Entre 1870 et 1873, le nord-est de la France fut occupé par l’Allemagne – ou royaume de Prusse à l’époque. Arrivées en août, les forces armées vont envahir jusqu’à la Normandie, les Pays de la Loire et pousser bien au-delà de Dijon. L’armistice du 28 janvier 1871 mettra un terme aux hostilités, mais l’Alsace et la Lorraine deviendront des territoires occupés bien après la fin du conflit…

Cette frange de l’histoire, le professeur Louis Lacroix, chargé d’histoire à la faculté de Nancy la relate sur son compte Twitter. Originalité : le bonhomme est né en 1817 et mort en 1881. D’où vient alors cette vigueur de profundis et cette soif de transmission ? Tout simplement de ce que le compte est piloté par la Bibliothèque de Nancy, qui s’est aventurée dans un travail d’exploration.
“15 juillet 1870.
— Louis Lacroix (@Louis_Lacroix_) July 15, 2020
C'en est fait de l'espoir de conserver la paix. La guerre est devenue irrévocable. La France et la Prusse vont se ruer l'une sur l'autre comme deux locomotives lancées à grande vitesse. Qui sait laquelle des 2 sera broyée dans le choc? “ https://t.co/Gno0wHPZ5a
Valoriser les archives et l'histoire
En 1873, Louis Lacroix fit paraître le Journal d’un habitant de Nancy, racontant L’invasion de 1870-1871. Sorte de journal du confiné en période de guerre, le document est remis au goût du jour par la magie de la plateforme Limedia. Cette bibliothèque numérique a débuté avec 100.000 médias, issus des catalogues de quatre établissements, en partenariat avec le Sillon lorrain.
Depuis avril 2018, son lancement, le projet reste inchangé, dédié « à la valorisation du patrimoine numérisé des bibliothèques » . S’y retrouvent ainsi des collections des Bibliothèques de Nancy, Metz, Thionville, Épinal, avec cartes postales anciennes, estampes, gravures… et bien évidemment des manuscrits.
Pour cette focale sur Louis Lacroix alors ? Si l’universitaire n’est pour le moment pas très suivi — 107 followers férus d’histoire — la bibliothèque de Nancy voulait replonger dans un conflit souvent méconnu. « C’est une vision peu glorieuse de la France. C’est une défaite rapide et lourde », explique la directrice Claire Haquet, à France 3.
« On y découvre que c’est une guerre moderne, l’armée prussienne est une armée de métier, elle est disciplinée et bien organisée », poursuit-elle. Et même si le témoignage de Louis Lacroix se veut complet, avec un travail de recherche et de vérification des faits, il est avant tout le fruit de souvenirs, soumis aux aléas de la mémoire.

Les derniers mots du livre de Louis Lacroix
De fait, la victoire française lors de La Der des Ders aura passablement estompé le conflit de 1870 — qui est pourtant à l’origine d’un malaise et de l’acrimonie qui rejaillira en 1914…
Quant à Louis Lacroix, il a repris son activité d’historien, dans la tradition des annales romaines, et ses observations ne manquent pas de surprendre.
17 juillet
— Louis Lacroix (@Louis_Lacroix_) July 17, 2020
J’ai fait le tour de la #placeStanislas et de la Pépinière pr enquêter sur l’état d’esprit des Nancéiens «il n’est personne qui n’aimerait mieux que la guerre ne soit pas déclarée mais puisqu’elle l’est on s’y résigne et on tient à ce qu’elle soit faite de bon cœur»
L’armistice de janvier 1871 intervint quelque dix jours après la proclamation de l’Empire allemand, où le roi de Prusse devint alors Empereur — Guillaume 1er prit alors ses fonctions. C’est aussi la période de Bismarck qui commence. A cette époque, un certain Arthur Rimbaud a 17 ans, et travaille avec ardeur à sa Lettre au voyant… dans des Ardennes qui également occupées par l’Empire.
gravure : Érection de la statue de Guillaume Ier à Metz, gravure allemande, Die Gartenlaube, 1892.
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