Editeur
Genre
Musique, danse
Introduction
De l’autre côté du miroir…
Qu’est-ce qui distingue l’œuvre des Beatles ? Une saveur particulière. Ce n’est pas de la musique, ce ne sont pas des chansons, ce ne sont pas des orchestrations, ce ne sont pas des harmonies vocales. Ou bien peut-être s’agit-il d’une combinaison astucieuse de ces divers éléments ? Mais cela n’est-il pas secondaire ? Quel est le mot-clé ? Bonheur. Les Beatles dispensent de la félicité.
Il suffit d’évoquer les mésaventures d’Eleanor Rigby, la boutique du coiffeur de Penny Lane, les élucubrations pataphysiques du Walrus ou la journée pluvieuse de Lovely Rita pour qu’aussitôt un peu de baume se dépose dans nos vies. D’où vient cette sensation de plénitude ? De la contrée imaginaire du Sergent Pepper’s, un pays des merveilles analogue à celui qu’a effleuré Alice et dont les habitants au jabot fleuri ne connaissent qu’une loi : all you need is love.
Paul McCartney, John Lennon, Ringo Starr et George Harrison nous ont fait miroiter les délices d’un Éden qui existe peut-être quelque part et dont ils ont capté la beauté. Gageons qu’ils ont traversé moult paysages psychédéliques pour venir, à bord de leur sous-marin jaune, nous dispenser quelques aperçus de ce domaine fantastico-abracadabrant.
Éternelle cure de jouvence, les mélopées du quatuor déposent du ravissement sur les âmes qui captent ce signal. Passablement secouée par leur venue, la planète Terre ne s’est jamais vraiment remise de leur passage. Un peu de rêve est entré dans la culture et peu importe si John, dans un moment d’égarement, a prétendu que ce rêve pouvait être terminé. La preuve du contraire est précieusement conservée sous la forme de bellissimes mélopées, et la simple diffusion de l’une d’elles établit une connexion instantanée vers le royaume de l’onirique.
Depuis la date clé du 9 septembre 2009, les œuvres que l’on pensait moulées sous leur forme originelle sont revisitées, remixées, rénovées. Tandis que la curiosité se laisse happer, chacun découvre ou redécouvre une foultitude de menus détails, de clins d’œil malicieux : une harpe qu’un orgue avait enfouie, un piano bastringue abandonné à son sort, un cor caché sous un tapis de violon... « Lady Madonna » donne une seconde chance à ses cuivres fiévreux, « Lucy » ressort ses grelots, « She loves you » reprend rendez-vous avec la troisième personne, McCartney caresse de nouveau son piano sur « Hey Jude » tandis que « Girl », une fois de plus, fait dormir ce pauvre John dans la baignoire. L’esprit choyé se ré-imbibe de ce patchwork sonore et la surprise se mêle à l’émerveillement. Rien n’a changé mais quelque chose a fleuri et l’on cherche en vain ces plantes exotiques dans un quelconque almanach.
Au fond, il faudra peut-être des millénaires pour que la civilisation absorbe la quintessence de cette œuvre magnanime.
Ou bien alors… Ou bien encore…
Extraits
Commenter ce livre