Ce n’est pas la première fois dans l’histoire, que l’humanité est confrontée à une pandémie planétaire. De tous temps, la maladie, quelle qu’en soit la nature et les époques, accompagne l’homme avec souvent la mort comme ultime résultat – et son cortège de souffrances et d’incompréhension pour ceux qui sont directement éprouvés. Certains survivent et d’autres malheureusement, souvent les plus fragiles, disparaissent tragiquement.

À cet égard, tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne, doit-on le rappeler ? Sans compter le fait que la coopération entre les États, y compris européens, laisse vraiment à désirer, les mesures communes demeurent presque inexistantes. D’emblée il y a aussi les riches et les pauvres, en mesure ou non de contenir de telles crises.
Retombées, et radioactivité
La France, pays riche, et nous l’avons vu depuis plusieurs semaines maintenant, n’est pas épargnée par certains dysfonctionnements, en dresser la liste ici s’avère inutile, nous les connaissons tous. Ils n’ont rien d’anodin, reflétant au contraire un certain positionnement politique antérieur engageant des responsabilités majeures et d’ailleurs pas toujours très bien comprises. Le confinement quant à lui, n’a pas été vécu de la même manière par tous les citoyens, avec là encore les victimes et les rescapés économiques selon les secteurs d’activité.
Inégalités croissantes pour les uns, enrichissement ordonné pour les autres. Même s’il s’agissait pourtant d’une bonne mesure, avec un recul net de la pandémie, reste le sentiment d’une privation momentanée des libertés qui elle n’a rien d’accessoire. La fin justifie donc les moyens mis en œuvre pour subsister. Continuer à vivre à l’identique aurait été de toute façon irresponsable. Certains pays en ont payé le prix fort avec un taux élevé de mortalité.
Plus de 166.378 cas ont été confirmés depuis le mois de janvier 2020 sur l’ensemble de notre territoire 29.875 décès. La France a été et est encore durement frappée par la Covid-19, singulièrement virulent et dont la médecine peine à trouver un remède susceptible d’endiguer sa propagation pour les mois à venir. Preuve en est la multiplication des clusters dans différentes régions depuis le déconfinement – avec, il est vrai, une nouvelle maitrise plus acceptable. C’est là le tout premier impact qui invite au réalisme et à la prudence.

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Tant qu’un vaccin efficace ne sera pas découvert, soyons certains que ce virus insidieux continuera de circuler un peu partout sur la planète, y compris avec des mutations possibles – option pas vraiment exclue. Mais comment prévoir ce que nous ignorons et qui nous échappe ? L’on peut toujours extrapoler, établir d’insolites prévisions, se conformer aux chiffres, faut-il encore qu’ils soient fiables, à seule fin de nous rassurer. C’est une méthode plausible, parmi tant d’autres. Toutefois, rassurer les populations ne signifie nullement vaincre la maladie, tout au plus en contenir les effets pervers sur le plan psychologique.
L'esprit, premier refuge
Surtout garder le moral, faire preuve d’optimisme, et bien évidemment continuer à vivre envers et contre tout. Donc, attendre que le mal passe, bien qu’attendre ne soit pas une fin en soi. Et ne présage rien de bien crédible. Pourtant, rien n’empêche logiquement d’envisager des temps meilleurs. En somme, espérer que la situation s’améliore naturellement à condition toutefois que les indices de la croissance repartent au vert. Et ce n’est pas gagné, malgré les mesures exceptionnelles prises par le gouvernement d’alors qui a fait de son mieux pour gérer la crise, par des aides colossales pour freiner l’effondrement économique.
Aides qu'il faudra bien rembourser un jour, et ce, avec plus de 6,689 millions de demandeurs d’emploi à ce jour — un chiffre qui n’est pas des moindres !
Il faut parer à une augmentation presque évidente de la précarité. Faire en sorte que la majorité des Français évite l’incidence de la pauvreté imposée et de la chute libre vers l’endettement. Ici, la solidarité nationale doit pouvoir jouer son rôle. C’est ce que tout le monde finalement souhaiterait sans générosité excessive toutefois. Mais en arrière-plan qui s’en soucie vraiment ? Les bons mots ne produisent pas nécessairement les bonnes recettes. L’individualisme sociétal, et ce à l’échelon mondial a depuis des décennies fait son trou en creusant les différences.
Peu s’en offusquent ! C’est dans l’ordre des choses ! Les plus faibles et les plus démunis doivent disparaître de la surface de la Terre. Bon débarras ! À ce niveau le concept de la nation apparaît bien désuet, une et indivisible, une formulation que l’on applique aux autres, bien plus qu’à soi-même. Les causes ne seraient-elles alors pas plus importantes et plus profondes qu’elles n’y paraissent. Et force est de constater que la crise sanitaire n’est que le prolongement du moins en France, d’une grogne, voire une menace plus générale et désormais solidement ancrée dans les mentalités, amorcée depuis les gilets jaunes, logiquement inachevée.
Prolongement de la colère sociale
Il y aura obligatoirement un prolongement. Cela parait presque certain. Car il ne s’agit pas d’un simple mouvement de contestation aléatoire. Les motifs sont sérieux ! Les actes de violence qui accompagnent ce mouvement sont contestables, ceci dit le fait d’une minorité. Il n’empêche que cela remet en cause le principe d’égalité (inscrit dans la constitution de 1946), par tous les gouvernements qui se sont succédé depuis le Général de Gaulle – qui lui se faisait une haute opinion du sort des Français, que l’on aime ou non le personnage.
Il fallait donc bien qu’à un moment donné, la colère monte et finalement explose ! Le Président Macron en a fait les frais.

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Oh, surprise ! Cette fois-ci, se sont les jeunes générations qui se mobilisent massivement pour sauver la planète en danger, à l’aide d'alternatives moins corrosives. On voit refleurir un peu partout de petites communautés humaines qui visent leur propre autonomie, et ce dans toutes les régions de France étrangement Peace and Love. Tiens, tiens ! Et qui pèsent, par la même occasion, comme un sévère avertissement en direction de nos gouvernants. Quid des récentes élections municipales ? Un véritable raz-de-marée écolo vert, tendance progressiste ! Ce qui en dit long sur l’esprit actuel de nos compatriotes de l’hexagone.
Ou extension du domaine de la lutte ?
Les urnes ont tranché. Avec parfois des programmes utopistes pour certains candidats, il est vrai. Qu’importe au fond. Le principal et le plus urgent sont de répondre à la demande citoyenne. Satisfaire le peuple avant qu’il ne disjoncte complètement. Gare aux barricades et aux cocktails Molotov ! Le retour aux sources est amorcé. Il va bien falloir d’une manière ou d’une autre en tenir compte sinon quoi ? Il risque d’y avoir du grabuge dans l’air. Le tout est de savoir comment...
La tâche s’avère particulièrement délicate dans un pays où les pouvoirs demeurent divisés, avec un découpage administratif – État, Régions, Départements, Communautés de communes, collectivités territoriales – particulièrement lourd.
Pour chacun, des prérogatives qui leur sont propres en matière de décisions et pas toujours bien discernables pour le citoyen lambda : le courant ne passe pas entre les institutions, pour des motifs souvent très politiques et de mauvais aloi. Lequel d’ailleurs s’en désintéresse de plus en plus. Le taux d’abstention record qui avoisine les 59 % au second tour, des dernières élections municipales en sont le reflet probant. Quelle est alors la légitimité d’un élu qui dispose de faibles suffrages pour « gouverner » ? La question se situe bien là !

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En clair et pour simplifier, tout le monde s’en fiche ! Avec un joli air de chansonnette à la clé, « Laissez-nous tranquille », ou « Foutez-nous la paix », ou bien encore « Laissez-nous vivre en paix ». Sacré refrain pour les temps futurs. Pas de quoi pavoiser ! Mais pourquoi pas, les époques n’étant jamais tout à fait solidaires entre elles et le temps pas forcément linéaire dans l’élaboration des faits. Il s’agit alors plutôt de ressenti, ou de perception des événements qui s’enchevêtrent les uns et les autres, parfois de manière irrationnelle, justifiant des crises sévères, passagères ou de longue durée.
Advienne que pourra...
Ainsi le « penser à long terme » mobilise des énergies susceptibles de bien comprendre les sociétés, là où elles se produisent, sans pour autant inventorier de fausses divinations. Les prophéties de toute sorte restent marginales, même dans le cas où elles sont en mesure de se produire. Il arrive parfois de viser juste. Affaire de chance ou de prévisions. L’homme n’en demeure pas moins averti de ce qu’il a semé, tant le bon grain que l’ivraie. Il connaît la puissance du risque. Il est capable d’évaluer certaines conséquences.
Est-il pour autant capable de ralentir ou de stopper sa course folle vers l’enrichissement outrancier et souvent personnel, même s’il n’est pas pour autant systématiquement condamnable. Voilà qui est moins sûr, vanité oblige ! Force est de constater que les voraces sont de plus en plus nombreux, imposant leurs propres règles à des populations impuissantes et blasées. Ceux-là ne se soucient guère du sort du monde, même quand ils se réclament des plus belles vertus. Ce sont les pires ! Seul compte en vérité le temps présent, et les comptes en banque bien remplis.
Finalement, peu importe le nombre de sacrifiés pour arriver à ses fins, les valeurs valent si peu ! Car, le problème est qu’il existe désormais un hic. Un gros hic ! Les peuples, quels qu’ils soient ne marchent pas toujours à la baguette. Ils revendiquent à leur tour leur dignité ! Et ils savent aussi se faire entendre lorsque cela s’avère nécessaire, comme aussi bien se révolter lorsqu’il semble ne plus y avoir de solutions à la portée de tous. Et le danger, de mon point de vue, est imminent ! J’espère me tromper…
À lire ou relire
Indignez-vous ! Stéphane Hessel, 32 pages, 3,10 euros, Indigène EDS
État de nature, Jean-Baptiste de Froment, 240 pages, 7,10 euros, points (poche)
Jean-Luc Favre Reymond, est un écrivain, journaliste et critique littéraire français — notamment sur ActuaLitté — né en 1963. Membre (cpt) de l’Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Lyon. Ancien collaborateur du Centre de Recherche Imaginaire et Création de l’Université de Savoie sous la direction du professeur Jean Burgos. Président de l’Institut Territorial de Recherche et d’Application (Moûtiers-France). Membre du Conseil National de l’Education Européenne (AEDE – France), auteur de 37 ouvrages publiés. Traduit en huit langues.
illustration : Cdd20 CC 0
Commentaires
NAUWELAERS, le 06/07/2020 à 18:47:57
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NAUWELAERS, le 09/07/2020 à 10:51:12
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