#Imaginaire

On est bien seul dans l'univers

Philippe Curval

On est bien seul dans l'univers, une précipitation chimique de vingt et une nouvelles, composée pour donner à lire ce que Philippe Curval doit à la science-fiction, et ce qu'elle lui doit. Choisis parmi plus d'une centaine, ces textes reflètent le parcours, l'évolution, les obsessions d'écriture d'un auteur français contemporain majeur. Par leur variété d'angles de prises de vue, ces nouvelles s'opposent à la tautologie dont on accuse à tort la science-fiction. Mondes trompeurs, hypothèses incertaines, où l'uchronie côtoie l'anticipation sociale, où l'on rencontre des extraterrestres derrière des bouteilles de vin, des consciences purement numériques, des civilisations disparues, où l'on assiste à des errances post-apocalyptiques comme à des conversions à des religions inconnues : chacun de ses récits offre, en version originale, la littérature de science-fiction dans tous ses états.

Par Philippe Curval
Chez La Volte

0 Réactions |

Editeur

La Volte

Genre

Science-fiction

Philippe Curval et l’art de la science-fiction


« Faire de la science-fiction un grand mouvement littéraire » : voilà l’objectif qu’assignait à Philippe Curval son vieux camarade André Ruellan, alors qu’un Livre d’or venait consacrer sa stature d’écrivain incontournable pour la science-fiction française(1). C’était à l’issue de la formidable décennie 1970, qui avait vu la SF française recevoir un accueil public et critique sans précédent : Philippe Curval, par des romans remarqués et par ses activités critiques et éditoriales, avait fortement contribué à lui fournir ses titres de gloire.

Pourtant, les espoirs nés alors ne se sont pas tout à fait concrétisés. En dépit des efforts de Philippe Curval et de ses camarades, la science-fiction ne s’est pas muée exactement en un mouvement littéraire. Pour cela, il aurait fallu une manière de manifeste, un embryon de groupe artistique, une vision et un élan communs, appuyés sur des affinités esthétiques fécondes. Nulle école française de science-fiction n’avait émergé du Rayon fantastique ou des colonnes de Fiction entre 1950 et 1970 : de beaux textes, oui, et de grands écrivains, sans doute, mais en rangs dispersés – Curval, d’ailleurs, était de ceux-là. Il en aura été de même par la suite : ni Présence du Futur, en dépit de l’initiative isolée du groupe Limite, ni le creuset du Fleuve Noir, qui a pourtant lancé tant de figures marquantes au tournant des années 1990, n’ont permis que se distingue une voie collective pour la science-fiction française.

Pas de mouvement littéraire, donc, mais pendant ce temps la science-fiction devenait quelque chose de bien plus grand, un ensemble transmédiatique entraînant toutes sortes de créations fabuleuses, et abritant des espaces de singularité, où une plume comme celle de Philippe Curval peut trouver toute sa place. Au mieux, si les conditions sont propices, à l’instar de ce qui se joue de nos jours chez un éditeur comme La Volte – où les récits curvaliens ont trouvé à donner leur mesure – se forment des confluences et des convergences de talents singuliers, une remarquable unité dans la discontinuité ; un compagnonnage littéraire en toute liberté.

En dépit de ses ambitions pour la science-fiction elle-même, Philippe Curval ne s’est jamais vraiment rêvé en chef de file – en modèle, sans doute, de la même façon qu’il s’est choisi, dans ses profondes lectures, des références dont il s’est fait autant de compagnons de route, aussi bien Robert Sheckley que Jorge Luis Borges, Jacques Spitz qu’A. E. Van Vogt, et bien sûr Raymond Roussel, son point de contact avec le surréalisme. Toute sa carrière est celle d’une personnalité unique, même lorsque son tracé épouse temporairement la courbe de la science-fiction française en général. Ce n’est pas le lieu, ici, de revenir sur les grandes étapes de formation et d’affirmation de son profil littéraire(2). Qu’il suffise d’indiquer que les points de coïncidence entre ses écrits et les paradigmes dominants de chaque époque de la science-fiction française introduisent toujours une déstabilisante dissonance : au plus fort du goût pour les aventures spatiales, il représente des extraterrestres cherchant à faire de la Terre une œuvre d’art, en s’unissant corps et âme aux humains ; lorsque les explorations sociales prennent une tournure abstraite et conceptuelle pendant les années 1970 et 1980, il donne à ses dystopies une saveur particulière en les ancrant dans le devenir d’une Union européenne absurde et biscornue ; actuellement, en un temps d’hybridation des genres, qui voit dialoguer fantastique, fantasy et science-fiction, il s’inscrit fermement dans cette dernière, tout en en faisant une matière fluide et mobile.

Commenter ce livre

 

21/09/2017 508 pages 20,00 €
Scannez le code barre 9782370490506
9782370490506
© Notice établie par ORB
plus d'informations