Le 10/05/2019 à 17:08 par Nicolas Gary
Publié le :
10/05/2019 à 17:08
The Book Ritual dispose d’un gameplay excessivement simple : il suffit de déchirer des pages de livres, de les injecter dans le broyeur à papier, pour avancer dans sa quête. Et puisque le joueur devient le sujet-héros de l’aventure, il lui faut, suivant le schéma actanciel traditionnel, un adjuvant.
Ce dernier prend la forme, sur l’écran, d’un bouquin assez mignon et plutôt compatissant, qui va vous accompagner dans votre quête. Sous la forme d’un point and clic, le petit livre à l’écran va poser des questions, et inviter à écrire sur la page du livre. Ou à réaliser d’autres actions, toujours en s’appuyant sur le livre que l’on a en main.
Sauf qu’en réalité, il ne s’agit pas simplement de passer des pages déchirées à la poubelle, pour les voir ressortir en lamelles…
Mais avant d’y venir, démonstration en vidéo :
The Book Ritual est en effet une sorte de catharsis, doublé d’un purgatoire personnel. Son concepteur le présente comme « une œuvre d’art interactive, jouée avec un livre du monde réel, à votre choix ». Et si le broyeur est un gadget amusant, le jeu fonctionne tout aussi bien sans.
De fait, le livre qui apparaît à l’écran de l’ordinateur va chercher à mieux connaître le joueur. Il va ainsi lui poser des questions, et l’inciter à faire du découpage, du collage, écrire ou même surligner. Et à chaque page que l’on mettra dans le broyeur, la conversation sera plus profonde et le personnage va établir un lien avec le joueur et se confier, sur son identité et ses motivations profondes.
De fait, explique le développeur, l’histoire tourne autour de l’acceptation de la perte et du changement. « Il s’agit de faire face à des décisions impossibles à annuler ou à des souvenirs qui perdent leur sens. On parle ici de culpabilité et de regret. Mon espoir est que le livre puisse inciter les gens à réfléchir aux motivations qui les poussent à agir, en utilisant un livre tangible comme moyen de mettre en scène des sentiments, et de les incarner physiquement. »
On vous avait dit qu’il y en avait plus que ce que cela semblait.
L’idée de cette connexion entre le monde vidéoludique et l’objet matérialisé est censée favoriser l’expression personnelle, tout en jouant sur l’affect que l’on peut porter aux objets. « Si ce que l’on tente d’explorer relève de ce lien émotionnel avec les objets, alors “détruire” devient un verbe puissant à employer. Poser des questions aux joueurs sur la manière dont ils s’attachent sentimentalement à quelque chose, puis leur demander de le détruire, les inciter à réfléchir à ce lien qu’ils entretiennent. »
Du moins est-ce ce qu’Alistair Aitcheson espère.
Or, la dimension sacrificielle du livre est probablement l’une des plus complexes à prendre en compte et assumer — tant le livre-objet est ancré dans les cultures. Et sa destruction fait résonner les heures les plus sombres de l’histoire.
« Mon objectif n’est pas de dire aux gens qu’ils ont tort de protéger les livres. C’est leur demander pourquoi ils mettent de la valeur dans ce qu’ils valorisent. Est-ce la même raison qui nous pousse à nous accrocher aux livres, qui nous relie à de lointains souvenirs, d’impossibles désirs et des questions sans réponses ? Un livre a-t-il encore de la valeur s’il n’est pas porteur de sens ? »
On peut télécharger les différentes versions, pour PC, Mac, à cette adresse. Ça va trembler dans les étagères et les bibliothèques !
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