L’immense écrivain Alexandre Dumas est à l’honneur dans un musée qui lui est dédié à Villers-Cotterêts, la ville où il naquit en 1802. Rencontre avec le conservateur, Nicolas Bondenet.
Le 23/04/2018 à 14:22 par Auteur invité
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Publié le :
23/04/2018 à 14:22
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© David Rase, Musée Alexandre Dumas, Villers-Cotterêts. Vue de la salle consacrée à Alexandre Dumas père
Le musée Alexandre Dumas est au cœur du centre-ville de Villers-Cotterêts où naquit, en 1802, Alexandre Dumas. « Le musée est le point d’orgue du parcours sur les traces de l’illustre romancier qui anime sa ville natale », confie Nicolas Bondenet, conservateur. Différents lieux, en effet, permettent de retrouver la présence de l’auteur et de sa famille : le château royal François 1er, l’église Saint-Nicolas, l’hôtel de ville, l’hôtel de l’Épée, le collège de l’Abbé-Grégoire ou encore la maison natale, propriété privée.
Le parcours proposé est une évocation inspirée des mémoires de l’écrivain. Autrefois géré par la Société historique régionale de la ville, après de nombreux déménagements, le musée s’est installé dans un hôtel particulier du XIXe en 1952. De deux étages, l’édifice dispose, à l’arrière, d’une cour carrée et pavée. Dédié à la conservation, il évoque la mémoire de trois grands hommes de la famille aux destins liés : le père de l’auteur, le général Thomas Alexandre Dumas Davy de la Pailletterie, l’écrivain et son fils, Alexandre, à qui l’on doit La Dame aux camélias.
« Sa fille Jeannine Dumas-d’Hauterive a œuvré à la conservation de la mémoire de sa famille et nous possédons, grâce à elle, de beaux portraits. Le musée lui doit beaucoup. » Une pièce est dévolue à chacun dans les trois espaces situés au rez-de-chaussée et dont l’aménagement XIXe est d’origine. La première, entre documents et tableaux, rend hommage au héros de la République que fut le général.
Elle dévoile un grand portrait équestre réalisé par Olivier Pichat (1825-1912). La seconde, oscille entre manuscrits — dont celui de Monte-Cristo — objets divers de décoration, portraits et caricatures. Le voyage de l’auteur en Espagne, de Paris à Cadix, en 1846 est immortalisé par un très beau tableau d’Eugène Giraud, en 1855. La dernière salle est une galerie de portraits de famille, dont celui de Jeannine Dumas (1867-1943), fille de Dumas fils, bienfaitrice du musée qui légua une partie de ses collections.
La dernière acquisition du musée, en 2016, avec le soutien du FRAM (Fonds régional d’acquisition des musées) et d’une entreprise mécène (Volkswagen France) est un portrait de Marie Duplessis (1824-1847) peint par Jean-Charles Olivier dans les années 1840. « Cette année, nous restaurons un plâtre de d’Artagnan, maquette pour le monument de Paris, réalisé par Gustave Doré. Ce qu’il nous manquait, c’était d’avoir un vrai d’Artagnan ! » sourit Nicolas Bondenet. « En 2018, nous restaurerons le portrait de Colette Lippman, fille aînée de Nadine et Alexandre fils, peint par Jules Marchand en 1883. »
Arrivé en 2012, Nicolas Bondenet, diplômé d’un master d’histoire et critique des arts est vice-président du Réseau régional des maisons d’écrivain et des patrimoines littéraires des Hauts-de-France. « Il s’agit, dans ce cadre, de mutualiser les compétences et les moyens pour élaborer des projets communs et touristiques pour mettre en valeur les spécificités du patrimoine littéraire. En 2018, nous inaugurerons pour un mois un festival régional Résonances, soit une exposition de textes significatifs sur la notion de l’engagement des écrivains, que nous représentons, avec une portée politique, historique et littéraire sur la société. »
L’exposition, itinérante, composée de panneaux de textes illustrés, sera prêtée aux écoles, aux bibliothèques et médiathèques gratuitement.
En raison de sa fermeture pour réfection de l’éclairage des salles, le musée, qui reçoit de 1 500 à 2 000 visiteurs par an et dispose d’un poste d’accueil à mi-temps, sera fermé jusqu’au 6 décembre 2017. La programmation redémarrera en mars par l’exposition de planches originales du dessinateur Jean Harambat et de textes de Michel Guérin, écrivain pour la publication, en 2016, d’un abécédaire de la trilogie des mousquetaires intitulé Un pour tous, aux éditions Actes Sud.
« Le dessinateur a remporté plusieurs prix pour son ouvrage Ulysse, les chants du retour » précise le conservateur. La deuxième, à l’automne 2018, dans le cadre des commémorations de la Première Guerre mondiale, exposera des œuvres de Haim Kerm, artiste sculpteur, dont l’œuvre est imprégnée de guerre et de paix. Il a réalisé, en 1998, une œuvre monumentale au Chemin des Dames intitulée Ils n’ont pas choisi leur sépulture.
Une rétrospective de l’artiste sera présentée au musée et à la médiathèque en novembre 2018. L’exposition du musée s’articulera autour de la sculpture intitulée Monte-Cristo (hommage au célèbre roman de Dumas) et de l’idée de l’enfermement des consciences. La dernière s’inscrit dans le cadre du projet hors les murs Napoléon dans les Hauts-de-France, le Château de Versailles à Arras.
« J’ai eu l’idée de revenir sur les relations entre le général Dumas et Napoléon, de faire le parallèle entre l’ascension de l’un et la déchéance de l’autre, avec des conséquences évidentes sur la vocation d’écrivain d’Alexandre. » En complément, un portrait authentique du général, prêté par le musée Bonnat-Helleu de Bayonne, sera exposé.
« Je préfère, pour ce public, travailler sur des projets à long terme, sur un trimestre ou tout au long de l’année scolaire », confie Nicolas Bondenet. Le musée participe cette année au projet Musée (en) portable en partenariat avec l’université d’Arras qui met des étudiants du master expographie-muséographie à disposition pour aider 30 élèves du Lycée européen de Villers-Cotterêts à réaliser une vidéo de trois minutes avec leur portable.
« Il s’agit de valoriser le musée comme lieu de vie dans le cadre d’un concours soutenu par le ministère de la Culture. » La remise des prix aura lieu en janvier à Paris au salon du Sitem. Dans le cadre du projet éducatif Roll, destiné aux scolaires en difficultés d’apprentissage, des comédiens et des conteurs interviennent. « Des élèves réputés en difficultés révèlent leur potentiel et des ressources insoupçonnées », précise le conservateur.
Deux collèges, François 1er, de la ville (10 élèves) et Jean-Mermoz de Laon (20 élèves) sont concernés. Avec le premier, à partir de Casse-Noisette, la version d’Alexandre Dumas du conte d’Hoffmann, ils vont créer leur personnage et faire une vidéo. Un dernier projet d’ateliers s’est déroulé dans le cadre de la semaine de la francophonie « Dis-moi dix mots » sur tous les tons, orienté sur l’oralité, au regard des collections. Les travaux seront présentés à l’ouverture de la semaine.
Nicolas Bondenet ne cache pas son enthousiasme dans la réalisation de ces actions. Il rend hommage par ailleurs à la Société des Amis d’Alexandre Dumas, très impliquée dans les projets du Musée. Quant à son mousquetaire préféré : Aramis, pour son élégance...
Sylvie Payet
Prochains rendez-vous :
Du 17 mars au 2 septembre 2018, Un pour tous, abécédaire des mousquetaires, illustrations de Jean Harambat sur des textes de Michel Guérin.
Lecture publique, samedi 24 mars 2018 Un pour tous, animée par Jean Harambat de Michel Guérin.
Du 1er avril au 30 septembre 2018, Les généraux Dumas et Bonaparte : destins croisés.
Conférence, samedi 9 juin 2018, à 15 h, Napoléon vu par Alexandre Dumas, animée par Claude Schopp et Jacqueline Razzgonikoff de la Société des Amis d’Alexandre Dumas. La Nuit européenne des musées, entrée libre de 18 h à minuit avec la présentation des projets scolaires.
Il est permis d’aimer, rétrospective du sculpteur Haim Kerm du 16 octobre au 15 décembre 2018.
Musée Alexandre Dumas :
24 rue Demoustier — 02600 Villers-Cotterêts
1 Commentaire
Jo Ka
15/10/2018 à 20:07
Bonjour,
Quand sera en ligne le d'Artagnan de G.Doré ?
Merci