Certains êtres à leur mort sont trop attachés à la vie pour la quitter si facilement. Ils deviennent
des chevaliers, des fantômes nostalgiques qui hantent éternellement les rues de leurs sourires.
Mais leur insouciance prend fin quand leur ville se transforme en un champ de bataille autour du
jeune Jamel. Ce petit voleur qui existait à peine devient, sous le coup de la passion, capable de
se moquer des lois de la réalité et de la soumettre à ses caprices.
Sur sa trace, Le Dix-Septième et son armée de cafards. Ce squelette qui garde toujours un cigare
en équilibre sur sa mâchoire. Son jeu est de réveiller la noirceur de la ville en une folie collective
destinée à broyer le petit voleur. Lui et les siens trouveront sur leur chemin les Soeurs, ces femmes
nées d’un songe qui jouent avec les passions et les rêves des hommes. Et au beau milieu de cette
guerre, les chevaliers tenteront de protéger leur ville de cette folie furieuse. A moins que l’un des
protagonistes ne vienne leur rappeler le prix de leur liberté...
Né d'une volonté de raconter une aventure au sens noble du terme (ces fameuses aventures que
recherchent sans cesse les héros de Hugo Pratt), Le Dix-septième repose sur un univers
longuement pensé faisant appel au fantastique pour apporter un éclairage personnel sur
l’existence. Il cherche à disséminer entre les mailles de cette aventure des visions personnelles
sans les imposer au lecteur. A lui de choisir s’il veut juste suivre ce polar fantastique sans se
soucier de cette démarche, ou s’il désire s’engouffrer dans la peinture philosophique et mystique
qui se détache en toile de fond. Rien n’est imposé, mais la toile de fond a été l'objet d’un travail
minutieux.
Cette volonté vient du panel d’influences qui a clairement agité la cervelle de l’auteur. Une
admiration pour Borges et son usage des mathématiques dans ses nouvelles, déjà. Les lectures
passionnées de Vian, Queneau, Eluard, Garcia Marquez ou Ionesco qui font surgir le fantastique
sans complexe afin de cerner au plus près des émotions ou des passions humaines.
Le pari de ce roman est d’invoquer le fantastique comme une évidence, comme le seul moyen
d’évoquer correctement les voyages que chacun rencontre au cours de sa vie : la passion
amoureuse qui conduit au sacrifice, la force de l’existence comme miracle permanent, la
recherche de lois ou d’une morale comme survie nécessaire à la société jusqu’à la tentation du
fascisme...
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