#Essais

Les Croisades

Jean Flori

Issues de la tradition ou de l'air du temps, mêlant souvent vrai et faux, les idées reçues sont dans toutes les têtes. L'auteur les prend pour point de départ et apporte ici un éclairage distancié et approfondi sur ce que l'on sait ou croit savoir.

Par Jean Flori
Chez Editions Le Cavalier Bleu

0 Réactions |

Genre

Histoire de France

 

 

 

 

 

 

Introduction

 

 

Les tensions récentes qui s’exaspèrent depuis le début du XXIe siècle entre le monde occidental de culture chrétienne et le monde musulman, exploitées par les extrémistes des deux bords, attirent l’attention croissante du public sur les croisades, lointaines et souvent très mal connues. Le vocabulaire en témoigne. Les islamistes fanatiques rangent en effet leurs ennemis en trois catégories : les dirigeants musulmans jugés « apostats » ; les juifs et particulièrement Israël ; enfin les « croisés », terme par lequel ils désignent en bloc leurs adversaires occidentaux. À l’inverse, dans « l’autre camp », au lendemain du 11 septembre 2001, le président américain G. W. Bush promettait de lancer contre ces fanatiques musulmans une nouvelle « croisade », expression malencontreuse qui confortait du même coup la perception réductrice et même fautive de ses adversaires.

Les causes de ces funestes dérapages réciproques sont multiples. En Occident, on a depuis longtemps pris l’habitude, bien à tort, d’user du terme « croisade » pour désigner une entreprise jugée légitime, un combat salutaire et moral qui n’a plus rien à voir avec la croisade de l’histoire. On parle ainsi de croisade contre la pauvreté, contre la maladie, contre l’ignorance, voire contre la vie chère, la saleté ou l’intolérance !

Le mot « croisade » évoque évidemment tout autre chose qu’une opération légitime et morale pour ceux qui, au cœur du Moyen Âge, en furent les victimes : musulmans de Terre sainte ou d’Espagne, mais aussi juifs de Rhénanie (massacrés au passage par les croisés en 1096), païens des régions baltiques, chrétiens d’Orient en 1204, cathares et hérétiques divers après 1212. Pour ces populations-là et pour ceux qui aujourd’hui s’en réclament, croisade n’est nullement synonyme de combat moral, mais au contraire de massacre, spoliation et intolérance. Voltaire et les philosophes de l’ère des Lumières ont contribué, en France du moins, à répandre quelque peu cette idée.

À cette ambiguïté de sens s’ajoutent divers facteurs qui obscurcissent le concept de croisade. Le premier est son élargissement précoce, par la papauté, pour désigner diverses opérations militaires entreprises à son profit ou à son initiative. Le second est le lien entre la croisade et d’autres thèmes particulièrement populaires qui lui sont associés : les templiers et leur supposé « trésor », les cathares et les sectes ésotériques sont les principales victimes de ces « pollutions » du concept de croisade. Très en faveur auprès du public, ces thèmes annexes, sous leurs formes souvent délirantes jusqu’à l’absurde, sont exploités par des personnages peu scrupuleux mais de grande habileté commerciale, cinéastes, romanciers et pseudo-historiens. Ils contribuent à diffuser dans un large public de nombreuses idées fausses que ce petit livre espère pouvoir en partie rectifier.

Commenter ce livre

 

18/01/2010 127 pages 10,95 €
Scannez le code barre 9782846702942
9782846702942
© Notice établie par ORB
plus d'informations