À la veille de cette fête du livre que devrait être « Livre Paris », force est de constater que l’absence de beaucoup d’éditeurs, année après année, n’est pas du meilleur effet. À l’égard de tous les professionnels, français ou étrangers, et du public. Peut-être même cet effet est-il même secrètement désastreux.
par Pierre Astier, agent littéraire
Si, en tant qu’organisateur de cette manifestation, le SNE (Syndicat National de l’Édition), fort de ses 670 membres (sur environ 4500 éditeurs en France) ne parvient pas à exprimer son unité et sa diversité, alors il y a problème.Problème lancinant qui, au fil des années, devient un poison lent.
Qu’on en juge par les éditeurs absents à Livre Paris : Grasset, Fayard, Calmann-Lévy, Stock, Mazarine, Lattès, Hatier, Kéro, Dunod, Rageot, Chêne, Hazan, les Arènes, Liana Lévi, etc. (la liste est très longue.) Ou par les régions absentes : la Bretagne, la Corse, l’Occitanie, la Bourgogne-Franche-Comté, le Centre-Val de Loire, la Nouvelle Aquitaine, etc.
Sans parler d’une multitude de maisons indépendantes qui constituent la formidable bibliodiversité francophone et qui, lassées de faire de la figuration coûteuse, renoncent à venir. Le public de la Porte de Versailles est donc privé de rencontres possibles avec les auteurs et les éditeurs de ces maisons.
Que les pouvoirs publics (Mairie de Paris, Région Île-de-France, ministères de la culture, des Affaires étrangères et de l’Éducation nationale notamment) en tant que partenaires n’aient pas conscience, ferment les yeux et s’accommodent de ce qui devrait être une obligation d’entente et d’effort collectif n’est pas acceptable.
Des structures souples et indépendantes ?
Dès lors, la question se pose : si le SNE n’est pas capable de s’entendre (car là est le problème, semble-t-il) pour offrir pendant cinq jours une vitrine complète de ce qu’est l’édition en langue française, doit-il continuer à en être l’opérateur principal ?
Les édiles de la région Île-de-France, ceux de la Ville de Paris et les stratèges de l’État doivent urgemment se poser la question. Ou alors, revoir ce discours édifiant sur l’exception culturelle française, sur l’exemplarité de la Politique Publique du Livre et de la Lecture française tant vantée.
Des états généraux du livre en français ont été lancés qui identifient les verrous du marché international du livre en langue française. Poser la question des foires et salons dans l’espace francophone, de leur coordination et de leur professionnalisation, ainsi que de leur coopération est une évidence. Et depuis longtemps.
Pour le rayonnement de Paris, une des rares capitales dans le monde à ne pas être dotée d’un grand festival littéraire international et d’une grande foire du livre internationale, ne faudrait-il pas songer à des structures souples, mais surtout indépendantes, pour les organiser ?
Erratum : la tribune a été modifiée par la rédaction : elle mentionnait l'absence de Pika et Livre de poche, qui sont bien présentes au salon du livre de Paris.
Commentaires
Stéphanie, le 11/03/2019 à 09:53:03
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Sylvie, le 12/03/2019 à 09:27:23
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Richard, le 14/03/2019 à 11:30:18
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