout bien tout honneur, sans lui donner plus de précision. Le sosie s'appelle Oliva et ne sait pas qu'elle ressemble à la reine. Oliva accepte le marché et accompagne Cagliostro le soir même au bal de l'Opéra, masquée derrière un loup. Cagliostro fait exprès de dévoiler furtivement le visage d'Oliva devant quelques gens de la cour médusés, croyant voir la reine, y compris par Mme de La Motte et par le cardinal de Rohan qui accompagnait la comtesse au bal ce soir-là.

02/2023

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Littérature française

Le collier de la reine. Tome 2

Le livre commence par un prologue qui se passe chez le duc de Richelieu alors qu'il reçoit huit convives de renom : le comte de Haga (qui est en fait le roi de Suède sous pseudonyme), le comte de Launay (gouverneur de la Bastille), la comtesse du Barry, La Pérouse, Favras, Condorcet, Cagliostro et Taverney (le seul convive qui ne soit pas un personnage historique). Durant le repas, le comte de Cagliostro prétend posséder un élixir arrêtant le vieillissement, lui permettant ainsi d'être âgé de plusieurs milliers d'années avec un corps de 40 ans. M. de Taverney goute l'élixir et rajeunit aux yeux de tous pendant quelques instants. Puis, à la demande de chacun, sauf Taverney, le comte de Cagliostro prédit les circonstances de leur mort (qui se trouve être leur mort historique connue en dehors du roman). La suite du livre se déroule huit jours plus tard. Mme Jeanne de La Motte de Valois est une jeune jeune comtesse descendante des Valois qui vit dans la pauvreté. Elle fait régulièrement appel à différentes personnes de la cour et cela lui permet de s'en sortir modestement mais personne n'a jamais voulu la recevoir. Un jour la reine Marie-Antoinette vient la voir en se faisant passer pour une dame de charité de la cour. La comtesse lui explique son histoire et présente des parchemins faisant état de sa généalogie. La reine lui conseille de faire valoir ses titres et lui donne une grosse somme d'argent en attendant de lui donner d'autres nouvelles. La reine retourne à Versailles et le lendemain matin elle se voit offrir par le roi un magnifique collier confectionné par les associés joailliers Boehmer et Bossange dont le prix est estimé à un million et demi de livres. La reine refuse le collier disant qu'il vaudrait mieux que cet argent serve à acheter un navire de guerre, car les coffres du roi sont vides. Ce même jour le cardinal Louis de Rohan rend visite à Mme de La Motte à la suite de ses lettres. Le cardinal reconnait une boite en or oubliée par la reine Marie-Antoinette chez Mme de La Motte, mais au lieu de donner l'identité de la reine il garde le secret et offre à la comtesse son soutien et un logement digne. Le cardinal, aimé du roi mais haï de la reine, compte ainsi renouer avec cette dernière par l'intermédiaire de Mme de La Motte sans en avoir l'air. Souhaitant désespérément connaitre l'identité de la dame de charité, Mme de La Motte se rend le lendemain chez le magnétiseur Mesmer. Sur place, la comtesse de La Motte se rend compte que s'y trouvent simultanément la dame de charité accompagnée et protégée par une coiffe, que tout le monde ignore, et un sosie de la dame de charité, vulgaire, en pleine séance de magnétisme, que les badauds prennent pour la véritable reine Marie-Antoinette. La comtesse comprend ainsi que c'est la reine sous la coiffe et la convainc de sortir d'urgence de chez le magnétiseur. La reine lui donne rendez-vous le lendemain à Versailles pour avoir les explications de son comportement. L'intrigant comte de Cagliostro a vu aussi le sosie de la reine chez Mesmer, il va la voir le jour même pour qu'elle entre à son service contre bon argent en tout bien tout honneur, sans lui donner plus de précision. Le sosie s'appelle Oliva et ne sait pas qu'elle ressemble à la reine. Oliva accepte le marché et accompagne Cagliostro le soir même au bal de l'Opéra, masquée derrière un loup. Cagliostro fait exprès de dévoiler furtivement le visage d'Oliva devant quelques gens de la cour médusés, croyant voir la reine, y compris par Mme de La Motte et par le cardinal de Rohan qui accompagnait la comtesse au bal ce soir-là.

02/2023

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Religion

La libération du juif

Avant propos pour Édition Folio 2011. Je m’apprêtais à remettre à l’éditeur une copie corrigée de ce livre en vue d’une édition de poche, lorsque la télévision nous apprend le double attentat contre les Coptes d’Alexandrie : vingt-trois morts, une cinquantaine de blessés. Ce n’est pas la première fois que les Coptes égyptiens sont ainsi frappés, parce que chrétiens, donc minoritaires au sein d’une société musulmane. Le hasard a voulu, il y a quelques semaines, qu’une consoeur , Leïla Sebbar, m’a demandé une contribution pour une anthologie qu’elle composait sur l’enfance des Juifs en pays musulmans. Il m’a semblé justifié de l’intituler l’enfance d’un minoritaire. Je me suis alors avisé que je reprenais brièvement un certain nombre de traits dont j’ai souvent rendu compte ailleurs, et qui auraient pu être groupés sous le titre de destin du minoritaire. Certes il s’agit principalement ici du destin juif mais, chemin faisant, j’ai dû le replacer dans la condition générale des minoritaires. Ce qui arrive aujourd’hui aux Coptes se retrouve chez les Kurdes, écartelés entre plusieurs majorités hostiles, dans les Balkans où il n’est pas aisé d’être Croate parmi les Serbes ou Serbe parmi les Croates ; Noir américain parmi leurs concitoyens blancs ou Roms louvoyant entre plusieurs ethnies soupçonneuses. Bien entendu, il faut toutefois mettre en relief la spécificité de chaque condition. Il m’est d’ailleurs arrivé de regretter d’avoir intitulé ce livre la libération des Juifs., ce qui en a détourné les lecteurs indifférents au problème juif ou ceux qui considèrent que, l’antisémitisme s’étant notablement allégé, il ne convient plus d’en parler. Mais l’historiographie juive a ainsi connu d’autres répits, qui n’ont pas empêché (les réveils souvent paroxystiques. En tout cas, si dans les pages qui suivent il s’agit des traits du destin juif, j’ai dû considérer ces traits dans leurs généralités. J’ai dû examiner par exemple la place du trouble langagier commun dans toutes les revendications, le rôle des mythes et des contre-mythes, les valeurs refuges comme la religion ou l’art ; la dialectique entre le refus de soi et l’affirmation de soi ; le mariage mixte ou la conversion comme solution éventuelle aux difficultés de l’intégration, etc. Les faits ont hélas confirmé que l’existence des Juifs parmi les jeunes nations arabo-musulmanes est devenue impossible. C’est pourquoi une solution nationale spécifiquement juive m’a paru la plus adaptée. Dans l’examen du sionisme, je ne me suis pas étendu sur le sort dramatique qui en est résulté pour les Palestiniens ; j’en ai assez longuement parlé ailleurs. J’ai d’ailleurs prôné la fondation d’un Etat palestinien à une époque où même les Arabo-musulmans s’en méfiaient. C’est pourquoi j’ai tout de même noté en bas de page, au chapitre intitulé l’issue, que : « la réconciliation judéo-arabe est notre tâche la plus urgente, la plus nécessaire, historiquement et moralement ». Ce livre n’est ni pessimiste ni optimiste ; il tente de rendre compte de réalités. Les humains étant ce qu’ils sont, personne ne peut affirmer que nous soyons à la veille de sortir enfin de la barbarie et des ténèbres historiques. Nous devons en revanche les dénoncer. Paris, 2011.

05/2011

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Littérature française

L'arrivant et l'autre

Au départ c'est une simple proposition du second au premier : écrire, ou plutôt s'écrire, échanger des textes. Un essai, une tentative pour comprendre ce qui peut les rapprocher : " L'idée d'un monde qu'on n'accepte pas, dont on sait les urgences. Ecrire pour ne pas céder à la panique. Ecrire pour articuler ce que l'on a à se dire, ce qui bat en nous et ce pour quoi on se bat ", lui écrit-il. Très vite le sujet s'impose, tout simplement parce qu'on ne peut pas ne pas en parler. Les migrants. Il ne s'agit là ni d'informer ni d'analyser. D'autres l'ont fait, le font. Ni même de faire preuve d'originalité, mais d'affirmer un point de vue. Celui d'Européens placés devant la détresse de ces personnes chassées de leur pays par la guerre, la misère, les persécutions, la ruine... Il s'agit de témoigner de ce qui nous bouleverse, brouille notre représentation du monde, trouble nos certitudes. Témoigner, non pas à proprement parler de la situation de ceux qu'on appelle les migrants comme s'ils avaient vocation à ne jamais trouver de point de chute, mais du miroir que nous tendent ces personnes qui, dans le plus grand dénuement, se présentent à nos frontières. "?De qui parlons-nous ??", s'interrogent Eric et Michel. Etrangers, réfugiés, demandeurs d'asile : ces termes expriment une réalité juridique. Clandestins, sans-papiers, immigrés stigmatisent. Expatriés, ce n'est pas cela. Exilés, oui, mais pas seulement. Des arrivants. C'est Michel qui a proposé ce terme après l'avoir entendu à la radio, car tout de suite, il a parlé à son oreille et il a résonné dans sa bouche de comédien. Arrivant. Cependant, comme tous les mots, il ne leur paraît pas tout à fait satisfaisant. Il a le défaut de sa qualité. Suffisamment neutre pour ne pas véhiculer de mauvaises interprétations, trop neutre pour être véritablement politique. Il est vrai au sens où il signifie une réalité mais il est insuffisant. Ils l'ont cependant gardé, face à cet autre qu'est chacun de nous, dans l'attente que se révèle, s'il existe, le mot juste, celui qui dira tout, à la fois le départ, le voyage et l'arrivée, la peur et l'espoir, la solitude, l'attente et la fatigue, la mer et les montagnes, les frontières à franchir, les passeurs, la police et, aussi, les solidarités qui naissent et qui s'affirment. Il n'en est plus si su?r. Elle l'a attendri. Elle l'a se?duit. Mais y avait-il de l'amour dans ses gestes ? C'est peut-e?tre une question qu'il ne devrait pas se poser. Maintenant, il en est certain, s'il l'a aime?e un jour, il ne l'aime plus. Sa petite personne est trop su?re d'elle et trop folle. Elle est capable de tout sur un coup de te?te. Son proce?s ne l'a pas gue?rie. Il faut fuir. Tant que des milliers de kilome?tres ne les se?pareront pas, Frank ne pourra pas refaire sa vie. Ce n'est pas seulement qu'il ne pourra pas refaire sa vie, c'est bien pire que cela : il ne se sentira pas en se?curite?.

01/2018

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Histoire internationale

Palestine-Israël et les violations du droit international

Depuis huit siècles, un personnage fascine quantité de chrétiens, d'athées et d'agnostiques, voire même de quelques musulmans non fanatiques : Jean-François Bernardone, plus connu sous l'appellation de François d'Assise. L'on a tenté de replacer cette vie exceptionnelle dans son contexte historique et théologique. François a vécu 44 années, situées à la jonction des XII° et XI IIe siècles, dans l'Italie du centre, ravagée par les guerres entre cités rivales et le conflit de très longue durée opposant papes et empereurs pour la domination territoriale du pays. En cette époque d'enrichissement indéniable de la société urbaine, grâce à la mise en chantier de multiples bâtiments, grâce à l'artisanat textile et au négoce en Europe occidentale, les meilleurs des chrétiens aspirent à un genre de vie austère, proche de cette pauvreté évangélique dont on parle tant, alors. C'est aussi la grande époque des illuminés qui annoncent l'imminence de la manifestation de l'Antichrist tant attendu, car il doit précéder le retour glorieux du Fils de Dieu, cette Parousie que tous les chrétiens attendent depuis la mort de Jésus de Nazareth (et, en tant que prédécesseur, l'Antichrist est aussi l'Antéchrist). C'est enfin la période des 3e, 4e et 5e Croisades, François participant à sa façon, pleine de noblesse et de bonté, à la 5e. S'il ne reçoit pas "la palme du martyre", qu'il cherchait peut-être, il contracte, en Egypte ou en Terre Sainte, la maladie qui hâtera sa mort. L'on propose une explication médicale inédite aux "stigmates", qui s'intègrent si bien aux manifestations pathologiques multi-viscérales de l'implacable mal de François. Durant les six dernières années de sa vie, François a joyeusement enduré les tourments de la maladie et la tristesse de voir l'Ordre qu'il avait fondé s'éloigner petit-à-petit de l'idéal de pauvreté, d'humilité, de foi naïve et de pratique de la charité, un idéal jugé inaccessible au commun des mortels par des souverains pontifes à la fois admiratifs du personnage et sceptiques quant aux possibilités de descendance spirituelle, sauf à modifier, en l'adoucissant, le Règle de vie instaurée par François. Il demeurera, aussi longtemps qu'il existera des êtres humains, le poète lyrique de l'agapè, cet amour de l'homme pour son créateur supposé et pour l'ensemble du monde animal. "L'humanité n'a pas d'avenir si un Etat, quel qu'il soit, parce qu'il dispose de la puissance militaire, peut en toute impunité commettre des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité et dénier les droits fondamentaux d'un peuple souverain. C'est pour ces raisons qu'une commission internationale d'urgence lancée par l'ONU doit pouvoir enquêter sur d'éventuels crimes de guerre commis par l'armée israélienne, avec pour objet principal de répondre à cette question fondamentale : le gouvernement israélien a-t-il commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité contre la population civile palestinienne ? Et de la même manière, répondre à la question suivante : le Hamas a-t-il commis des crimes de guerre contre la population civile israélienne ?" Par-delà les images et discours médiatiques, Nasser Zammit dissèque dans cet essai la manière dont l'Etat d'Israël agit sur la bande de Gaza et sa population. Une analyse qui passe par la description des opérations militaires dévastatrices qui s'y déroulent, mais aussi, plus largement, par l'observation de la politique israélienne de blocus, de colonisation et d'oppression exercée contre les Palestiniens. Et le constat de s'avérer accablant, amenant à s'interroger sur la légalité et, nécessairement, sur la criminalité de ces actions, sur la disproportion des moyens employés, sur les véritables objectifs du gouvernement israélien... Situé au plus près de l'actualité, ce texte est un vibrant plaidoyer pour la paix, tout en affirmant que la seule solution de long terme ne saurait être strictement sécuritaire et militaire, mais politique. Cet ouvrage est un cri d'alarme et une invitation à agir adressés à chacun de nous.

12/2014

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Essais généraux

Le débat public : pour quel "développement durable" ? Pour la transition écologique ! 2e édition revue et augmentée

L'essai réédité aujourd'hui a été écrit en 2010. Il tire les leçons des dizaines de débats et concertations organisés par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP), en application de la loi sur la démocratie de proximité de deux mille deux. Ainsi construit, par inférence sur un matériau fait des multiples traces, orales et écrites, laissées par ces quelques dizaines d'exercices de participation instituée par la loi, il s'adresse aux deux questions qui sont naturellement venues à l'esprit de tous après la création d'un dispositif si nouveau et si original : "Est-ce que ça marche ? " Et plus encore "A quoi ça sert ? " . Dix années après les réponses données tiennent toujours : Oui, ça marche, à certaines conditions, et ceci se voit confirmé, dix ans après, tant par les échecs que les réussites enregistrées par la CNDP. Mais pour quel développement durable ? Le développement durable, celui que les maîtres d'ouvrage prenaient pour objectif, ne ralliait pas les écologistes. D'où le point d'interrogation du sous-titre. Il semblait qu'un développement durable plus exigeant, voire la transition écologique, qu'annonçaient certains, seraient plus conformes à leurs attentes. Ce mouvement des attentes écologiques, décelé en 2010, se voit, aujourd'hui, non seulement confirmé, mais vivement approfondi, accéléré et étendu. On ne parle plus de développement durable, fut-il exigeant, et à peine de transition écologique. A écouter ce qui remonte de la place publique, on devrait parler du "basculement écologique" . Et pourquoi la Covid19 n'en serait-elle pas le déclencheur ? Ce mouvement s'est amplifié, mais c'est bien celui que les premiers débats publics ont permis d'identifier. Il a fait un pas de géant, mais sur la même trajectoire. C'est pourquoi cette deuxième édition est composée du texte de 2010, réédité tel quel, car il n'est en rien contradictoire avec ce que l'on constate depuis. Cette réimpression est augmentée d'une postface, qui suit la logique inductive de l'essai. Elle actualise les constats, ajuste l'interprétation, et, surtout, fait une proposition plus ambitieuse et plus nette. En contraste avec les précautions de l'essai, cette postface s'engage pleinement. Elle pose un nouveau concept, englobant le débat public institué, la "fabrique sociotechnique des projets" , dont l'idéal devrait être de construire une, ou des, alternatives au projet, au sein d'un groupe d'expertise plurielle, en réponse à la critique du débat. La délibération et la décision du Maître d'Ouvrage ne devraient intervenir qu'après, et en considération de ce travail. Comment réussir un tel idéal ou s'en approcher ? Outre les précisions qu'elle développe pour cela sur la manière de conduire les deux phases de la fabrique sociotechnique, sous l'égide de la CNDP, le débat public puis la concertation garantie de convergences, la postface propose deux mesures stratégiques : une mission de régulateur, confiée à la CNDP, et une mutation du métier de fabriquant de projet, du ressort d'une politique publique résolue. Vue de l'esprit ? Irénisme ? Que de croire à un compromis possible entre l'urgence ressentie par les uns devant l'imminence de l'effondrement écologique et développement économique et social toujours prioritaire pour les autres ? Ou réalisme à considérer que tout gouvernement, quels que soient ses positions de départ, sera contraint à une synthèse entre écologie, social et économique, même s'il bascule l'ordre des priorités suivies jusqu'ici entre ces trois impératifs ? Et encore réalisme à considérer que, notamment après la pandémie que nous vivons, et le ralentissement qu'elle va imprimer, les projets des maîtres d'ouvrage ne seront pas aussi "pressés" qu'ils l'étaient, et qu'on aura le temps de leur fabriquer, autrement, des alternatives ? Auteur : Georges Mercadal Après avoir été au service du logement social, l'auteur a terminé sa carrière comme vice-président de ce qui est aujourd'hui le Conseil général de l'environnement et du développement durable, et l'a prolongée comme vice-président de la Commission nationale du débat public. Il a ainsi été mêlé à l'élaboration de la loi de 2002 qui a créé le cadre du débat public, puis à sa mise en oeuvre tant sur le terrain qu'au plan national. Ce livre est le fruit de cette expérience.

04/2021

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Droit bancaire

Droit bancaire et financier. Mélanges AEDBF France VIII

Le huitième volume de la collection des Mélanges AEDBF-France propose une approche très diversifiée du droit bancaire et financier. En effet, il comprend de nombreux articles qui abordent tant des questions fondamentales que d'actualité, de manière large autant que précise, d'un point de vue à la fois réfléchi et pratique. C'est sous la direction de Bertrand Bréhier qu'a été réunie une cinquantaine d'articles et d'auteurs : Le contentieux de la responsabilité professionnelle du conseiller en investissements financiers, Philippe Arestan | La transparence des opérations de marché : quête du graal ou révision du mythe de Sisyphe ? Patrick Barban | Droit comptable et normalisation comptable, Jennifer Bardy | Ce que la circulation des capitaux nous apprend potentiellement du droit, Jean-Silvestre Bergé | Réglementation financière européenne et relations avec les pays tiers, Haroun Boucheta | La signature digitale, Eric Caprioli | Les enjeux de la conformité en droit européen, Bernard Cazeneuve | Les sources informelles de rattachement de la société européenne, Gustavo Cerqueira | Réflexions sur les arnaques financières et la "fabrique du consentement" , Marielle Cohen-Branche | La floating charge : reconnaissance de cette sûreté anglaise en droit français et enseignements à tirer pour le nantissement du solde de compte bancaire, Reinhard Dammann | Améliorer le cadre juridique européen de gestion des crises bancaires : le point de vue d'un superviseur, Edouard Fernandez-Bollo | La responsabilité des prestataires d'initiation de paiement en cas d'opérations de paiement non autorisées, Roberto Ferretti | La constitution du fonds de garantie unique sous le contrôle des juges, Antoine Gosset-Grainville et Margaux Dalon | Les titres en DEEP, nouveaux titres, nouvelle forme de titre ou simplement nouvelle technologie, Philippe Goutay | Le contrôle de la régularité de l'opération financée, Caroline Houin-Bressan | Retour vers le futur des titres participatifs, Vincent Jamet | Le Conseil d'Etat a-t-il tué le droit mou ? Brèves remarques au sujet de l'émergence des documents de portée générale à effets notables, Emmanuel Jouffin | Sur l'imputation des manquements AMF aux personnes morales : vues critiques, Antoine Juaristi | Authentification forte et preuve de la négligence grave de l'utilisateur d'un instrument de paiement, Nicolas Kilgus | Les banques européennes face aux sanctions internationales, Caroline Kleiner | La responsabilité du banquier en matière de chèque de banque, Jérôme Lasserre-Capdeville | Le droit bancaire et financier des "legal transplants" au droit "plug and play", Gregory Lewkowicz | Assurance paramétrique et contrat financier, Pierre-Grégoire Marly | Les sanctions financières applicables par les autorités de marché : comparaison entre le droit financier, le droit de la concurrence et le droit des données personnelles, Frédéric Marty | L'obligation de vigilance des banques, décryptage d'une notion plurielle, Julien Martinet | Prêter en devise aux consommateurs, Jean-Pierre Mattout | La réglementation bancaire et financière revue à l'aune de l'urgence climatique, Frida Mékoui | Quel avenir pour la CJIP en Europe : vers l'élaboration d'un modèle européen de justice négociée, Astrid Mignon-Colombet | Les effets et les incertitudes du Brexit et du post-Brexit sur certaines activités de banque de financement et d'investissement, Olivier Mittelette | Le devoir de loyauté intragroupe, Renaud Mortier | Le banquier face au risque de surendettement de son client particulier, Eva Mouial-Bassilana | SPACs : technique juridique et interrogations pratiques, Sébastien Neuville | Les commissions bancaires face à la prohibition des clauses abusives, Gilbert Parleani | Le crédit entre entreprises liées (regards croisés en droit fiscal et droit bancaire), Ariane Périn-Dureau | Observations sur la réforme des sûretés, Stéphane Piédelièvre | La relativité aquilienne dans la responsabilité des Etats membres pour violation du droit de l'Union par les autorités de surveillance, Johan Prorok | Concevoir des fonds d'investissement adaptés aux seniors ? Isabelle Riassetto | Les pouvoirs d'enquête de l'AMF à l'épreuve des droits fondamentaux, Anne-Claire Rouaud | L'encadrement des transactions avec des parties reliées en droit des sociétés canadien (regards vers les Etats-Unis et l'Europe), Stéphane Rousseau | De la modélisation du crédit immobilier et de sa cohérence interne, Laurent Ruet | L'élasticité américaine (à propos du concept mou de résilience en droit bancaire et financier), Pierre Storrer | Banque et responsabilité sociale dans un contexte de pandémie : point de vue canadien, Ivan Tchotourian | L'émergence d'un droit des sociétés propre aux établissements de crédit, Hervé Synvet | De la Responsabilité Sociale des Entreprises à la Responsabilité Numérique des Entreprises, Marina Teller | L'investisseur et le consommateur de produits financiers : la différenciation du droit européen, Aline Tenenbaum | La directive sur les actions représentatives et le droit financier, Adrien Tehrani | De quelques aspects fiscaux des obligations convertibles en actions, Régis Vabre | La nature juridique des non deliverable tokens, Hubert de Vauplane |

02/2022

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Littérature française

Vidures

C’est une journée dans la vie de Gam’, une journée qui contient toute une vie. Unité de temps, unité de lieu, unité d’action, matière première de tragédie classique que Denis Donikian sculpte en roman-monde. On est au pied du mont Ararat, sous le bleu du ciel et le rire des mouettes moqueuses, les pieds dans la boue, entre la grande décharge et le cimetière, peut-être le chemin le plus court pour raconter la vie sur terre. Et tout est vrai. Poète contrarié, journaliste-pamphlétaire clandestin, vagabond magnifique, fils en fugue, orphelin inconsolable, chiffonnier de fortune dans une Arménie en ruine qui ressemble diablement à sa décharge - cette “apocalypse en sursis”, Gam’ conduit cette danse folle, dangereuse et salvatrice, épique et dérisoire : la traversée d’un jour parmi les sans-riens qui fouillent les entrailles de la ville pour en faire leur festin. Et Gam’ nous prête ses yeux, ses oreilles et ses sens pour appréhender une réalité de fable ou de mauvaise blague historique aussi invraisemblable que réaliste, aussi anachronique qu’actuelle. On est à la marge - dans l’ombre toujours vaguement menaçante d’un régime qui pour être indépendant n’en est pas moins autoritaire, mafieux, expéditif ; où la police envoie au feu ses voyous en costards à la gâchette facile, où tous les cadavres doivent disparaître. Voici Dro, le “bouseux sensuel”, le patron de la décharge, qui a baptisé son chien et ses porcs préférés des surnoms des trois caricatures de présidents qui se sont succédés aux commandes de la petite république - et qui manie le tractopelle en scénographe de la pourriture. Voici Roubo, le gardien du cimetière, son voisin-frère-ennemi, collé toute la sainte journée à son tabouret, qui biberonne sa gnôle et surveille les entrées et sorties, aussi attaché à “ses” morts que l’autre l’est à ses porcs. Et voici les chiffonniers, hommes, femmes, enfants, dont le désespoir et les épreuves n’ont jamais entamé la fierté. L’humanité en deuil d’elle-même que nous présente Denis Donikian nous colle au cœur : elle est à part égale effrayante et attachante pour ce qu’elle ravive de souvenirs autant que pour ce qu’elle promet - parce qu’elle nous pend au nez. Le regard qu’elle pose sur son absence d’horizon (de la décharge, on voit le cimetière et vice-versa) est chargé d’une lucidité acérée, d’un humour de dépossédés et d’un sens de la fête proche de l’instinct de survie. C’est un pays, un peuple, qui a tout subi, injustice des hommes et de la nature, génocide et tremblement de terre, un pays qui s’est tout juste assez relevé, construit, pour céder aux fausses sirènes d’une comédie d’Indépendance conquise de haute lutte et aussitôt gangrénée par toutes les corruptions. Dans ce contexte sans merci, Denis Donikian échappe au folklore et aux lamentations légitimes pour mieux mener la ronde des affaiblis, explorer la hiérarchie sophistiquée de la misère et sonner l’heure du réveil. Aux confins d’un pays en charpie, dans l’urgence reçue en héritage, parce que quand “on n’a plus d’avenir à offrir, on patauge dans la fatalité”, comme un chant contestataire improvisé pendant qu’il est trop tard, Vidures est un hymne à la résistance humaine (à la survivance de l’humain), fort d’un constat paradoxal qui vaut pour tout un peuple : Vivre était encore possible après qu’on avait touché le fond. Vidures est une allégorie de l’Arménie dans un miroir tendu à toute la planète. Un hymne et un appel, un hymne et un coup de tonnerre pour rallumer les âmes, secouer les corps et rendre aux esprits le seul pouvoir qui vaille : celui des mots choisis, celui des histoires transmises, pour nourrir la mémoire qui est le meilleur moyen de transport vers l’avenir. Il y a dans ce texte une puissance rare et fondamentale - et fondamentalement singulière, qui évoque des grandes voix à la pelle (on pense à Beckett, à Shakespeare, à Céline, à Hrabal…) et/mais qui ne ressemble à rien. Il y a, au-delà du souffle narratif, un texte qui fonce vent debout contre les pseudo-fatalités de l’histoire, une révolte qui creuse et qui jaillit, une rage pleine d’amour contre ses semblables si aisément vaincus, si vite démissionnaires. Il y a, enlacés, la colère et la joie de vivre, l’ordure et la poésie, le rire et l’impossible. Le “vin fou des légendes” et la honte bus d’un même trait. Il y a les messies narcissiques et les révoltés désarmés, des hommes qui font les morts et des morts qui ne lâchent rien. Der Vorghomia ! crie au petit matin Gam’, perché sur sa colline qui domine la ville. Ce sont les premiers mots de Vidures. Ils signifient : Seigneur, prends pitié ! Pourtant, après avoir résonné tout au long du roman, ils sonnent à nos oreilles comme un toast et comme un cri de guerre. Comme une improbable promesse. Comme une prière active.

11/2011

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Critique

Traité d'harmonie littéraire

Après Français langue morte (Richard Millet), nous n'allions pas laisser notre pays dans l'embarras. Il fallait bien procurer d'urgence à l'immense "Titanic réputé insubmersible, en route vers le meilleur des mondes" une simple trousse de survie, d'ailleurs inscrite à notre programme depuis cinq ans : Ghislain Chaufour s'est extirpé du long confinement dans le silence harassant des machines, après un temps d'incubation extrêmement lent, pour présenter enfin au public cette Åuvre nécessaire, prodigieuse et salutaire, le Traité d'harmonie littéraire, propre à redonner à ce pays son "sentiment de la langue" apparemment perdu. "Vous n'êtes pas très productif" , lui disait Pierre Boutang, son professeur de philosophie en classe de Terminale (1968). Sans doute, comme tous les organismes complexes sensibles, Ghislain Chaufour a-t-il été lui-même touché d'abord par la "démantibulation du langage" que prévoyait Wittgenstein et l'effondrement d'un monde où toutes les notions péniblement acquises à l'école de la littérature française et de la civilisation européenne se sont trouvées brutalement mises en cause avec une force effroyable. Or il n'est pas du genre à répliquer avec des coups dans le vide : s'il attend, il vise juste et il atteint sa cible en une fois. Après un long et rigoureux effort de renseignement et de respiration, ces deux cents pages très bien ficelées parfaitement efficaces dégomment donc et déboulonnent une à une les imposantes idoles vieilles de quelques siècles qui peuvent aussi bien nous tomber dessus et nous écraser : la Science, l'Evolution, la Méthode expérimentale, le Doute plus ou moins académique, le Hasard⦠En s'attaquant vaillamment à toutes ces vieilles chimères mal embouchées il pourrait aisément passer pour une espèce de Don Quichotte, et c'est ce que disent de lui ses adversaires : "Vous exagérez beaucoupâ¦? - Oui, mais pas assez" , répondait-il à son interlocuteur à l'occasion d'un précédent livre. Or ici il n'en est rien, sa démonstration est aussi rigoureuse qu'implacable. L'Univers a-t-il pu "A se créer spontanément à partir de rien" , comme l'affirmait Stephen Hawking ? Il n'y a "rien qui ressemble à une preuve absolue" , où donc "la science moderne trouverait-elle l'ultime garantie si les mathématiques pures elles-mêmes ne la lui procurent pas, ni les expériences ? " Considérant la misère et les tribulations de l'homme peinant et existant, Chaufour retourne l'opposition entre l'Universel en majesté supposé "antérieur" mais abstrait et les singularités qui sont les vrais objets de connaissance. "Grande sottise de croire que la science consiste dans la connaissance des universaux". C'est ainsi que les mathématiques asservies au productivisme ont propagé dans "l'Etat industriel et bureaucratique" les illusions du travail mortifère. Contre ce danger extrême et celui d'être dégoûté sans remède par des professeurs ignorants, Ghislain Chaufour refuse de condamner les sens et s'étonne de la répulsion que le charnel singulier suscite chez les platoniciens, les gnostiques, les "cathares" , les idéalistes et mêmes les matérialistes de tous les temps. Il redonne la valeur de vérité aux fables : la poésie est fable capable de conseils salutaires, et non "forme" vide de sens⦠"L'ennui vient d'une déception" , et contre elle il s'agit de retrouver l'usage du libre-arbitre, authentique merveille du monde étrangère au hasard et à la nécessité. L'évolutionnisme idéologique des automates, à l'inverse, dénigre l'origine spirituelle de chaque création et du langage lui-même. En séparant le sensible de l'intelligible, et les passions de la raison, "nous avons perdu le grand art de signifier par la beauté" . Or il se trouve que ces derniers mois nous auront disposés à recevoir ces objections : nous sommes nombreux à éprouver assez distinctement la fragilité et néanmoins la capacité de nuisance des rhétoriques scientifiques, ainsi que leur impact dans l'économie réelle, sur la vraie vie et la santé en général, mais également le risque totalitaire qu'elles font courir à justifier une "dictature hygiéniste" bien difficile à domestiquer. La prise de pouvoir politique par la "Science" qui paraissait réservée à la propagande soviétique s'attaque désormais aux thérapeutes et il est de notoriété publique que les pseudo "savants" au service de l'Ordre industriel les poursuivent en justice. Ghislain Chaufour revient très raisonnablement à des fondamentaux : c'est philosophiquement qu'il remet à sa place la philosophie et naturellement qu'il redonne à la "fable" sa légitimité comme interrogation complète posée à même le monde : "A la littérature vise le concret" . C'est un fait établi que le monde est créé, tandis que "la perfection divine implique une extrême sensibilité aux malheurs des créations" . Si le christianisme greffé sur l'arbre juif "A semble ne pas encore avoir commencé" , le pugiliste s'est modernisé et ne se laisse pas impressionner ni récupérer. Véritable Gilet jaune de la métaphysique sachant donner de la gauche et de la droite, sa méthode l'apparente plutôt au bulldozer qui enfonce les portes obstinément fermées : avec beaucoup d'efficacité, le platonisme, Descartes, Kant, Hegel, Heidegger et même Jacques Monod sont délogés sous nos yeux, démasqués, laminés. Du moins théoriquement car en pratique la propagande en leur faveur va redoubler et expédier ad patres ses accusateurs et témoins dérangeants, nous le savons bien.

04/2021