« Tout va très bien, madame la marquise… » C’est le refrain que l’on entend régulièrement chanter sur les ondes alors que la bibliothèque est en flammes.
Bien sûr, il se produit beaucoup de livres, plus même qu’il ne s’en est jamais produit. Et dans cette grande production (60 000 titres par an), il y a fort heureusement, chez les grands comme chez les petits éditeurs, beaucoup de bons et beaux livres. Mais, pour appeler un chat un chat, ce qu’il faut bien nommer la crise du capitalisme, dans ce domaine aussi fait des ravages.
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Francis Combes |
La tendance toujours plus forte à considérer le livre comme une simple marchandise ne laisse pas indemnes la qualité de la création, la diversité culturelle et la liberté de penser. Il suffit de regarder ce qui est offert au regard des lecteurs en tête de gondole d’un Relay H pour le mesurer.
Dans ce paysage, il y a urgence pour les éditeurs indépendants dont l’existence est souvent de plus en plus précaire. Sur 3 000 maisons d’édition que compte ce pays, 2 800 sont des petits qui n’appartiennent pas aux grands groupes. Leur poids économique est faible, mais leur rôle littéraire et intellectuel est grand, pour la création, pour la poésie, la nouvelle, les traductions des littératures étrangères, l’histoire sociale ou locale, la pensée critique… et même la redécouverte d’auteurs classiques abandonnés dans la tourmente du marché du livre.
C’est la raison pour laquelle lors de nos derniers états généraux, nous avons lancé un Plan d’urgence pour le livre. Nous n’attendons pas tout de l’état et nous ne rêvons pas d’une édition sous perfusion qui ne vivrait que de subventions. Mais face aux défis conjugués de la crise, de la mondialisation et des bouleversements numériques, nous disons qu’il faut que les politiques publiques en faveur du livre et de la lecture changent d’échelle. Et qu’une place soit faite dans ces politiques pour la sauvegarde de la diversité éditoriale et de l’existence de cette chance que constitue en France ce vivier des maisons d’édition indépendantes.
Nous réclamons ainsi des mesures d’aide à la constitution des fonds propres. Nous demandons aussi, par exemple que le livre bénéficie d’un tarif postal préférentiel, à l’exemple de ce qui existe pour la presse. Cette revendication à laquelle pour l’instant le gouvernement fait la sourde oreille entrerait dans les missions de service public. Nous demandons aussi une réforme du CNL, de son financement et des modalités d’aide à l’édition.

Et, à rebours des tendances individualistes si fortes dans cette société, nous nous attachons depuis des années à favoriser la coopération entre nous : plus de 100 éditeurs ont d’ailleurs rejoint notre association.
Et c’est aussi pourquoi nous organisons, les 20, 21 et 22 novembre 2009, le 7e salon de l’autre LIVRE, à l’espace Blancs manteaux, dans le quartier du Marais à Paris, qui sera l’occasion de donner à voir la diversité et la qualité du travail des éditeurs indépendants.
Francis Combes,
Président de l’autre LIVRE
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