Editeur
Genre
Romans d'espionnage
10
Partages
CHAPITRE PREMIER
La chaleur implacable enveloppa Malko comme une caresse brûlante et moite dès qu’il émergea du 747 d’Air France. Puis l’odeur frappa ses narines, cocktail de kérosène, d’effluves de la jungle toute proche, des senteurs lourdes de fleurs tropicales, de la pourriture des rizières. Le parfum inoubliable et indéfinissable de l’Asie. Derrière l’aérogare de Don Muang, on apercevait dans un halo de chaleur la ligne sombre de la forêt thaïlandaise se reflétant dans les rizières bordant la route rectiligne Don Muang-Bangkok. À perte de vue, ce n’était qu’une immensité de ce vert profond de la végétation des tropiques.
Grâce au jet, l’Asie était à quelques heures de l’Europe, avec un confort dont n’aurait même pas osé rêver la génération précédente. Le temps de descendre la passerelle, le costume de lin blanc de Malko était déjà froissé ! Une minuscule et ravissante hôtesse thaï en uniforme mauve susurra d’une voix de souris :
– Transit or Bangkok ?
– Bangkok.
Elle lui désigna un minibus climatisé réservé aux passagers des premières. Seulement quatre des passagers first descendaient à Bangkok. Un vieux couple qui n’avait cessé de se goinfrer de caviar et de foie gras depuis Paris que pour s’imbiber de champagne, un businessman allemand gai comme un furoncle et lui-même.
L’aéroport de Don Muang s’était modernisé, mais grouillait toujours autant d’une foule hétéroclite. Malko franchit rapidement l’Immigration, puis traversa la salle où l’on récupérait les bagages, vers la sortie. Un douanier thaï lui jeta un regard surpris,
– No luggage ?
– Luggage lost1, annonça Malko avec un sourire désarmant.
Le douanier hocha la tête d’un air compatissant. En fait, il s’en moquait éperdument. Malko fendit la foule agglutinée près de la sortie, fonçant vers le bureau où l’on achetait les tickets des taxis pour Bangkok. Un jeune homme, aux cheveux frisés, avec d’étonnants yeux bleus, guettait les voyageurs. Il fit un pas vers Malko dès qu’il l’aperçut.
– Malko Linge ?
– Vous avez gagné, fit Malko en lui serrant la main.
– William Carter. Appelez-moi Bill. Welcome to Bangkok... Vous avez vos reçus de bagages ?
– Les voici, dit Malko.
L’Américain se retourna vers un jeune Thaï et les lui tendit. Le garçon se perdit aussitôt dans la foule.
– Bon voyage ?
– Superbe ! affirma Malko. Ils ont de nouveaux sièges sur Air France où l’on dort comme dans une couchette. Je ne vous parle pas de la nourriture... ni des vins.
– Ne me faites pas rêver, soupira l’Américain. À Manille c’est infect...
William Carter était chef de station de la Central Intelligence Agency, à Manille. Un ancien du Viêt-nam et de l’Asie.
Il écarta les chauffeurs de taxi qui les assiégeaient et regarda sa montre.
– Nous avons peu de temps. Le vol repart dans quarante minutes. Laissez-moi vous présenter le major Ayutiya.
Un Thaï à la stature de garçonnet et au visage intelligent se matérialisa à côté d’eux et serra longuement la main de Malko. Aussitôt, William Carter ajouta avec un sourire entendu :
Extraits
Commenter ce livre