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Genre
Développement durable-Ecologie
À en juger par les sondages, mais aussi l’effervescence médiatique qu’il suscite, la plupart des Français ont entendu parler de commerce équitable. Mieux, ils sont de plus en plus nombreux à acheter régulièrement ou occasionnellement des produits qui en sont issus. Même si ce commerce reste encore marginal au plan national comme au plan mondial, les chiffres attestent d’une croissance soutenue que même la pression qui pèse sur le pouvoir d’achat ne semble démentir. Cependant, le commerce équitable paraît plus que jamais à la croisée de chemins : d’un côté, il plaide pour une rémunération plus juste des petits producteurs du Sud et la défense d’une agriculture paysanne ; de l’autre, il ne peut espérer changer la donne sans accroître les volumes et donc s’engager dans une logique de croissance. L’articulation de ces deux objectifs ne poserait pas de problèmes si la notoriété grandissante du commerce équitable n’attirait de nouveaux acteurs (grande distribution et multinationales) moins exigeants, plus sensibles aux perspectives de marge et de valorisation de leur image… Pour prendre la mesure de ce dilemme, il convient de revenir sur l’évolution du commerce équitable, de ses origines, dans les années 1950-1960, à aujourd’hui, non sans souligner au passage la diversité des approches et des valeurs qui le sous-tendent (chapitre 1) ; nous nous intéresserons ensuite aux parcours de trois personnes à l’origine de l’une des marques françaises dédiées au commerce équitable et qui, en 2002, firent le pari de concilier le principe de solidarité du commerce équitable avec une logique de croissance, en acceptant la diffusion de leurs produits en grande distribution (chapitre 2). En faisant le choix du statut coopératif, ils montrent comment les valeurs du commerce équitable peuvent par la même occasion épouser celles de l’économie sociale et solidaire (chapitre 3). Au-delà de la question de l’adéquation entre valeurs et croissance, plusieurs débats agitent le monde pluriel du commerce équitable (sur sa contribution effective au développement durable, son impact réel sur les producteurs du Sud, ses rapports avec la grande distribution…). Nous y reviendrons dans le chapitre 4 avant de nous interroger (chapitre 5) sur les nouveaux défis qui se posent à lui quant à son avenir (apparition de marques d’enseignes de la grande distribution, de logos concurrents et moins exigeants…). Dans le chapitre 6, nous examinerons les pistes de réflexion à poursuivre pour garantir un commerce équitable véritablement au service des petits producteurs du Sud.
Aux sources du commerce
équitable
Des premières initiatives apparues dans les années 1950-1960, à la création du label précurseur Max Havelaar, en 1988, le commerce équitable recouvre une diversité d’approches qui, par-delà leurs spécificités, reposent sur un même principe de solidarité à l’égard des petits producteurs du Sud confrontés à des cours mondiaux inférieurs aux coûts de production. Si tous les acteurs s’accordent sur la nécessité d’élargir les débouchés dans les pays du Nord, ils divergent quant aux moyens d’y parvenir.
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