#Essais

Le vieil homme et la mort

Franz-Olivier Giesbert

Mitterand était meilleur et pire qu'on croyait. Ce libertin du pouvoir s'aimait trop et se pardonnait tout. Mais il ne mentait pas tout le temps. Il ne se moquait pas de la misère du monde, ni du malheur des siens. Il était sincèrement pour l'égalité entre les hommes, plus qu'entre les sexes. IL avait la tête pleine du siècle des Lumières d'où il venait, après un crochet à la fin du XIXe, du côté de Thiers ou de Gambetta, selon les jours. Même quand les chandelles de l'Elysée se furent éteintes pour lui, il continua à tenir tête à la maladie qui crispait son sourire et alourdissait ses paupières sans jamais lui faire perdre son regard d'enfant mutin. Il était l'homme qui disait sans cesse non ; non à De Gaulle, non au PC, non à son passé, non à son cancer, non à la mort. Avec lui, j'étais comme l'Hermione de Racine. Je l'aimais trop pour ne le point haïr ; je le haïssais trop pour ne le point aimer.

Par Franz-Olivier Giesbert
Chez Editions Gallimard

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Critique littéraire

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11/06/1997 161 pages 7,00 €
Scannez le code barre 9782070402298
9782070402298
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