« Ici s’achève la migration des oiseaux, notre migration, la migration des mots.
Et après nous, un horizon pour les nouveaux oiseaux ; après nous, un horizon pour les oiseaux nouveaux.
Et nous qui battons le cuivre du ciel, nous battons le ciel pour qu’il creuse des routes après nous.
Nous nous sommes concilié nos noms au versant des lointains nuages, les nuages lointains.
Nous descendrons bientôt comme des veuves dans la place des souvenirs
Et nous dresserons notre tente pour les ultimes vents : soufflez, soufflez, que vive le poème
Et vive le chemin qui y mène. Après nous, l’herbe croîtra, l’herbe s’élancera
Aux abords des chemins que nous sommes seuls à avoir foulés, des chemins inaugurés par nos pas têtus.
Là, nous graverons sur les derniers rochers : vive la vie et vive la vie.
Puis nous tomberons en nous-mêmes, laissant après nous un horizon pour les nouveaux oiseaux. »
Mahmoud Darwich,
« Ici s’achève la migration des oiseaux » (traduit de l’arabe par Abdellatif Laâbi, in Plus rares sont les roses, 1989,
Les Editions de Minuit)
« L’oiseau du ciel emporterait ta voix, l’animal ailé publierait tes paroles. »
L’Ecclésiaste, X, 20
QUELQUES PRÉCAUTIONS À NE PAS OUBLIER : Etudier le pays où vous vous rendez ainsi que l’état des routes, savoir vous repérer sur votre carte, connaître votre itinéraire ou du moins savoir dans quelle direction vous allez, etc. Veiller à observer la progression de chaque étape ; avoir sur soi un carnet afin de noter tout ce qui paraît digne d’intérêt.
Maria E. Ward, Bicycling For Ladies, 18961
Notes pour le Guide à l’usage des jeunes femmes à bicyclette sur la route de la soie
Kachgar, Turkestan oriental, 1er mai 1923
Je suis au regret de constater que même La Bicyclette pour les dames et ses « Aperçus sur l’art du cyclisme
– conseils aux débutantes – costume – entretien de la bicyclette – pièces détachées – entraînement – exercices », etc., ne me sont d’aucune aide dans les circonstances présentes : nous nous trouvons aux prises avec une situation délicate.
Autant commencer par les ossements.
Ils étaient desséchés, blanchis au soleil, pareils à de minuscules flûtes. Je criai à notre muletier de s’arrêter. Le soir tombait ; dans notre hâte d’atteindre notre destination, nous avions voyagé, à la manière anglaise, pendant les heures les plus chaudes de la journée. Il s’agissait d’os d’oiseaux, amassés au pied d’un tamaris. Mon destin était sans doute lisible dans les motifs qu’ils dessinaient au sol, si seulement j’avais su les déchiffrer.
C’est alors que j’entendis le cri. Un bruit affreux provenant de derrière un bosquet de peupliers morts dont l’allure ne contribuait pas à égayer la nature désolée de cette plaine désertique. Je descendis de ma bicyclette et cherchai des yeux Millicent et ma sœur, Elizabeth, sans localiser ni l’une ni l’autre. Millicent préfère se déplacer à cheval plutôt qu’en chariot, ainsi, elle peut quand cela lui chante s’accorder une pause pour fumer une de ses cigarettes Hatamen.
Extraits
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