#Roman francophone

Au bonheur des jours. Histoires de femmes

Joëlle Miquel

Joëlle Miquel met en scène des femmes. Des femmes d'aujourd'hui, des citadines ou des provinciales, des libérées ou des fleurs bleues, des mères, des épouses, des jeunes filles - des amoureuses. Elle a un oeil vif sur la vie, un regard qui voit. Les histoires qu'elle raconte – " Un petit quelque chose ", " Juste une goutte d'eau ", " Le portable c'est formidable ", " L'Orage ". – sont celles de toutes les femmes à cet instant de leur existence où elles se libèrent des conventions, des pressions, de la mode, des images formatées qui les empoisonnent et les emprisonnent. Alors, tout à coup, surgissent ces instants si fugaces et si précieux, ces petits bonheurs des jours qui transfigurent notre vie, le monde.
Un livre qui rend heureux.

Par Joëlle Miquel
Chez Editions de La Différence

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Genre

Littérature française

MARIE

OU

CHAMBRE D’HÔTEL SANS BAGAGE

 

  

 

 

« Marié, 45 ans, 1,83 m, 80 kg, bonne situation, cherche jeune femme pour rapport épistolaire. »

 

Pourquoi avait-elle répondu ?

« Mariée, 30 ans, 1,70 m, 50 kg, cadre, souhaiterais vous rencontrer. »

 

Geoffrey n’était pas marié, mais il voulait mettre une barrière de plus à toute histoire amoureuse. 

Marie n’était pas cadre. Elle était mère au foyer, mais elle voulait paraître moderne, libérée. 

Ils avaient menti tous deux. C’était la première fois qu’ils passaient ce genre d’annonce.

 

Par courrier électronique, ils s’étaient donné rendez-vous loin de chez eux dans un quartier de Paris où ils n’allaient jamais. Geoffrey était rive gauche. Marie était XVIe. Ce rendez-vous en dehors de leur quartier les arrangeait.

C’était elle qui avait décidé le lieu : « Rendez-vous au bar du Grand Hôtel, rue Scribe, sous la verrière… » Il y a longtemps, au Café de la Paix, en cherchant les toilettes, elle s’était retrouvée dans le hall de ce grand hôtel parisien et avait été attirée. Elle s’était rappelé… le jardin d’hiver, la verrière, les orangers… elle avait eu envie d’y retourner.

« Comment nous reconnaîtrons-nous ? » avait-elle demandé. 

« Je porterai un foulard bleu », avait-il écrit sans réfléchir. 

Geoffrey venait de s’acheter un foulard bleu à motif cachemire avec la pochette assortie ; le carré de soie était en face de lui, encore dans son élégante petite boîte, il avait envie de le mettre. 

« Moi, également », avait-elle répondu. 

« Mercredi à midi. » 

Le mercredi, son fils passait la journée avec sa belle-mère. Marie avait écrit : « Très bien, j’y serai. » 

Et voilà comment cette étrange histoire avait commencé.

 

Marie avait fermé son ordinateur comme si elle rabattait le couvercle d’une boîte qu’il est interdit d’ouvrir et était restée sans bouger, assise, devant son bureau, étonnée, perturbée par l’acte qu’elle venait de commettre et que toute sa personne jugeait honteux. 

 

« Qu’est-ce qui m’a pris ?… Qu’est-ce qui m’a conduite à faire ça ?… »

 

Marie cherchait en vain les signes avant-coureurs, les prémices d’une telle démarche… 

 

« J’ai un mari aimant, un enfant bien portant, suffisamment d’argent pour ne pas avoir à travailler… une famille, des amis, une existence que bon nombre de gens envient… une belle vie simple et digne… Qu’est-ce qui m’a pris ? »

 

Marie eut honte de cet égarement et décida d’annuler le rendez-vous. Cette idée la calma. 

Le lendemain pourtant, après avoir accompagné son fils à l’école, en bonne mère de famille, elle dériva, marcha, marcha, et se retrouva devant une boutique de lingerie érotique. Jamais Marie n’avait osé regarder une vitrine de ce genre et même jamais songé à s’acheter des bas. 

 

« Quelle impression apporte du cuir sur la peau ?… Avec une culotte fendue… en été… le vent… mais qu’est-ce qui me prend ? » se surprit-elle à penser. 

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07/05/2015 191 pages 18,00 €
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