L'admiration que vouait John Milton (1608-1674), l'auteur du Paradis Perdu, à William Shakespeare avait déjà été révélée par un poème écrit de sa main et chantant les louanges du Barde. Un chercheur de l'université de Cambridge affirme avoir identifié l'écriture de Milton dans un exemplaire du Premier Folio, une compilation des œuvres de William Shakespeare, ce qui vient confirmer la passion de Milton pour le dramaturge.

(photo d'illustration, ActuaLitté, CC BY SA 2.0)
Le chercheur Jason Scott-Warren, directeur du Cambridge Centre for Material Texts, est formel : le Premier Folio de 1623 conservé dans les collections de la Free Library de Philadelphie n'est autre que l'exemplaire personnel de John Milton, annoté de sa main. S'appuyant sur les observations de Claire M. L. Bourne vis-à-vis du texte et des commentaires inscrits en marge de celui-ci, il assure qu'une analyse graphologique l'a conduite à identifier l'écriture de Milton.
Par chance, John Milton était un grand lecteur, et aimait coucher ses idées et autres remarques sur les textes qu'il découvrait, à même ses livres. L'Art de la guerre de Nicolas Machiavel a ainsi été gribouillé par l'auteur britannique, ce qui permet de comparer facilement les écritures, sans oublier les nombreux manuscrits du poète, qui permettent encore de s'assurer d'une concordance des pleins et des déliés.
Le Premier Folio de John Milton a assurément été lu et relu : les annotations auraient été écrites entre 1625 et 1660, selon Claire M. L. Bourne. Et Milton a commenté pratiquement toutes les pièces du recueil, à l'exception de la trilogie Henry VI et Titus Andronicus, la première tragédie de Shakespeare.
« Ce lecteur est donc intelligent et assidu », relève Jason Scott-Warren dans son compte-rendu de l'étude des annotations. Poète lui-même, John Milton n'hésite pas à mettre à l'épreuve le style et l'écriture de William Shakespeare, corrigeant çà et là des vers ou des retranscriptions qu'il juge erronés ou peu fidèles à l'original.
« Si ce livre est ce que je pense qu'il est, c'est une découverte plutôt importante, puisque, comme on le sait, Shakespeare a été une influence majeure pour Milton. Le jeune poète a rendu hommage à son aîné dans une épitaphe publiée dans le Second Folio de 1632, dans lequel il témoigne de “l'émerveillement et de la surprise” que Shakespeare pouvait créer chez ses lecteurs », rappelle Scott-Warren.
La lecture des pièces du Barde aurait permis à John Milton d'affûter sa propre écriture, notamment sa manière de façonner des antagonistes truculents comme le Satan du Paradis Perdu ou de ciseler des dialogues tendus...
via Open Culture
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