Quand les jeux vidéo atteignent des degrés de réalisme jamais vus, difficile d'imaginer qu'un simple livre puisse être à l'origine d'une aventure trépidante, pleine de choix cruciaux qui peuvent mener à la mort ou à la victoire. Et pourtant... Les livres dont vous êtes le héros ont su captiver pas mal d'entre nous. Mais, au fait, comment s'écrivent-ils ?
L’auteur de Sabotage, dont la couverture est reproduite ci-dessus, Jay Leibold, a accepté de partager avec Atlas Obscura les brouillons qui lui ont servi à la rédaction de son livre. Ici, pas de pages noircies de lignes de textes, avec des corrections en tous sens, mais des cartes très claires et précises sur le déroulé des actions possibles, et leurs conséquences.
En effet, pour ceux qui n’auraient jamais ouvert un livre dont vous êtes le héros — filez donc en dénicher dans les brocantes, pauvres fous — la lecture de ces ouvrages est un peu particulière. Si l’on commence à la première page, le lecteur est invité à faire un choix à la fin de celle-ci, entre deux ou plus de possibilités d’action, chacune d’entre elles renvoyant vers une page précise au sein du livre.
Et ainsi de suite, jusqu’à la victoire ou jusqu’à la très frustrante mort du héros. Évidemment, des pages différentes pouvaient renvoyer vers la même, avec différents chemins possibles pour atteindre une des fins de ces livres. Car certains en comportaient plusieurs, comme Sabotage, qui en propose pas moins de... 39.
La carte de Sabotage, par Jay Leibold (via Atlas Obscura)
« Il y avait beaucoup de ratures, de passages de gommes et de nouvelles tentatives » se souvient Jay Leibold, qui a rédigé un certain nombre d’ouvrages du genre dans les années 1980. Ces titres portaient aussi en eux un certain défi littéraire, puisqu’il faut exprimer un maximum de choses en un minimum de textes, afin de proposer des choix réguliers, mais cohérents dans un déroulé narratif. « Pour moi, un des défis pour le lecteur était aussi de trouver quel chemin était le plus fouillé en terme de narration », souligne Leibold, preuve que cet aspect n’était pas négligé.
Parfois, les histoires de Leibold étaient si complexes que l’auteur réalisait même un plan des lieux de l’action, pour mieux visualiser l’évolution du personnage incarné par le lecteur.
En guise de défi personnel, Leibold s’astreignait à limiter le nombre de choix dans d’autres titres de la série, afin de faire monter la pression et les enjeux pour le joueur. Si Jay Leibold semble avoir gardé un bon souvenir de ces séances d’écriture, il ne nie pas leur complexité : « Vous jonglez avec tout. Vous jonglez avec les possibilités. Vous jonglez avec le nombre de pages et l’espace disponible. Les choix et les ramifications et leur équilibre. »
Pas sûr que le héros soit celui que l’on pense, après tout...
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