À Ellie et à Charlie
Prologue
Dans une semaine exactement, je serai pendue.
Je serai pendue pour mes amis, pour ma famille et, avant tout, par amour. Une perspective qui ne me réjouit pas beaucoup quand j’imagine le nœud coulant autour de mon cou, mes pieds qui cherchent à tâtons la terre ferme, mes jambes qui battent l’air… dansent dans le vide.
Ce matin, je ne me doutais de rien. Ce matin, j’étais au Comic-Con et je respirais l’odeur des hot dogs mêlée à celle de la transpiration et des parfums, dans une atmosphère de costumes bariolés, de flashs d’appareils photo, de tambours et de violons. Et hier, j’étais au lycée en train de stresser à cause d’un exposé débile et je rêvais d’être dans un autre monde.
Méfiez-vous de vos souhaits, car parfois la réalité peut vraiment vous jouer des tours.
Chapitre 1
En me levant, je m’aperçois que ma jupe est restée collée à mes cuisses, alors je détache discrètement le coton de ma peau.
— Vas-y ! me chuchote Katie.
Je ne réponds pas. Qu’est-ce qui m’a pris de me porter volontaire pour cet exposé à la noix ? Je déteste prendre la parole en public. En fait, soyons honnêtes, je déteste tout ce qui contient les mots « en public ».
— C’est à toi, Violet, me commande Miss Thompson.
Je tire une dernière fois sur le pli de tissu rebelle, puis je m’avance vers le tableau. Et soudain, je me sens toute petite, comme si mes camarades avaient des rayons au pouvoir rétrécissant à la place des yeux. Violet, pas plus haute qu’une pâquerette. Cette pensée me fait rire… et voilà comment, en plus d’afficher mon trac, je passe maintenant pour une folle.
Derrière son bureau vieillot, Miss Thompson me sourit.
— Alors, Violet, parle-nous un peu de ton roman préféré, qui s’appelle… ?
— La Danse des pendus, de Sally King.
Soupir collectif des garçons au dernier rang. Mais ils font seulement semblant d’être déçus. Je me souviens : quand le film tiré du livre est sorti au cinéma, il n’y a même pas un an, ils avaient tous les yeux rouges en quittant la salle… étrange, non ?
Je prends une grande inspiration et je me lance :
— « Il était une fois un peuple, qu’on appelait les humains. Les humains étaient intelligents et ambitieux, mais aussi cupides. Ils devenaient de plus en plus obsédés par la perfection – perfection du corps et de l’esprit, vie parfaite. Au tournant du XXIIe siècle, cette obsession a conduit à la première vague d’humains génétiquement améliorés. »
Là, je marque une pause théâtrale et j’en profite pour jeter un coup d’œil à la salle de classe. Moi qui espérais croiser des regards ébahis, captivés… En fait, mon auditoire a l’air à moitié endormi.
— « Les Ingas. Les Individus Génétiquement Augmentés. Grands, forts, beaux et dotés d’un QI supérieur à 130. Rapidement, les Ingas s’installèrent à la campagne, dans de magnifiques régions, les Pâturages, à l’abri des maladies et de la criminalité. »
Extraits
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