Préface
Une révolution
Une véritable révolution de notre conception de l’existence autant que de nos modes de vie a vu le jour à travers le développement de la méditation en Occident. Nous ne sommes qu’aux prémices du phénomène, et pourtant la méditation s’impose déjà, aux États-Unis, comme une alliée indispensable, aussi bien dans les prisons que dans les écoles ou les entreprises.
En quoi cette pratique est-elle si révolutionnaire ?
À une époque de crise majeure – crise économique, écologique et éthique –, elle offre un chemin pour permettre à chacun de retrouver un peu de paix, une vie plus juste et plus épanouie. Il n’est pas nécessaire pour cela d’adopter une nouvelle doctrine, il s’agit simplement de diriger d’une manière consciente son attention vers la réalité au lieu de chercher à la fuir. Quand la plupart des discours nous invitent à fermer les yeux, méditer nous apprend à les ouvrir.
Il faut, nous dit-on sans cesse, être plus efficace, plus rapide. Tranchant avec cette dictature de l’utilité, la méditation ne prétend pas nous permettre de tout dominer, elle nous aide à retrouver ce qui importe vraiment, à faire les choix importants. Elle nous permet de retrouver le lien réel, si souvent mis à mal, avec notre propre humanité.
Un enseignement responsable
Si la méditation s’impose, il en existe de nombreuses formes : laquelle choisir ? Comment la pratiquer ?
Quand j’ai commencé à enseigner, il y a une quinzaine d’années, je me suis tourné vers le bouddhisme américain que je trouvais très dynamique et mature. J’ai été en particulier frappé par l’enseignement de Sharon Salzberg qui, en 1976, avait fondé avec Jack Kornfield The Insight Meditation Society (IMS), aujourd’hui l’un des centres les plus importants. Sharon Salzberg est peu à peu devenue l’une des grandes voix de la transmission de la méditation en Occident.
Comme ces grands aînés, j’ai appris à méditer auprès d’extraordinaires maîtres orientaux. Comme eux, j’ai reçu le cœur d’un enseignement ancien et profond. Mais comment passer à mon tour le flambeau ?
Nombre d’enseignants français se contentaient de répéter ce qu’ils avaient entendu. Ce n’était pas du tout vivant, leurs propos me semblaient empesés et bien trop religieux. Ils s’habillaient à l’orientale, répétaient des mots que personne ne comprenait ; comment une telle attitude aurait-elle pu aider qui que ce soit dans la vie quotidienne ?
Pire encore, je voyais des gens ressortir de ces expériences conditionnés à adorer un gourou.
Aux États-Unis, une génération d’enseignants avait pris le risque de cesser de répéter des concepts bouddhiques, de laisser tomber les rituels ésotériques orientaux et le carcan religieux pour parler directement de leur expérience. Sans prétendre être des maîtres éveillés, leur enseignement était concret, simple et ancré dans la réalité. Il parlait à tout le monde. Il était honnête et solide – sans rien sacrifier de l’esprit de la tradition.
Extraits
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