Introduction
Chantal Zaouche-Gaudron [*]
Wallon (1947) soulignait avec force, il y a quelques décennies, que la psychologie et la sociologie devaient combiner leurs efforts pour analyser les rapports de l’enfant avec ses milieux afin d’atteindre une meilleure connaissance de l’individu. Riche de cet enseignement donné par un des grands maîtres de la psychologie du développement, ce colloque épistolaire a pour objectif d’appréhender l’objet père dans une dimension transversale, par l’apport de contributions issues de la psychologie du développement, de l’histoire, de la psychanalyse et de la sociologie.
Afin d’éclairer la lecture de cet ouvrage, fruit d’une réflexion collective sur la problématique paternelle, nous désirons préciser le déroulement de sa mise en œuvre. À partir de l’idée originale du colloque épistolaire sur L’Attachement conçu par René Zazzo en 1974 et convaincue de la richesse de la complémentarité des approches mais aussi de l’intérêt des controverses susceptibles d’advenir au sein de divers courants disciplinaires, nous avons initié trois étapes qui se sont successivement déroulées entre juillet 1997 et décembre 1999. Dans un premier temps, nous avons fait part au professeur Serge Lebovici de notre souhait de réaliser une confrontation pluridisplinaire autour de la problématique paternelle. Il a ainsi accepté, dans un texte introductif, de développer les premiers arguments afin de permettre aux auteurs de différentes disciplines de réagir à leur tour. Cette contribution inaugurale a été adressée à huit intervenants qui avaient accepté le principe général de l’organisation du colloque épistolaire et la participation à cette réflexion commune : Yvonne Knibiehler (histoire), Colette Chiland et Françoise Hurstel (psychanalyse), Jean Le Camus, Philippe Malrieu et France Frascarolo (psychologie du développement), Christine Castelain-Meunier (sociologie). D’autres étaient conviés mais n’ont pu, faute de disponibilité, répondre dans les délais impartis… Dans un troisième temps, l’ensemble des textes a été envoyé aux auteurs déjà conviés, avec l’objectif de confronter les options théoriques ou méthodologiques de chacun, bref à rentrer dans le débat, « mode de communication scientifique épistolaire, tombé en désuétude », comme le disait Widlöcher en 1974.
Pour la forme de l’ouvrage, nous avons adopté, tout comme René Zazzo, la solution la plus simple : présenter les textes dans l’ordre où ils nous sont parvenus.
Les contributions rassemblées ici témoignent du souci d’explorer, d’analyser et de confronter les modèles théoriques et les processus qui instruisent la problématique paternelle.
À partir du texte inaugural de Serge Lebovici, d’une richesse et d’une densité remarquables, argumenté par de nombreux exemples issus de ses recherches et de sa position de psychanalyste, les auteurs ont abordé, selon leur place respective, leurs expériences, leur pratique, leurs orientations théoriques, certaines axes et/ou questionnements soulevés par Serge Lebovici. Le tour d’horizon qu’il a réalisé sur la problématique paternelle dans la première partie de l’ouvrage a, nous semble-t-il, bien rempli sa fonction d’initiateur de débat et, ce faisant, plusieurs pistes émergent des travaux présentés dans la seconde partie.
Extraits
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