Saint Jordi interviendra-t-il ? Le saint patron des libraires resterait-il sourd à l’appel lancé pour la restauration de la façade d’une église muséale au cœur de Naples ? Mais pas n’importe laquelle : la Chiesa Museo di Santa Luciella ai Librai. Mais en quoi Sainte Lucie, enfant de Syracuse, est-elle liée au monde de la librairie ?

Vierge martyre à qui Dante a consacré plusieurs passages dans sa Divine comédie — mise aux côtés de Saint Jean l’Évangéliste, tout de même, au paradis, Sainte Lucie possède son propre bout de terrain à Naples, le Borgo Santa Lucia. Elle accompagne en effet la ville depuis des siècles, avec la création d’un monastère bailien à l’époque médiévale.
L’église de Santa Luciella remonterait au début du XIVe siècle, avant d’être ravalée en 1724, avec cet aspect baroque qu’elle a aujourd’hui.
Or, si on lui a associé l’expression « dei librai » (des libraires, littéralement), c’est grâce à la Guilde des libraires qui avaient installé une confrérie dans la rue dédiée à la Sainte. L’un des plus célèbres fut le père Giambattista Vico. On peut d’ailleurs lire sur le Palazzo Marigliano, situé à proximité.
Ici dans la maison de San Gennaro
la basilique augustale se dressait
et ici
est né l’art des Maîtres libraires.
la basilique augustale se dressait
et ici
est né l’art des Maîtres libraires.
Experts renommés dans l’art de la reliure, de la rénovation des livres et de l’écriture, ils occupaient toute la rue, avant de lui donner le nom de leur métier. Et aujourd’hui encore, la rue est très touristique, avec l’exposition de nombreux ouvrages — y compris des éditions rares.
Giambattista Vico est né à Naples en juin 1668 : philosophe, historien, juriste, il était lui-même fils de libraire, membre de la confrérie de Saint-Blaise-Majeur, qui avaient leur siège dans la l’église San Biagio Maggiore, non loin de Sainte Lucie – et toujours dans cette même rue via San Biagio dei Libri.
SOLIDARITÉ: à Naples, un libraire offre des livres
La petite église est également célèbre pour un ossement : un crâne avec des oreilles… Il s’agit là d’une ancienne et légendaire tradition napolitaine liée aux anime pezzentelle (les âmes qui mendient), associée au purgatoire. Leur culte reposant sur la présence de crânes, dotés d’oreilles pour évidemment mieux écouter les suppliques et demandes. Le crâne intervenait alors comme messager entre le monde des vivants et celui des morts.
D’autres corporations, comme celle des tailleurs de pierre volcanique, avaient confié leur sort à Sainte Luce.
Pour plus d’informations sur la restauration et les dons, ce sera ici (en italien). L'église elle-même avait fermé depuis quelques années, avant que des travaux ne soient entrepris voilà trois ans.
crédit photo : Ruthven CC BY SA 4.0
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