À Seattle, Neal Kosaly-Meyer s'est lancé un défi peu commun, dans la catégorie la vie devant soi. Ce pianiste a tenté de lire Finnegans Wake, de l'écrivain irlandais James Joyce, lorsqu'il avait 25 ans : il n'est pas allé bien loin, croisant dès la première page le fameux mot de cent lettres qui en a décontenancé plus d'un. Des décennies plus tard, pour surpasser cet échec, Kosaly-Meyer a décidé de réciter Finnegans Wake de tête.

(Eduardo M., CC BY 2.0)
Neal Kosaly-Meyer n'est pas du genre à se décourager, et ses années de pratique du piano lui ont donné une certaine habitude de la rigueur : en 1984, frustré de n'avoir pas su aller plus loin que la première page de Finnegans Wake, il décide d'apprendre par cœur le premier chapitre du légendaire roman de James Joyce. Celui-là même qui contient le terme « bababadalgharaghtakamminarronnkonnbronntonnerronntuonnthunntrovarr- hounawnskawntoohoohoordenenthurnuk ».
Ce mot de 100 lettres n'est pas seul dans le livre : 9 autres termes au nombre de lettres similaire, à l'exception du dernier qui en compte 101, sont autant de « coups de tonnerre », qui signalent un bouleversement particulier. Finnegans Wake est truffé de ces jeux avec les langues, pour dérouter et provoquer le lecteur. « À cette époque, je suis à l'école de musique, je fais du piano chaque jour, et je réalise que prononcer un mot de 100 lettres est un peu comme le piano, il faut s'entrainer. »
Ni une ni deux (mais plutôt cent), voici Neal Kosaly-Meyer lancé dans un apprentissage un peu particulier. Quelques années plus tard, en 1987, fin prêt, il déclame les pages du premier chapitre, de tête, devant des proches. Puis laisse à nouveau tomber le roman, estimant qu'il a gagné une partie, et s'est approché de ce que Joyce souhaitait faire avec ses mots à rallonge et sa construction alambiquée.
En 2012, Finnegans Wake se rappelle à son bon souvenir par l'intermédiaire de John Cage, avec son œuvre Roaratorio ainsi qu'avec ses écrits sur Joyce. Et Kosaly-Meyer de poursuivre son travail de mémorisation, chapitre par chapitre, pour un livre qui approche des 1000 pages.
« J'ai décidé d'apprendre 37 pages par an », explique le pianiste à The Stranger. « À ce rythme, l'apprendre en entier prendra 17 ans... J'avais 54 ans alors, cela signifiait avoir fini à 71 ans. Pas de temps à perdre avec mon âge, il fallait que j'y aille. »
À 61 ans, Neal Kosaly-Meyer a atteint le chapitre 6 du roman de Joyce, et se produit désormais en public, pour des récitations.
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