On ne peut pas dire que le journaliste algérien, Kamel Daoud, ait été enthousiasmé par la visite du président turc, Recep Tayyib Erdogan. Ce lundi 26 février, Erdogan entamait sa nouvelle tournée africaine. Il démarrait par l’Algérie, avant de visiter la Mauritanie, le Sénégal pour finir par le Mali.

Lors de sa visite à Alger, le président turc a été accueilli par une lettre ouverte de l’écrivain lauréat du Goncourt du premier roman pour Meursault, contre-enquête et journaliste algérien Kamel Daoud. La missive, relayée par le Huffington Post, exprimait sans langue de bois toute l’animosité de ce dernier envers le représentant du pouvoir turc.
Malgré le désir exprimé par Erdogan de « donner un nouvel essor aux relations économiques » entre la Turquie et l’Algérie, au vu des récents évènements faisant reculer la liberté d'expression, il n’était clairement pas le bienvenu.
Dès les premières phrases de sa lettre ouverte, Kamel Daoud fait bien comprendre qu’il n’est pas prêt à l’accueillir pour ses deux jours de présence sur le sol algérien : « Au nom de ceux que vous avez tués, emprisonnés, torturés, Erdogan, vous n'êtes pas le bienvenu ! Non Erdogan vous n’êtes pas le bienvenu en Algérie. »
Rappelons que la mosquée Ketchaoua d’Alger a pu être entièrement restaurée grâce à des fonds turcs. L'auteur ne cache pas sa méfiance envers ce mouvement turc et est connu pour sa position vis-à-vis de l'islamisme. Il accuse d’ailleurs Erdogan de soutenir la montée de l’Islam en Turquie et affirme que l’Algérie ne se laissera plus faire : « Cela se fait en douceur aujourd’hui, en soutenant des partis islamistes chez nous, en offrant des cadeaux par le biais de vos entreprises, en noyautant le tissu associatif, en contrôlant des mosquées. »
En plus de s’appuyer sur la longue histoire de son pays vis-à-vis de la colonisation ottomane, il répète que l’Algérie « a déjà payé son tribut de sang et de larmes à ceux qui voulaient nous imposer leur califat ».
L'auteur prend soin d'aligner les vérités irréfutables pour dénoncer les choix et affiliations politiques d’Erdogan, qui arrange personnellement le dirigeant plutôt le pays qu’il dirige : « Vous pleurez avec la victime dans le Proche-Orient et vous signez des contrats avec son bourreau. »
Après avoir plaint « la belle Turquie », Kamel Daoud termine sur des accusations fortes : « Vous n’êtes pas en terre conquise. Comme vos ancêtres qui nous ont colonisés, vous ne prendrez pas racine ici. Seulement une illusion de conquête. Comme tous les colons. »