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Littérature française (poches)
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PRÉSENTATION
« Le journal donc, comme l'écrivain, a deux fonctions, la fonction politique, la fonction littéraire. Ces deux fonctions, au fond, n'en sont qu'une ; car sans littérature pas de politique1. » Ces phrases, publiées par Hugo dans Le Rappel du 1er novembre 1871, résument toute son œuvre, son rapport à la presse, son rapport à la politique : par elles, il affirme en un même mouvement un journalisme de l'idée et une littérature de l'action. De fait, Victor Hugo a entretenu avec la presse de son temps des rapports marqués par une double dimension, littéraire et politique ; et s'il a participé à des revues littéraires dans sa jeunesse, son nom reste surtout associé à deux journaux politiques de combat, L'Événement et Le Rappel, et à ses nombreuses interventions en faveur de la liberté de la presse.
Défenseur de la presse, il le fut toute sa vie, à la tribune des différentes assemblées auxquelles il a appartenu comme dans les colonnes mêmes des journaux et les innombrables pages de sa correspondance. Au XIXe siècle en effet, les occasions ne manquent pas de défendre la liberté de la presse. Entre 1815 et 1848, dix-huit lois et ordonnances tentent de la réguler, voire de la réprimer, et durant tout le siècle les vagues réactionnaires successives essaient obstinément de museler le journalisme politique : dès la fin de l'illusion lyrique, en 1848, et plus encore lorsque la réaction triomphera aux élections du printemps 1849 ; sous le Second Empire, bien sûr, où les journaux sont étroitement surveillés, puis encore à la suite de la Commune, quand se multiplient les condamnations de journalistes2.
La défense de la liberté de la presse fut l'une des luttes les plus constantes que mena Victor Hugo. Aussitôt élu à l'Assemblée constituante, en juin 1848, et bien qu'assis sur les bancs de la droite, il intervient à de nombreuses reprises pour réclamer cette liberté et la levée de l'état de siège (discours des 11 septembre et 11 octobre 1848), pour protester contre l'arrestation et la mise au secret d'un journaliste – en l'occurrence, Émile de Girardin, le célèbre patron de La Presse (discours du 1er août 1848) –, pour interpeller le cabinet au sujet des expéditions punitives menées par la police de Changarnier, commandant de la garde nationale, dans les imprimeries de deux journaux républicains au lendemain de la manifestation du 13 juin 1849, ou pour protester, dans les bureaux de l'Assemblée, contre les poursuites qui menacent deux représentants républicains déclarés coupables de « délits de presse »… Son discours-fleuve du 9 juillet 1850, par lequel il s'insurge contre un projet de loi de répression de la presse (loi qui sera néanmoins votée), figure parmi ses plus célèbres interventions à la tribune. Il y proclame dès les premiers mots le caractère fondamental de la liberté de la presse dans toute vraie république :
La souveraineté du peuple, le suffrage universel, la liberté de la presse, sont trois choses identiques, ou, pour mieux dire, c'est la même chose sous trois noms différents. À elles trois, elles constituent notre droit public tout entier ; la première en est le principe, la seconde en est le mode, la troisième en est le verbe3.
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