#Roman francophone

La Femme du boulanger. Le Bout de la route. Lanceurs de graines

Jean Giono

Voici la version théâtrale de La femme du boulanger, écrite par Giono à partir de la célèbre histoire tirée de Jean le Bleu. Puis cet hymne à l'amour qu'est Le bout de la route. Enfin Lanceurs de graines exprime les menaces que l'avidité des citadins fait peser sur l'équilibre antique du foyer. Giono a joint à ce recueil l'Esquisse d'une mort d'Hélène, écrite en 1919, dialogue entre la veilleuse et une captive troyenne devant la dépouille d'Hélène de Sparte.

Par Jean Giono
Chez Editions Gallimard

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Genre

Littérature française (poches)

Distribution

 


* * *

 

 

LE BOULANGER

Raimu

 

LA BOULANGÈRE

Ginette Leclerc

 

LE BERGER

Charles Moulin

 

LE MARQUIS

Fernand Charpin

 

LE CURÉ

Robert Vattier

 

L’INSTITUTEUR

Robert Bassac

 

MAILLEFER

Édouard Delmont

 

ANTONIN

Charles Blavette

 

CASIMIR

Paul Dullac

 

BARNABÉ

Maupi

 

PÉTUGUE

Julien Maffre

 

ESPRIT

Jean Castan

 

CÉLESTE

Alida Rouffe

 

ANGÈLE

Maximilienne Max

 

MIETTE

Odette Roger

 

LE BOUCHER

Charblay

 

BARTHÉLEMY

Adrien Legros

 

HERMINE

Yvette Fournier

 

DES MESSAGERS

Marius Roux

 

José Tyrand

 

LE PAPET

Gustave Merle

 

Film réalisé par Marcel Pagnol en 1938

 

 

Sur la place du village


C’est la sortie de l’école communale. Les enfants avancent en rangs jusqu’à la porte et tout à coup ils s’enfuient comme une volée de moineaux. M. l’instituteur sort le dernier, et il ferme la porte derrière lui. Il est très jeune ; il doit sortir de l’École normale, et c’est certainement son premier poste. Il va vers la boîte aux lettres et, avec une clef, il l’ouvre. Il y prend Le Petit Provençal. À ce moment-là, un paysan s’approche de lui et le salue.

 

LE PAYSAN. — Bonjour, monsieur l’instituteur.

 

L’INSTITUTEUR (il brise la bande du journal). — Bonjour, Pétugue. Ça va ?

 

PÉTUGUE (timide). — Très bien, monsieur l’instituteur. Très bien. Je voulais vous demander un petit service.

 

L’INSTITUTEUR. — Vas-y.

 

PÉTUGUE. — Vous connaissez Casimir, le gérant du Cercle, qui a le bureau de tabac ?

L’INSTITUTEUR. — Oui. Et puis ?

 

PÉTUGUE. — Eh bien, il faudrait lui dire qu’il y a un chien mort dans son puits. Le puits du Cercle. C’est Cassoti qui l’a vu tomber dedans. Alors, si on ne le prévient pas, il va nous faire boire de cette eau le dimanche à l’apéritif. Il faut le lui dire…

 

L’INSTITUTEUR. — Et pourquoi Cassoti ne l’a pas averti ?

 

PÉTUGUE (mystérieux). — Il ne peut pas. Ils sont fâchés. Ils se sont battus au régiment, il y a vingt ans. Alors, ils sont fâchés.

 

L’INSTITUTEUR. — Pourtant, il va boire l’apéritif au Cercle ?

 

PÉTUGUE. — Oui, mais il ne lui parle jamais – il ne commande qu’à la bonne. Comme moi. Parce que moi aussi, je suis fâché avec Casimir.

 

L’INSTITUTEUR. — Mais pourquoi ?

 

PÉTUGUE. — Oh ! Ça vient de loin. Mon père était fâché avec son père. Et mon grand-père était déjà fâché avec son grand-père. Et déjà, nos grands-pères ne savaient pas pourquoi, parce que ça venait de plus loin. Alors, vous pensez que ça doit être quelque chose de grave. Ça doit être une bonne raison.

 

L’INSTITUTEUR. — C’est vraiment un village de crétins.

 

PÉTUGUE. — Mais non, monsieur l’instituteur. C’est un village où on a de l’amour-propre, voilà tout.

 

L’INSTITUTEUR. — Deux pelés et quatre tondus – et tous fâchés les uns contre les autres !

 

PÉTUGUE. — On se rencontre quand même – au Cercle ou à la chorale –, mais ceux qui sont fâchés ne se parlent pas.

 

L’INSTITUTEUR. — Bon. J’avertirai Casimir. Mais je vais d’abord voir le pain du nouveau boulanger.

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19/05/2011 345 pages 8,70 €
Scannez le code barre 9782070370795
9782070370795
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