Ce livre n'est pas un bloc isolé issu de la chute. Il s'inscrit dans une oeuvre d'Alliance. Dans la perspective de William Blake, du mariage du Ciel et de l'Enfer. Il n'est pas un plaidoyer, ni un jugement, ni un résumé. Il est le miroir d'un bilan qu'Evola a lui-même su faire discrètement, mais sans conteste. Un soldat de 1914, un érudit, un artiste d'avant-garde des années 20, un suicidé de la société, un militant fasciste, un paralytique âgé pratiquant la magie sexuelle dans une maison aux volets clos - l'ange à la fenêtre d'Orient. Un maître spirituel d'assassins des années de plomb. Et finalement, l'auteur d'un livre où repose le secret de la vanité de toutes ces errances de désespoir, qu'il faut savoir ruminer. Comme le Roi Salomon, c'est à la veille de sa mort qu'Evola a trouvé une voie du désespoir - une forme de salut. Il est possible que la réponse la plus puissante à la question que m'est-il permis d'espérer ? soit : rien. La mort est l'essence de la Voie du guerrier. Mourir à l'illusion pour vivre enfin d'une vie puissante, nue. Le nihilisme réalisé est le négatif, est la puissance à l'oeuvre au crépuscule. Le nihilisme est la seule voie de destruction du nihilisme - il faut boire la coupe jusqu'à la lie, chevaucher le tigre, traverser le labyrinthe de l'Enfer. Rien, voilà tout.
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