La beauté du séducteur, ses exploits amoureux ont fasciné les Grecs de l'époque classique ; mais lion ou panthère, chasseur ou efféminé, de Pâris à Alcibiade, les amants flamboyants arpentaient les territoires d'Eros, dans les marges de l'espace civique, et adoptaient des comportements de provocation et de transgression qui inquiétaient leurs contemporains. A l'admiration éblouie pour les séducteurs se mêlait alors la crainte sourde de la colère des dieux : les coupables d'adultère étaient une menace pour la paix sociale et l'ordre moral. En dépit d'un héritage homérique qui donnait une forme commune à leur conception de la séduction, les cités classiques n'ont pas toutes puni les amours illégitimes avec une égale sévérité. Ici on sodomisait en public le coupable avec un légume, là on se contentait d'une amende comme s'il ne s'agissait que d'une atteinte à la propriété, mais ailleurs les maris bafoués se réclamaient d'une loi archaïque pour justifier la mise à mort immédiate du séducteur pris en flagrant délit. Cette lumière historique jetée sur le châtiment des amants éclaire d'un jour nouveau les relations sociales dans les cités des hommes.
Commenter ce livre